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La guerre civile menace les Etats-Unis mais pas seulement à cause du duel Démocrates contre Trump

mercredi 13 novembre 2024, par Alex, Waraa

La guerre civile menace les Etats-Unis mais pas seulement à cause du duel Démocrates contre Trump

Les chiffres des élections présidentielles aux USA

En 2024, sur une population de 335 millions 245 sont électeurs, moins de 150 ont voté.
Pres de 100 millions se sont donc abstenus.

En 2020, plus de 158 millions avaient voté. Près de 10 millions qui avaient voté en 2020 se sont donc abstenus en 2024.

Il n’est pas difficile de mesurer qui sont ces 10 millions.

Le candidat du Parti républicain D. Trump a obtenu près de 75 millions de voix en 2024, contre 74 millions en 2020 et 63 millions en 2016.

Le candidat du Parti démocrate a obtenu 71 millions de voix en 2024, contre 81 millions en 2020 et 66 millions en 2016.

Entre 2020 et 2024, c’est donc la chute du Parti Démocrate qui a été déterminante. Trump a stagné autour de 75 millions de voix, les démocrates passant de 81 à 71, ce qui correspond aux 10 millions d’abstentions.

Entre 2016 et 2020, hausse de la participation, hausse du nombre de voix pour les deux candidats, c’est la lutte électorale entre la gauche et l’extrême droite. En 2024, chute des espoirs en cette gauche, l’extrême droite n’a pas obtenu plus de voix, ce sont les espoirs trahis par la gauche qui ouvrent la voix à l’extrême-droite. Cette mathématique est la marque de fabrique des charlatans de la gauche électorale qui prétend lutter contre l’extrême-droite ! Ce scénario des années 30 se rejoue en France avec le NFP, aux USA avec les Démocrates.

La politique guerrière des Démocrates

Donnons la parole au candidat du parti d’extrême-gauche "Parti de l’égalité socialiste" (Socialist Equality Party – SEP), Joseph Kishore :

Harris et les démocrates n’ont absolument rien à proposer pour faire face à la crise sociale et aux conditions dévastatrices auxquelles est confrontée la grande masse de la population. Leur priorité centrale est l’escalade de la guerre, en particulier celle que les États-Unis et l’OTAN mènent contre la Russie, qui n’est pas populaire. Et ils sont, avec les républicains, entièrement responsables du génocide de Gaza

(...) Dick Cheney est un criminel de guerre, le principal architecte de l’invasion et de l’occupation américaine de l’Irak en 2003, responsable du massacre de millions de personnes au Moyen-Orient et en Afghanistan dans les guerres déclenchées par l’impérialisme américain. Le fait qu’il ait choisi de soutenir publiquement Harris plutôt que Trump témoigne de sa confiance dans le fait que la candidate démocrate poursuivra cette politique d’agression militaire dans les nouveaux théâtres choisis par le gouvernement Biden-Harris : la guerre contre la Russie en Ukraine, une guerre conjointe américano-israélienne contre l’Iran et ses groupes alliés au Moyen-Orient, et l’intensification de la guerre contre la Chine dans la région Asie-Pacifique.

Le rejet des guerres impérialistes menées ou soutenues par les USA, c’est une des raisons qui a fait perdre des voix aux Démocrates.

Le programme de Trump contre les immigrés

C’est donc Donald Trump qui deviendra bientôt le 45ème président des USA, avec pour vice président le sénateur de l’Ohio J. D. Vance.

Certes, comme ici c’est la guerre contre les travailleurs immigrés que Trump présente comme la solution miracle à tous les problèmes. A propos de l’Arizona, Etat frontalier avec le Mexique, le journal bourgeois de gauche Libération écrivait par exemple :

S’ils ont chuté ces derniers mois, les passages à la frontière ont atteint des niveaux records pendant la présidence de Biden, faisant de cette question l’une des principales préoccupations des électeurs. Trump attaque régulièrement Harris sur le bilan de l’administration démocrate en la matière. L’ancien président, qui avait fait de la construction d’un mur antimigrants l’un des axes de ses deux campagnes, promet désormais de mener « la plus grande opération d’expulsion » de l’histoire des Etats-Unis, en cas de victoire en novembre.

Le problème de la vie chère aux USA et en Martinique

Outre les guerres, c’est la question de la vie chère qui a sanctionné les Démocrates aux élections.

Or Trump ne le résoudra pas en faisant la guerre aux travailleurs immigrés. C’est son électorat qui comme celui des Démocrates peut à tout moment se retourner, voire se soulever contre lui.

Dans la Mer das Caraïbes qui baigne la Floride, la lutte contre la vie chère est engagée depuis plusieurs mois en Martinique.

