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La classe capitaliste défend des principes ! Eh oui !

mercredi 7 décembre 2022, par Karob, Robert Paris

Edito

La classe capitaliste défend des principes ! Elle n’y renonce jamais. Elle n’accepte jamais de les négocier, de les amender, de transiger. Eh oui, des principes !

Si les gouvernants du monde entier préfèrent laisser des extrêmes droites plus ou moins fascistes gouverner, s’ils préfèrent lancer le monde dans la guerre mondiale, s’ils préfèrent y compris le bain de sang de la guerre virologique ou nucléaire, quand il faut détourner ainsi des risques révolutionnaires, c’est qu’il y a là « une question de principe » : tout mais pas le prolétariat au pouvoir.

Les patrons du pétrole n’ont pas voulu en France apparaître céder aux ouvriers en grève. Ce n’est pas que cela couterait réellement trop cher, c’est « pour le principe », qu’il ne soit pas dit qu’une grève permet de les faire céder.

Macron maintient ses réductions de durée d’allocations chômage et son augmentation de la durée du travail avant retraite, ce n’est pas parce que les caisses sont vides, c’est « une question de principe ». Si le même Macron n’avait pas voulu apparaître céder non plus aux Gilets jaunes, non pas que certaines revendications ne soient pas faisables ou soient trop couteuses. L’argent ne lui manque pas quand il s’agit de donner aux capitalistes. Là encore, c’est une question de principe.

La classe capitaliste défend des principes ! Elle n’y renonce jamais. Elle n’accepte jamais de les négocier, de les amender, de transiger. Eh oui, des principes ! Et ces principes signifient que sa machine à profits ne s’arrête jamais.

Un exemple frappant de ces principes est celui de la chaîne dans une usine de production : elle ne doit jamais s’arrêter plus que le temps indispensable à l’entretien et celui-ci est réduit au minimum. Même en cas d’accident mortel, la chaîne reprend immédiatement !

Un principe de base est que les salariés doivent une fidélité absolue à leur entreprise et que celle-ci ne leur doit aucune fidélité. Il en va de même pour le système tout entier. Le peuple travailleur doit considérer qu’il est mort si le système capitaliste meurt mais l’inverse n’est pas vrai : des millions de travailleurs peuvent bien mourir, au travail ou ailleurs, ce n’est pas cela qui altère de quelque manière que ce soit le système d’exploitation.

Bien sûr, ces principes capitalistes, défendus becs et ongles et même à coups de bombes atomiques, ne consistent pas à défendre les libertés ! Ni la vie humaine : le bilan du capitalisme est de vingt millions de morts par an, en dehors des périodes de guerres plus générales. Ni la morale bien que les moralistes soient légion parmi les politiciens et dans les média aux ordres.

C’est par principe que la classe capitaliste et son Etat ne peuvent pas accepter de donner de l’argent (même des miettes) aux plus démunis, aux écoles, à la santé, aux chômeurs, aux services publics, et pas parce qu’elle manque d’argent. Les centaines de milliards, elle les sort à la pelle pour « sauver » les entreprises et empêcher l’économie de s’effondrer ou plutôt retarder la chute.

C’est par principe qu’elle doit interdire aux gilets jaunes de se rassembler sur les ronds-points, pas parce que cela bloquerait toute l’activité. Mais parce que la conscience collective que cela peut développer va à l’encontre de son système d’exploitation.

C’est par principe qu’elle doit les frapper violemment par sa police et pas parce qu’ils étaient eux-mêmes violents : elle a frappé des manifestants pacifiques qui ne la menaçaient nullement.

C’est par principe qu’elle a parfois licencié immédiatement sans indemnité des directeurs ou PDG qui avaient cédé à la pression des grévistes, notamment lors de prise d’otage par des grévistes.

C’est par principe qu’elle a mis en tôle certains spéculateurs comme Madoff parce qu’ils avaient mis en danger le système capitaliste lui-même par ses manœuvres financières.

