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Taxer des "superprofits" ou exproprier le capital

jeudi 11 août 2022, par Alex, Waraa

Le Capital se prépare à prélever l’impôt du sang !

Ce n’est pas seulement le taxer,
c’est son expropriation par le Travail qui est à l’ordre du jour !

TAXER LES SUPERPROFITS ?

Le 20 juillet le journal patronal les Échos tire le signal d’alarme : « Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les majors pétrogazières européennes font l’objet d’une double critique. Celles qui font affaire avec la Russie sont accusées de pactiser avec l’agresseur. Et on reproche à toutes les compagnies de profiter des conséquences de la guerre - la flambée des cours de l’énergie dopant leurs profits -, alors que les consommateurs voient, eux, leur pouvoir d’achat rogné ».

Le 23 juillet, ce même journal évoquait l’instauration, par une loi, d’une taxe sur ces « super-profits » : « Instaurer une taxe exceptionnelle sur les profits des importants groupes pétroliers et gaziers, ainsi que sur les grands transporteurs ? Jusque-là, l’idée n’était défendue que par des députés de gauche, des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN). Mais elle est désormais reprise par des élus de l’aile gauche du camp Macron. Au grand dam de certains de leurs collègues dénonçant une mesure « démagogique ». »

LA SOCIALE DEMOCRATIE POLITIQUE OU SYNDICALE ET SON AILE D’EXTRÊME GAUCHE :
UNE PSEUDO OPOPOSITION PARLEMENTAIRE ET SOCIALE DANS LA RUE !

Mais le parlement a finalement rejeté cette mesure, et le 23 juillet dernier, Éric Coquerel, président LFI-Nupes de la Commission des finances s’est dit « déçu ». Pourtant, ni lui ni ses alliés du PS, du le PC, ou d’EELV, n’ont appelé à une quelconque manifestation pour aider la Nupes à « imposer » ce paragraphe de la loi au moyen de « luttes », « manifestations ».

Leurs amis du "mouvement social", le parti NPA, les organisations syndicales SUD, ou CGT, dont tant d’adhérents nous ont harcelés au cours des deux campagnes électorales pour que nous « votions utile » pour Mélenchon ou la Nupes, qui seraient certes trop « modérés », mais nous placeraient dans une meilleure position pour obtenir des avancées en soutenant les députés Nupes par « la lutte ». La lutte contre la vie chère ne fait pas partie du programme du « troisième tour social » que l’extrême-gauche syndicale et politique nous avait promis !

LES SUPER-PROFITS N’ONT RIEN DE NOUVEAU !

Cette question des profits insolents non sujets à l’impôt n’est pas nouvelle. On lisait il y a plus de 10 ans dans cette même presse patronale : « Une fois encore, Total se retrouve au cœur de la polémique. Ce mercredi, l’ancien ministre de l’Industrie, Christian Estrosi (UMP), a déclaré qu’il allait demander une commission d’enquête à l’Assemblée sur les grandes entreprises qui ne paient pas d’impôt sur les sociétés. "Comment, au moment où Total dégage 10,5 milliards d’euros de profits, n’est-il pas possible d’exiger - alors qu’il ne paie pas d’impôt sur les sociétés dans notre pays -qu’il contribue à la baisse du prix à la pompe ?", s’est-il indigné. Il souhaite que l’entreprise, qui accumule depuis des années de spectaculaires bénéfices, participe plus à l’effort collectif. »
L’explication d’alors était la même qu’aujourd’hui : « Pourquoi Total ne paye pas d’impôt sur les sociétés en France ?
Officiellement, c’est très simple. Conformément au principe de la territorialité de l’impôt, une entreprise n’est taxée en France que sur les bénéfices qu’elle réalise dans le pays. Or en France, l’activité de Total est très faible. En effet, le pétrolier y a juste son réseau de distribution et des usines de raffinage. Ces activités en France du pétrolier ne sont pas suffisamment rentables »

Ce scandale économique et politique existe donc à un tel point que le personnel politique de droite est obligé de façon récurrente de s’en « indigner ».

