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Les crises capitalistes du passé

dimanche 14 septembre 2008, par Robert Paris

"Dans les premiers temps du commerce mondial, durant la période de 1815 à 1847, les crises se répétaient de cinq en cinq ans environ ; de 1847 à 1867 les cycles furent visiblement de dix ans ; serions-nous dans la phase préparatoire d’un nouveau krach mondial d’une violence inouïe ? Plus d’un symptôme semble l’annoncer. Depuis la crise de 1867 de grands changements se sont produits. le développement colossal des moyens de communication - les steamers, les chemins de fer, le télégraphe, le canal de Suez - ont établi le véritable marché mondial."

Extrait du "Capital" de Karl Marx

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Le texte sur les crises capitalistes du passé suit :

THÈSES SUR LA CRISE ACTUELLE :

Le système capitaliste a hypothéqué son avenir

Le nôtre ne doit pas rester accroché à ce Titanic

1- Il n’y a aucune origine accidentelle à la crise actuelle. Pour les capitalistes, loin d’être une surprise, elle est une catastrophe annoncée. C’est seulement pour le grand public, et particulièrement pour les travailleurs, qu’elle est tout ce qu’il y a de plus étonnant : le système qui domine le monde, sans une puissance capable de le renverser, sans une classe sociale qui semble lui contester ce pouvoir, est en train de s’effondrer et de se détruire lui-même.

2- Ce n’est pas une crise conjoncturelle. Ce n’est pas une crise américaine. Ce n’est pas une crise immobilière. Ce n’est pas une crise financière. Ce n’est pas une crise bancaire. Ce n’est pas une crise pétrolière. Ce n’est pas une crise de confiance. Ce n’est pas une crise inflationniste. Ce n’est pas une crise de l’endettement. Ce n’est pas une crise due à une simple récession. Bien sûr, il y a tout cela à la fois mais cela n’explique pas le fondement de la crise. C’est le système capitaliste tout entier qui est en crise. Le terme « systémique » pour caractériser la crise signifie que c’est le fondement, le principe même, du capitalisme qui est mort.

3- C’est l’accumulation du capital qui ne peut plus fonctionner. Et ce pour une raison simple. Le mécanisme d’accumulation du capital a atteint sa limite.

4- Cela signifie que le capitalisme n’a pas subi une maladie, ni un défaut, ni un comportement défaillant de tels ou tels de ses acteurs. Non, le capitalisme meurt parce qu’il a été au bout de ses possibilités. C’est son succès lui-même qui provoque sa fin. Il n’y a pas moyen d’inventer suffisamment d’investissement vu la quantité de capitaux existant dans le monde. Tous les cadeaux des Etats et des banques centrales au capital ne peuvent qu’être des palliatifs d’une durée de plus en plus limitée.

5- Le capital n’est pas simplement de l’argent. De l’argent, il y en a aujourd’hui et il n’y en a même jamais eu autant sur la planète. Mais c’est de l’argent qui participe à un cycle au cours duquel encore plus de travail va être transformé en argent. L’accumulation du capital est le but même de la société capitaliste. Produire et vendre des marchandises, exploiter les travailleurs, tout cela n’est qu’un moyen. Faire de l’argent, s’enrichir n’est aussi qu’un moyen. Le but même est de transformer cet argent en capital, c’est-à-dire trouver les moyens de l’investir et de lui faire rendre du profit, lequel profit doit lui-même encore être investi.

6- C’est ce mécanisme qui ne fonctionne plus. Il n’est pas grippé. Il n’est pas menacé. Il est mort. Il a été maintenu en survie pendant un temps déjà très long par des mécanismes financiers et eux-mêmes viennent d’atteindre leurs limites. On ne peut pas maintenir le mourant tellement longtemps même en inventant de nouvelles techniques de survie artificielle. Bien entendu, aujourd’hui tout le monde accuse le système financier et ses « folies », mais c’est oublier que ce sont ces prétendues folies, des politiques pratiquées parfaitement consciemment, qui ont permis au système de perdurer au-delà de ses limites.

7- Les guerres locales comme celles d’Irak, celle d’Afghanistan, mais aussi de Yougoslavie et du Timor ont été aussi des moyens de faire durer le système. Mais, là aussi, les limites sont atteintes.

8- Quel moyen aurait le système de se redresser vraiment ? Celui de détruire une très grande partie des richesses et des marchandises accumulées. Il ne lui suffit pas de détruire les richesses fictives de la finance. Il lui faut, pour repartir, détruire une partie de la planète comme il l’a déjà fait, dans des circonstances semblables, lors de deux guerres mondiales.

9- De là découle l’alternative pour les classes ouvrières et les peuples. Entre le Capital et le Travail, il y a maintenant une question de vie ou de mort. Même si la classe ouvrière ne souhaite pas consciemment se préparer au renversement définitif du système et à la fondation d’une société reposant sur la satisfaction des besoins collectifs des peuples de la planète, c’est le capitalisme lui-même qui va la contraindre à choisir. Et il ne suffira pas, bien entendu, d’attendre la chute du capitalisme actuel car ce qui viendra ensuite peut tout à fait être bien pire : une nouvelle barbarie, qu’elle soit capitaliste ou pas. Si la société humaine doit bâtir un nouvel avenir, elle devra le faire consciemment. Cet effondrement économique, qui sera suivi d’un effondrement social et politique, moral même, ne signifie pas, bien entendu, que la classe dirigeante et ses Etats vont céder la place d’eux-mêmes à une société au service des intérêts collectifs de la population. Les prétendues "réformes du système" et autres "régulations" ne sont que de la poudre aux yeux. Aucune mesure ne peut ni sauver le système ni sauver les populations. Plus tôt les travailleurs, les jeunes, les peuples se convaincront qu’il va falloir en finir radicalement avec les Etats qui ne défendent que le système, moins ils en paieront les conséquences.

10- Les mécanismes politiques et sociaux de domination sont désormais dépassés. On va voir du nouveau, en pire. Les « démocraties » occidentales vont montrer toute leur barbarie aux populations qui y sont le moins préparées : celles de leurs propres pays. Les dictatures, les fascismes vont revenir au goût du jour.

