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Classe possédante qui a peur gouverne par la peur

mercredi 14 décembre 2022, par Alex, Waraa

Classe possédante qui a peur gouverne par la peur

Lorsque l’accumulation du Capital est bloquée, c’est seulement par des moyens extra-économiques que la bourgeoisie peut garder le pouvoir à l’échelle mondiale. Un des moyens politiques est la peur, qui devient une méthode de gouvernement : peur des maladies, du climat, des migrants, de la guerre, des coupures d’électricité. Autant de prétextes à l’Union sacrée, c’est-à-dire la suspension de la lutte des classes.

La peur de la bourgeoisie US

La peur mère de toutes les autres, c’est celle des bourgeoisies, au premier rang la bourgeoisie impérialiste étasunienne. La crise de 2008 a marqué le blocage définitif de l’accumulation du capital, dont la banqueroute définitive ne peut qu’être repoussée par des politiques étatiques qui ne font que repousser l’échéance. La peur de cette bourgeoisie en chef se diffuse à ses vassales, les bourgeoisies du monde entier.

La peur fondamentale de ces bourgeoisies est de ne plus être capable de justifier leur rôle de classe dirigeante et de devoir céder cette place à un pouvoir international des exploités. Certes les inégalités, les crises économiques, les guerres ont toujours accompagné le capitalisme. Mais que comme contrepartie il n’offre plus aucune perspective, aucun progrès même partiel, c’est le marqueur d’une période de guerres et de révolutions.

Les peurs des bourgeoisies vassales

N’étant plus capable de garder la prépondérance par des moyens avant tout économique, la force économique de son capital, c’est par des moyens extra économiques que la bourgeoisie des USA force ses bourgeoisies vassales à se ranger derrière elle quitte à se saborder. Les bourgeoisies européennes sont en effet invitées par J. Biden à rompre, contre leurs propres intérêts, aux échanges économiques avec la Russie. Empêcher le capital industriel allemand d’exploiter les matières premières russe, poussant l’Europe à entrer en guerre contre elle-même avec comme champ de bataille l’Ukraine, comme en 1914, c’est ce qui se déroule actuellement. Les bourgeoisies d’Allemagne et de France ont peur de perdre le parapluie américain, la part que leur laisse à travers le globe le capital nord-américain en les maintenant dans son sillage.

La bourgeoisie française est une des plus financière, parasitaire et militariste. La perte de la mainmise sur les anciennes colonies d’Afrique est un pas vers son déclin. Le soutien militaire des USA est plus que jamais vital.

Faire peur aux classes moyennes et au prolétariat

Toutes ces bourgeoisies ont de concert besoin de faire peur à leurs classes moyennes (la petite-bourgeoisie) et au prolétariat pour les empêcher de s’attaquer ensemble à la grande bourgeoisie, comme ce fut en germe dans le mouvement de Gilets jaunes, et pour prévenir ces mouvements inter-classe qui sont caractéristiques des révolutions, pour empêcher chaque classe de s’unir elle-même.

Promouvoir la débrouille, l’individualisme économique par la hausse des prix tous azimuts, donnant espoir dans des aides individuelles accordées par l’Etat au lieu de la solidarité basée sur la défense collective des intérêts de la classe des travailleurs, est une politique de la peur ; le nationalisme pour diviser les nations entre elles, qu’elles se sentent sentir menacé par la nation voisine comme pour l’ Ukraine et la Russie, comme la politique anti-immigrés en France, ce sont des politiques de la peur. Faire peur avec des campagnes sur le "dérèglement climatique" (alors que le climat n’a jamais été « réglé »), qui fait régresser les individus vers un statut d’êtres purement biologiques, n’appartenant à aucune classe sociale, n’ayant plus d’intérêts économique ou politique dont les contradictions conduisent à la lutte des classes, mais cherchant son salut dans « la Science » (identifiée aux profits des trusts pharmaceutiques), « la Technique » ou « la Morale » (la sobriété) : ce sont des politiques de la peur.

Le Covid 19 a été l’occasion pour toutes ces bourgeoisies de synchroniser leurs attaques contre des populations qui devraient se réjouir d’êtres enfermées et vaccinées au profits des trusts pharmaceutiques.

Politique face au Covid, guerre, inflation ne sont pas des « crises » symptomatiques de la crise générale du capitalisme, comme veulent le faire croire certains de ceux qui critiquent le capitalisme en ne faisant que reprendre la phraséologie gouvernementale, qui ne sert qu’à justifier des aides aux Capital. Ces politiques de la peur sont des politiques conscientes des bourgeoisies solidaires contre les exploités.

