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Luttes de classes au Paraguay
lundi 21 octobre 2024, par
Paraguay : débâcle sanitaire et explosion sociale
Au Paraguay, des manifestations de masse ont éclaté face à la gestion catastrophique de la pandémie par le gouvernement. Au début de la crise sanitaire, le régime parvenait à contrôler l’épidémie au moyen de mesures drastiques. Mais en juillet 2020, le président Mario Abdo a levé toutes les mesures de confinement, sous la pression des grandes entreprises. Depuis, le nombre de contaminations n’a cessé d’augmenter.
Le système hospitalier a été rapidement submergé. Il n’y a pas assez de lits et de médicaments. Parfois, ce sont les proches des patients eux-mêmes qui doivent se procurer les médicaments, qu’ils achètent au prix fort à des entreprises privées.
Fin février, la situation sanitaire s’est brusquement aggravée. Le système de santé était noyé sous le nombre de cas. Alors que les grandes puissances impérialistes se disputaient les doses de vaccin disponibles, le gouvernement paraguayen n’a réussi qu’à se procurer 4000 doses du vaccin russe. Or le pays compte près de 7 millions d’habitants.
« Qu’ils s’en aillent tous ! »
Le 5 mars, une manifestation de masse a eu lieu à Asunción, la capitale. Pour tenter de calmer le peuple, le président avait exigé la démission de son ministre de la santé. En vain. Organisée spontanément sur les réseaux sociaux, la manifestation avait pour slogan : « Je veux un mois de mars 2021 paraguayen ». C’est une référence à l’histoire du pays, qui a connu de grands mouvements sociaux en mars 1947, en mars 1999 et en mars 2017. Ce slogan montre que la population mobilisée vise un changement radical.
En réponse, le gouvernement a violemment réprimé les manifestants. Mais ceux-ci ont riposté – et ont même tenu la police en échec un certain temps. Dépassé par les événements, un peloton de police a dû hisser le drapeau blanc.
Face à la puissance du mouvement, Mario Abdo a proposé de sacrifier trois autres ministres. Mais cela n’a pas calmé la colère des manifestants. À Asunción, les manifestations se sont poursuivies sous le slogan : « Qu’ils s’en aillent tous ! Aucun ne doit rester ! »
Dans ce contexte, les partis d’opposition proposent toutes sortes de scénarios de « sortie de crise ». Ils sont d’abord soucieux de stabiliser la situation. Il est crucial, au contraire, que la population reste mobilisée. Des assemblées de masses doivent être organisées dans chaque quartier, sur les lieux de travail et parmi les jeunes, de façon à structurer le mouvement. À bas le gouvernement ! Aucune confiance dans les libéraux ! Pour un gouvernement ouvrier et paysan !
Source :
https://www.marxist.com/paraguay-debacle-sanitaire-et-explosion-sociale.htm
Paraguay : La pandémie, miroir de la profonde crise du système
Le mois de mars a été marqué au Paraguay par de violents troubles sociaux et tout indique que la contestation va se poursuivre en avril et même au-delà. « Le détonateur est la crise sanitaire et économique engendrée par la pandémie, mais le mouvement exprime beaucoup d’autres revendications », indique Perla Álvarez Brítez, dirigeante de la Coordinadora Nacional de Mujeres Trabajadoras rurales e Indígenas (Coordination nationale des femmes travailleuses et autochtones, CONAMURI), et représentante de Vía Campesina au Paraguay.
Au Paraguay, 72% de la population n’ont aucune sorte d’assurance médicale et l’État destine seulement 2,1% du PIB au secteur santé. La situation sanitaire est devenue dramatique, comme l’explique Perla Álvarez. « Les gens constatent l’effondrement du système de soins, le manque de vaccins et de médicaments contre le Covid-19, ils sont témoins de la spéculation apparue avec la crise et de la corruption d’un gouvernement qui s’est endetté encore davantage (notamment pour un montant de 1,6 milliard de dollars requis officiellement pour affronter la pandémie) mais n’a encore rien fait cette année. À la crise sanitaire s’ajoutent la hausse du chômage, la croissance des emplois informels et la débâcle du système éducatif ».
