Accueil > 06- Livre Six : POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE > 6- L’organisation du prolétariat > Propos du révolutionnaire Barta
Propos du révolutionnaire Barta
mardi 4 mars 2025, par
Propos du révolutionnaire Barta
Lire sur Barta :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?page=recherche&recherche=barta
Barta en 1935 :
https://www.marxists.org/francais/barta/1935/12/barta_roumanie.htm
Barta en 1936 :
LETTRE DE BARTA A TROTSKY
Bucarest, le 22 Mai 1936
Cher camarade L.D.,
Notre activité, malgré les forces extrêmement faibles dont nous disposons à la formation du groupe B.L. en Roumanie, nous a permis d’arriver à deux résultats essentiels :
Sur cette activité vous avez été certainement informé par le S.I. [1] : travail d’éducation politique des militants, publication de brochures et ces temps derniers discussions publiques, collage de papillons, etc… Nous avons certainement commis des fautes, mais elles étaient inévitables et nous croyons avoir maintenant la clarté nécessaire pour mener à bien notre lutte. La meilleure preuve de notre maturité (toute relative, cela va sans dire) c’est qu’on nous craint, qu’on évite les discussions publiques avec nous (unitaires, stalinistes ou socialistes font le front unique inavoué sur cette question).
Voici maintenant en quelques mots notre situation par rapport aux autres organisations :
Dans le P.C. il y a pas mal d’éléments révolutionnaires honnêtes mais à cause des zigzags et de l’inculture totale ils ne sont pas capables de penser. L’illégalité est aussi un frein puissant qui empêche le contact avec eux. A l’heure actuelle notre activité dans ce parti reste nulle.
Le P.S. est constitué d’éléments réactionnaires qui ont plutôt un rôle de policiers que de militants réformistes. L’influence de ce parti parmi les ouvriers est très réduite. La seule activité possible dans le P.S. serait l’activité illégale. Cette activité nous ne pouvons pas la mener pour le moment, pour plusieurs raisons (nous ne pouvons pas les indiquer ici).
Le parti unitaire [2] agonise. Inexistant sur tous les terrains, il subsiste encore seulement par l’ambition de deux ou trois intellectuels qui veulent être des "chefs" et avoir "leur" parti. Tout ce que l’on pouvait faire dans le parti unitaire (à Bucarest), nous l’avons fait dans les autres localités, nous examinerons les possibilités. La seule chose qu’on peut encore utiliser c’est leur tribune, d’où nous les critiquons et faisons des appels pour la 4ème.
Dans les syndicats nous avons deux éléments et nous essaierons de mener une action, qui demande beaucoup d’expérience et de prudence.
C’est pourquoi notre effort principal doit être dirigé vers les couches fraîches – apolitiques – et commencer le travail d’éducation par l’ABC – travail très long et qui demande beaucoup de patience –.
En résumé : notre tâche principale consiste dans l’éducation d’éléments presque vierges politiquement (cela n’exclut évidemment une activité pratique assez longue et dévouée de leur part, pratique menée par leurs propres moyens, sans plan et sans coordination). Pour cela nous devons enrichir constamment notre capital politique et imprimer des brochures. Nous en avons déjà imprimées. Mais, sauf une ("Front populaire ou front unique prolétaire ?"), toutes étaient sur un plan général, valable pour tous les pays. Nous voudrions beaucoup imprimer une brochure sur la Roumanie (une analyse générale de la situation et des tâches de l’avant-garde), mais le manque complet de traditions théoriques ne nous permet pas de le faire par nos propres forces (il s’agit d’écrire une analyse simple pour être comprise par les travailleurs – ce qui demande maturité complète de la pensée – et juste).
Comme vous voyez, cette lettre n’est pas seulement pour vous informer (si pauvrement d’ailleurs). Elle a plutôt un but "égoïste". Nous voudrions établir avec vous une liaison (nous l’avons essayé dans le passé, mais malheureusement votre santé ne le permettait pas) pour discuter notre travail futur et surtout pour que vous contribuiez directement à ce travail par écrit.
