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Classes dirigeantes, tous racistes ? Ou tous veulent diviser le peuple travailleur ?

mardi 22 février 2022, par Alex, Waraa

Classes dirigeantes, tous racistes ? Ou tous veulent diviser le peuple travailleur ?

Le président Macron et ses « concurrents » à l’élection présidentielle française, n’ont pas fait que chercher à nous op-poser entre favorables ou non aux vaccins, favorables ou non à des fausses mesures de confinement, pro ou anti pass sanitaire, pro obligation vaccinale des soignants et opposés, pro mesures covid à l’école et opposés, etc. Tous les gouvernants de la planète agissent de même en voulant appuyer sur des lignes de fractures qui pourraient diviser les classes populaires, désignant du doigt les banlieues, les immigrés, les musulmans, les sans papiers, les pauvres, les chômeurs comme cause de désordre, de subversion, de complotisme, etc. C’est même une « compétence » que la bourgeoisie française sait récompenser chez ses serviteurs dans l’appareil d’Etat.

Parmi ces fidèles serviteurs, Valérie Pécresse, pour relancer sa campagne présidentielle, a sorti ses fioles pleines de vitriol : Karcher, banlieues, immigrés, frontières, théorie du grand remplacement, une dizaine de slogans, dans la tradition de la hargne versaillaise anti-communarde et violemment hostile aux milieux populaires.

Tout ces discours de la droite Zemmour-Le Pen-Pécresse sont plaqués de manière grossière et ne correspondent en rien à la situation que nous vivons. Ce ne sont pas des immigrés d’Afrique, du Maghreb qui ont apporté le covid en France ! Ce ne sont pas les immigrés qui ont pesé pour de fausses mesures contre le covid, permettant à la pandémie de se développer bien à l’aise ! Ce ne sont pas les immigrés qui causent la crise des banques centrales, la chute d’EDF et du nucléaire, la chute du secteur Automobile, la chute industrielle, la faillite bancaire et financière, les gouffres dans les finances publiques qui ont trop pratiqué le « quoiqu’il en coûte » pour aider les capitalistes, l’effondrement capitaliste général depuis 2008, ni les mesures anti-sociales des gouvernants. Ce n’est pas davantage la faute des musulmans ni des banlieues, ni des chômeurs, ni des pauvres, ni des anti pass sanitaires, ni des gilets jaunes, pour reprendre la liste des boucs émissaires classiques de ces gens-là.

Les offensives d’Etat anti-immigrés, anti-musulmans, anti sans papiers, anti banlieues, comme anti gilets jaunes (ou équivalents dans les autres pays), anti révoltés contre la dictature prétendument sanitaire se donnent des airs de « défense de la démocratie », de défense de la « civilisation occidentale » contre les terroristes qui « s’infiltrent », disent-ils, par les « flux de migrants ». Désigner du doigt aux yeux des exploités d’autres exploités et opprimés, c’est un des volets, une partie de la guerre de classe que mènent les classes possédantes contre nous. Et ce n’est pas à cause de ceux qu’il accuse mais parce que leur système d’exploitation et d’oppression, arrivé à ses limites, prend l’eau de partout. La crise n’est pas celle d’une civilisation occidentale envahie par une civilisation orientale, mais celle d’un système économique et social aux abois, incapable de se relancer, celle de la « civilisation » capitaliste, la plus moderne des formes d’exploitation de l’homme par l’homme, qui se meurt et empêche une nouvelle civilisation, débarrassée des classes sociales, de naitre, de prendre conscience d’elle-même au travers des luttes, des formes d’auto-organisation.

Valérie Pécresse est présentée comme la droite républicaine, opposée à l’extrême-droite. Elle est donc un maillon indispensable, « républicain » pour que la gauche puisse reprendre les mêmes thèmes de l’extrême-droite, sous forme d’un « racisme républicain « hérité de la IIIème république coloniale. C’est au nom de la défense de cette république que les partis de gauche avaient appelé à voter Chirac en 2002. Les thèmes qu’agitent Pécresse sont pourtant bien les mêmes que Le Pen et Zemmour.

C’est une partie de la gauche, avec la droite, qui est au pouvoir avec Macron, qui, il y a quelques mois après le dé-part des USA d’Afghanistan, brandissait la menace du « grand remplacement », en appelant à protéger l’Europe « contre les flux migratoires irréguliers importants ».

Un chef d’Etat qui bloque l’accueil de réfugiés, expulse des sans-papiers, c’est l’appareil d’Etat qui attaque directement et physiquement, mais aussi politiquement immigrés, musulmans, banlieues, sans papiers. Pécresse, qui glorifie Chi-rac, fait froid dans le dos à ceux qui se souviennent des réfugiés iraniens renvoyés par Chirac aux prisons et pelotons d’exécutions des mollahs d’Iran.

Encore plus à gauche, on se souvient des déclarations de Mélenchon assimilant immigration et terrorisme, notamment son « je pense qu’il y a un problème avec la communauté tchétchène en France ». Les propos démagogiques et nationalistes de Mélenchon ne sont pas moins inquiétants que ceux des autres candidats à la présidentielle.

