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Apprenons à donner des réponses prolétariennes...

samedi 14 juin 2025, par Alex, Waraa

Apprenons à donner des réponses prolétariennes face aux crimes des gouvernants capitalistes

Mort au travail d’une surveillante de collège à Nogent (52)

C’est un site du Sénat qui souligne le cercle vicieux de la politique prétendument sécuritaire du gouvernement, qui a abouti à l’assassinat d’une femme de 31 ans, salariée de l’enseignement :

« Après le décès, en mars dernier, d’un jeune de 17 ans lors d’une rixe devant un lycée, les ministres Bruno Retailleau et Elisabeth Borne mettaient en place une circulaire pour instaurer des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires. C’est à l’occasion d’un contrôle de sacs qu’un élève de 14 ans a asséné plusieurs coups de couteau à une assistante d’éducation de 31 ans. »

Ainsi, le remède n’est pas meilleur que le mal.

Que disait cette circulaire Retailleau-Borne ? La Voix du Nord écrivait le 28 Mars :

« Les élèves pourront désormais se faire fouiller les sacs avant d’entrer dans leurs établissements – lycée et collège. Les deux ministres Elisabeth Borne et Bruno Retailleau ont rendu possible ce dispositif, d’après une circulaire envoyée aux préfets cette semaine. Ces derniers sont priés de « déterminer les établissements nécessitant une action prioritaire », et de « mettre en œuvre des contrôles aléatoires aux abords des établissements par les forces de sécurité intérieure sous l’autorité des parquets », a révélé TF1. »

C’est donc par les forces de sécurité intérieure que ces contrôles devaient être effectués. Le personnel d’éducation est-il censé y participer ? Pas d’après l’extrait de cette circulaire. Quoi qu’il en soit, c’est par les forces de sécurité intérieure sous l’autorité des parquets que cette opération du 10 juin devant le collège F. Dolto fut organisée.

Vues les parties impliquées dans cette circulaire Retailleau-Borne (forces de sécurité internes et parquet), la conférence de presse du procureur de la République de Chaumont du 11 juin, devient une leçon de chose : la caricature de la justice qu’est la justice bourgeoise en général, en particulier lorsque l’Etat bourgeois ... juge ses propres méfaits.

Car ce procureur de la République qui organise cette conférence de presse est lui-même un membre éminent du parquet ... qui a organisé la fouille devant le collège : il est juge et partie. Le parquet se juge lui-même dans cette affaire. Le colonel de gendarmerie qui intervint aux côtés du procureur à cette conférence de presse, était lui aussi un des organisateurs de cette opération qui aboutit au drame !

Le parquet et la gendarmerie de Haute-Marne, organisateurs de l’opération du 10 juin qui aboutit à la mort d’une salariée, vont se juger eux-mêmes dans cette affaire criminelle : bienvenue au coeur de l’Etat bourgeois !

Il n’est pas étonnant que cette conférence de presse ait eu un aspect bâclé, comparée à d’autres du même genre beaucoup plus rigoureuses : elle ne retraça pas la chronologie des faits, en commençant par : décision par x et y d’organiser la fouille, en suivant le protocole z, dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne. Existe-t-il d’ailleurs un protocole dans l’organisation de telles fouilles ?

Après l’appareil d’Etat (parquet et gendarmerie) dont on ne pouvait attendre grand-chose, ces sont les organisations syndicales qui sont les plus abjectes : que faisaient-elles, alors que la patronne de la victime, E. Borne, responsable d’après le Code du travail de la sécurité de ses employés au travail, venait se pavaner sur les lieux d’un accident dont elle est potentiellement responsable ? Ou est la contre-enquête des syndicats, l’appel à une grève politique nationale appelant les personnels à ne plus accepter d’être utilisés comme "chair à couteau de cuisine" par les gendarmes et le parquet, larbins au service de la carrière de Retaillleau ?