UNE INDIGNATION SÉLECTIVE NOTAMMENT À GAUCHE !
MOTUS SUR LES SUPERS-PROFITS DE L’ARMEMENT !

Mais immédiatement, le fait que l’indignation porte sur les « superprofits » du seul secteur énergie met déjà mal à l’aise : les mêmes politiques annoncent comme un bonne nouvelle pour tous que des centaines de milliards de dollars et d’euros vont payer des commandes publiques aux marchands de canons ! Coquerel et Mélenchon, patriotes et militaristes, ne regrettent rien de ce côté-là. Rien d’étonnant car Mélenchon appartient à cette gauche qui depuis Millerand en 1899, puis plus largement depuis 1914, participe aux gouvernements bourgeois, et a dû son droit à participer largement à un gouvernement à cette première guerre mondiale dans presque tous les pays d’Europe. Cette guerre, ce fut la mobilisation, l’impôt forcé du sang payé par les ouvriers et les paysans, alors que les profits de guerre s’accumulaient et échappaient déjà à l’impôt. Les bénéfices engrangés pendant cette salle guerre par Renault en France, Krupp en Allemagne, n’étaient pas que des « superprofits », mais aussi des « sales profits », comme ceux d’aujourd’hui.

La gauche gouvernementale représentée aujourd’hui à l’assemblée nationale par LFI, le PS, le PC et EELV a été dès ses débuts gouvernementaux, dans l’Union sacrée de 1914, complice de cet argent sale. Car ce sont les profits de guerre qui ont commencé à alimenter la « fuite des capitaux » alors que les États en guerre augmentaient les impôts pour financer l’effort de guerre. Cette « fuite des capitaux », une des branches de l’industrie bancaire capitaliste au profit de « ceux qui réussissent » comme les appelle B. Lemaire, concernait les profits faits avec le sang et les os des ouvriers et paysans de France, d’Allemagne et de toute l’Europe.

R. Pinot, le secrétaire du Comité des Forges (MEDEF de l’époque), remercia dans son ouvrage publié en 1919 : « Le Comité des Forges de France au service de la nation (1914-1918) » le ministre du parti socialiste A. Thomas : « Nous voudrions exprimer à MM. les Ministres de la Guerre et de l’Armement, et en particulier à M. Albert Thomas, notre gratitude pour la confiance qu’ils n’ont cessé de nous témoigner et pour la continuité de la collaboration qu’ils ont bien voulu lui demander du premier au dernier jour de cette longue guerre. Ces hommes, qui supportèrent eux aussi le poids du jour et rendirent à la patrie d’inappréciables services, s’étaient vite rendu compte que les collaborateurs du Comité ne recherchaient qu’à prendre leur part de la tâche commune, et que, comme eux, ils servaient le pays avec le plus complet désintéressement ». Encaisser d’immenses profits pour les uns, obtenir des postes gouvernementaux et des médailles pour les partis et syndicats trahissant la classe ouvrière (le PS et la CGT), R. Pinot donnait sincèrement la véritable définition du patriotisme bourgeois de l’arrière !

QUAND LE JOURNAL BOURGEOIS « LEMONDE » DÉFEND LES SUPER-PROFITS !

Le journal bourgeois Le Monde donne une explication de « bon sens » au fait que le grand Capital du secteur pétrolier ne paye pas d’impôt (oubliant que les revenus des particuliers perçus à l’étranger sont très souvent imposables en France !) : « Le Royaume-Uni a imposé une taxe sur les superprofits des entreprises pétrolières, mais cet exemple ne permet guère d’en tirer de leçons pour la France. La surtaxe britannique s’impose uniquement sur les bénéfices dégagés par la production d’hydrocarbures en mer du Nord, une manne dont ne dispose pas l’Hexagone. »

Or depuis longtemps, ce n’est ni dans le pays de production ni celui de la consommation que des profits sont perçus ou simplement placés, c’est en grande partie dans le vaste réseau planétaires des « paradis fiscaux ».