Le fond de cet obscurantisme de droite comme de gauche, c’est une théorie des « deux peuples », ou « religions » ou « civilisations ». Ce type de théorie date de l’époque coloniale, où elle servit à diviser les exploités pour régner. L’impérialisme anglais s’en servit pour diviser l’Inde entre Hindous et Musulmans, l’Irlande entre catholiques et protestants, qu’elle servait à la France et l’Angleterre, couverte par la « science coloniale universitaire », pour tracer des frontières arbitraires en Afrique et Asie. La théorie des « deux peuples » servit à justifier le génocide du Rwanda en 1994, où pour écraser une révolte sociale, l’Etat arma des Hutus pour massacrer les Tutsis. Nous serions vaccinés (plus que contre le Covid), grâce à l’école républicaine, contre ces théories primaires ? Non, car le génocide de 1994 fut un génocide organisé par « notre » Etat français sans que nous l’empêchions, autant que par l’Etat rwandais. Une fois encore quand un Etat s’en prend de manière sanglante à un peuple, c’est que ce dernier a menacé le pouvoir des classes possédantes de manière révolutionnaire. Et cela a été le cas au Rwanda. Comme c’est le cas actuellement partout dans le monde avec la vague des révolutions sociales qui n’est provisoirement canalisée que grâce à la pandémie.

Et cette théorie des « deux peuples », ne nous est-elle pas resservie avec la guerre russo-ukrainienne,guerre entre « deux peuples » ? On nous ressort les vieux procédés des cartes coloniales qui pouvaient diviser une région d’Afrique en autant d’ethnies que les colonisateurs souhaitaient, avec des limites entre les « ethnies » qui correspondaient miraculeusement avec celle de champs de pétrole, de lignes de front entre armées impérialistes.

L’extrême gauche officielle n’est pas claire non plus sur ces questions. Le NPA du candidat Poutou écrit par exemple : « Au niveau de la population de l’Ukraine, il demeure de grandes différences entre l’ouest et l’est du pays. Alors que la population de l’Est est souvent russophone et se considère en grande partie comme russe, il existe à l’Ouest un fort nationalisme anti-russe qui se dresse contre une op-pression nationale considérée comme séculaire de l’Ukraine par la Russie. » La ligne de front suivrait donc bien une ligne « ethnique » ! Et la ligne de démarcation dans la France occupée ? Les Français du nord avait-ils une sympathie particulière pour les Allemands ? Après guerre, les Allemands de l’Est étaient-ils pro-russe, contrairement à leurs cousins de l’ouest pro-américains ? Les Coréens du nord sont pro-russes, ceux du sud pro-américains ? Non ! Ces prétendues lignes de démarcations, ces rideaux de fer, ces murs, ce ne sont pas les peuples qui les construisent, mais l’impérialisme relayé au gré de ses intérêts par des bourgeoisies compradores locales. Au Donbass, Poutine donne des passeports russes comme Macron donne des pass vaccinaux : pour « emmerder » les récalcitrants et cela consiste à leur interdire de travailler, tout simplement de vivre s’ils n’ont pas le document. Ceux qui prennent le passeport russe ne sont pas forcément pro-russes, pas plus que ceux qui prennent le pass ne sont des adeptes à tout crin de la vaccination ! Ils veulent juste travailler.

Le NPA ferait mieux de rappeler qu’en 1918, Clémenceau avait décidé que les Ukrainiens étaient tous pro-russes blancs tsaristes et massacreurs : pro-Dénikine en Ukraine (dont le Donbass), pro-Wrangel en Crimée. Une ligne orientée est-ouest tracée à partir de Kerson partageait les zones « pro-françaises » et « pro-anglaises ».

Dans son appel « Contre Poutine, Biden et Macron, solidarité avec le peuple ukrainien », Poutou revendique le « retrait des troupes russes des régions frontalières avec l’Ukraine. » Il dénonce, certes, les différents impérialismes. Mais là où sa déclaration manque complètement de caractère révolutionnaire, c’est qu’on ne voit pas où sont les « prolétaires de tous les pays » auxquels Marx s’adressait ? Pas de trace d’eux dans cet appel de Poutou. Or, à part la classe ouvrière et les paysans pauvres, à part les prolétaires, aucune force sociale n’est capable de faire vivre une solidarité internationale entre les peuples. En abandonnant le communisme, c’est à dire le mouvement d’émancipation de la classe ouvrière à la tête de tous les opprimés, par le NPA ne peut que tomber dans une phraséologie doucereuse mais trompeuse du pacifisme.

