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La France : la République des voyous

mardi 1er février 2022, par Khider Mesloub

La France : la République des voyous

Rien ne va plus au pays des droits de l’Homme (Blanc néocolonial), transformé en dictature sanitaro-sécuritaire par la volonté discrétionnaire de son président réactionnaire, à la faveur de la pandémie politiquement instrumentalisée. Rien ne va plus au pays des Lumières, métamorphosé en obscure nation plongée désormais dans la médiocrité, l’insécurité, l’instabilité et la précarité.

Depuis l’élection de Macron, "président du chaos, du désordre et de la violence", la France sombre dans la décadence et l’indécence. Frappée fréquemment par des émeutes, la France, assiégée par des meutes de forces de l’ordre qui font régner la terreur sur tout le territoire massivement quadrillé par la tyrannie des restrictions, ne survit que par la terreur. La terreur étatique, sociale, économique, urbaine, policière. Et, depuis le revirement de la diplomatie française à l’endroit de l’Algérie, la terreur ministérielle, illustrée par le ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin, décidé "d’en découdre avec les Algériens", menacés désormais de se voir retirer ou refuser systématiquement les titres de séjour, quitte à torpiller les accords d’immigration de 1968. Sans oublier, la terreur présidentielle, incarnée par les déclarations diplomatiquement attentatoires et vexatoires de Macron à l’égard des dirigeants algériens, proférés avec agressivité dans un esprit néocolonial revanchard.

Et, enfin, la terreur militaire, selon les vœux de certains de ses généraux séditieux proches de l’extrême-droite, auteurs d’une tribune appelant à l’insurrection contre les hordes banlieusardes (c’est l’expression polie usitée en lieu et place de "hordes arabes et musulmanes", pour ne pas tomber sous le coup de loi), accusées d’entretenir un climat de violences. Dans cette tribune de militaires publiée le 21 avril par Valeurs actuelles, parue quelques jours après l’appel à l’insurrection de Philippe de Villiers, intitulée "pour un retour de l’honneur de nos gouvernants", les signataires menaçaient d’intervenir pour enrayer le « chaos croissant », procéder à une opération de « pacification du pays », probablement selon les méthodes éprouvées durant la "guerre d’Algérie" par les autorités coloniales françaises qui avaient mobilisé 1 500 000 tueurs assermentés, autrement dit soldats, pour livrer la guerre aux Algériens innocents et désarmés en lutte pour l’obtention de l’indépendance de leur pays.

Dans cette tribune des militaires séditieux, le premier sujet cité est : “l’islamisme et les hordes de banlieue” qui “entraînent le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution”, selon les termes de ces signataires. Il est utile de souligner que, dans l’impuissante France en pleine débandade économique et déréliction politique, l’anti-islamisme est le cache-sexe du racisme anti-arabe et antimusulman. La fragile et frigide classe politique française dévirilisée, confrontée à des troubles d’érection électorale, pour stimuler ses ébats politiques assaisonnés d’une indécente et lubrique rhétorique populiste et raciste, usent et abusent de cet aphrodisiaque xénophobe : la population immigrée d’origine arabe et musulmane, devenue le Viagra de la France politiquement émasculée. La population immigrée est accusée de tous les maux, notamment par l’Algérien honteux, le renégat berbère Zemmour, funeste personnage qui a vertement pressuré ses verdoyantes racines algériennes pour n’en conserver que la greffe culturelle coloniale française implantée violemment sur le sol algérien en 1830, cette olivacée terre de ses ancêtres furieusement vilipendés.

Pourtant, aujourd’hui cette population immigrée est devenue la seule dynamique composante de la France sénile à porter à bout de ventre la démographie française, donc la survie de la France ménopausée.

La tribune, publiée soixante ans jour pour jour après le putsch d’Alger de 1961, signée par « une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d’un millier d’autres militaires, dénonçait le « délitement » qui frappe selon eux "la patrie", et se proclamaient être « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ». La tribune s’en prenait au « délitement » qui s’attaque à la France. Les auteurs de la tribune avaient usé d’une rhétorique comminatoire. « Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse. », annonçaient-ils. Leur constat se voulait alarmant : « La guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. » Les militaires étaient clairs. Ils seraient « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ».

L’ensauvagement de la République française

Incontestablement, la France est gangrenée par la violence. Toutes les strates de la société sont rongées par l’agressivité, l’intolérance, la haine. On assiste à l’ensauvagement de la société française, depuis le sommet de l’État, responsable d’une violente politique antisociale et d’une répression policière sanguinaire, jusqu’à la base de la société déchirée par de furieuses tensions, en passant par les entreprises dont les salariés sont en butte à la détresse psychologique et au délabrement physique.

Ironie de l’histoire, les militaires, signataires de la tribune, censés donner l’exemple en matière de discipline, de respect de l’ordre et de la loi, ont adopté les mêmes mœurs de voyous que ceux qu’ils dénoncent dans leur tribune : par leurs menaces de mutinerie sociale, de sédition politique, de subversion armée.

En effet, par leur infraction des règlements, transgression du droit de réserve, violation de la civilité, désobéissance politique, ils se sont comportés comme les « hordes de banlieue » qu’ils fustigent encore aujourd’hui, comme la police raciste qu’ils encensent, comme le gouvernement scélérat qu’ils condamnent.

À cet égard, il est important de relever que les dernières sorties médiatiques de Macron et Darmanin s’inscrivent dans cette atmosphère anomique très répandue actuellement en France, autrement dit une France en proie au dérèglement social, à l’absence de normes morales et à l’anéantissement des règles de conduite. Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement français abrite une horde de voyous cravatés mus par un racisme décomplexé et un comportement civiquement désaxé.