11- Il est urgent de préparer l’avant-garde aux situations à venir. Il n’y a rien de plus urgent que de comprendre la crise actuelle et ses conséquences et de les faire comprendre autour de nous. Ce qui est à l’ordre du jour n’est pas seulement de se défendre contre des attaques. C’est de se défendre contre une attaque idéologique de grande ampleur. Les gouvernants vont tâcher de donner leur propre interprétation des événements pour nous convaincre qu’eux seuls peuvent faire revenir l’époque passée. Ils mentent. Elle ne peut pas revenir. Ils vont chercher ainsi à nous empêcher de nous organiser entre nous pour comprendre, discuter et répondre aux situations. La crise de confiance des peuples dans le système est dangereuse si les opprimés, si les peuples se mettent à s’organiser, et déjà à se réunir pour confronter les points de vue, pour donner leurs avis sur la signification de ce qui se passe et sur les moyens d’y faire face.

12- Ce que souhaite la classe dirigeante, c’est que chacun se retrouve face à ses peurs, face aux problèmes matériels touchant sa vie, celle de sa famille, et se demande seulement quel dirigeant bourgeois va pouvoir le sauver. Des sauveurs suprêmes, des Hitler ou des chefs civils ou militaires dictatoriaux prétendant tenir la solution, on va en voir défiler. La première des tromperies qui va se présenter à nous sera celle des réformistes de tous poils qui auront quantité de prétendues solutions pour sauver à la fois le système et la population. Le seul effet de leurs discours sera de démobiliser les opprimés et d’éviter tout risque révolutionnaire aux exploiteurs afin de leur permettre de préparer leurs vraies solutions violentes : dictatures et guerres.
D’avance il faut se préparer à n’avoir confiance qu’en nous-mêmes.

13- Au lieu de se protéger, ce qui ne sera pas possible, il faut saisir l’occasion. Le capitalisme est atteint dans ses fondements. Profitons-en pour en finir avec ce système d’exploitation. Nous sommes des millions de fois plus nombreux que les exploiteurs et bien plus forts que le système si nous en sommes conscients. La fin du capitalisme ne sera une catastrophe et un recul massif que si nous nous contentons de nous défendre, catégorie par catégorie, pays par pays, groupe social par groupe social. Cela peut être le prélude d’une avancée historique de l’humanité si nous décidons d’en finir avec l’esclavage salarié.

Qu’est-ce qu’une crise capitaliste ?

Des dizaines, puis des centaines de milliards de dollars engouffrés dans les trous des banques, des assurances et des bourses, et le début d’une forte récession, la crise actuelle entraîne de nombreuses inquiétudes et d’encore plus nombreuses questions, le plus souvent sans réponse. Et pour cause ! Le sytème capitaliste, nous le connaissons bien et même nous ne connaissons que lui. Et pourtant, nous ne le connaissons pas ! C’est la crise elle-même qui révèle à la plupart d’entre nous des fonctionnements totalement ignorés.

Le plus souvent, nous réfléchissons au système capitaliste comme s’il s’agissait d’un mode rationnel de fonctionnement. Ou, au moins, d’un mécanisme qui devrait être rationnel. Nous le pensons comme un système dirigé par des êtres humains en vue de buts humains. Ce n’est pourtant pas le cas. Nous y voyons "une société de consommation" ou encore "un marché". Là encore, il s’agit d’un contre-sens. La société marchande est depuis longtemps morte et le capitalisme n’est pas essentiellement achat et vente.

La situation actuelle de crise est l’objet des mêmes contre-sens. Certains y voient une nouvelle crise de l’immobilier. D’autres une crise des ressources énergétiques. D’autres encore, une crise du système de régulation des marchés financiers. Toutes ces interprétations visent à cacher le véritable problème qui touche les fondements mêmes du système, et du système capitaliste et pas seulement du "système financier". En fait, il n’existe pas un système financier qui serait séparé du système capitaliste.

Le capitalisme n’est pas en crise parce qu’il manquerait d’argent, qu’il manquerait de richesses à pomper, qu’il manquerait de travailleurs à exploiter, ni parce que les exploités en ont assez mais, simplement, parce qu’il manque de perspectives pour ses investissements. Les besoins à satisfaire existent toujours (les besoins matériels insatisfaits croissent considérablement) , mais les satisfaire ne serait plus assez rentable. La course au profit se heurte donc à un mur, à une limite. Les processus multiples pour contourner cette limite (financiers notamment) n’ont fait qu’aggraver le niveau de la crise puisqu’ils ont accru dans des proportions phénoménales le capital total sans accroitre dans la même proportion les investissements possibles. Ces méthodes financières, monétaires, bancaires, etc... ne peuvent être que des palliatifs momentanés et ne peuvent pas résoudre le problème. le système est de plus en plus bloqué. Sa maladie : trop d’argent pour en faire du capital participant à des cycles économiques.

Il convient de distinguer les multiples crises de fonctionnement, indispensables au capitalisme ou crises de conjoncture des crises systémiques qui menacent de mort le système lui-même.

Il serait erroné de voir dans la crise actuelle une simple crise conjoncturelle. Les éléments dont on dispose à l’heure actuelle poussent plutôt à y voir une crise systémique, c’est-à-dire une véritable limite du système qui le remet fondamentalement en question.

Bien sûr, il y a diverses crises au sein de la situation actuelle :
 une crise immobilière doublée d’une crise spéculative
 une crise boursière
 une crise bancaire
 une récession économique
 une crise américaine liée aux divers déficits de l’impérialisme US
 une crise générale de la domination impérialiste
etc...

Mais tout cela ne s’additionne pas. Il n’y a en fait qu’une seule crise qui a longtemps été retardée par l’impérialisme US essentiellement grâce à ce que l’on a appelé la "mondialisation".

Il y a peu de chance que les USA parviennent encore à retarder l’explosion. les trémoussements des chefs d’Etat et des dirigeants financiers de la planète ne font que souligner leur grande inquiétude.