En toile de fond, un grave problème agraire. Au Paraguay, un pays grand comme dix fois la Suisse, 2% des propriétaires possèdent 85 % des terres et les latifundistes et les multinationales de l’agro contrôlent le pouvoir réel. Le pays est aujourd’hui le quatrième exportateur de soja et l’un des principaux exportateurs de viande à l’échelle mondiale. L’agriculture familiale fournit, selon la FAO, la majeure partie des aliments consommés dans le pays, qui sont produits par 42 % de la population rurale. Mais 91% des propriétés représentent à peine 6,3% de la superficie totale des terres agricoles. Les inégalités sont extrêmes : dans le monde rural, une personne sur trois vit dans la pauvreté. « Tout le système est en crise, estime Perla Álvarez. Le président Mario Abdo a certes remanié le cabinet ministériel mais il n’a pas modifié les politiques de fond ».
Un espace politique monopolisé
« Les gens en ont par-dessus la tête de la situation sanitaire contre laquelle le gouvernement n’agit pas, de l’aggravation brutale de la crise économique ainsi que du comportement irresponsable de la classe politique ». D’où le mot d’ordre « Qu’ils s’en aillent tous » que l’on entend dans de nombreuses manifestations, signale Álvarez. Cette situation s’explique par deux facteurs. Tout d’abord, le Partido Colorado, au pouvoir presque sans interruption depuis 70 ans et qui se sent propriétaire de la vie politique et institutionnelle. Et par ailleurs, l’absence d’une organisation d’opposition qui puisse canaliser ce ras-le-bol, l’extrême fatigue des gens, et offrir une voie différente.
« Nous n’avons pas réussi à dépasser le caudillisme imposé par les partis traditionnels. Il n’y a pas eu non plus de renouvellement des cadres dans les partis d’opposition et les dirigeants traditionnels se perpétuent, chacun dans son rôle ». À cela il faut ajouter le fait que « le mouvement social n’est pas parvenu à se remettre du coup d’État institutionnel de 2012 contre le gouvernement progressiste de l’ancien évêque Fernando Lugo arrivé au pouvoir en 2008 ».
Ce coup d’État visait tout particulièrement le mouvement social. « Quand le secteur privé et les partis de droite ont vu que le gouvernement Lugo, malgré les difficultés, encourageait la participation populaire, ils ont été pris de panique et ils nous ont durement frappés ».
Apprendre à résister
La répression exercée par le gouvernement est brutale et malgré cela la mobilisation actuelle des Paraguayens est impressionnante. « Les femmes sont très nombreuses dans les manifestations et elles jouent actuellement un rôle essentiel dans le mouvement populaire ainsi comme les jeunes ». Non seulement elles se mobilisent, mais encore elles gèrent les problèmes que crée la pandémie, s’occupent des malades et assument, dans de nombreux cas, la survie économique de leur famille.
En dépit de la combativité du mouvement social, on ne peut espérer que des changements structurels interviennent à court terme. Mais, en ces temps assez sombres, l’appartenance de la CONAMURI à des réseaux comme Vía Campesina et la Marche mondiale des femmes est « une lueur d’espoir ». « Nous menons la même lutte, nous partageons les réflexions de millions de femmes paysannes du monde entier ». Et bien que la résistance au Paraguay et le combat en Amérique latine ne soient pas faciles du fait de l’envergure du pouvoir auquel ils s’affrontent, le désespoir n’est pas de mise. « Il est important pour nous d’acquérir la sagesse des peuples autochtones qui, depuis des siècles, en silence, ont fait de la résistance leur mode de vie ».
La télévision, un instrument puissant
Perla Álvarez Brítez est depuis plus de 20 ans une référence de premier plan pour le mouvement social au Paraguay. En 1999, elle a fondé la CONAMURI avec trois cents femmes organisées en une centaine de comités. Cette structure fait elle-même partie de la CLOC (Coordination latino-américaine des organisations paysannes), de Vía Campesina, de la Marche mondiale des Femmes et du réseau ALBA des mouvements sociaux. En 2014, à la demande de la CONAMURI, elle a animé une émission de télévision sur la cuisine traditionnelle. L’objectif était politique : il s’agissait d’aborder sur une chaîne publique la question de la souveraineté alimentaire et de mettre en valeur le travail des familles paysannes et autochtones. « Il fallait faire connaître et valoriser l’énorme travail que représente la production agricole qui assure l’alimentation de tous ». Grâce à cette présence dans un média de grande diffusion, Madame Álvarez et son organisation ont acquis une grande visibilité. « Je suis devenue pour beaucoup une référence pour ce qui est des questions de souveraineté alimentaire et de culture paysanne ou autochtone ».