LES PARADIS FISCAUX, ARME DE L’IMPÉRIALISME !

La géographie des paradis fiscaux est connue, sa structuration en quatre groupes, chacun mis en place, protégé par un centre impérialiste (France, Union Européenne, Grande-Bretagne et USA), a été très bien décrite par le journaliste financier américain N. Shaxson dans son livre « Les îles au Trésor. Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde ».
N. Shaxson conclut à propos de la question des impôts : « les détenteurs de capitaux mobiles et les entreprises contribuent de moins en moins à l’impôt, et le fardeau fiscal est transféré sur les épaules des gens ordinaires »

Les impérialismes français, américain, britannique et européen sont chacun le centre de leur propre toile d’araignée, qui communiquent entre elles.

Ces « entreprises qui réussissent » que le journaliste décrit à juste titre comme des voleurs, sont une bande qui commença à s’organiser en partant de la City de Londres, puis à l’échelle mondiale à partir de 1955, lorsque les empires coloniaux français et anglais s’effondrèrent, mais qu’il fallait en sauver la partie financière.

Un premier groupe de paradis fiscaux est lié à l’impérialisme français, permettant à la bourgeoisie française de jouer un rôle disproportionné par rapport à son poids économique et militaire réel bien inférieur : c’est la Françafrique. C’est l’argent du pétrole qui a longtemps nourri le réseau de corruption internationale qui lui est lié, au travers des liens entre les industries pétrolières des anciennes colonies et les paradis fiscaux de Suisse et du Luxemburg. Le ministre de l’économie B. Lemaire est trop modeste lorsqu’à l’Assemblée il se dit fier de ne pas taxer « ceux qui réussissent » ; il oublie de mentionner comment le courant gaulliste dont il est issu avait mis en place ce système, par lequel les profits d’Elf étaient « taxés » par son parti politique, sous forme de valises de billet de banques finançant le RPR.

Un deuxième groupe est formé de pays européens. Outre le cas bien connu de la Suisse, s’y trouvent le Luxemburg et les Pays-Bas. Les dollars transitant par ces deux pays représentaient en 2011 respectivement 20 et 100 fois leur PIB, signe que ces flux n’ont rien à voir avec la « production intérieure ». C’est l’île de Chypre, membre de l’Union Européenne et du groupe Euro qui recycle l’argent sale provenant de l’ex-URSS.

Un troisième groupe est centré autour de la City, centre financier de Londres, avec pour premier cercle ses trois « dépendances de la Couronne » (Jersey, Guernesey et l’île de Man) ; deuxième cercle : sept des quatorze territoires d’outre-mer, (dont les Îles Caïman, les Bermudes, les Îles Vierges Britanniques, les îles Turques-et-Caïques, Gibraltar, qui ne comptent que 250.00 habitants mais sont parmi les premiers investisseurs mondiaux !) ; troisième cercle : des entités devenues indépendantes lors de la décolonisation : Hong-Kong, Singapour, Les Bahamas, Dubaï, l’Irlande.

Un quatrième groupe est celui des USA. Les USA eux-mêmes sont un paradis fiscal, qui permet par exemple aux banques Etats-Uniennes d’accepter légalement des fonds provenant d’activités illégales, pourvu qu’elles soient commises à l’étranger. Viennent ensuite des États membres des USA (Floride, Wyoming, Delaware, Nevada), ains que des États étrangers satellites (îles Vierges américaines, îles Marshall, et le plus important Panama).

Une des caractéristiques de l’impérialisme, consiste en l’exportation de capitaux, bien plus que de marchandises. Ces flux de capitaux entre pays comprennent ceux appelés Investissement direct à l’étranger (IDE) dans les statistiques.

Plus de 40 % des IDE vers l’Inde passent par la petite île Maurice, paradis fiscal en pleine croissance. Les IDE des îles Vierges britanniques en Chine sont quatre fois ceux du Japon. Hong-Kong, l’île Maurice, les îles Vierges britanniques, Singapour et les îles Caïman concentrent à eux cinq 70% des IDE en Chine. Sur le total des IDE dans le monde, les îles Caïmans, l’île Maurice, le Luxemburg, les Pays-Bas et les îles vierges britanniques, qui ne représentent qu’à eux cinq 0.25% de la population mondiale, pèsent 1,7 fois plus que les USA, ou encore 3 fois plus que la Japon, l’Allemagne et la France réunis.