L’une des dernières mesures après quelques faillites retentissantes aux USA, en Grande Bretagne ou en Espagne, avait été la décision de Bush d’annoncer une limitation du droit de spéculer sur les sociétés dont les noms suivent. Sous-entendu, ces sociétés sont pleines de trous, vont bientôt faire faillite et le système financier va les attaquer. Ce sont :
BNP Paribas, Bank of America, Barclays Citigroup, Crédit Suisse, Daiwa Securities, Deutsche Bank, Allianz, Goldman Sachs, Royal Bank, HSBC Holding, JP Morgan Chase, Lehman Brothers, Merril Lynch, Mizuko Financial Group, Morgan Stanley, UBS, freddie Mac et Fannie Mae. On a vu que cela n’a rien empêché et nombre de ces établissements sont soit en faillite, soit rachetés à bas prix, soit nationalisés. Les autres lle seront bientôt ! La raison : officiellement quarante mille milliards de dollars de trous !!!

Mais, là encore, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg de la crise. Sur le fond, le capitalisme lui-même répond : "no future" (pas d’avenir)
Ce ne sont pas les peuples, c’est le système qui n’y croit plus et ne voit plus d’échappatoire.

Laisser exploser le tout va de plus en plus lui paraître la meilleure solution pour parvenir au même résultat : faire payer aux peuples les frais de la crise, assainir en détruisant, pour - beaucoup plus tard et après quelles guerres ? - repartir sur des bases plus saines si tout n’est pas détruit d’ici là !

Pour les travailleurs et les peuples, la situation est neuve : il faut préparer un autre avenir débarrassé du capitalisme.

Qu’est-ce qu’une crise capitaliste ?

Des dizaines, puis des centaines de milliards de dollars engouffrés dans les trous des banques, des assurances et des bourses, et le début d’une forte récession, la crise actuelle entraîne de nombreuses inquiétudes et d’encore plus nombreuses questions, le plus souvent sans réponse. Et pour cause ! Le système capitaliste, nous le connaissons bien et même nous ne connaissons que lui. Et pourtant, nous ne le connaissons pas ! C’est la crise elle-même qui révèle à la plupart d’entre nous des fonctionnements totalement ignorés.

Le plus souvent, nous réfléchissons au système capitaliste comme s’il s’agissait d’un mode rationnel de fonctionnement. Ou, au moins, d’un mécanisme qui devrait être rationnel. Nous le pensons comme un système dirigé par des êtres humains en vue de buts humains. Ce n’est pourtant pas le cas. Nous y voyons "une société de consommation" ou encore "un marché". Là encore, il s’agit d’un contre-sens. La société marchande est depuis longtemps morte et le capitalisme n’est pas essentiellement achat et vente.

La situation actuelle de crise est l’objet des mêmes contre-sens. Certains y voient une nouvelle crise de l’immobilier. D’autres une crise des ressources énergétiques. D’autres encore, une crise du système de régulation des marchés financiers. Toutes ces interprétations visent à cacher le véritable problème qui touche les fondements mêmes du système, et du système capitaliste et pas seulement du "système financier". En fait, il n’existe pas un système financier qui serait séparé du système capitaliste.

Le capitalisme n’est pas en crise parce qu’il manquerait d’argent, qu’il manquerait de richesses à pomper, qu’il manquerait de travailleurs à exploiter, ni parce que les exploités en ont assez mais, simplement, parce qu’il manque de perspectives pour ses investissements. Les besoins à satisfaire existent toujours (les besoins matériels insatisafaits croissent considérablement) , mais les satisfaire ne serait plus assez rentable. La course au profit se heurte donc à un mur, à une limite. Les processus multiples pour contourner cette limite (financiers notamment) n’ont fait qu’aggraver le niveau de la crise puisqu’ils ont accru dans des proportions phénoménales le capital total sans accroitre dans la même proportion les investissements possibles. Ces méthodes financières, monétaires, bancaires, etc... ne peuvent être que des palliatifs momentanés et ne peuvent pas résoudre le problème. le système est de plus en plus bloqué. Sa maladie : trop d’argent pour en faire du capital participant à des cycles économiques.

Il convient de distinguer les multiples crises de fonctionnement, indispensables au capitalisme ou crises de conjoncture des crises systémiques qui menacent de mort le système lui-même.

Il serait erroné de voir dans la crise actuelle une simple crise conjoncturelle. Les éléments dont on dispose à l’heure actuelle poussent plutôt à y voir une crise systémique, c’est-à-dire une véritable limite du système qui le remet fondamentalement en question.

Bien sûr, il y a diverses crises au sein de la situation actuelle :
 une crise immobilière doublée d’une crise spéculative
 une crise boursière
 une crise bancaire
 une récession économique
 une crise américaine liée aux divers déficits de l’impérialisme US
 une crise générale de la domination impérialiste
etc...

Mais tout cela ne s’additionne pas. Il n’y a en fait qu’une seule crise qui a longtemps été retardée par l’impérialisme US essentiellemnt grâce à ce que l’on a appelé la "mondialisation".

Il y a peu de chance que les USA parviennent encore à retarder l’explosion. les trémoussements des chefs d’Etat et des dirigeants financiers de la planète ne font que souligner leur grande inquiétude.

L’une des dernières mesures après quelques faillites retentissantes aux USA, en Grande Bretagne ou en Espagne, avait été la décision de Bush d’annoncer une limitation du droit de spéculer sur les sociétés dont les noms suivent. Sous-entendu, ces sociétés sont pleines de trous, vont bientôt faire faillite et le système financier va les attaquer. Ce sont :
BNP Paribas, Bank of America, Barclays Citigroup, Crédit Suisse, Daiwa Securities, Deutsche Bank, Allianz, Goldman Sachs, Royal Bank, HSBC Holding, JP Morgan Chase, Lehman Brothers, Merril Lynch, Mizuko Financial Group, Morgan Stanley, UBS, freddie Mac et Fannie Mae. On a vu que cela n’a rien empêché et nombre de ces établissements sont soit en faillite, soit réchetés à bas prix, soit nationalisés. Les autres lle seront bientôt ! La raison : officiellement quarante mille milliards de dolalrs de trous !!!