Il n’est pas, également, étonnant, que l’actuelle campagne électorale présidentielle, aux exhalaisons programmatiques pestilentielles, ait favorisé l’apparition d’un furoncle politique, Éric Zemmour, sur la figure hideuse de la France impérialiste gangrenée par la vérole raciste anti-arabe et antimusulman. Comme l’a écrit dans une tribune parue dans Jeune Afrique le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, à propos d’Éric Zemmour, ce nostalgique de l’Algérie perdue, « Derrière la haine raciste de ce polémiste et candidat à la présidentielle française de 2022 […] se cache une revanche qu’il a juré de prendre sur l’Algérie, celle que ses parents ont dû quitter ». « Il est sans doute impossible de comprendre le personnage et la spectaculaire haine raciste qui l’anime si l’on élude une vérité qui me semble aveuglante  : cet homme qui fait mine d’être motivé par la défense de la grandeur de la France n’est mu en réalité que par la seule Algérie que ses parents ont dû quitter et à l’encontre de laquelle il a juré de porter une revanche que ses parents ne lui ont sans doute jamais demandé de prendre », explique-t-il.

Éric Zemmour n’a-t-il pas baptisé son nouveau parti "Reconquête", en référence à la Reconquista en Espagne. Le terme "Reconquista" désigne la reconquête de l’Espagne par les chrétiens sur les Maures musulmans, qui ont envahi le royaume au début du VIIIe siècle. Rappelons que la "Reconquista" fut marquée par la volonté despotique de construire une identité nationale fondée sur la foi catholique. Durant l’inquisition, qui clôtura la "Reconquista", plusieurs milliers de personnes, jugées "hérétiques", furent envoyées au bûcher, dont de nombreux juifs et musulmans. Cette sinistre page historique fut émaillée par les bûchers, les expulsions, les conversions forcées, la torture, l’Inquisition. Comme l’écrit le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, "Pour qui aime l’Histoire, ce nom est un programme de violence". Au reste, en politique française, le terme de "Reconquête" est également utilisé par le mouvement nationaliste Génération identitaire, dissous en mars 2021.

En tout état de cause, lors du premier meeting du candidat du parti de la Reconquista, nous avons eu droit aux prémices de la nouvelle France Zemmourisée : tensions, violences, lynchages, discours raciste normalisé. Lors de ce meeting transmis, curieusement, en direct par toutes les chaînes d’information en continu, Éric Zemmour, chauffé à blanc par un public surexcité, s’est fendu d’une déclaration comminatoire à l’endroit des Français de confession musulmane : « Soit vous agissez comme les juifs et les chrétiens, soit la porte de la France est ouverte », a-t-il dit, en substance. Désignés nommément comme des ennemis de la France, sans soulever ni condamnation ni protestation de la part de la classe politique française, le candidat de la Reconquista a promis à ces citoyens français musulmans de leur offrir la « protection », mais contre leur « assimilation ».

« Zemmour se déclare d’ailleurs juif berbère et parle volontiers de cette terre où sont enterrés des ancêtres dont les plus récents sont vus comme le produit conjugué de la conquête de l’Algérie par la France (dont il défend même les crimes les plus ignobles, ceux perpétrés sous la férule du général Bugeaud), du décret Crémieux (qui donna la citoyenneté française aux juifs d’Algérie) et d’efforts d’assimilation. Des efforts qui, dans sa vision du monde, offrent un utile contrepoint à l’attitude de ces Arabo-musulmans qu’il présente comme marqués, aujourd’hui en France, par le refus d’une pleine adhésion au pays », souligne Dominique Sopo, selon lequel le racisme pathologique de Zemmour révèle les « multiples revanches » qu’il « semble vouloir prendre plus généralement sur […] l’Algérie, toujours l’Algérie » ! Dominique Sopo relève que le premier meeting d’Éric Zemmour en tant que candidat s’est tenu un 5 décembre, « date de la très officielle Journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la Guerre d’Algérie […] », en précisant que le candidat à l’Elysée est « manifestement traumatisé par le déracinement familial ». Il décrit un homme « dont la posture raciste est une protestation contre lui-même ». « Premier de sa famille à être né sur le sol métropolitain, explique l’auteur de La Grande Peur des belles âmes, Éric Zemmour essaie d’embringuer les Français les plus racistes dans la haine des Arabes qu’il partage avec eux en se posant en gardien légitime de l’histoire de France. »

Décidément, la France en déclin, en plein déclassement économique, est réduite à la production en série de voyous de la République, tout juste capables de s’adonner à la fabrication en masse de discours haineux, xénophobe, raciste ; à l’exécution de comportements agressifs, violents, belliqueux.

Une France en proie à l’anémie intellectuelle, l’anomie sociale, la pandémie raciste.

Messages

  • Oui une république bananiere qui craque sous le poids de la lutte des classes et de la menace de jonction entre le prolétariat et la petite bourgeoisie. La peur de la peste brune est agitée avec l élection présidentielle ...comme depuis quelques décennies. Le problème est que les milices fascistes s organisent a travers les appareils d état, policier, armée, justice, éducation nationale, administration pénitentiaire, administration fiscale et locative (HLM), etc .depuis trop longtemps et que rien ne lui est opposé de sérieux a part l auto organisation ouvrière, comme celle aux Antilles, parmi les soignants, les gilets jaunes, les révoltes des banlieues, les débrayages dans les usines sans les syndicats etc ..mais les fameux partis révolutionnaires officiels sont tous a la remorque du réformisme.
    Voilà le détail qui fait que nos perspectives , celle de l indépendance politique de la classe ouvrière sans compromis avec l État bourgeois , celle de l auto organisation des luttes aussi petite soit elle, celle du socialisme qui abat l appareil d état consciemment et le remplacé par la direction de tous les soviets conseils et comités ouvriers et paysans, sont de plus en plus d actualités.

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