La réponse que peut apporter le mouvement ouvrier révolutionnaire à ces morts au travail peut s’inspirer de la « Résolution sur la question française » de 1922 où Lénine et Trotsky commentaient les erreurs du tout jeune Parti communiste français qui n’avait pas encore rompu avec ses traditions social-démocrates de collaboration de classe, en réponse à un assassinat d’ouvriers par l’Etat :

« Les leçons de la grève du Havre

La grève du Havre, malgré son caractère local, est un témoignage indubitable de la combativité croissante du prolétariat français. Le gouvernement capitaliste a répondu à la grève par l’assassinat de quatre ouvriers, comme s’il se hâtait de rappeler aux ouvriers français qu’ils ne pourront conquérir le pouvoir et détruire l’esclavage capitaliste qu’au prix de la plus grande lutte, du maximum de dévouement et d’abnégation et de nombreux sacrifices.

Si la réponse du prolétariat français aux assassinats du Havre a été complètement insuffisante, la responsabilité en incombe (...) à la trahison, devenue depuis longtemps de règle parmi les dissidents et les syndicalistes réformistes (...)
En divisant d’un façon incorrecte en principe la lutte de classe du prolétariat en deux domaines soi-disant indépendants, l’économique et le politique, le Parti, cette fois encore, ne fit preuve d’aucune initiative indépendante, se bornant à appuyer la C.G.T.U., comme si en réalité l’assassinat de quatre prolétaires par le gouvernement du capital était un acte économique et non un événement politique de première importance. Quant à la C.G.T.U., sous la pression du Syndicat parisien du Bâtiment, elle proclama le lendemain des assassinats du Havre, un dimanche, une grève générale de protestation pour le mardi. Les ouvriers de France n’eurent pas le temps, dans beaucoup d’endroits, d’apprendre non seulement l’appel à la grève générale, mais même le fait de l’assassinat.

Dans ces conditions, la grève générale était d’avance vouée à l’échec. (...) Le Parti, de son côté, capitula en silence devant la démarche évidemment erronée de la C.G.T.U. au lieu d’essayer, sous une forme amicale mais instante, d’obtenir de cette dernière l’ajournement de la manifestation gréviste dans le but de développer une vaste agitation de masse.

La première obligation, tant du Parti que de la C.G.T.U. devant le crime ignoble de la bourgeoisie française, était de mobiliser immédiatement un millier des meilleurs agitateurs du Parti et des syndicats à Paris et en province, pour expliquer aux éléments les plus arriérés de la classe ouvrière le sens des événements du Havre, et pour préparer les masses ouvrières à la protestation et à la défense. Le Parti était tenu, en pareil cas, de lancer à plusieurs millions d’exemplaires un appel à la classe ouvrière et aux paysans, à l’occasion du crime du Havre.

Seule, une campagne de ce genre, systématique, concentrée, universelle par ses moyens, tendue et infatigable, pouvait, menée pendant toute une semaine et plus, être couronnée par un mouvement puissant et imposant, sous la forme d’une grande grève de protestation, de manifestation dans la rue, etc. Le résultat sûr d’une telle campagne aurait été d’augmenter dans les masses les liaisons, l’autorité et l’influence du Parti et de la C.G.T.U., de les rapprocher mutuellement dans le travail révolutionnaire et de rapprocher d’eux la partie de la classe ouvrière qui suit encore les réformistes. »

L’absence de telles réponses révolutionnaires, de la part des personnels de l’Education autant que de leurs organisations syndicales, est incarné par le parti Lutte Ouvrière, dont les candidats aux élections sont plus des enseignants que des ouvriers, et dont la porte-parole se présente elle-même comme une "travailleuse de l’enseignement". Retailleau est rassuré, ce n’est pas N. Arthaud qui appellera à une quelconque grève politique :

« Une surveillante de collège est morte au travail, poignardée par un élève de 14 ans lors d’un contrôle des entrées par les gendarmes. Immédiatement les politiciens réactionnaires ont fait assaut d’une démagogie sécuritaire, d’autant plus bruyante qu’ils sont impuissants.