Mais, là encore, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg de la crise. Sur le fond, le capitalisme lui-même répond : "no fture" (pas d’avenir)
Ce ne sont pas les peuples, c’est le système qui n’y croit plus et ne voit plus d’échappatoire.

Laisser exploser le tout va de plus en plus lui paraître la meilleure solution pour parvenir au même résultat : faire payer aux peuples les frais de la crise, assainir en détruisant, pour - beaucoup plus tard et après quelles guerres ? - repartir sur des bases plus saines si tout n’est pas détruit d’ici là !

Pour les travailleurs et les peuples, la situation est neuve : il faut préparer un autre avenir débarrassé du capitalisme.


La crise économique du capitalisme vient de repartir de plus belle en janvier 2008. Dans la foulée de la crise des subprimes qui avait enflammé l’immobilier et la finance aux USA, en Angleterre et en Espagne. Elle se double maintenant d’une crise des liquidités, d’une chute des bourses et d’une crise des banques. La crise américaine y rajoute la menace d’une récession mondiale de grande ampleur. Des banques américaines et européennes sont menacées. Les banques françaises commencent à reconnaître l’existence de fonds douteux. La BNP avait commencé dès le début de la crise. La Société Générale reconnaît indirectement la même chose avec un perte de plusieurs milliards d’euros. Et ce n’est qu’un début ....

La finance, se détournant des bourses et du dollar, joue sur les monnaies, sur le prix du pétrole, sur les prix des produits alimentaires. Il en découle un effondrement du niveau de vie dans les pays les plus pauvres et jusque dans les pays riches. L’inflation se rajoute à la récession, rendant quasi impossible toute politique pour retarder ou éviter l’aggravation de la crise.

Comment comprendre le sens de cette crise économique ? Il s’agit bel et bien d’une crise systémique, c’est-à-dire d’une catastrophe générale qui prend sa source dans les mécanismes fondamentaux du système à l’échelle mondiale et les menace tous. Le capitalisme s’autodétruit, même s’il ne mène pas lui-même à une solution. Sans chercher à expliquer leurs crises. les classes dirigeantes prétendent éviter la crise. En fait, elles recherchent d’abord à éviter que leur système d’exploitation et de mise en coupe réglée du monde en soit affecté et, en second, que leurs propres capitaux accumulés, n’en subissent des conséquences. les peuples, comme les deux guerres mondiales l’ont montré, ne seront pas nécessairement épargnés, tant que les travailleurs épargneront le système capitaliste.

Pour le moment, s’il faut insister sur un point, c’est de ne faire aucune confiance aux déclarations des gouvernants, des banquiers et des industriels. Tous prétendront vouloir nous sauver et mettre sur pied plan sur plan dans ce but. Ils ne feront que nous enfoncer dans la misère et le chômage soi-disant pour nous sauver... Aucune confiance dans les banques pour y laisser nos économies. Aucune confiance aux industriels pour "sauver nos emplois". Aucune confiance aux gouvernants pour "protéger le pays de la crise" comme ils disent. Travailleurs, n’ayons confiance qu’en nous-mêmes, qu’en notre force, qu’en notre mobilisation, qu’en notre organisation ! Unissons-nous par delà les frontières. Ne croyons à aucun discours nationaliste présentant un autre peuple, un autre pays, un seul chef d’Etat, comme le seul responsable. Ils le sont tous ! La crise économique, eux tous les transformerons en occasion de nouvelles rapines, de nouvelles fortunes faciles. Transformons-la en une occasion de nous libérer définitivement de leur système d’exploitation ! Les travailleurs ont une société bien plus humaine, plus constructive, bien plus utile à l’ensemble des hommes à offrir. La nouvelle crise du capitalisme doit sonner l’avènement du socialisme !

Il ne s’agit pas là d’un simple vœu mais d’une nécessité. la crise pose en effet une question au monde, comme les crises mondiales systémiques précédentes.

En effet, les précédentes crises systémiques ont produit guerres mondiales, dictatures, fascismes mais aussi révolutions prolétariennes. Il y a une alternative : socialisme ou barbarie qui se pose à terme au monde.

En tout cas, la crise sonne le glas des conceptions réformistes. Celles-ci n’ont été capables que de négocier comment se faire exploiter. Aujourd’hui même ces sacrifices sont insuffisants pour le capitalisme qui est menacé par sa propre crise.

Dors et déjà les peuples les plus pauvres sont plongés dans la misère : l’Egypte redécouvre la famine et l’Afrique connaît de nouvelles émeutes. Ce n’est qu’un début. Le pire effondrent sera celui de la petite et de la moyenne bourgeoisie des pays riches : quand on est un peu au dessus, on tombe de plus haut ! Et cela signifie la fin de la démocratie capitaliste car sa propre base disparait. Pour ceux qui veulent réfléchir pour préparer l’avenir, la révolution mondiale n’est plus une lointaine perspective mais à une perspective à préparer dès maintenant.

Mais, d’abord, il convient de comprendre comment cette crise exprime des limites du système capitaliste incapable de proposer des investissements à une part croissante des capitaux. Là est la source de la part croissante de capitaux dédiés à la spéculation. Là est également la source de la crise actuelle. Cela signifie que l’on ne peut pas dire que la spéculation a causé la crise. C’est le capitalisme lui-même qui est en crise et pas seulement le système financier.

Il ne peut pas y avoir d’amélioration, de "régulation" du système. la crise touche aux fondement même de la société du profit capitaliste, société qui ne peut pas être réformée mais seulement renversée.

Le capitalisme en crise ne peut entraîner le monde que dans des catastrophes de grande ampleur. C’est le seul moyen pour lui de se relancer. Il doit (presque) tout détruire pour repartir sur de nouvelles bases. Par conséquent, loin d’être sorti rapidement de sa crise actuelle, le système mondial de domination va entraîner tous les peuples du monde dans le cauchemar : récession, effondrement des banques, misère, dictaures, guerres et guerre mondiale...