Conclusion ? La comptabilité officielle, sur une base territoriale nationale de la « Richesse des nations » d’Adam Smith est devenue une fiction. Les « surprofits » à taxer sont répartis dans ces « îles au trésor ». Recenser tout cet argent qui circule est une tâche que la Banque des règlements internationaux avoue elle-même ne pouvoir accomplir !

PARADIS FISCAUX ET INVESTISSEMENTS DIRECTS À L’ÉTRANGER !

Mais la partie émergée elle-même est un scandale permanent. Prenons l’exemple des « sanctions » que l’impérialisme Etats-Unien prétend imposer à la Russie aux niveaux commercial et financier. Pour l’Europe on nous parle à ce propos de la « dépendance » des grandes économies comme la France ou l’Allemagne à l’égard de l’Allemagne.

Dans son rapport technique « Les investissement directs étrangers (IDE) vers et depuis la Russie » publié en 2017 par la direction générale du Trésor, les auteurs décrivent une situation qui semble correspondre à la réalité, concernant les IDE vers la Russie :
« En excluant les flux émis et les stocks détenus par des sociétés situées dans des centres financiers offshore ou concentrant des holdings financières, la France était, fin 2017, le 3ème investisseur étranger en stock après l’Allemagne et le Royaume-Uni et le 2ème investisseur étranger en flux après le Royaume-Uni. » Ce genre de formule est en général résumée par les grands media par le constat plus simple (sans le préambule "en excluant ...", digne de la chanson Madame la Marquise), suffisant pour le peuple : « la France était, fin 2017, le 3ème investisseur étranger en stock après l’Allemagne et le Royaume-Uni et le 2ème investisseur étranger en flux après le Royaume-Uni ». Certes ces trois pays ne sont pas à négliger dans les investissements en Russie. Pourtant, tout comme dans une scène rendue célèbre par les humoristes Les inconnus, ces « Trois frères » (France, Allemagne et Grande-Bretagne) sont loin d’être les mieux lotis dans l’histoire des IDE, à cause du « codicille sus-mentionné » par le notaire incarné par le Trésor : « En excluant les flux émis et les stocks détenus par des sociétés situées dans des centres financiers offshore ». C’est aux « paradis fiscaux » que le Trésor fait référence, qui concentrent, d’après ce même rapport .... 90% des stocks d’IDE vers la Russie !

D’après ce rapport, l’Allemagne ne vient en effet qu’en 8ème position avec 3.5%, à peine derrière le Royaume-Uni (3.7%), devant la France avec 3 %. Derrière qui se cachent donc les multinationales de ces trois puissances européennes ? Le rapport lui-même donne la réponse, une liste de paradis fiscaux : Chypre, Luxemburg, Pays-Bas, Bermudes, Irlande, Bahamas et Singapour. Chypre et Luxembourg cumulent à eux seuls 40% de ces investissements ! Ces chiffres disproportionnés, qui vaudraient un contrôle du fisc a tout travailleur, même à un petit patron, ne choquent pas nos institutions financières, le Trésor dans son rapport n’en fait aucun commentaire. « Le Trésor a capitulé face à la Banque » est une formule utilisée par N. Shaxton pour résumer le système mis en place en Angleterre dès 1955. Le « Trésor de l’État bourgeois est au service du capital financier » serait une formule plus juste, car n’y a aucun dysfonctionnement dans cette nouvelle institution mise en place depuis 70 ans, si l’on comprend avec Marx que nos États sont des États bourgeois.

LA SOCIAL-DÉMOCRATIE COUVRE L’IMPERIALISME ET SA PSEUDO LUTTE CONTRE LES PARADIS FISCAUX !