Source :
http://cadtm.org/Paraguay-La-pandemie-miroir-de-la-profonde-crise-du-systeme
Les manifestations au Paraguay en 2021
Les manifestations au Paraguay de 2021, communément appelées marche paraguayenne de 2021, ou troisième marche paraguayenne, sont une série de manifestations et de troubles au niveau national déclenchés après l’effondrement du système public par la pandémie de COVID-19 au Paraguay, en raison de le manque d’investissements suffisants et les plaintes répétées de corruption de la part du gouvernement national. Ceux-ci ont commencé le 5 mars 2021. Conséquence immédiate de cette crise interne appelée # I’mParaElMarzoParaguay2021, le Président de la République Mario Abdo Benítez a décidé, le 6 mars, de destituer le Ministre de l’Éducation, Eduardo Petta, le Chef de Cabinet Civil, Juan Ernesto Villamayor et, pour la ministre des Femmes, Nilda Romero. La veille, le 5 mars, Julio Mazzoleni a démissionné de son poste de ministre de la Santé. Dans les jours suivants, d’autres changements auront lieu au sein des ministères. Les manifestations se sont concentrées dans les rues de la capitale du pays et d’autres parties de l’intérieur entre le 5 et le 26 mars 2021, date à laquelle la quarantaine de Pâques a commencé à prendre effet pour arrêter l’expansion du COVID-19. Cependant, les manifestations sont devenues pour la plupart « virtuelles », via les réseaux sociaux. Des manifestations isolées ont également eu lieu après la date susmentionnée, par divers secteurs.
Cette manifestation citoyenne est la plus importante depuis la crise politique au Paraguay en 2017. À cette époque, les manifestations ont eu lieu en réponse à un amendement constitutionnel qui permettrait au président paraguayen Horacio Cartes de se présenter à la réélection présidentielle.4 Si, au début de la pandémie, le Paraguay était l’un des meilleurs pays en termes de gestion de la pandémie, il a fini par s’assombrir en raison de la détérioration épidémiologique et économique vers la mi-2020, ajoutée au faible niveau d’équipement des centres de santé. . , et les scandales des dénonciations de corruption parmi les hautes autorités du Gouvernement. Fin février 2021, une augmentation de la courbe de contagion a été observée, après un plateau de plusieurs mois, dépassant le millier d’infections par jour en moyenne, entamant ce qui serait une "deuxième vague d’infections", pire que la première vague. Cette augmentation excessive des infections a provoqué une nouvelle saturation du système de santé publique, au point que les chirurgies d’urgence ont dû être suspendues et que les médecins doivent choisir qui est le plus susceptible de vivre pour occuper un lit de réanimation. Dans ce scénario, les lits, les fournitures, les médicaments étaient rares, ainsi que le retard dans l’acquisition de vaccins contre le COVID-19, ce qui a entraîné des manifestations et des émeutes massives dans tout le pays, connues sous le nom de marche paraguayenne de 2021. Les travailleurs et le secteur privé ont reçu peu ou pas d’aide de l’État pour pouvoir atténuer les pertes économiques causées, ils rejettent donc catégoriquement l’imposition d’une plus grande restrictions (quarantaine). Entre autres revendications, les secteurs universitaires se sont joints pour exiger les fonds correspondants pour l’application du tarif zéro ; les secteurs de la santé exigeant des restrictions sur la quarantaine en raison de l’augmentation des cas, ainsi qu’un investissement accru dans la santé ; secteurs porteurs menaçant le chômage en raison de la hausse des prix du carburant et de la faible rentabilité ; les secteurs du public réclament également l’augmentation du prix du carburant, qui a un impact sur l’augmentation d’autres biens et services, tels que les titres de transport en commun ; des secteurs d’enseignants et de parents réclamant le début des cours en présentiel à l’école au milieu d’un pic de cas de COVID-19 ; les secteurs d’activité manifestant contre les menaces de retour à une quarantaine totale qui nuirait aux travailleurs ; entre autres revendications. Quelques jours avant le 5 mars, des citoyens se sont convoqués via les réseaux sociaux pour manifester contre le gouvernement, en pleine crise sanitaire, avec des hôpitaux effondrés par COVID-19. Le 5 mars 2021 au matin, le ministre de la Santé publique et de la Prévoyance sociale Julio Mazzoleni démissionne afin de « désactiver » les manifestations programmées, assumant à sa place le vice-ministre de la Protection intégrale Julio Borba, comme ministre par intérim. Cependant, l’appel aux manifestations s’est poursuivi.