Les réformistes ont peur et veulent faire peur

Les organisations politiques et syndicales de gauche et d’extrême se font des instruments de ces peurs, en donnant la priorité, par imitation des gouvernements de la bourgeoisie, à des combats qui font disparaitre la lutte des classes, la remettent à plus tard (c’est le principe de l’Union sacrée) : l’Homme contre le CO2, les hommes contre les femmes, les antiracistes contre le racisme, les islamophiles contre les islamophobes.

Faire peur au prolétariat pour qu’il abandonne la lutte de classes, entrainant derrière lui les classes moyennes, tel est le programme.

La grande bourgeoisie a le fascisme à sa disposition pour organiser des contre-révolutions. Des politiciens issus des partis de gauche ou des syndicats peuvent se mettre au service du fascisme individuellement (le socialiste P. Laval, le CGT-iste R. Belin avec Pétain en 1940), mais leurs organisations en tant que telle peuvent disparaitre. C’est pour cette raison que les bureaucraties réformistes appellent à des mouvements antifascistes, en les réduisant à la lutte électorale contre l’extrême gauche pour « sauver » l’Etat bourgeois et la place qu’il leur donne. Cette « peur » du fascisme des bureaucraties politiques et syndicales n’est la base d’aucune politique qui vaincra le fascisme, car seule l’expropriation politique et économique de la bourgeoisie le faire.

Les peurs de l’extrême gauche opportuniste

Les partis d’extrême-gauche qui se prétendent révolutionnaires mais ne le sont plus, participent à ces politiques de la peur, en brandissant sincèrement celle qu’ils ressentent le plus pour eux-mêmes : rompre avec l’Etat bourgeois.

La première version de cette opportunisme (c’est-à-dire l’abandon d’une politique révolutionnaire pour la classe ouvrière) d’extrême gauche est un opportunisme de droite, ouvert et fier de lui.

Lors de son 5ème Congrès il y a quelques jours, le NPA a scissionné donnant naissance à deux nouveaux NPA, disons l’un de droite, l’autre de gauche, faute de nouveau nom qu’ils se seraient donné eux-mêmes .

Avec la droite, les travailleurs médiatiques Poutou et Besancenot ont manifesté leur ralliement, qu’ils veulent sans fard, à la mouvance LFI et Nupes, à cette gauche gouvernementale, mitterrandiste et stalinienne, celle qui assassina Rosa Luxemburg et Léon Trotsky, ouvrit la voie à Hitler, co-organisa ou couvrit par un silence complice le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Bon débarras ! La peur de laisser passer des postes, des carrières syndicales ou politiques au moment où Mélenchon a pris la tête de la gauche, est un signal pour la curée dans une partie de l’extrême gauche réformiste, tant mieux ! Aidons-les à rejoindre l’« Assiette au beurre ».

Les travailleurs n’ont pas à avoir peur de perdre de tels groupes de militants, qui malheureusement reviendront vers la gauche lorsque l’heure des révolutions ouvrières aura sonné.

L’opportunisme de droite, l’opportunisme de gauche

L’aile gauche du NPA, dont P. Poutou s’est dit heureux de se débarrasser, a fait l’apologie de celui-ci jusqu’à la dernière seconde. Un "nouveau NPA de gauche" s’est formé. Lors de sa conférence de presse à l’issue du congrès, en concurrence avec celle du "NPA de droite", un postier porte-parole de cette aile gauche expose clairement le programme de cet opportunisme de gauche, qui autant que celui de droite, ne veut pas rompre avec la gauche bourgeoise de LFI. En effet si cette aile gauche refuse, à juste tire, de fondre son parti dans la Nupes ... ce n’est que pour mieux collaborer avec LFI. C’est la tactique pour avoir sa place dans la gauche qui est différente, pas la stratégie.

Certes, les révolutionnaires n’excluent pas de participer à des actions communes avec les partis réformistes, mais c’est pour démasquer ces alliés qui sont irrécupérables. LFI et les bureaucratie de la CGT, de SUD, de la CFDT, de l’UNSA et autres ne sont des agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier. La « grande peur » des arrivistes du mouvement ouvrier, c’est de dire cette vérité haut et fort, tout en participant à des actions communes avec ces organisations.