Mais que fait LFI ? Le parti de Mélenchon qui a conquis le poste de la Commission des finances n’en parle pas ! Rien contre la « France rebelle » qui est actuellement au pouvoir, celle des 200 familles les plus riches, rebelles à l’impôt sur le revenu ou les sociétés.

Comment cette gauche réformiste de la Nupes se met au service du Capital est bien exprimé par Aurélie Trouvé, présidente du parlement de l’Union populaire de LFI, et élue récemment députée de Seine-Saint-Denis. Lors d’une réunion publique « Construisons une gauche de combat » organisée par le NPA, son émotion se fit sentir :
« J’ai passé 20 ans dans ATTAC et dans les mouvements sociaux. Je ne changerai pas ça. Je considère que l’on fait partie de la même famille, la gauche de combat et la gauche anticapitaliste. Je suis députée depuis 3 jours, je n’arrive pas à m’y faire. Comment on ne perd pas son âme, comment on s’empêche de s’embourgeoiser, comment on fait entrer la lutte dans l’Assemblée ? »

Il y a près de 20 ans, dans une de ses brochures, « Les Paradis fiscaux », ATTAC dénonçait justement les paradis fiscaux. Le cas du Lichtenstein, paradis fiscal européen, y était dénoncé en concluant : « A n’en pas douter, le Liechtenstein devrait figurer dans la liste des États et territoires non coopératifs ».

Mais qui prendrait la tête de cette lutte contre les paradis fiscaux, dont la France ne faisait pas partie, d’après ATTAC ? C’était l’impérialisme français, dont Jospin était à l’époque le chef du gouvernement avec à ses côtés Mélenchon : « Le projet de loi sur les « nouvelles régulations économiques » contient un important volet consacré à l’amélioration de la lutte contre le blanchiment. Cette législation est courageuse, puisqu’elle peut avoir pour conséquence une baisse du volume d’affaires de la place de paris, mais elle est aussi exemplaire et témoigne de l’authenticité de l’engagement du gouvernement français dans ce combat ». La France, centre de gravité du premier groupe de paradis fiscaux qu’est la Françafrique, était donc d’après ATTAC le fer de lance de la lutte contre ces paradis fiscaux, pourvu que vous votiez à gauche. La brochure d’ATTAC reproduisait un rapport parlementaire dont un des auteurs était Jérôme Cahuzac dont l’expertise en paradis fiscaux, sous-estimée à l’époque, n’est plus à démontrer aujourd’hui.

Les USA, autre centre d’une nébuleuse de paradis fiscaux, étaient aussi d’après ATTAC, le principal pays à modifier sa législation dans cette lutte contre les paradis fiscaux. A quand la City de Londres, deviendra-t-elle le centre de la lutte anticapitaliste ? Au lieu de dénoncer les métropoles impérialistes comme les centres actifs ayant mis en place, protégeant par leurs armées les paradis fiscaux contre les travailleurs, ATTAC présente ces paradis fiscaux comme des créations de gouvernements de droite, d’où le mot d’ordre utopique : « ATTAC demande au gouvernement français de s’engager dans ce sens en prenant directement des mesures à son échelle ».

Il n’y a donc aucune « trahison », aucun risque d’embourgeoisement de la députée LFI et de ses collègues, cela s’était déjà fait en l’an 2000 lorsqu’ils faisaient l’apologie du gouvernement Jospin, niant le caractère de classe des États qui ne peut être balayé par une élection, mais seulement par des révolutions prolétariennes.

LES CRITIQUES DE L’EXTRÊME GAUCHE OPPORTUNISTE SUR LA NUPES CACHENT UNE ADAPTATION AU RÉFORMISME SYNDICAL !