La seule réponse n’est pas régulation ni intervention de l’Etat mais intervention de la classe ouvrière et des peuples : REVOLUTION et la seule alternative : LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS visant à la suppression du mode d’exploitation capitaliste.

SITE :
MATIERE ET REVOLUTION

www.matierevolution.fr

Mots clefs :

dialectique
discontinuité
physique quantique
chaos déterministe
non-linéarité
émergence
inhibition
boucle de rétroaction
contradictions
crise
transition de phase
auto-organisation
Blanqui -
Trotsky
Prigogine -
Barta - marxisme

Les crises économiques du passé

Extrait du "Capital" de Marx :

" * Période : 1845-1860.

1845 : Prospérité de l’industrie cotonnière. Prix très bas du coton. Voici ce que dit L. Horner :

« Il ne m’a pas été donné, pendant ces huit dernières années, d’observer une période d’affaires plus active que celle de l’été et de l’automne derniers. La filature du coton s’est particulièrement distinguée. Pendant toute cette période, il n’y a pas eu une semaine où de nouveaux engagements de capital dans des fabriques ne m’aient été signalés ; tantôt il s’agissait de la construction de nouvelles fabriques, tantôt c’étaient. les rares établissements inoccupés qui avaient trouvé de nouveaux locataires, tantôt d’anciennes fabriques étaient agrandies et recevaient de nouvelles machines à vapeur plus fortes et un outillage plus puissant » (Rep. Fact., Nov. 1845, p. 13).

1846 : Les plaintes commencent.

« Depuis quelque temps dejà, un grand nombre de fabricants de coton me comrnuniquent leurs plaintes sur la mauvaise situation des affaires... Pendant ces six dernières semaines, plusieurs fabriques ont diminué les journées de travail et les ont ramenées de 12 à 8 heures ; cette exemple parait devoir être suivi... une hausse considérable s’est produite dans le coton et... non seulement elle n’a pas été suivie d’une hausse correspondante des produits fabriqués, mais... les prix de ceux-ci sont plus bas qu’avant la hausse. La grande extension des fabriques de coton, pendant ces quatre dernières années, doit avoir eu pour conséquences, d’un côté, un accroissement considérable de la demande de matières premières et, d’autre part, une augmentation importante de l’offre de produits fabriqués. Ces deux causes auront fait baisser le profit pendant tout le temps que l’offre de matières premières et de la demande de produits fabriqués seront restées invariables, et leur influence se sera considérablement accentuée dans ces derniers temps, lorsque le coton s’est mis à affluer en quantités insuffisantes et que la demande de produits fabriqués a diminué sur différents marchés du pays et de l’étranger » (Rep. Fact., Déc. 1846, p. 10).

L’accroissement de la demande de matières premières et l’encombrement du marché des produits fabriqués marchent évidemment d’un pas égal. Disons en passant que l’industrie du coton ne fut pas seule à être éprouvée par cette succession d’une expansion et d’une stagnation des affaires. Dans le district de Bradford, le district de la laine peignée, le nombre des fabriques, qui était de 318 en 1836, s’élevait à 490 en 1846. Mais ces chiffres sont loin d’exprimer l’extension réelle de la production, car pendant la même période les fabriques existantes ont été agrandies considérablement. Il en fut de même des filatures de lin.

« Toutes ont contribué plus on moins, pendant ces dix dernières années, à l’encombrement du marché, cause essentielle de la stagnation actuelle des affaires... La situation pénible que nous traversons est la conséquence naturelle d’une extension rapide des fabriques et de l’outillage » (Rep. Fact., Nov. 1846, p. 30).

1847 : En octobre, crise monétaire ; le taux de l’escompte atteint 8 %. Symptômes préliminaires : l’effondrement de la spéculation frauduleuse des chemins de fer et de la circulation de complaisance avec les Indes.

« M. Baker donne des détails très intéressants sur l’augmentation, pendant les dernières années, de la demande de coton, de laine et de lin, déterminée par l’expansion de l’industrie. Cette augmentation s’étant produite pendant une période où l’importation de ces matières premières était loin d’atteindre la moyenne ordinaire, il considère qu’elle permet d’expliquer, sans faire intervenir les troubles du marché financier, la situation précaire dans laquelle se trouvent actuellement les industries des produits textiles et de la laine. Cette opinion est entièrement confirmée par mes observations personnelles et les conversations que j’ai eues avec des personnes compétentes. Ces industries étaient déjà fortement atteintes, lorsqu’il était encore possible d’escompter à 5 %, et moins. Par contre, la soie brute arrivait en quantité considérable et donnait lieu, bien que les prix fussent modérés, à un marché très actif, jusque... dans les deux ou trois dernières semaines, pendant lesquelles la crise monétaire vint frapper non seulement les tisseurs, mais également, et plus énergiquement peut-être, leurs principaux clients, les fabricants d’articles de modes. Un coup d’œil sur les rapports officiels montre que dans les trois dernières années, l’extension de l’industrie du coton a atteint environ 27 %. Il en est résulté que le prix du coton a haussé, en chiffres ronds, de 4 d. à 6 d. à la livre, alors que le fil, grâce à l’augmentation des arrivages, n’est qu’un peu plus cher qu’autrefois.

« L’industrie de la laine commença à se développer en 1836 et depuis lors son importance s’est accrue de 40 % dans l’Yorkshire et davantage en Écosse. Les progrès de l’industrie du worsted [6] ont été plus grands encore et ont donné lieu, pendant la même période, à une extension de plus de 74 %. La consommation de laine brute a donc dû être énorme. Depuis 1839, l’industrie du lin accuse un accroissement de 25 % environ en Angleterre, de 22 % en Ecosse et de presque 90 % en Irlande [7] ; il en est résulté que les mauvaises récoltes de lin ont fait hausser le prix de la matière première de 10 £ à la tonne et que le fil a baissé de 6 d. au paquet » (Rep. Fact., Oct. 1847, p. 30).

