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Le « communisme » de Maurice Thorez à la « libération »
vendredi 21 juin 2024, par
Le « communisme » de Maurice Thorez à la « libération »
"Tout pour la guerre", lançait l’autre jour Thorez, et il ajoutait comme conclusion absolument nécessaire : "la sécurité publique doit être assurée par les forces régulières de police constituées à cet effet. Les gardes civiques et d’une façon générale, tous les groupes armés irréguliers, ne doivent pas être maintenus plus longtemps". C’est la condamnation par le responsable du Parti, des groupements formés sous l’occupation et qui, dans l’esprit des travailleurs, devaient précisément non seulement vaincre l’occupant, mais surtout, par leur structure démocratique, émanciper le peuple des vieilles puissances d’oppression qui seules ont provoqué les malheurs qui se sont abattus sur la France depuis 1939. C’est la condamnation de ces milices dont le désarmement, il y a quelques semaines seulement, avait été qualifié par Duclos (autre "grand" camarade du PC) de "coup de force gouvernemental". Et cette police chargée de la "sécurité publique" c’est toujours celle qu’à plusieurs reprises l’Humanité elle-même a déjà dénoncée comme étant composée pour 95% d’éléments vichyssois, c’est-à-dire réactionnaires et pro-fascistes.
https://marxists.architexturez.net/francais/barta/1945/01/ldc43_013045.htm
Si le gouvernement bourgeois n’est pas contraint à céder par l’action directe, il mènera la même politique que jusqu’à maintenant, celle des bas salaires, de l’inflation, du marché noir, de la mobilisation, des mesures anti-démocratiques et réactionnaires ; car cette politique lui est dictée par les intérêts de la bourgeoisie et la décomposition du régime.
Mais au lieu d’envisager et de préparer cette action directe, Thorez dit (l’Humanité du 8 mai) "...le peuple compte sur le gouvernement provisoire éclairé par le suffrage universel"…
Thorez et ses pareils sont restés les défenseurs de la politique de collaboration avec le gouvernement et d’union avec la bourgeoisie, politique de trahison des masses laborieuses.
https://marxists.architexturez.net/francais/barta/1945/05/ldc47_052145.htm
Luttes de classe en France en février 1946
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3750
Le PCF et le colonialisme français
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3647
Thorez, interview du 2 février 1945 :
• « Ce (que nous défendons dans le programme du CNR) n’est pas notre programme, ce n’est pas le programme communiste. Nous n’avons pas à exiger actuellement l’application du programme communiste, car nous sommes unis dans le CNR avec d’autres partis non communistes. Nous honorons la signature que nous avons placée au bas du programme du CNR en mars 1944.
• Les revendications syndicales et, en général, les revendications des masses ne doivent pas être opposées au problème de la production. Pour satisfaire les revendications essentielles et immédiates des travailleurs, il faut développer la production et réciproquement, pour développer la production, ces revendications doivent être satisfaites.
• Il y a un gouvernement, et il faut qu’il y ait une armée, et une seule. Il doit y avoir une force de police, et une seule. Dans la lutte contre l’ennemi et ses agents, contre les traîtres et les saboteurs, il appartient à tous les Français de faire entendre leur voix, notamment via des groupes ou mouvements de résistance, et à l’usine ou au village par l’intermédiaire du Mouvement patriotique. Comités. Mais tous les groupes armés doivent disparaître. De même, les Comités de Libération ne doivent pas se substituer aux administrateurs et les seuls Comités locaux doivent être les Comités Patriotes.
• Non, il n’y a pas eu de tournant dans notre position. Notre ligne n’a pas varié : déjouer le complot hitlérien qui visait à détruire la France et gagner la guerre. »
Thorez : « Ma bataille pour reconstruire la France »
Celle des trusts !
« Je n’ai pas caché aux mineurs que, malgré les mauvaises conditions actuelles, ils devaient redoubler d’efforts pour gagner la bataille du charbon.
Produire ! Produisez plus ! Permettre ainsi à toutes nos industries, si durement touchées, de se redresser.
"Le destin de la France dépend en grande partie de l’effort des mineurs... Il s’agit de produire pour le pays afin de poursuivre le travail de libération contre les entreprises de la réaction et du fascisme."