C’est par principe qu’elle a éliminé certains dirigeants (comme Boudiaf ou Shinzo Abe), et même un pape (Jean-Paul 1er), pour avoir remis en cause des opérations financières fondamentales de la classe capitaliste.

S’attaquer au système capitaliste, ou même menacer de le faire, est assimilé au pire des crimes, voilà un principe de base de toute la société, tous régimes politiques confondus.

Les réformistes parviennent à convaincre les travailleurs de renoncer à leurs positions de principe soi-disant pour négocier une revendication mais ils ne parviennent jamais à faire renoncer les capitalistes (et les gouvernants à leurs ordres) à leurs principes !

C’est par ces principes que la classe capitaliste préfère le fascisme aux risques de la révolution sociale.

C’est aussi par ces principes qu’elle préfère la guerre (et même la guerre mondiale, y compris nucléaire !).

C’est encore par ces principes qu’elle préfère développer la pandémie covid que la combattre, pour mettre à terre le peuple travailleur quand celui-ci à multiplié les révolutions sociales aux quatre coins du monde.

Et pourtant, tous ces principes, considérés comme la sauvegarde du système, n’empêchent pas que celui-ci périsse de ses propres contradictions, que ce soit par lui-même qu’il soit en chute libre, proche de sa fin, seulement retardée par des dépenses financières folles des Etats et des banques centrales. Ces dépenses folles découlent elles-mêmes de ce principe selon lequel la machine ne doit jamais s’arrêter. On a vu aussi que, même en pleine montée pandémique, il n’était pas question d’arrêter l’économie, fût-ce pendant un mois !

Les principes économiques et sociaux capitalistes impliquent de ne jamais reconnaitre la dépendance du système à l’égard du travail, de toujours valoriser le capital, de ne jamais céder sur le fond au monde du travail, de ne jamais montrer sa crainte des capacités des prolétaires d’organiser une autre société débarrassée de la propriété privée du grand capital, de ne jamais admettre que la classe exploitée ait le droit de s’exprimer et de s’organiser par elle-même, de ne jamais laisser une parcelle de pouvoir à celle-ci, de ne donner des droits qu’à des organisations qui respectent ces limites et les font respecter. Le capitalisme est un système et il refuse, par principe, d’admettre l’existence du moindre domaine dont il soit exclus, qui ne lui obéisse pas, qui lui résiste, qui refuse ses règles de fonctionnement. Et surtout, il ne doit jamais admettre qu’un obstacle surgisse sur sa route, qui le bloque. C’est vital. Il n’y a pas de prix trop élevé pour faire sauter l’obstacle.

Il ne peut pas admettre que des profits ne soient pas versés à chaque partie de son capital, et cela même si les affaires ne marchent pas. Tout capital qui ne rentre pas des profits est un capital mort. Il préfère devenir sangsue de toute la société, en imposant que les Etats et les banques centrales distribuent des centaines de milliards de dollars aux capitalistes, au risque de déclencher une inflation monstre, que de laisser du capital sans revenus, sans profits nouveaux. Il ne peut pas laisser de part du capital qui ne se réinvestisse pas. Il ne peut que voir le grand capital grandir sans cesse ou bien voir le système tout entier mourir définitivement. C’est ce principe qui explique les choix faits par le capitalisme dans le monde entier après la chute de 2007.

Autre principe fondamental : l’Etat appartient exclusivement au grand capital. Un bon exemple : depuis 2008, l’Etat couvre les dettes du grand capital et, bien sûr, ne couvre aucune dette des simples particuliers. Ce principe ne souffre aucune exception, il n’y a aucun domaine d’Etat qui soit autrement qu’aux mains du grand capital. Cela signifie que toute la justice, tous les média, toutes les religions et, évidemment, l’armée, la police, les prisons, tout est lié au grand capital et ne travaille que pour lui, c’est-à-dire pour moins de un pourcent de la population, cette part qui, en théorie, n’aurait aucun besoin d’être aidée par l’Etat. Les réformistes ont réussi parfois à faire croire aux travailleurs que l’Etat appartient au peuple, mais, même quand ils ont gouverné, on a pu voir qu’ils étaient incapables de faire en sorte qu’une part même infime de l’Etat soit au service du peuple.

