Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > La révolution permanente et le mouvement du 10 septembre

La révolution permanente et le mouvement du 10 septembre

lundi 18 août 2025, par Alex, Waraa

La « révolution permanente » n’est pas un slogan de propagande, un mot d’ordre radical, ni un discours destiné à pousser les travailleurs à se battre. C’est un outil théorique et pratique incontournable, utile autant dans les pays impérialistes que dans ceux opprimés par l’impérialisme, pour comprendre dans quelles conditions les exploités peuvent renverser le pouvoir de leurs exploiteurs et par quels moyens. Pour les révolutionnaires authentiques, elle fournit une boussole politique irremplaçable pour s’orienter dans des mouvements sociaux et politiques contestant les fondements de la société comme ceux de la vague des Printemps arabes, celui des Gilets jaunes en France, ou encore celui à venir du 10 septembre dans ce pays. 

Plusieurs partis dits d’extrême gauche Lutte Ouvtrière, le Nouveau Parti Anticapitaliste, Révolution Permanente (LO, les NPA-s, RP) en France usurpent l’étiquette du « trotskisme » ou font mine d’en être les successeurs (certains allant jusqu’à intituler leur groupe par ce nom !), alors qu’une de leurs missions est justement d’obscurcir le sens de cette théorie, attachée depuis la révolution de 1905 au nom de Trotsky, qui l’avait empruntée à Marx et développée. Empêcher des opprimés d’avoir accès aux véritables idées communistes est la raison de fond qui pousse la bourgeoisie française et son Etat à traiter avec bienveillance ces groupes politiques, auxquels elle donne un accès disproportionné à ses médias, notamment lors des élections et ouvre aussi un accès complet à ses fonds publics d’aides à l’égal des partis politiques bourgeois. Et elle ne commet pas d’erreur en agissant ainsi… 

On apprend ainsi que la démocratie française, qui n’a pas supporté des manifestations pacifiques de Gilets jaunes dans les rues, sans leur crever les yeux par sa police, sans menacer leurs jambes, leurs bras, leurs têtes, leurs vies, sans leur tirer dessus, sans les matraquer, sans les arrêter, eh bien cette fausse démocratie qui s’est ruinée pour enrichir les milliardaires, pour les sauver de l’effondrement général de l’économie capitaliste, eh bien cette démocratie dans laquelle le président est pire qu’un roi, ne rechigne pas à permettre à ces prétendus « partis révolutionnaires » d’être eux aussi aidés et financés du moment que ces partis n’ont pas l’intention de soutenir les Gilets jaunes et même contribuent à les calomnier dans les entreprises, dans les syndicats, dans leurs tracts politiques… Et effectivement, ces partis accusent les Gilets jaunes d’être bourgeois et petits-bourgeois, de risquer d’être manipulés par l’extrême droite, par les antisémites, par les populistes, par les complotistes et on en passe.. 

Mais est-ce qu’un mouvement révolutionnaire est purement prolétarien ou purement socialiste dès le départ ? Justement, c’est la théorie de la révolution permanente qui explique qu’au sein d’un mouvement révolutionnaire s’attaquant au monde impérialiste la révolution socialiste existe et se développe au sein de la révolte petite bourgeoise et ne peut pas triompher en s’en isolant, mais en lui donnant d’autres perspectives. 

Le premier (et souvent dernier) contact qu’ont les travailleurs avec ces groupuscules d’extrême gauche est souvent un discours électoral ou une prise de parole lors des journées d’(in)action syndicale, les militants de ces organisations concluant leurs discours sans perspective concrète par le mot : « révolution ! » mais sans aucun programme vraiment révolutionnaire (saisie des fonds du grand capital, suppression de l’Etat capitaliste, désarmement de la bourgeoisie et armement du prolétariat, construction de soviets et leur prise du pouvoir). 

Les articles de leur presse déclinent à l’infini ce mot : "la révolution". Contrairement aux apparences, ces militants tournent le dos au marxisme en répétant à l’infini cette expression, car un des premiers acquis théoriques du marxisme, fut à travers les révolutions de 1848 en France et en Allemagne de distinguer définitivement deux types de révolution : les révolutions bourgeoises et les révolutions prolétariennes. 