Les théories d’ATTAC sont celles du réformisme, et les états d’âmes des députés LFI auraient peu d’intérêt, s’ils n’étaient pas liés à une tendance réformiste qui se construit parallèlement dans les syndicats. La réunion mentionnée plus haut où P. Poutou, ouvrier CGT du NPA, discute fraternellement avec le courant de la Nupes, qui n’a pourtant pas voulu de lui dans cette alliance électorale, est tout un symbole. Le NPA est au côté de LO la partie émergée d’une extrême-gauche qui se disait autrefois Trotskyste ou anarchiste, partisan des comités de grèves dirigés par les travailleurs en lutte, mais qui, n’ayant plus confiance dans la classe ouvrière, veut survivre en occupant les postes que voudra bien mettre à sa disposition la bureaucratie réformiste. Les critiques envers LFI et les organisations politiques réformistes, qu’elle soit ouvertement hostile (cas de LO) ou amicale (cas du NPA), ne sont qu’un préambule pour négocier leur place dans les bureaucraties syndicales. Car concernant ces bureaucraties syndicales, tous ces groupes ou partis sont dans le suivisme total, l’absence de critique, appelant déjà dans réticences à la journée du 29 septembre.

Du côté de l’abandon du marxisme révolutionnaire, LO donne l’exemple, en faisant critiquer Mélenchon par N. Arthaud dans les élections, pour mieux faire oublier que son porte-parole J-P Mercier fait des déclarations de loyauté aux staliniens de la CGT dans le but de garder son poste de délégué syndical central de l’automobile du groupe Peugeot-Citroën.

Du côté de l’abandon des idéaux anarchistes de combat conte les bureaucratie syndicales, citons l’Union Communiste Libertaire qui dans sa « Motion d’actualité » du 25 juillet, après une critique de LFI digne de LO : « Jamais encore, la NUPES ou ses figures n’ont appelé les travailleurs et les travailleuses à s’organiser dans les syndicats ou renforcer les contre-pouvoirs partout où qu’ils soient. », enchaine sur une apologie, une offre de services à peine déguisée pour les bureaucraties syndicales qu’on penserait également empruntée à N. Arthaud : « L’Union Communiste Libertaire prendra toutes ses responsabilités (..) Nous appelons à rejoindre l’appel intersyndical de mobilisation du 29 septembre et construire dans la durée et dans sa suite, pour nos salaires, nos retraites, notre vie. »

Il est plus facile pour cette pseudo extrême-gauche, ex-trotskyste ou ex-anarchiste de conquérir collectivement des centaines de postes de secrétaires de syndicats, de sous-fifres des staliniens ou néo-staliniens dans les Unions locales ou départementales de la CGT ou SUD, que d’obtenir un seul poste de député.

L’EXTRÊME GAUCHE OFFICIELLE ET OPPORTUNISTE EN LUTTE CONTRE LES RÉVOLUTIONNAIRES !

Le poids de ces petits partis semble infime, mais leur rôle néfaste est important, comme instrument prêt à l’usage pour les confédérations syndicales : les faux marxistes et les faux anarchistes ont pour mission de faire oublier les exemples des vrais marxistes Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg, des vrais anarchistes syndicalistes comme P. Rosmer en France en 1914, ou Durruti en Espagne en 1936.

C’est avec ces réformistes déguisés en révolutionnaires que les travailleurs ont de plus en plus souvent affaire au niveau d’une entreprise, d’un hôpital ou d’une université : ils combattent la mise en place locale d’une AG réellement souveraine qui commencerait par mette en place une direction démocratique du mouvement opposé à celle des « comités de mobilisation » ou « intersyndicales » bureaucratiques.

C’est en construisant des fractions révolutionnaires, dans ou en dehors des syndicats parmi les travailleurs en l’absence de mouvements, dans les comités de grèves et les coordinations nationales lors des mouvements, que les travailleurs agiront pour leur propre cause.

Comme en 1789, ce n’est pas en tentant de faire payer l’impôt à l’aristocratie financière dans le cadre d’un système politique qui est au service de cette aristocratie financière que nous changerons le monde, mais en détruisant l’État qui est au service de cette aristocratie financière, pour mettre le nôtre en place sous forme de soviets.

C’est ce que les bourgeois firent en 1789 contre les féodaux. Que les exploités du monde entier, fassent d’urgence la même chose contre les bourgeois, au profit de l’humanité tout entière !

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