J’ai fait appel à l’orgueil des mineurs, à leur sentiment de classe, à leur patriotisme :
"Les paresseux, les tièdes ne seront jamais de bons communistes, de bons révolutionnaires..."
Là, dans ce paysage de maisons de mineurs, de cheminées d’usines, de terrils, de chapelets de mines, se trouvaient la masse des mineurs, des dirigeants syndicaux, des directeurs de la Société nationale des mines, des élus du peuple, des cadres du Parti. Avec émotion j’ai retrouvé les visages chers de mes frères au combat, et j’en ai évoqué d’autres, que nous ne reverrons jamais... Quelle maturité politique et sens des responsabilités chez ces hommes qui passent la plus grande partie de leur existence dans les entrailles de la terre pour donner de la chaleur et de la lumière aux autres !
J’ai rencontré mon ancien capitaine du 3e Génie, en génie de la vie civile aux Ponts et Chaussées . Nous avions tous deux gardé d’excellents souvenirs l’un de l’autre.
L’appel de Waziers devait être entendu. Et pas seulement par les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, mais par les mineurs de tous les bassins. A partir de juillet 1945, on assiste à une augmentation constante de la production et de la production individuelle. »
Maurice Thorez 1946 : "Nous allons gagner la bataille de la production"
Reconstruire les trusts et resolidifier l’exploitation du prolétariat, voilà la politique de Thorez.
Extraits du discours de Maurice Thorez à Waziers, aux mineurs de charbon, le 21 juillet 1945 :
« C’est en 1934, que nous avons proposé, lancé et fait triompher l’idée du Front populaire pour la liberté. (…) Nous avons proposé le Front français, l’union de tous les Français. (…) Les deux cent familles, les trusts (…) se mirent à saboter l’économie nationale, à provoquer les grèves comme le rappelait tout à l’heure Martel. C’est vrai que nous seuls, les communistes, avons eu assez d’autorité pour pouvoir, en juin 1936, mettre en terme aux grèves, que nous seuls pouvions avoir assez d’autorité pour dire, il y a cinq mois : il faut en finir avec jeux de guerre civile (…) La vérité sur 1939 : vous vous souvenez encore de ces journaux, chers camarades : la trahison de Staline, la trahison russe, la trahison des communistes ? (…) En vérité, c’est un traquenard que l’on tendait à l’Union soviétique. On prétendait engager la guerre, une guerre où la Pologne devait s’effondrer rapidement, comme ce fut le cas, et ainsi les armées hitlériennes pourraient déferler rapidement à travers toute l’Union soviétique. L’Armée rouge avait été mise dans l’impossibilité de préparer sa mobilisation, l’Armée rouge était dans l’impossibilité de faire face à l’agression. (…) De Londres, le général De Gaulle lançait son appel, organisait les « Forces françaises libres ». Nous menions la bataille de la Résistance à l’intérieur de notre pays (…) Aujourd’hui, chers camarades, de graves périls nous menacent dans le domaine de la production. On ne le sait pas assez. (…) Le problème décisif de l’heure, c’est le problème de la production. Vous le savez déjà, chers camarades, c’est ce qui m’a amené à Waziers, c’est pourquoi le Bureau politique m’a envoyé vous parler, à vous, les mineurs. J’aborde ici une partie importante de mon rapport, la question du charbon. (…) Je voudrais établir un fait pour montrer l’effort des mineurs. En janvier, la production brute s’était élevée à 2.700.000 tonnes contre, en 1936, une production mensuelle de 3.400.000 tonnes, c’est-à-dire 80% de la production. (…) Il est vrai qu’il s’est produit un fléchissement à partir d’avril, fléchissement dans la production et fléchissement dans le rendement. Il y a diverses causes à cela : ravitaillement défectueux, manque de vêtements, et en raison d’un mécontentement plus ou moins justifié contre l’insuffisance de l’épuration. Il y a aussi des grèves, très peu justifiées. (…) Tout cela entraîne, dans un métier comme le métier de mineur, une certaine désorganisation. (…) Il faut donner aux ouvriers mineurs de fond un certain salaire (…) Le prix à la tâche. On a accordé la possibilité d’une majoration qui peut aller jusqu’à 60% (…) L’essentiel est d’obtenir du charbon et, pour obtenir du charbon, il faut payer les sommes fixées. (…) Il faut ici, chers camarades, saluer le sacrifice de vos camarades de la