Depuis 1848, les véritables marxistes ne prêchent pas la révolution. S’ils prêchent quelque chose, ce sera la révolution prolétarienne. C’est la révolution prolétarienne qu’ils préparent, pas la révolution bourgeoise. Une révolution bourgeoise éclate souvent de façon spontanée, comme février 1848 à Paris, février 1917 en Russie, novembre 1918 en Allemagne. C’est seulement alors que les révolutionnaires entrent en scène. La révolution permanente, c’est l’ensemble du processus qui transforme la révolution bourgeoise en révolution prolétarienne, avec la mise en place de la dictature du prolétariat. 

Le prolétariat est la seule classe capable de mener la révolution jusqu’au bout. C’est la classe révolutionnaire par excellence de notre époque. Le deuxième mensonge des groupuscules pseudo trotskistes est de s’appuyer sur le « bon sens » pour dénigrer tout début de révolution bourgeoise comme le mouvement des Gilets jaunes ; selon eux, ce mouvement serait « confus », sans la prédominance du prolétariat « seule classe vraiment révolutionnaire ». Mais comme Hegel, l’avait déjà expliqué, le développement historique ne suit pas le même ordre qu’un développement de la logique formelle. Lorsque « la révolution », c’est-à-dire la révolution bourgeoise éclate, le prolétariat n’est pas forcément le plus radical, le plus nombreux, la classe la plus révolutionnaire immédiatement. Seul le représentant de ses intérêts historiques généraux, le Parti communiste, est en permanence une avant-garde mobilisée, mais à une échelle qui reste petite et peu influente au début du mouvement. C’est seulement peu à peu que la révolution bourgeoise se transforme en révolution prolétarienne, que le prolétariat devient l’avant garde de la révolution, comme son parti. La révolution prolétarienne nait donc presque toujours d’une révolution bourgeoise. Or Février 1917 en Russie fut impulsé en partie par l’impérialisme anglo-français, qui comprenait que le régime tsariste devenait incapable de mener la guerre impérialiste. Cette « révolution » entremêlait donc des tendances ultra-réactionnaires (continuation de la boucherie impérialiste) et révolutionnaires (la terre aux paysans, mettre fin à la guerre). Lénine s’opposa donc à la « défense de la révolution ». La seule manière de « défendre » la révolution, du point de vue du prolétariat et des petits paysans, était de lui donner l’objectif de la dictature du prolétariat. Lénine et Trotsky ne "condamnèrent" pas la révolution de Février, il la firent accoucher de la révolution d’Octobre, par la mise en pratique de la révolution permanente, que Trotsky avait en vue depuis 1905. Lénine et Trotsky ne dénigrèrent pas Février 1917, car sans Février 1917, Octobre 1917 n’aurait pas existé. 

Or ces groupuscules pseudo-marxistes dénigrent l’embryon de révolution bourgeoise que sont les mouvements de type Gilet jaune dont celui du 10 septembre. Car ces groupuscules "ayant compris" Marx, Lénine et Trotsky, ils "savent" que la révolution doit être prolétarienne. Ils posent donc un ultimatum aux travailleurs : « nous vous avons expliqué ce qu’il faut faire, nous connaissons l’expérience de Février à Octobre 1917, pourquoi ne commencez vous donc pas par Octobre ? Après Octobre 1917, toute révolution de type Février 1917 est réactionnaire. » 

Bien sûr, ces groupuscules sont loin d’être ce parti parfait qui expliquerait à longueur de temps les concepts issus de la révolution d’Octobre : LO, les NPAs, RP, ne parlent jamais de Soviets en France, ils ne parlent jamais du syndicalisme révolutionnaire de la CGT d’avant 1914, qui fut un des courants les plus proches de Lénine et Trotsky. Mais même un parti bolchévik parfait ne devrait pas poser un tel ultimatum aux ouvriers, qui consiste en fait à les sommer de se ranger derrière « le parti ». Le problème n’est pas qu’il serait immoral, totalitaire, de proposer au prolétariat en bloc de suivre le parti. Le problème est que le monde réel ne fonctionne pas comme cela. La classe ouvrière, pour arriver à Octobre, devra sans doute repasser par Février. Le pire est que ce n’est bien sûr pas Février qui sera reproduit, mais une révolution avec des formes concrètes surprenantes, inatendues, imprévisibles, aux apparences trompeuses. 