Si votre temps vous permet de le faire nous vous prions d’envoyer votre réponse à Adolphe qui nous l’enverra. Nous attendons vos questions sur la situation d’ici, renseignements qui vous permettront de connaître exactement la situation et en tirer les déductions nécessaires.
Recevez, cher camarade, nos salutations révolutionnaires.
pour le C.C. Barta.
Notes
[1] Secrétariat International de la IVème Internationale
[2] P.S.U. (Partidul socialist unitar) produit de la fusion en août 1933 du P.S.I. (Partidul socialist independent) Parti Socialiste Independant de Roumanie issu d’une scission (septembre 1931) du Parti Socialiste roumain, et du groupe, lui aussi issu de la social-démocratie, de Constantin Popovici.
Barta en 1944 :
PAR OU COMMENCER ?
Quel est l’ouvrier de France qui ne se souvient avec fierté de la poussée révolutionnaire de juin 1936 ? Quel est celui qui ne se rappelle pas avoir pris part aux meetings, aux manifestations, aux défilés, aux grèves ? En ce temps-là la classe ouvrière, inquiétée par les attaques fascistes et par la menace croissante de la guerre, mettait en œuvre toute son énergie. Les meilleurs militants, syndicalistes, socialistes, communistes, se prodiguaient constamment, après le travail et le dimanche, dans les réunions et les meetings de grévistes. La vague révolutionnaire avait soulevé les couches les plus profondes du peuple opprimé, les ouvriers entraînant les employés, la ville entraînant la campagne. Les partis et les syndicats virent affluer dans leurs rangs de nouveaux membres et de nouveaux sympathisants. Effrayé par les occupations d’usine, sentant le revolver sur la tempe, le patronat dut céder ; une nouvelle vie sembla devoir commencer : ce furent la semaine de 40 heures, les congés payés, les contrats collectifs, le relèvement des salaires. A l’usine, l’ouvrier releva la tête ; au dehors, jouissant de plus de loisirs, il commença à vivre plus dignement. L’organisation de classe avait déterminé la victoire, à son tour, la victoire, par la diminution des heures de travail, permettait à l’ouvrier de consacrer du temps à la lutte organisée. A toute une vie de déboires et d’incertitudes l’ouvrier trouvait une issue dans l’action de classe qui, à son tour, déterminait une amélioration de ses conditions de vie. L’existence des syndicats, des partis, d’universités populaires, de meetings, d’une presse ouvrière, de brochures, de livres, augmentait la conscience de la classe ouvrière, ainsi que sa confiance en soi et sa force offensive.
Aujourd’hui, après les défaites subies, la situation économique des travailleurs est devenue terrible : la journée de dix heures, les salaires de famine, le manque complet de vivres, la déportation en Allemagne, le chantage au départ pour ceux qui restent, le travail forcé, l’aggravation des conditions de travail (travail aux pièces, etc...). La vie politique est presque nulle : et en absence d’une activité politique propre, les ouvriers manquent de perspectives claires et en sont réduits à espérer une amélioration de leur situation d’un débarquement et d’une victoire alliée.
Le patronat est arrivé à ses fins : il a devant lui un prolétariat désorganisé, désorienté et passif ; depuis longtemps les choses n’allaient plus si bien pour lui.
Mais la classe ouvrière ne peut tolérer qu’une telle situation se prolonge indéfiniment : sa passivité dans des événements qui mettent en jeu le sort du monde, entraînerait son asservissement pour toute une génération. Les ouvriers savent que la bourgeoisie n’a jamais rien cédé sans une action décidée de leur part ; et la puissance de cette action dépend de leur organisation. La période de la meilleure situation économique du prolétariat fut celle de sa plus grande activité politique organisée.