métallurgie qui viennent de renoncer à leurs vacances payées pour vous fabriquer des marteaux-piqueurs. Ce sont les mêmes camarades qui, l’hiver dernier, aux Forges et Ateliers de Meudon, manquant de courant électrique dans le jour, avaient demandé et obtenu de leur direction, de travailler la nuit par un froid rigoureux sans supplément de salaire pour pouvoir produire pour vous. (…) A propos de la coupe à terre, pourquoi ne pas généraliser les 3X8 : deux postes au charbon, le troisième au remblai ? (…) Nous savons que les avis des ouvriers peuvent bien souvent influencer d’une façon très favorable les décisions des ingénieurs. Je pense qu’en définitive la décision reste à l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur, autrement il n’y a pas d’autorité possible, d’exploitation possible. (…) Il y a d’autres raisons de la crise du charbon sur lesquelles je voudrais m’expliquer aussi ouvertement et aussi franchement. Ce sont celles qui tiennent à l’effort insuffisant des mineurs eux-mêmes, à votre effort à vous. (…) Il y a des causes de mécontentement, mais ce n’est pas une raison pour ralentir l’effort. Il faut au contraire le développer et briser tous les obstacles. Vous croyez que les camarades de la Loire sont contents quand on leur envoie comme directeur l’ancien directeur épuré des Mines de Dourges ? Ils ne sont pas contents non plus et vous croyez qu’ils ont dit pour cela : nous faisons la grève ? Non. Martel a eu raison tout à l’heure de stigmatiser de telles attitudes. Ils n’ont pas cédé au courant public de démagogie et de vaine popularité. Comme disait le camarade Staline, nous ne craignons pas les difficultés, nous sommes faits pour surmonter les difficultés et nous les surmonterons. (…) Il y a pas mal d’exemples de mineurs qui prétendent ne pas forcer à la production, ne pas pousser à la production et pas seulement parce qu’ils ont crainte de voir baisser les prix à la tâche. (…) Ils ne veulent pas paraître pour des macas. (…) Les macas, chers camarades, c’étaient ceux qui forçaient à la production pour le profit du patron au détriment de leurs frères, les ouvriers mineurs. (…) Il y a des camarades qui disent : « Mais si je travaille davantage, je donne davantage aux actionnaires puisqu’il reste des actionnaires. » C’est une erreur, chers camarades. (…) Si vous produisez beaucoup, c’est seulement dans l’intérêt du pays, et c’est dans votre propre intérêt. Et puis, je veux revenir sur la question des absences. On parle, on donne beaucoup de raisons, de prétextes, à ce propos. Je dois vous dire, chers camarades, que je ne suis pas tout à fait convaincu des raisons qu’on donne pour justifier les absences. (…) On s’absente trop facilement, pour un oui, pour un non et un mineur qui a le goût de son métier sait très bien que tant d’absences entraînent une désorganisation complète du travail. Les camarades présents sont les premiers à en souffrir. L’absence est justifiée ou n’est pas justifiée. Au lieu de produire, on désorganise la production, on fait tort à ses camarades et pour quelle raison ? Parfois pour un oui, pour un non, pour une égratignure. Je dis que c’est un scandale. Je ne peux pas comprendre, par exemple, que des délégués à la Caisse de secours puissent donner des billets de malade sans journée de malade. (…) Chers camarades, celui qui a le billet de malade sans journée de malade, il a aussi son ravitaillement ; il a aussi les litres de vin, il a aussi la viande ; il mange la part de ses camarades. Ce n’est pas possible, on ne peut pas continuer comme cela. Il faut avoir plus de conscience. Je vais vous dire, mes chers camarades, que, dans le bassin de la Loire, la même question s’est posée pendant l’hiver, quand il y a eu tant de grippes, quand il y a eu tant de difficultés alimentaires. Le syndicat a réuni les délégués des Caisses de secours et leur a dit : « Epluchez les billets de malade et discutez avec les médecins » et on leur a dit : « Ces médecins, pour la plupart, ne sont pas vos amis. Ces médecins, ils donnent facilement les billets. (…) Ils poussent à la désorganisation. » Il va y avoir des élections à la Caisse de secours. Le syndicat doit demander que ces questions soient posées largement, et dire aux délégués des Caisses de secours que vous allez élire : « Il faut être