Ces groupuscules qui ne pensent qu’à construire leur parti (pas à construire leur programme révolutionnaire mais seulement à recruter, à développer leur influence dans les appareils syndicaux), dénigrant sur le ton de l’arrogance d’esprits semi-cultivés le « manque de conscience » des travailleurs, ne font que favoriser ce manque de conscience en ne mettant pas en place des Soviets, organismes lieu de l’élévation du niveau de conscience du prolétariat, où peut se déployer la propagande d’un parti communiste forcément minoritaire au début de tout mouvement. 

Le mécanisme de révolution permanente consiste à défendre un programme de transition permettant de transformer des revendications profondes et spontanées des exploités en mesures qui font partie de la révolution prolétarienne, seule capable de réaliser des revendications qui paraissent pourtant, au début, compatibles avec le régime bourgeois. Mais ceci est une stratégie générale. Les groupuscules d’extrême gauche brandissent régulièrement le « Programme de transition » de Trotsky, mais ils se gardent bien de le traduire dans une situation concrète. Pour cela, il faut prêter attention aux demandes des travailleurs.

Le mouvement du 10 septembre a mis en avant trois mots d’ordre : Boycott, désobéissance, solidarité. Ces trois mots d’ordre sont lancés contre le programme de Bayrou, qui au nom de la nécessité de rembourser « la dette », veut baisser les salaires et augmenter les impôts indirects contre les travailleurs. Or nous sommes justement sur le terrain du programme des partis prolétariens ! Il suffit de ressortir les vieux programmes comme celui du POF rédigé par Marx en 1880. 

Les groupuscules d’extrême gauche sont gênés pour discuter de la politique fiscale qui mobilise actuellement tout le pays, car leurs porte-parole font des carrières syndicales, et les directions syndicales ne font pas de politique, dans le sens où elles s’abstiennent d’intervenir dans la politique budgétaire, se limitant aux revendications économiques salariales. Or c’est une question fiscale qui a fait exploser le mouvement des Gilets jaunes, ce sont des questions fiscales qui sont au coeur du « Plan Bayrou ». Les groupuscules d’extrême gauche, contrairement aux apparences, ont abandonné la politique car c’est dans la bureaucratie syndicale qu’ils font survivre leurs groupes (N. Arthaud ne sert qu’à maintenir un "isme" collectif qui permet de donner un ciment à des cliques syndicales locales de LO). Ces groupuscules interdisent donc à leurs militants d’intervenir dans les questions politiques qui concernent la classe ouvrière !  

Alors que faire pour le 10 septembre ? Partir des revendications générales qui ont émergées contre le plan Bayrou, ou du succès le pétition anti-Duplomb est déjà un point de départ. C’est en participant à des assemblées générales, en écoutant d’abord 10 fois plus qu’en parlant, que les révolutionnaires peuvent "prendre le pouls" de la réalité. Décliner concrètement les principes du Programme de transition n’est pas une mince affaire. Les groupuscules d’extrême-gauche ne veulent pas s’atteler à cette tache, la manifestation la plus éclatante étant qu’il ne font pas porter un gilet jaune à leur porte-parole. 

Un exemple parmi d’autres : proposer comme slogan, sur l’air de la Marseillaise : 

 « Contre nous de l’oligarchie, l’étendard sanglant est levé, l’étendard sanglant est levé ... Aux armes citoyens »

 

C’est se référer aux traditions de la démocratie bourgeoise révolutionnaire. L’oligarchie, c’est la bourgeoisie des milliardaires. On nous dit que les Gilets jaunes ont des tendances d’extrême-droite, ce type de slogans permet de détacher les "patriotes" tendance sans-culotte, des patriotes pétainistes. 

Un slogan du même type est :

 Non Bayrou, la dette de l’Etat, n’est pas la dette de la nation !

 

Les travailleurs ont une nationalité, mais pas de patrie, et cet Etat bourgeois n’est pas le leur, est le principe qui est posé en arrière plan par ce slogan. 

Une autre des tâches de la révolution permanente d’actualité dans le mouvement du 10 septembre, décrite par Trotsky en 1938, a donc l’air d’avoir été décrite par Trotsky aujourd’hui à propos de notre extrême-gauche opportuniste française (LO, NPAs, RP) : 

 « Les sectaires ne sont capables de distinguer que deux couleurs : le blanc et le noir. Pour ne pas s’exposer à la tentation, ils simplifient la réalité. (...) 

Incapables de trouver accès aux masses, ils les accusent volontiers d’être incapable de s’élever jusqu’aux idées révolutionnaires. 