1849 : Il y a une reprise des affaires depuis les derniers mois de 1848.

« Le prix du lin, qui étai ttellement bas qu’il garantissait un profit acceptable dans toutes les circonstances que l’avenir pouvait réserver, a engagé les fabricants à pousser vivement leurs affaires. Au commencement de l’année, les fabricants de laine ont été très occupés pendant un certain temps... mais je craignais que des consignations de produits fabriqués ne tinssent souvent lieu de commandes réelles et qu’ainsi cette période de prospérité apparente et de pleine occupation, ne fut pas déterminée par une demande effective pendant quelques mois, les affaires en worsted ont été spécialement prospères... Au début de la période mentionnée, la laine était à un prix exceptionnellement bas ; les filateurs en avaient fait des approvisionnements à des prix avantageux et probablement en quantités considérables, dont ils profitèrent lorsqu’une hausse se manifesta dans les ventes publiques du printemps et qu’inevitablement se manifesta une demande considérable de produits fabriqués » (Rep. Fact., 1819, p. 30, 31).

« Lorsque nous passons en revue les variations qui ont affecté la situation des affaires depuis trois ou quatre ans, dans les districts industriels, nous devons, je crois, reconnaître qu’il existe quelque part une cause importante de perturbation... Un nouveau facteur n’aurait-il pas été introduit par la productivité extraordinaire et l’extension de l’outillage ? » ( Rep. Fact., Avril 1899, p. 42).

L’activité des affaires s’accentua en novembre 1848 et en 1849, pendant le mois de mai et depuis l’été jusqu’en octobre :

« Cela s’applique surtout aux étoffes en laine peignée, dont la fabrication, organisée autour de Bradford et Halifax, ne connut à aucune époque antérieure une prospérité comparable même de loin à celle d’aujourd’hui... De tout temps, l’incertitude quant aux arrivages de matières premières et la spéculation qui en résulte ont provoqué, dans l’industrie du coton, des troubles plus profonds et des variations plus importantes que dans toute autre industrie. Pour le moment, il se crée un stock considérable de produits fabriqués de qualité grossière, qui inquiète les petits filateurs et leur cause déjà du préjudice, au point que plusieurs d’entre eux ont dû réduire leur durée de travail » . (l. c ., p. 42, 43).

1850 . Avril : La prospérité persiste. Il y a cependant

« une grande dépression dans une partie de l’industrie du coton, par suite de l’insuffisance de l’arrivage de la matière première pour les numéros ordinaires de fil et les tissus lourds... On craint que l’importance plus grande donnée récemment à l’outillage de l’industrie du worsted n’entraîne une réaction semblable. L.M. Baker calcule que, rien qu’en 1849, la production a augmenté, dans cette industrie, de 40 % pour les métiers à tisser et de 25 à 30 %, pour les broches à. filer, et l’extension continue dans la même rnesure » (Rep. Fact., Avril 1850, p. 54).

1850 . Octobre :

« Le prix du coton continue à causer... une grande dépression dans cette branche d’industrie, surtout pour les marchandises dont le coût de production est déterminé en grande partie par le prix de la matière première. Une dépression s’est manifestée également dans l’industrie de la soie, par suite de la baisse considérable de la soie brute ». (Rep. Fact ., Oct. 1850, p. 15).

D’après le rapport du Comité de la société royale pour la culture du lin en Irlande, le haut prix du lin, se produisant concurremment avec une baisse du prix d’autres produits agricoles, permettait de pronostiquer, pour l’année suivante, une recrudescence sensible de la production de lin en Irlande (p. 33).

1853 . Avril : Grande prospérité.

« Pendant les dix-sept années que je recueille des renseignements officiels sur la situation de l’industrie dans le district du Lancashire, il ne m’a pas été donné d’enregistrer une prospérité générale semblable à celle qui y règne actuellement ; l’activité est extraordinaire dans toutes les branches ». L. Horner. ( Rep. Fact., Avril 18153, p. 19).

1853 . Octobre : Dépression de l’industrie du coton.

« Surproduction » ( Rep. Fact., Octobre 1853, p. 15).

1854 . Avril :

« Bien qu’elle ne soit pas très prospère, l’industrie de la laine est pleinement occupée dans toutes les fabriques et il en est de même de l’industrie du coton. Les affaires en worsted ont été irrégulières pendant tout le dernier semestre... La guerre de Crimée, en réduisant les quantités de lin et de chanvre importées de la Russie, est venue jeter la perturbation dans l’industrie du lin » (Rep. Fact., 1854, p. 37).

1859 .

« L’industrie du lin est encore dans une situation précaire en Écosse... la matière première étant rare et chère ; la récolte insuffisante de l’année dernière dans les pays de la mer baltique, qui nous approvisionnent en grande partie, exercera une influence nuisible sur les affaires de notre district ; par contre, le jute, qui remplace peu à peu le lin pour beaucoup d’articles ordinaires, n’est ni exceptionnellement cher, ni exceptionnellement rare... la moitié environ des machines de Dundee file maintenant du jute » ( Rep . Fact ., Avril 1859, p. 19 , ).

« Par suite du prix élevé de la matière première, la filature de lin est encore loin d’être lucrative, et alors que toutes les autres fabriques travaillent la journée pleine, nous en comptons plusieurs qui sont arrêtées dans l’industrie linière... La filature de jute... est dans une situation plus satisfaisante, parce que récemment cette matière est tombée à un prix plus modéré ». (Rep. Fact., Octobre 1859, p. 30).

1861-64 . La guerre civile américaine et la « Cotton Famine ». L’exemple le plus remarquable de l’interruption de la production par le manque et le renchérissement de la matière première.