On souhaite empêcher que l’armée russe ne soit lancée dans une guerre sanguinaire au service des buts de guerre de l’impérialisme russe ? Cela ne s’est fait qu’une fois à l’époque moderne. C’est lorsque les ouvriers renversèrent le Tsar par la révolution en Février 1917. Un général de l’époque décrivit l’effet de cette révolution : « Dès les premiers jours de la révolution, il était clair pour moi que l’on ne pouvait continuer la guerre et que la partie était perdue. » Le futur dirigeant de la révolution d’Octobre, Léon Trotsky, décrit comment sous la pression des soldats, les dirigeants modérés mis au pouvoir enclenchèrent malgré eux la dissolution de l’armée russe, par le « Prikaz (ordre) n°1 » : « Dans l’ardente atmosphère de cette heure-là, dans le chaos d’une séance semblable à un meeting, sous la dictée directe de soldats que les leaders absents n’avaient pu arrêter, naquit le fameux "Prikaz No 1 ", le seul document estimable de la Révolution de Février, la charte des libertés de l’armée révolutionnaire. Ses audacieux paragraphes donnant aux soldats une issue organisée sur une nouvelle voie, décidaient : créer dans tous les contingents de troupe des comités élus ; élire des représentants des soldats au Soviet ». C’est le soulèvement des exploités de Russie qui renversa l’impérialisme militaire de la Russie.

Mettre en place des comités élus ! C’est justement à cela que renoncent Poutou et Arthaud, qui s’expriment au nom de la classe ouvrière, c’est cela qu’ils évacuent de tous leurs « plans de lutte ». Seule la révolution sociale mit fin, à la guerre en 1917 en Ukraine et en Russie. Etre solidaire avec le peuple, ukrainien, c’est la remettre à l’ordre du jour.

Mais il n’y a pas aujourd’hui de révolution pour mettre fin à la guerre ? Février 17 en Russie ne mit pas fin à la guerre. Mais des comités de délégués représentant soldats, ouvriers et paysans furent bien mis en place. Cette démocratie des exploités, les ouvriers, paysans et soldats la mirent donc en place bien avant de prendre le pouvoir en Octobre 1917. Le soulèvement récent de la Guadeloupe, le mouvement des Gilets jaunes et sa prolongation par le mouvement contre le pass-sanitaire offrent l’occasion de mettre en place de tels comités. Aucune des organisations syndicales ou politiques de la gauche à l’extrême-gauche n’éclaire les travailleurs à ce sujet. Toutes rivalisent d’éloquence parlementaire pour dénoncer les discours de Zemmour-Le Pen-Pécresse sur la guerre des civilisations (français immigrés, chrétiens contre musulmans etc). Mais en renonçant à mettre en avant l’opposition entre démocratie ouvrière et démocratie bourgeoise, socialisme et barbarie capitaliste, cette gauche ne fait que désarmer les exploités. A l’échelle du monde, c’est la lutte entre le pouvoir du prolétariat et l’impérialisme qui est à l’ordre du jour. Entre le pourrissement de la « civilisation » capitaliste et l’émergence d’une nouvelle civilisation socialiste.

Les travailleurs de Guadeloupe, du Kazakhstan, du Soudan, du Mali se sont battus récemment contre les armées impérialistes. Et la seule chose que N. Arthaud trouver à leur dire, au chaud sur un plateau télé, pour expliquer son naufrage dans les sondages parallèle à celui d’Hidalgo : « Ma candidature est un appel au combat. Les travailleurs ne s’en sentent pas capables. »

La gauche, gauche de la gauche et extrême gauche, en re-fusant d’en avertir le monde du travail, d’expliquer que nous entrons dans la guerre à mort entre le capital et le travail, sont gravement coupables, mentent sciemment, essaient d’éviter les problèmes réels en mettant la tête dans le sable. Même quand ils se disent antiracistes, ils ne nous arment nullement. Ainsi, ils ne montrent pas combien les fascismes anti-musulmans ne sont que le pendant des fascismes intégristes musulmans, les uns et les autre voulant d’abord et à tout prix éviter la montée de la révolution sociale. Ainsi, les USA qui se sont prétendus le fer de lance de la guerre contre les terrorismes musulmans viennent de redonner l’Afghanistan aux Talibans, continuent d’aider d’armer l’Arabie saoudite… Bien sûr le fascisme intégriste est un danger pour les peuples musulmans, mais pour nous c’est l’extrême droite fasciste petit blanc, chrétienne ou lepéniste mais aussi fasciste macroniste ou précessiste qui l’est. Les moyens de le combattre, nous les connaissons. Les expériences du mouvement ouvrier, dont la prise du pouvoir par les travailleurs organisés en soviets en plein guerre, peuvent nous guider.

Qui veut la paix prépare la révolution sociale !

Qui veut un monde en paix prépare la fin du capitalisme et de l’impérialisme !

Qui veut la démocratie prépare les comités auto-organisés du peuple travailleur !

Qui veut défendre le peuple travailleur lui rappelle que son pire ennemi est dans son propre pays : la classe possédante et son Etat, ses forces policières et militaires !

Qui veut préparer un avenir nouveau pour l’humanité ne prétend pas le défendre au sein de la « démocratie » capitaliste mais en la renversant !

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