Certes, la situation est difficile : la longueur de la journée de travail, la nécessité de se ravitailler à la campagne, la police, les mouchards, sont autant d’obstacles sur la voie de l’organisation. Mais c’est justement pour cela qu’il faut renverser la vapeur. L’amélioration de notre situation ne peut pas venir d’événements militaires qui sous la conduite de la bourgeoisie ont pour but l’écrasement des peuples. Tout au contraire, l’attente passive de la classe ouvrière est un facteur important qui permet aux impérialistes de continuer la guerre.
Une amélioration de la situation ne peut provenir que d’un changement dans le rapport de forces entre la classe ouvrière et la bourgeoisie, c’est-à-dire d’une action de classe décidée, qui suppose auparavant une organisation et une volonté offensive.
Aux ouvriers avancés incombe aujourd’hui le devoir de donner l’exemple en faisant le premier pas dans cette voie. Le débrouillage au jour le jour n’a jamais rien résolu de grand ; la situation actuelle met en jeu l’avenir même du prolétariat.
Pour permettre à la classe ouvrière de se regrouper, prendre conscience de sa force et de ses tâches, il faut commencer le travail sur le terrain de l’usine. Les ouvriers les plus sûrs doivent se réunir régulièrement chez l’un d’entre eux pour envisager en commun les problèmes de l’usine, pour lire et commenter la littérature et les journaux ouvriers clandestins et, dans la mesure du possible, sélectionner parmi les jeunes les meilleurs éléments capables de s’instruire et de trouver dans l’étude du mouvement ouvrier la volonté et la méthode qui mèneront à la victoire dans les combats à venir.
Les ouvriers feront ainsi leur propre éducation démocratique, exerceront leur esprit critique et choisiront les meilleurs d’entre eux pour coordonner leur action et multiplier les liaisons sur une échelle de plus en plus large.
La classe ouvrière a pour elle le nombre, la place indispensable qu’elle occupe dans la production et l’incapacité de la bourgeoisie de faire vivre plus longtemps la société.
La conquête du pouvoir politique ne peut pas et ne doit pas se faire par d’autres au nom du prolétariat ; elle ne peut pas être la conséquence d’un coup de main. "La dictature du prolétariat qui aura pour tâche la socialisation des moyens de production, ne peut être le fait d’une masse menée par quelques-uns, elle doit être et elle sera l’œuvre des prolétaires eux-mêmes, devenus, déjà en soi et par une longue pratique, une organisation politique."
https://www.marxists.org/francais/barta/1944/02/ldc25_022344.htm
Barta en 1940 :
LA LUTTE CONTRE LA DEUXI7ME GUERRE IMPERIALISTE MONDIALE
https://www.marxists.org/francais/barta/1940/11/barta_lutte2g.htm
LE LIVRE JAUNE SUR LES ORIGINES DE LA GUERRE
https://www.marxists.org/francais/barta/1940/01/ouvrierns_19400115.htm
Barta en 1945 :
PEUT-ON ALLER DE L’AVANT SI L’ON A PEUR D’ALLER VERS LE SOCIALISME
https://www.marxists.org/francais/barta/1945/03/ldc45_032045.htm
Barta en 1946 ;
LEURS ALLIES ET LES NOTRES
https://www.marxists.org/francais/barta/1946/09/ldc67_091846.htm
Barta en 1947 :
LA GREVE DES USINES RENAULT
https://www.marxists.org/francais/barta/1947/05/greve_renault.htm
QUI L’EMPORTERA ?
https://www.marxists.org/francais/barta/1947/05/ldc90_051647.htm
Barta en 1948 :
RAPPORT SUR LA SITUATION INTERNATIONALE
https://www.marxists.org/francais/barta/1948/10/barta_rapport.htm
Barta en 1949 :
DEMASQUER LES DIRIGEANTS REFORMISTES PAR UNE POLITIQUE DE FRONT UNIQUE
https://www.marxists.org/francais/barta/1949/01/note_010849.htm