Samedi 10 novembre des milliers de Martiniquais de Métropole ont défilé en manifestation dans Paris. Certes il n’y avait pas que des Martiniquais, mais les dirigeants du RPPRAC (prononcer ère-prac), profitant de leur présence à Paris pour quelques jours, ont organisé leur manifestation dans cet objectif communautaire. Leur stratégie est de créer une pression sur les élus de la Martinique, qui prétendent qu’ils n’ont aucun pouvoir si leurs électeurs ne se mobilisent pas.

Où mènera cette stratégie d’auto-limitation ? Quel est son but, outre celui contre la vie chère ? Des centaines de milliers de travailleurs antillais sont employés en métropole, souvent dans la fonction publique. Alors que la CGT Martinique est présente dans le mouvement en Martinique, la politique du RPPRAC semble être de ne pas vouloir étendre le mouvement en métropole, surtout pas au travers d’un mouvement des travailleurs. Aucune banderole, ni drapeau, ni même badge ou auto-collant de grands syndicats ou partis politiques. Seuls un ou deux manifestants siglés CGT distribuaient, sans doute contre les consignes générales de la centrale syndicale, un tract CGT-Martinique de soutien au mouvement.

Pourtant, la vie chère touche tous les travailleurs, antillais ou pas, noirs ou blancs. C’est peut-être ce qui retient le RPPRAC. Mais mette en avant "nous sommes des français comme les autres", tout en imposant de fait sans en débattre ouvertement : "nous ne voulons pas manifester avec les autres" est contradictoire.

A la fin de cette manifestation qui fut un succès, seul deux leaders du Rassemblement ont longuement pris la parole, sans la proposer aux manifestants présentés. Des Kanaks, des Réunionnais étaient présents. La question coloniale était posée de fait par les différents drapeaux de territoires d’outre-mer dans la manifestation, mais le RPRRAC ne veut pas la poser ouvertement, à part sur les conséquences économiques du pacte colonial.

Les initiales RPPRAC sont l’acronyme de « Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens ». Ce rassemblement fait donc référence à un certain "internationalisme", mais qu’est-il mis derrière ces termes ? Parmi les îles des Caraïbes on trouve les Bahamas, les Iles Vierges, des paradis fiscaux. La vie chère dans bien des pays est liée à ces paradis fiscaux. Ce n’est pas un mouvement de tous les exploités des Caraïbes que semble vouloir mener le RPPRAC. C’est une variété du pan-africanisme, ce mouvement anti-colonial bourgeois, qui semble inspirer les organisateurs.

C’est la vie chère qui aux USA et en Martinique a causé une sanction électorale d’un côté, un mouvement puissant de l’autre. Ici en métropole c’est la vie chère, sur fond de vague de plan de licenciements qui pèse sur les conditions de vie des travailleurs. Rarement un contexte aussi propice à un mouvement international contre la vie chère n’a récemment existé.

Le refus des syndicats à appeler massivement à cette manifestation, le suivisme vis-à-vis d’eux de l’extrême-gauche électoraliste (les deux NPA-s, LO, RP), le boycott collectif de toute cette gauche politicienne et syndicale confirme leur nature. La député LFI Mathilde Panot se montrant au départ du cortège ne fit que souligner l’absence générale. Les "révolutionnaires" (LO, NPA, RP) ont sagement suivi les instructions des centrales syndicales, de la gauche gouvernementale.

La guerre contre la vie chère est depuis des décennies hors des programmes syndicaux, qui se contentent des augmentations de salaires. Car la vie chère, implique la question des impôts indirects, réunis la classe ouvrière et des travailleurs exploités des classes moyennes : c’est une revendication interclassiste. La lutte contre les vestiges du colonialisme est réduite par les syndicats et l’extrême gauche à leur participation aux "journées d’actions" gouvernementales contre le racisme, contre l’esclavage etc.

C’est en popularisant massivement ces manifestations auprès des jeunes, des travailleurs de métropole que nous aideront le mouvement contre la vie chère en Martinique, répondant aux souhaits peut-être pas du RPPRAC, mais des animateurs de ce mouvement en Martinique, qui souhaitent vraiment gagner la bataille engagée par eux depuis des semaines, et qui ne reçoit aucun soutien en Métropole !

Seule l’extension de tels mouvements donnera d’autres choix aux jeunes et à la classe ouvrière, que de se contenter de voter pour la gauche puis de s’abstenir sous l’effet de la déception.

Des Gilets jaunes étaient présents, furent salués par les manifestants. L’une d’entre elles expliquait à un petit cercle : ce que nous avons appris, c’est l’auto-organisation !
La Gilet-jaunisation du mouvements comme ceux de la Martinique, c’est bien la seule perspective qui fera trembler les Macron, Trump, et les multinationales capitalistes qui nous rackettent par l’inflation !

C’est avec une telle perspective politique, et seulement avec elle, que les luttes économiques de la classe ouvrière contre les vague de licenciements pourraient devenir une lutte de classe générale, dont la classe ouvrière prendrait la tête.

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