Un pont, sous la forme de revendications transitoires, n’est aucunement nécessaire à ces prophètes stériles, car ils ne se disposent nullement à passer sur l’autre rive. Ils piétinent sur place, se contentant de répéter les mêmes abstractions vides. Les événements politiques sont pour eux une occasion de faire des commentaires, mais non d’agir. Comme les sectaires, de même que les confusionnistes et les faiseurs de miracles de toutes sortes, reçoivent à chaque instant des chiquenaudes de la part de la réalité, ils vivent dans un état d’irritation continuelle, se plaignent sans cesse du "régime" et des "méthodes", et s’adonnent aux petites intrigues. Dans leurs propres milieux, ils exercent d’ordinaire un régime de despotisme. La prostration politique du sectarisme ne fait que compléter, comme son ombre, la prostration de l’opportunisme, sans ouvrir de perspectives révolutionnaires. Dans la politique pratique, les sectaires s’unissent à chaque pas aux opportunistes, surtout aux centristes, pour lutter contre le marxisme. 

La majorité des groupes et cliques sectaires de ce genre, qui se nourrissent de miettes tombées de la table de la IV° Internationale, mènent une existence organisationnelle "indépendante", avec de grandes prétentions, mais sans la moindre chance de succès. Les bolcheviks-léninistes peuvent, sans perdre leur temps, abandonner tranquillement ces groupes à leur propre sort. 

Cependant, des tendances sectaires se rencontrent aussi dans nos propres rangs et exercent une influence funeste sur le travail de certaines sections. C’est une chose qu’il est impossible de supporter un seul jour de plus. Une politique juste sur les syndicats est une condition fondamentale de l’appartenance à la IV° Internationale. Celui qui ne cherche ni ne trouve la voie du mouvement des masses, celui-là n’est pas un combattant, mais un poids mort pour le Parti. Un programme n’est pas créé pour une rédaction, une salle de lecture ou un club de discussion, mais pour l’action révolutionnaire de millions d’hommes. L’épuration des rangs de la IV° Internationale du sectarisme et des sectaires incorrigibles est la plus importante condition des succès révolutionnaires. »

 

Des mouvements comme ceux des Gilets jaunes et du 10 septembre sont le terrain typique où la révolution permanente et un programme de transition sont à mettre à l’épreuve. Ayons en tête les paroles de Trotsky : Celui qui ne cherche ni ne trouve la voie du mouvement des masses, celui-là n’est pas un combattant, mais un poids mort pour le Parti. Un programme n’est pas créé pour une rédaction, une salle de lecture ou un club de discussion, mais pour l’action révolutionnaire de millions d’hommes. 

Cette « permanence » de la révolution ne signifie pas que l’affrontement violent entre les classes doive durer éternellement. Elle signifie que la révolution sociale s’approfondit sans cesse, que c’est un processus qui ne dure pas seulement l’espace du renversement d’un gouvernement, les trois jours (ou les quelques jours) nécessaires pour faire tomber une dictature, retourner ou dissoudre l’armée et les forces de répression. La révolution est un changement brutal mais pas instantané. Et d’abord parce que la classe révolutionnaire n’est pas entièrement prête par avance à réaliser les changements dont elle est capable. La bourgeoisie elle-même n’était pas prédisposée automatiquement à prendre le pouvoir. Au cours des révolutions bourgeoises, comme la révolution bourgeoise de la fin des années 1780 et du début des années 1790, dont l’un des épisodes marquants date de 1789, en France, le cours de celle-ci a eu un caractère permanent. Cela signifie qu’elle n’a pas pu atteindre ses potentialités d’un seul coup, en une seule insurrection, dans un seul pays, par l’action d’une seule classe, en réalisant ses buts en une fois. La classe révolutionnaire, elle-même, n’a pas pu atteindre la conscience de son rôle et de ses capacités du premier coup. La poussée révolutionnaire s’est mesurée à des réactions des anciennes classes dirigeantes qui l’ont amené à s’approfondir, à se radicaliser, à s’appuyer sur des couches plus misérables, plus violentes, capables de l’aider à triompher. Du coup, la révolution sociale n’a pas pu s’en tenir à son programme. Si, au début, elle aurait été prête à des compromis avec les anciennes classes dirigeantes, à renoncer à une partie de ses objectifs, la dureté de la réaction l’a obligée, ou du moins sa fraction la plus révolutionnaire, à pousser au-delà même des objectifs de sa classe.
 