1860 . Avril :

« Quant à la situation des affaires, je suis heureux de pouvoir vous communiquer que, malgré le prix élevé des matières premières, toutes les industries textiles, à l’exception de la soie, ont été très occupées pendant le dernier semestre... Dans quelques districts du coton, on a demandé des ouvriers par voie d’annonces et on en a vu immigrer de Norfolk et d’autres comtés agricoles... Il parait que la matière première fait défaut dans toutes les branches d’industrie. C’est uniquement... cette rareté qui nous impose des limites. Dans l’industrie du coton, la création d’établissements nouveaux, l’extension des anciens et la demande de la main-d’œuvre n’ont peut-être jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui On lance des affiches dans toutes les directions pour obtenir de la matière première » (Rep. Fact,, Avril 1860).

1860 . Octobre :

« Les affaires ont bien marché dans les districts du coton, de la laine et du lin ; elles sont même très bonnes en Irlande depuis plus d’un an et elles y auraient été meilleures, si elles n’avaient pas subi l’influence de l’élévation du prix de la matière première. Les filateurs de lin semblent attendre avec plus d’impatience que jamais que les chemins de fer et les progrès de l’agriculture viennent leur ouvrir les ressources de l’Inde et enfin... leur assurer une importation de lin en rapport avec leurs besoins ». ( Rep. Fact., Octobre 1860, p. 37).

1861 . Avril :

« La situation des affaires est momentanément pénible... quelques fabriques de coton réduisent leurs heures de travail et beaucoup de fabriques de soie ne sont occupées que partiellement. La matière première est chère ; dans presque toutes les branches de l’industrie textile, elle dépasse le prix auquel elle peut être mise en œuvre en vue de la consommation » (Rep. Fact., Avril 1861, p. 33).

On voyait maintenant qu’en 1860 il y avait en surproduction dans l’industrie du coton ; l’effet s’en faisait encore sentir.

« Il a fallu deux à trois ans pour que la surproduction de 1860 fût absorbée par le marché mondial » (Rep. Fact . Décembre 1863, p. 127).

« La dépression, au commencement de 1860, des marchés de l’Asie, Orientale pour les produits en coton, eut son contre coup sur l’industrie de Blackburn, où 30.000 métiers mécaniques en moyenne sont presque exclusivement occupés pour ces marchés. La demande de main-d’œuvre y était déjà tombée plusieurs mois avant que les conséquences du blocus du coton ne se fissent sentir... ce qui heureusement sauve beaucoup de fabricants de la ruine. Les matières approvisionnées augmentèrent de valeur pendant tout le temps qu’on les retint dans les magasins, et l’on parvint ainsi à éviter la terrible dépréciation qui sans cela se serait produite infailliblement dans une crise pareille » (Rep. Fact., Octobre 1862, p. 28-29).

1861 . Octobre :

« Les affaires sont très déprimées depuis quelque temps... Il n’est pas invraisemblable que beaucoup de fabriques diminuent considérablement leur temps de travail pendant les mois d’hiver. C’était d’ailleurs à prévoir... même si les causes qui sont venues interrompre nos importations ordinaires de coton d’Amérique et notre exportation n’avaient pas agi, une réduction du temps de travail se serait imposée l’hiver prochain, par suite de l’accroissement considérable de la production pendant les trois dernières années et des perturbations des marchés indien et chinois » (Rep. Fact., Oct. 1861, p. 19).

Emploi de déchets de coton et de coton des Indes Orientales. (surat), son influence sur les salaires. Perfectionnement de l’outillage. Le coton remplacé par de la fécule et des produits minéraux. Action de la colle de fécule sur les ouvriers. Filateurs de numéros plus fins. Fraudes des fabricants.

« Un fabricant m’écrit ce qui suit : « En ce qui concerne l’évaluation de la consommation de coton par broche, il me parait que vous ne tenez pas suffisamment compte de ce fait que lorsque le coton est cher, les fabricants de numéros ordinaires (jusqu’au numéro 40, mais surtout les numéros 12 à 32) filent aussi fin que possible, c’est-à-dire qu’ils font du numéro 16 là où précédemment ils faisaient du 12 et que là où ils faisaient du 16, ils filent du 22 ; il en résulte que le tisserand qui doit travailler ces fils fins, donne à son coton le poids habituel en y ajoutant plus de colle. Cet expédient est appliqué aujourd’hui d’une manière vraiment scandaleuse. J’ai appris de bonne source que des shirtings ordinaires destinés à l’exportation portent 2 g. de colle par pièce pesant 8 g. D’autres tissus sont chargés jusqu’à 50 % de colle ; de sorte que le fabricant ne ment pas lorsqu’il se vante de faire fortune en vendant la livre de tissu moins cher qu’il n’a acheté le fil qui a servi à la fabriquer (Rep. Fact., Oct. 1863, p. 63).

« J’ai reçu également des dépositions d’après lesquelles les tisserands attribuent la recrudescence de leurs maladies à l’encollage des chaînes filées en coton indien, auxquelles on n’applique plus comme auparavant de la colle faite uniquement de farine. La matière substituée à la farine offre le grand avantage d’augmenter considérablement le poids du tissu, 15 livres de fil donnant après le tissage 20 livres de toile. »

Cette matière était ou du kaolin moulu appelé China clay, ou du plâtre appelé French chalk.

« Le salaire des ouvriers tisserands est diminué notablement par l’emploi de ces succédanés de la farine pour l’encollage des chaînes. La nouvelle colle fait le fil plus lourd et le rend dur et cassant. Or, dans le métier chaque fil de la chaîne passe par la lice, dont les fils plus forts maintiennent la chaîne dans la bonne position ; rendues dures par la colle, les chaînes cassent continuellement dans la lice et la réparation de chacune de ces ruptures entraîne une perte de cinq minutes pour le tisserand. Ces accidents sont actuellement deux fois plus fréquents qu’autrefois et il en résulte que le métier produit d’autant moins pendant une même durée de travail » (l.c ., p. 42, 43).

« … A Ashton, Stralybridge, Mossley, Oldham, etc., la journée de travail a été raccourcie d’un tiers et de nouvelles réductions sont appliquées chaque semaine... Dans beaucoup de branches cette diminution des heures de travail est accompagnée d’une réduction des salaires » (p. 13).