La classe capitaliste et son Etat défendent des principes, ceux qui assurent que la machine à profits ne s’arrête jamais. Ils ne défendent pas nécessairement un à un chaque capitaliste ou chaque gouvernant capitaliste. Ces derniers peuvent parfaitement être sacrifiés pour des intérêts particuliers opposés ou pour défendre des intérêts généraux du système.

Ce qui est essentiel, ce n’est pas le profit indiviuel de tel ou tel capitaliste, mais le fonctionnement du système. Celui-là est préservé de jour comme de nuit, pendant des vacances ou pas, que ce soit guerre ou paix, qu’une pandémie menace ou pas la planète. Et tous les moyens sont bons, qu’il faille licencier massivement, blesser ou tuer en nombre, surexploiter, jeter dans la misère, frapper de dictature ou de fascisme, jeter dans des camps de concentration des millions d’êtres humains ou tout autre moyen comme la guerre bactériologique ou virologique, ou encore nucléaire.

La machine à profits fondée sur l’exploitation des prolétaires et la soumission de tous les peuples, il n’est pas nécessaire d’être un communiste révolutionnaire authentique pour l’avoir gênée, pour s’être, volontairement ou involontairement, mis en travers. Les circonstances amènent parfois des capitalistes ou des gouvernants capitalistes à se retrouver une gêne pour le système. Eux, leur personne, ou leurs intérêts peuvent alors être sacrifiés sans aucun regret. Il n’y a pas de limite et pas de pardon. Les défenseurs de la machine à profits écrasent inexorablement tout ce qui se met en travers sans considération d’anciens services rendus, de grade, de fortune, d’importance sociale… Fût-ce un grand capitaliste, un PDG de grande entreprise, un président, un premier ministre, un général ou un pape. Tous n’ont atteint ce poste qu’en laissant le système avoir barre sur eux, détenir des preuves de crimes, de vols, de détournements, etc., qui permette de les éliminer en cas de besoin. Il ne faut pas oublier que les PDG sont les seuls salariés qui peuvent être licenciés immédiatement sans indemnité ni motif par l’assemblée des actionnaires, en fait les plus gros d’entre eux. Le fait que quelqu’un qui gêne le système soit haut placé est plutôt une circonstance aggravante, même s’il n’a pas fait exprès…

Mais, direz-vous, tout cela n’est pas très étonnant. Si le système capitaliste s’est maintenu tant d’années, malgré ses crises et ses contradictions, c’est qu’il s’en donne les moyens et place ce souci en tête de ses préoccupations.

Pas étonnant, dites-vous ? Eh bien, les appareils réformistes nous ont habitués à penser le contraire, à croire qu’il ne faut pas sacrifier quelques avantages matériels pour défendre des principes !

La règle d’interventions des associations, des syndicats et des partis réformistes consiste justement à sacrifier des principes pour défendre soi-disant des petits avantages matériels. Ils appellent cela négociations, accords patronat-Etat-syndicats, réformes, amélioration des conditions de travail, donnant-donnant et gagnant-gagnant. Bien des prolétaires n’ont pas conscience que, s’ils sont encore des exploités, c’est grâce au fait que les faux amis réformistes sacrifient des principes et que le grand capital n’en sacrifie jamais. Pour préserver ses principes, le grand capital sacrifie les exploités, les classes moyennes et même des individus des classes dirigeantes s’il le faut.

Les plus grands crimes des réformistes ont été commis en rompant systématiquement avec des principes prolétariens. On peut citer le soutien aux boucheries guerrières mondiales ou encore la non-intervention contre le fascisme et même la politique selon laquelle tout vaut mieux que la révolution sociale au nom du pacifisme et autres balivernes.