La santé mentale de la jeunesse se dégrade et la violence se développe en son sein. Mais qui en est responsable, si ce n’est les dirigeants de l’État qui ont gratté au fil des ans les budgets des services publics de l’Éducation et de la Santé, favorisant ce type de drame ? S’il manque des adultes pour encadrer les jeunes dans les établissements scolaires et des médecins et infirmières scolaires, alors que les milliards coulent à flot pour l’armée, à qui la faute ? »

Lutte Ouvrière Tragédie de Nogent (11 juin)

De plus, cet article apparait à tort dans l’hebdomadaire LO non pas dans la rubrique : Dans les entreprises mais dans celle de Leur société. LO ne veut pas inscrire cet événement dans le calendrier de la lutte des classes, ien lien avec les accidents du travail dans d’autres secteurs ouvrier. LO imite en cela la CGT et Solidaires, qui héberge JP Mercier autre porte-parole de LO.

Le NPA-R également se contente de soupirer, renvoyant même, à tort, quasiment dos-à-dos la victime et son assassin :

« combien de vies gâchées ? D’abord celle de la jeune surveillante tuée (...) Mais aussi celle de son jeune meurtrier dont les Retailleau oublient que c’est un mineur de 14 ans, sans avenir désormais.(...) Que faut-il pour que ces crétins cessent de croire que les problèmes se règlent à coup de menton, pour qu’ils cessent d’imposer à tout le monde leurs prétendues solutions ? Faire collaborer les assistants d’éducation et les flics à la porte des établissements scolaires… oui, il faut être crétin pour ne pas comprendre que c’est catastrophique. Les mêmes nous répètent à l’envi que l’école doit être un sanctuaire. Eh bien, justement, les flics n’y ont pas leur place. »

Et appeler en conséquence dès maintenant les personnels à ne plus participer à des fouilles à l’extérieur de leur établissement, où ils n’ont rien à faire ? Le NPA-R ne l’envisage même pas ! Les places de ses militants sur les listes Solidaires-CGT aux prochaines élections sont assurées !

Non, le NPA-R et LO n’envisagent même pas la grève à ce propos : on ne contredit pas les directions de Solidaires ou de la CGT quand on veut garder sa place dans l’Assiette au beurre.

Un vrai affrontement avec Retailleau est à l’ordre du jour avec les méthodes de la classe ouvrière : grève d’une corporation dont la vie est mise en danger au travail à cause de sa circuclaire de mars 2025. Faire des déclaration anti-police n’est que du verbiage pseudo-révolutionnaire si l’on ne propose pas l’auto-défense des travailleurs !

Pour mener leur propre politique face à celle de la classe dirigeante, les travailleurs ont besoin de clarté sur la question de l’Etat. Les fausses extrêmes gauches n’en ont guère ! Lutte ouvrière se dit même favorable à la police de proximité ! Aucune organisation de cette extrême gauche ne souligne que tous les appareils syndicaux sont liés à l’appareil d’Etat au point qu’on peut considérer qu’ils en font partie. Et l’Etat tout entier est au service de la classe possédante et non de la population. Leurs relations avec la démocratie bourgeoise (élections, syndicats, institutions, services dit public) sont une preuve que ces organisations qui se disent révolutionnaires ne le sont pas.

Mais le point le plus remarquable est qu’ils n’envisagent jamais, face à une mobilisation qui serait nécessaire, d’en appeler à la constitution de comités de travailleurs. Et, avec l’affaire de Nogent, pas plus que pour les licenciements, pour les attaques des services publics, notamment des hôpitaux, pour les attaques contre les migrants, ou pour les attaques internationales comme la marche à la guerre ou l’armement d’Israël par « leur » Etat, dans aucun de ces cas, ils ne dissocient suffisamment de la démocratie bourgeoise pour en appeler à la formation de… SOVIETS ! Et pourtant ces gens-là se disent des partisans de la révolution d’Octobre de Lénine et Trotsky !!!

C’est avec la politique des soviets qu’il faut renouer, y compris pour se démarquer des bureaucraties syndicales, pour préparer la classe ouvrière à son rôle socialiste et pour former les premiers éléments d’un futur parti révolutionnaire.

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