Au commencement de 1861, une grève éclata dans les tissages mécaniques de quelques localités du Lancashire. Plusieurs fabricants avaient annoncé une réduction de salaires de 5 à 7 ½ %. Les ouvriers demandèrent le maintien du taux des salaires avec une réduction de la journée de travail, et comme leur proposition ne fut pas acceptée, la grève éclata ; après un mois ils durent céder. Actuellement les deux mesures leur sont appliquées :

« A la diminution des salaires que les ouvriers ont enfin acceptée, beaucoup de fabriques ajoutent une réduction des heures de travail » (Rep. Fact., Avril 1863, p. 23).

1862 . Avril :

« Les souffrances des ouvriers ont beaucoup augmenté depuis mon dernier rapport ; mais à aucune époque de l’histoire de l’industrie, des souffrances aussi subites et aussi graves n’ont été supportées avec autant de résignation silencieuse et de dignité patiente » (Rep. Fact., Avril 1862, p. 10).

« Le nombre relatif des ouvriers qui sont complètement inoccupés en ce moment ne semble pas beaucoup plus grand qu’en 1848, année où la panique fut cependant. telle qu’elle décida les fabricants inquiets à dresser une statistique de l’industrie du coton, semblable à celle qu’ils publient maintenant toutes les semaines... En mai 1848, à Manchester, 15 % des ouvriers du coton étaient sans travail, 12 % travaillaient des journées incomplètes, et plus de 70 % étaient pleinement occupés. Le 28 mai 1862, 15 % étaient sans travail, 35 % travaillaient des journées incomplètes, 49 % des journées complètes... Dans les localités avoisinantes, à Stockport par exemple, le nombre des ouvriers sans travail et des ouvriers incomplètement occupés est relativement plus élevé et celui des ouvriers complètement occupés plus petit, parce qu’on y file des numéros plus gros qu’à Manchester » (p. 16).

1862 . Octobre :

« La dernière statistique officielle accuse l’existence dans le Royaume-Uni de 2887 fabriques de coton, dont 2109 dans mon district (Lancashire et Cheshire). Je savais bien qu’en grande partie ces 2109 fabriques étaient de petits établissements, n’occupant que peu de personnes, et cependant j’ai été surpris d’apprendre combien le nombre des petits établissements est important. Dans 392 fabriques, soit 19 %, la force motrice, vapeur ou eau, est inférieure à 10 chevaux-vapeur ; dans 345, soit 16 %, elle est de 10 à 20 chevaux ; dans 1372, elle est de 20 chevaux ou plus... Un très grand nombre de ces petits fabricants, plus du tiers du nombre total, étaient encore des ouvriers il n’y a pas longtemps ; ils ne disposent d’aucun. capital... La charge principale retombera donc sur les deux autres tiers. » ( Rep. Fact., Octobre 1862, p. 18,19).

Le même rapport signale que parmi les ouvriers du coton dans le Lancashire et le Cheshire, 40 146, soit 11,3 %, étaient alors complètement occupés, 134 767, soit 38 %, partiellement occupés, et 197 721, soit 50,7 %, sans travail. Si l’on retranche de ces chiffres ceux de Manchester et de Bolton, où l’on file surtout des numéros fins et où la production a été relativement peu affectée par la disette de coton, la situation se présente sous un jour encore plus favorable : 8,5 % , complètement occupés, 38 % , incomplètement occupés, 53,3 % sans travail (p. 19, 20).

« Les ouvriers trouvent une grande différence à travailler du bon ou du mauvais coton. Lorsque, dans des premiers mois de l’année, les fabricants voulurent conjurer l’arrêt de leurs exploitations en consommant les matières premières offertes à des prix modérés, beaucoup de mauvais coton fut mis en œuvre dans des fabriques où jusque-là on n’en avait employé que du bon. Il en résulta pour les salaires des différences tellement considérables que dans beaucoup d’établissements les ouvriers firent grève, parce qu’ils ne parvenaient plus à gagner une journée admissible avec l’ancien prix à la pièce... Dans quelques cas, la différence alla jusqu’à la moitié du salaire, la durée du travail restant la même » (p. 27).

1863 . Avril :

« Pendant cette année, le nombre des ouvriers du coton qui pourront être complètement occupés ne dépassera guère la moitié » (Rep. Fact., Avril 1863, p. 14).

« Un désavantage sérieux du coton indien que les fabriques sont obligées d’employer actuellement, résulte de ce que la vitesse des machines doit être considérablement réduite, alors que pendant ces dernières années tout a été fait pour accélérer cette vitesse et augmenter ainsi la production. Le ralentissement atteint les ouvriers autant que les ,fabricants, car la plupart d’entre eux sont payés à la pièce, le fileur recevant tant, par livre de matière filée, le tisserand tant par pièce tissée ; et même ceux qui sont payés à la journée voient leurs salaires diminués à cause de la diminution de la production. D’après mes recherches et suivant les statistiques qui m’ont été communiquées sur les salaires des ouvriers du coton pendant cette année... il s’est produit une réduction moyenne de 20 %, et quelque fois même de 50 %, par rapport aux salaires de 1861 » (p. 13).

« La somme gagnée dépend de la qualité de la matière travaillée.... La situation des ouvriers en ce qui concerne leur salaire est maintenant (octobre 1863) beaucoup meilleure que l’année dernière, à la même époque. L’outillage a été amélioré, la matière première est mieux connue et les ouvriers triomphent plus aisément des difficultés qu’ils avaient à combattre au début. Au printemps dernier je visitais une école de couture (institution de bienfaisance pour les sans-travail) à Preston ; deux jeunes filles que l’on avait envoyées la veille dans un tissage, où d’après le fabricant elles auraient gagné 4 sh. par semaine, demandaient à rentrer à l’école, se plaignant qu’elles n’avaient pu gagner qu’un shilling. J’ai reçu des dépositions concernant des conducteurs de self actors qui, conduisant deux métiers, avaient gagné après 14 jours de travail complet 8 sh. 11 d., dont devait être déduit le loyer."

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