En disant que la bourgeoisie capitaliste défend des principes, nous ne lui attribuons nullement un sens moral élevé, ni un sens du devoir, ni une conception haute de l’honneur, ni aucun attachement à un principe humain. Pas du tout ! C’est un principe tout à fait inhumain qui est celui de l’avancée inexorable d’une machine qui écrase tout sur son passage. Et c’est un principe antisocial.

Principe numéro un : même dans la plus démocratique des sociétés capitalistes, il n’y a aucune démocratie dans l’entreprise. Les salariés n’ont aucun droit démocratique, c’est-à-dire pas celui de se réunir à leur propre initiative, pas celui de s’assembler, pas celui de se transmettre des informations, de vive voix ou par tract, pas celui de circuler partout dans l’entreprise, pas non plus le droit de faire grève en le décidant par eux-mêmes. Les syndicats ont certains de ces droits mais pas les salariés.

Principe numéro deux : toute organisation reconnue et admise par le système en respecte le principe de base selon lequel on peut défendre des intérêts particuliers à condition de ne pas nuire aux intérêts généraux du système et, particulièrement, ne jamais mettre en cause la marche inexorable de la machine à profits. Les partis qui participent aux mascarades électorales, les syndicats qui participent aux mascarades des journées d’action et des négociations acceptent tous ces conditions, les font respecter aux salariés et font la chasse aux contrevenants. En particulier, ils combattent directement toute tentative d’organisation autonome des travailleurs, c’est-à-dire d’organisation violant le sacrosaint principe du système : le Travail doit céder tous ses droits d’organisation au Capital !

Principe numéro trois : tout est permis contre ceux qui contreviennent à la règle précédente. On peut les accuser de tous les crimes contre l’entreprise, contre des individus, contre la collectivité, tout ce qu’on veut jusqu’à licenciement ou démoralisation. On peut aussi utiliser la violence de la répression comme on l’a vu lors du mouvement des Gilets jaunes. Il a été permis de les matraquer, de les gazer, de leur crever les yeux, de leur casser les bras et les jambes, de les arrêter et de les condamner pour des actes qu’ils n’ont pas commis, etc..

Principe numéro quatre : les forces dites « de l’ordre » doivent défendre un ordre social fondé justement sur les principes capitalistes et tout est permis pour détruire une volonté d’auto-organisation du peuple travailleur. Ce n’est pas un détournement de la démocratie capitaliste mais sa base même. Ce sont les réformistes qui essaient de faire croire que ce ne sont que des dérapages, des erreurs individuelles, des accidents ou des fausses politiques et que tout cela est corrigeable.

Principe numéro cinq : quiconque s’attaque à la machine à profits ou veut y introduire un grain de sable peut être traité de criminel, de fasciste, de complotiste, de terroriste.

Principe numéro six : dans une phase critique pour le système, tous les coups sont permis contre le peuple travailleur et même les plus violents. On peut employer la répression de masse, la propagande mensongère de masse, la pandémie ou la guerre. Tout est bon pour frapper le peuple travailleur et bloquer ses désirs de révolution sociale.

C’est en fonction de ces principes que le capitalisme arrivé au stade déliquescent décide que des millions de gens soient malades ou meurent du covid, que d’autres millions crèvent de faim ou de froid, que d’autres encore tombent dans la misère et deviennent de la chair à canons.

Ceux qui disent que l’on n’a pas besoin de s’attaquer aux principes capitalistes et de mettre en place des principes prolétariens sont d’infâmes menteurs.

Ne soutenons jamais des organisations qui affirment que la révolution sociale peut être dirigée par des syndicats ou des partis radicaux sans des comités de travailleurs autonomes.

Ne soutenons jamais des organisations qui n’ont pas clairement pour but d’en finir avec les principes capitalistes, l’Etat capitaliste et la propriété privée capitaliste.

Ne soutenons jamais des organisations qui prétendent nous défendre et sont prêts à vendre nos principes prolétariens pour des plats de lentilles. Plus encore que les capitalistes, nous devons considérer les principes prolétariens comme plus précieux que la prunelle de nos yeux !

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