C’est le caractère dynamique de la révolution. Le cours historique n’est pas prédéterminé. Les classes ne savent pas d’avance jusqu’où elles sont capables d’aller, ni même jusqu’où elles auraient voulu aller. Ce sont les événements qui décident du cours de l’histoire. La révolution provient de la nécessité d’une confrontation pour mesurer les rapports de force dans une situation sociale et politique nouvelle. Le combat construit de nouvelles relations et donne un cours à chaque fois différend à la suite de l’Histoire.
 

La notion de révolution permanente combat donc, en premier, l’image figée des révolutions, image anti-marxiste selon laquelle il y aurait seulement deux classes, une révolutionnaire, l’autre réactionnaire, seulement deux programmes : celui de la classe révolutionnaire et celui de la classe dominante. Ce ne sont pas seulement des simplifications outrancières très éloignées du point de vue marxiste. Ce sont également des conceptions qui ne permettent nullement de comprendre une révolution et, du coup, qui opposent diamétralement des phases de la même révolution, phases qui s’opposent dialectiquement, c’est-à-dire en s’imbriquant les unes dans les autres. 

La conception formelle, non-dialectique, de l’histoire oppose diamétralement révolution bourgeoise et révolution prolétarienne, alors que l’histoire combine les deux. Bien sûr, le prolétariat a des objectifs qui sont en contradiction avec les intérêts de la bourgeoisie. Cependant, lorsque la bourgeoisie n’a pas été capable de réaliser ses propres tâches, c’est le prolétariat qui va se charger, en venant au pouvoir, de les réaliser. Pour autant, même si aucune des tâches véritablement socialistes n’est pas encore mure, même si la révolution prolétarienne ne peut, momentanément, réaliser que des tâches bourgeoises ou compatibles avec la bourgeoisie (réforme agraire, démocratie bourgeoise, étatisme, développement national, monopole du commerce extérieur, contrôle sur l’économie privée, etc…), la nature du pouvoir n’est pas bourgeoise mais socialiste. Tant que la société est arriérée, a des survivances féodales, ce serait, selon les thèses « étapistes », encore la bourgeoisie dite démocratique qui serait la dirigeante logique de la lutte. Ils opposent d’un côté la révolution prolétarienne visant à des tâches socialistes et communistes, de l’autre la révolution bourgeoise qui ne peut se poser que des tâches démocratiques bourgeoises : mise en place d’un régime de droit plus ou moins fondé sur une espèce de démocratie, réforme agraire, un certain contrôle économique national se rendant indépendant de la main mise des anciennes classes dirigeantes ou des pays voisins. Il y a une véritable opposition : celle entre les perspectives des deux classes fondamentales : bourgeoisie et prolétariat. Cela ne signifie pas qu’il existe une barrière hermétique entre la révolution prolétarienne et la révolution bourgeoise. La révolution prolétarienne pose souvent d’abord des questions démocratiques, qui traditionnellement étaient attribuées à la révolution bourgeoise, et qu’elle s’avère incapable, ou craintive, de réaliser. Cela ne signifie pas que les tâches bourgeoises aient changé en soi de caractère social. Ce sont les prolétaires qui changent le caractère des tâches qu’ils accomplissent, quand il s’agit des tâches de type bourgeois, du fait de rôle qu’ils ont dans la société et des perspectives que représente leur intervention. 

C’est le programme révolutionnaire qui est le premier impliqué par la question de la révolution permanente. Il s’agit de rendre consciente la liaison entre les revendications démocratiques et la question sociale telle qu’elle est posée par le prolétariat révolutionnaire. Cette liaison doit être mise en évidence par le programme qu’il s’agisse d’un pays impérialiste, d’un pays développé ou d’un pays pauvre ayant des restes féodaux plus ou moins marqués. Dans tous ces cas, le programme prendra un tour différent et cependant il sera indispensable de marquer, dans tous ces cas, le caractère permanent de la révolution. 

Oui, le mouvement des Gilets jaunes du 10 septembre peut être le début d’une révolution sociale s’approfondissant sans cesse et menant à la chute du pouvoir capitaliste car les classes possédantes sont au bord du gouffre, que l’Etat est ruiné, qu’il ne peut plus camoufler la chute inexorable du système, que toutes les couches sociales exploitées et opprimées n’en peuvent plus, que le système politique lui-même est au bout du rouleau

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.