intransigeant ; c’en est fini avec de telles méthodes, parce que c’est de l’anarchie, un encouragement à la paresse. » Voici un autre cas. On m’a signalé l’autre jour que dans un puits, le puits de l’Escarpelle, une quinzaine de jeunes gens, des galibots, ont demandé de partir à six heures pour aller au bal. Je dis que c’est inadmissible. (…) Ici, chers camarades, je le dis en toute responsabilité, au nom du Comité central, au nom des décisions du Congrès du Parti, je le dis franchement : il est impossible d’approuver la moindre grève, surtout lorsqu’elle éclate comme la semaine dernière, aux mines de Béthune, en dehors du syndicat et contre le syndicat. On a pris des sanctions. Sur quatre porions, on en a réintégré deux, en les rétrogradant d’ailleurs. (…) Je le dis tout net : si nous n’appliquons pas les décisions de notre propre syndicat (…) nous allons à l’anarchie, nous faciliterons les provocations contre les mineurs, contre la classe ouvrière et contre la République. Eh bien ! quelques camarades s’insurgent, ils déclenchent la grève au n°2 et dans toute la concession, si bien que nous avons perdu 30.000 tonnes de charbon au moins en une période où le pays a besoin de la moindre gaillette, à l’heure où nous fermons des usines, à l’heure où, dans la région parisienne, on arrête des entreprises faute de charbon et ces ouvriers dont on arrête les usines apprennent que dans un des trous essentiels du bassin minier du Pas-de-Calais, on fait grève parce que le nez du porion ne revient pas au délégué. C’est un scandale, c’est une honte, c’est une faute très grave contre le syndicat et l’intérêt des mineurs. Des sanctions ont été prises, peut-être pas dans les formes où elles devaient l’être contre le délégué mineur et son suppléant qui avaient couru les autres puits pour déclencher la grève. Je dis que le mal, ce n’est pas la sanction, le mal c’est que des communistes et des militants du syndicat des mineurs se soient exposés à de telles sanctions. Et, sous prétexte que l’on a sanctionné les délégué mineur, on recommence la grève jusqu’à jeudi soir et on a eu de la peine hier à faire reprendre le travail, bien que le ministre de la Production ait rapporté la sanction prise par le commissaire régional. Ce n’est pas ainsi qu’on travaille pour le pays. (…) Chers camarades, alors on veut à chaque fois faire la grève pour épurer ou pour soutenir. On pourrait au fond en définir le seul but : faire grève, pourvu qu’on ait un prétexte. (…) L’autre jour, on m’a parlé d’une grève possible des mécaniciens d’extraction. J’ai beaucoup de sympathie pour la mécanique d’extraction. C’est vraiment un travail qui comporte une lourde responsabilité et on trouve chez les mécaniciens d’extraction une grande conscience professionnelle. Je pense qu’il faut leur assurer les meilleures conditions de salaire et de travail. Mais, là encore, pas par la grève. (…) Je voudrais que ce que nous pensons au Comité central puisse passer dans la tête,dans le cœur de chacun de vous d’abord puis chez tous les mineurs, que produire, produire et encore produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. (…) La grande tâche des organisations communistes du Pas-de-Calais, c’est d’aller dans toutes les concessions de Béthune, il faut aller à Béthune, il faut réunir toutes les sections communistes, discuter avec chaque camarade et amener les délégués mineurs à reconnaître qu’ils ont commis une grande erreur, qu’ils doivent comprendre cette erreur et qu’ils ne doivent plus recommencer cette erreur. (…) Nous exigerons de chaque camarade le respect des décisions du 10e Congrès du Parti et le 10e Congrès du Parti a dit : « Il faut produire. »
Le PCF s’est aligné derrière les puissances impérialistes soi-disant antifascistes et derrière un général réactionnaire, pro-fasciste même.
La trahison de 1936 : un des éléments du passé anti-ouvrier de Thorez
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1351
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article1248
Les mensonges de la « libération »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5810
https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve357
A la fin de la seconde guerre mondiale, le stalinisme a sauvé le capitalisme
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article93