Ce même jour vers 18h00, diverses manifestations ont été enregistrées dans différentes villes du pays, pour montrer l’indignation de la population et de différents secteurs touchés par la corruption et l’inaction du gouvernement en raison du manque de médicaments, de fournitures, de vaccins. , entre autres. ; concentrant les manifestations autour du Congrès national à Asunción. La Direction nationale de la police a décidé de résoudre : Alerte de sécurité maximale. Dans la nuit du 5 mars, le microcentre d’Asunción est devenu une zone de guerre, avec un mort, des dizaines de blessés et de détenus, parmi les civils et les policiers. De même, des dizaines de véhicules, des locaux commerciaux situés dans le centre d’Asunción, ont été endommagés et pillés. Le siège du ministère des Finances a été incendié, bien que l’incendie ait été maîtrisé par la suite. Le lendemain, 6 mars, les manifestations se sont poursuivies dans diverses régions du pays. Le Président de la République Mario Abdo Benítez informe qu’il a décidé de révoquer : Eduardo Petta en tant que ministre du ministère de l’Éducation et des Sciences, Juan Ernesto Villamayor en tant que chef de cabinet et Nilda Romero en tant que ministre du ministère des Femmes, afin pour apaiser le mécontentement des citoyens. Ce jour-là, les manifestations se sont poursuivies autour du Congrès national, même si la nuit, les manifestants ont commencé à se rassembler devant Mburuvicha Róga, où des incidents se sont à nouveau produits, avec plusieurs blessés et détenus par la police. Parmi les infiltrés dans les incidents, il y avait des barrabravas de différents clubs sportifs. Le 7 mars, ils ont également manifesté en direction de Mburuvicha Róga, et devant la résidence de l’ancien président de la République Horacio Cartes, qui dirige un important parti du secteur du pouvoir. Dans les prochains jours, les manifestations se concentreront à nouveau autour du Congrès national, ainsi qu’au siège de l’Association nationale républicaine (ANR). Les législateurs de l’opposition ont déclaré qu’ils présenteraient un procès politique contre le président de la République Mario Abdo Benítez et le vice-président Hugo Velázquez, pour mauvaise exécution de leurs fonctions. Cependant, les voix pour mener à bien le procès dépendent d’un secteur important du parti au pouvoir, Honor Colorado, familièrement appelé : le chartisme. C’est la deuxième fois, en moins de deux ans de gouvernement, que le président de la République est confronté un procès politique (le premier a eu lieu en 2019, pour un accord qui aurait nui aux intérêts du pays dans le barrage hydroélectrique d’Itaipu). Le 8 mars 2021, le vice-ministre par intérim des soins de santé complets Julio Rolón démissionne et est remplacé par le Dr Hernán Martínez. Parmi d’autres changements qui se produisent au sein du ministère de la Santé, il s’agit : du vice-ministère du Rectorat et de la Surveillance de la santé, assume le Dr Lida Mercedes Sosa Argüello ; Rita Estela Villalba a également assumé le poste de directrice générale de l’administration et des finances, en remplacement du Dr Martha Viviana Peña. D’autre part, Guillermo Sequera conserve le poste de directeur de la surveillance sanitaire. Le 10 mars, il a démissionné du président Institut de sécurité sociale de Gubetich, remplacé par Vicente Bataglia. Le 17 mars, les députés de l’opposition, en pleine session extraordinaire, ont présenté le libelle accusateur, afin d’ouvrir un procès politique contre le président de la République Mario Abdo Benítez, et le vice-président Hugo Velázquez. Avec 42 voix contre , 36 pour et 2 absences, la Chambre des députés rejette la destitution. Quelques heures plus tard, des émeutes ont de nouveau éclaté dans le microcentre d’Asunción, avec plusieurs blessés, détenus, coups de feu, voitures et locaux endommagés, pillés ; dans lequel des manifestants ont mis le feu à l’un des sièges de l’ANR, appelé Colorado Róga. D’autres quartiers généraux de l’ANR ont également été endommagés à Luque, Encarnación, etc. En raison de cet événement, le commandant de la police nationale paraguayenne, Francisco Resquín, a démissionné, assumant la fonction de sous-commandant intérimaire Luis Arias.Les manifestations se sont également poursuivies tout au long du mois de mars dans diverses parties du pays, notamment avec des fermetures de routes aux points d’accès à la ville d’Encarnación (Route PY01 et PY06) ; Ciudad del Este (PY02), département de Misiones (PY01), département de Caaguazú (PY02), département d’Itapúa (PY06), département de Canindeyú (PY03), entre autres. Des manifestants paysans de la Fédération nationale paysanne (FNC) d’Asunción se sont joints à eux. Dans les derniers jours de mars, dans le département de l’Alto Paraná, il y a eu plusieurs émeutes, avec l’incendie de patrouilles de police et des manifestations fermant les points d’accès à Ciudad del Este, avec plus de 50 détenus.
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