Dans cette conférence de presse, une militante étudiante de ce "NPA de gauche" assure que son nouveau parti continuera a lutter« contre le gouvernement », mais ni elle ni ses camarades ne dénoncent LFI, la direction de la CGT, comme des agents de cette politique gouvernementale dans le mouvement ouvrier, dans les syndicats. Pourquoi ? Parce que dans les élections professionnelles, dont celle qui viennent d’avoir lieu dans la Fonction publique, elle et ses camarades sont sur des listes syndicales (c’est l’obligation dans ces élections antidémocratiques) qui font allégeance à ces bureaucraties, dont les candidats sont des militants de LFI, du PS, du PC, du NPA, de LO, tous les partis mélangés. Aucun différent n’a été évoqué à ce sujet, les NPAs de gauche et de droite se sont donc pas séparés dans les syndicats. Des postes dans les fédérations syndicales qui vous donneront "voix au chapitre" dans les salons de LFI, de l’Assemblée, ou du siège de la CGT à Montreuil, des heures de décharges syndicales, c’est la peur de perdre tout cela qui motive ces faux révolutionnaires, vrais opportunistes. Démasquer les réformistes reviendraient à se démasquer soi-même pour cette extrême-gauche opportuniste.

Démasquer les faux amis du prolétariat que sont les réformistes ne peut se faire, on le sait depuis la révolution russe de 1905, que dans des comités de grève, des comités d’usine, des soviets, qui sont des embryons de pouvoir ouvrier, dans la perspective que ces soviets se coordonnent et prennent le pouvoir.

C’est la peur de rompre à 100% avec les institutions bourgeoises qui fait que le "NPA de gauche" ne met pas en avant haut et fort ce programme.

Le porte-parole du NPA de gauche énumère seulement, comme forme d’action : « grèves, piquets, blocages et manifestations », « comme en 1936 et en 1968 ».

Les révolutions manquées que sont 1936 en France et Espagne sont les idéaux de ces révolutionnaires ! Bourgeois, LFIstes, n’ayez pas peur ! La manifestation et la grève ne sont que des actions défensives, purement légalistes lorsqu’elles sont dirigées par les bureaucraties syndicales, direction que ne remet pas en cause ce nouveau NPA de gauche, appelant sans aucune explication à la « manifestation du 18 décembre » contre le racisme.

Il n’y aura pas de solution « institutionnelle » proclame solennellement le "NPA de gauche". Mais pour les véritables révolutionnaires, il n’existe pas d’institutions en soi, elles ont un caractère bourgeois ou ouvrier. La solution pour les exploités du monde entier est justement institutionnelle : c’est l’édification d’un Etat ouvrier, institution qui devra détruire les institutions bourgeoises : les armées, les polices, les parlements au service des dividendes du Capital. Le seul programme d’un parti communiste révolutionnaire, c’est la dictature du prolétariat ! Mais ce mot va « faire peur » ?

Engels avait déjà répondu à cette peur des faux révolutionnaires : Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d’une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de dictature du prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l’air ? Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat. L’attachement à l’Etat bourgeois coïncide pour beaucoup avec celui pour la Sécurité sociale, l’Ecole. Engels avait déjà souligné :

« la superstition de l’État est passé de la philosophie dans la conscience commune de la bourgeoisie et même dans celle de beaucoup d’ouvriers. Dans la conception des philosophes, l’État est « la réalisation de l’Idée » ou le règne de Dieu sur terre traduit en langage philosophique, le domaine où la vérité et la justice éternelles se réalisent ou doivent se réaliser. De là cette vénération superstitieuse de l’État et de tout ce qui y touche, vénération qui s’installe d’autant plus facilement qu’on est, depuis le berceau, habitué à s’imaginer que toutes les affaires et tous les intérêts communs de la société entière ne sauraient être réglés que comme ils ont été réglés jusqu’ici, c’est-à-dire par l’État et ses autorités dûment établies. Et l’on croit déjà avoir fait un pas d’une hardiesse prodigieuse, quand on s’est affranchi de la foi en la monarchie héréditaire et qu’on jure par la république démocratique. » C’est le programme de cette extrême gauche opportuniste qui était ici déjà dénoncé.

Seule la confiance dans la classe sociale qui détient l’avenir, le prolétariat mondial, a toujours donné aux révolutionnaires la force de garder leur indépendance. Les épouvantails bourgeois, de ceux de la grande bourgeoisie impérialiste à celle des faux révolutionnaires, qui ont pour seul but de forcer le prolétariat à rester solidaire des Etats bourgeois, ne sont que des épouvantails.

Le prolétariat est confronté à la question de la prise du pouvoir en Iran, au Soudan dès qu’une révolution, partie de la défense de droits démocratiques élémentaires a lieu. La seule peur salutaire qu’ont les révolutionnaires, c’est que les enseignements de la vague révolutionnaires qui suivit la première guerre mondiale, portée par des militants qui furent assassinés d’abord par les sociaux-démocrates, puis par les staliniens et les fascistes, ne soient pas diffusés largement vers le prolétariat en lutte.

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