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L’intégrisme est-il un véritable ennemi de l’impérialisme ?

lundi 17 septembre 2007, par Robert Paris

QUAND BEN LADEN ETAIT UN AGENT DES USA EN AFGHANISTAN

Quand Ben Laden, fils de milliardaire, faisait ses études à Oxford et ne pratiquait pas la religion mais plutôt les jeunes filles...


Le radicalisme du courant islamiste dit « radical », qui s’éloigne autant que possible du radicalisme social, trouve sa mesure dans la logorrhée religieuse, la dénonciation de la liberté des mœurs et la violence intégriste contre les femmes. En fait, il y a un lien entre le caractère « moralisateur » de l’islamisme dit radical et son rôle de détournement des mécontentements populaires.

En Algérie, c’est suite à la révolte jeune, ouvrière et populaire d’Octobre 1988 que le chef de l’Etat, Chadli, a légalisé le mouvement islamiste de Abassi Madani et Ali Belhadj qui allait devenir le Front Islamique du Salut et, à la faveur du multipartisme, conquérir l’électorat populaire. Les attaques violentes, de type fasciste, des islamistes contre les femmes (femmes vitriolées par exemple) ou contre les intellectuels démocrates n’ont pas interrompu cette idylle entre les galonnés et les barbus. Le prétexte des attaques contre les femmes a souvent été d’imposer d’arborer le voile islamique aux femmes et aux jeunes filles.

Dans le monde, la principale publicité pour ce courant a été le fait de l’impérialisme américain qui l’a présenté comme son adversaire principal.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné du crédit à l’idée que la domination de l’impérialisme américain était contestée, voire menacée par l’islamisme radical. Malgré la guerre d’Afghanistan, l’organisation internationale de Ben Laden n’a-t-elle pas été capable de mener de nouvelles attaques anti-occidentales au Kenya, en Indonésie, au Yémen ou en Tunisie ? Les groupes armés de Yougoslavie (Bosnie et Kosovo), d’Algérie, d’Afghanistan, d’Indonésie, de Somalie, de Malaisie ou du Pakistan ne se sont-ils pas engagés dans des guerres civiles au nom de l’intégrisme musulman ? Au point de faire un peu oublier l’Amérique latine, la partie chrétienne de l’Afrique ou bouddhiste de l’Asie, et bien d’autres, où la contestation anti-américaine n’a pas adopté le drapeau de l’Islam ?
Il ne faudrait pas non plus oublier que le gouvernement américain a soutenu pendant des décennies des régimes islamistes, de l’Arabie Saoudite au Pakistan, et armé les talibans et Ben Laden contre l’armée russe en Afghanistan. Aujourd’hui, les talibans ont paraît-il été vaincus en Afghanistan mais les seigneurs de guerre qui les remplacent (ou qui ont seulement changé d’étiquette) sont des leaders féodaux islamistes qui maintiennent d’ailleurs dictature, production d’opium et oppression de la femme.
Le terrorisme islamiste n’a pas toujours été la cible du gouvernement américain. Au cours de la guerre civile d’Algérie, les USA soutenaient l’entrée au gouvernement du Front Islamique du Salut à l’époque où la France couvrait le terrorisme d’Etat des généraux algériens sous prétexte d’éradication du terrorisme islamiste. Le FIS avait alors son siège officiel dans la métropole américaine alors que ses dirigeants étaient recherchés pour terrorisme à Paris et Alger. Anouar Haddam, représentant du FIS, faisait tranquillement ses conférences de presse aux USA en pleine guerre civile algérienne.
Mais qu’en est-il du programme et des objectifs des islamistes eux-mêmes ?

4-27-1 Le programme de Ben Laden

« Nous étions partis en Afghanistan pour être des combattants musulmans : les Etats-Unis voulaient simplement se servir de nous contre les Russes. L’encadrement était fourni par les Pakistanais, les armes par les Américains et le financement par les Saoudiens. » déclarait Ben Laden à un journal soudanais cité par « Jeune Afrique » du 1er septembre 1998.
L’objectif de Ben Laden, suite à la guerre du Golfe de 1991, était de contraindre les Etats-Unis à quitter les lieux saints (du pétrole), c’est-à-dire l’Arabie saoudite et les Emirats. La première fatwa de Ben Laden, datée de 1993, affirmait : "Nous ne pouvons laisser l’armée américaine rester dans la région du Golfe et nous prendre notre pétrole, notre argent" (cité par le Nouvel Observateur du 20 décembre 2001). Il ne s’agissait pas de renverser les régimes occidentaux, mais ceux de pays musulmans comme l’Afghanistan ou l’Arabie Saoudite, en affirmant vouloir y appliquer la charia. En Arabie Saoudite, Ben Laden pouvait espérer s’appuyer sur une fraction de la classe dirigeante elle même mécontente de la baisse de ses revenus et de l’occupation militaire américaine. Il pouvait rallier une partie de la jeunesse dorée frustrée de ses aspirations et prête à sacrifier sa vie, en semant la mort. Cela n’en faisait pas un révolutionnaire, ni sur le terrain social ni sur le terrain politique. Il n’a jamais reproché au régime des Saoud de ne pas être démocratique ni d’être au service des milliardaires du pétrole. Ce milliardaire d’origine saoudienne lié à des centaines de banquiers et ayant investi une grande partie de son argent aux USA – contribuant notamment au financement des entreprises de la famille Bush – n’a jamais proféré de fatwa contre le capitalisme, la bourgeoisie, contre l’accumulation de richesses à un pôle et la pauvreté à l’autre.
Ben Laden n’a abandonné son rôle d’agent des Américains en Afghanistan lié aux services secrets saoudiens et pakistanais que pour celui d’agent de l’impérialisme anglais visant, sans succès, à renverser Kaddafi, pour devenir ensuite l’ami du dictateur du Soudan et enfin le protégé et l’inspirateur de la dictature du Mollah Omar et des talibans.

4-27-2 L’idéologie islamiste

Le parti islamiste qui sert de modèle historique aux intégristes radicaux est celui des Frères Musulmans d’Egypte de Hassan al-Banna, lequel atteint son apogée entre 1940 et 1950. C’est la faiblesse du mouvement nationaliste bourgeois en Egypte (le parti bourgeois démocrate, le Wafd, incapable de se débarrasser de la tutelle anglaise et de la royauté corrompue) qui a laissé une place aux radicaux islamistes, les Frères Musulmans. Certains d’entre eux, les Chemises Vertes, ont ouvertement tourné au fascisme.
Les deux courants, comme tous les islamismes radicaux qui allaient les suivre, fondent leur mouvement sur le retour à la pureté originelle de la religion. Les différents mouvements intégristes musulmans cultivent le mythe du retour à la grandeur de l’empire arabe, une manière de compensation imaginaire aux petits bourgeois rêvant de domination et de richesse. Il reste qu’aucun régime islamiste ne cherchera réellement à remettre en cause les frontières nationales imposées par les puissances colonisatrices.
Le radicalisme du courant islamiste, qui s’éloigne autant que possible du radicalisme social, trouve sa mesure dans la logorrhée religieuse, la dénonciation de la liberté des mœurs et la violence intégriste contre les femmes. Aucun internationalisme dans le discours idéologique, sinon le rêve d’un retour à l’époque mythique de la domination de l’empire arabe : " Notre but stratégique ultime est d’instaurer le califat islamique sur la terre", déclarait ainsi Ali Belhadj, dirigeant du FIS algérien, au journal El Watan (27 juillet 1990), en invoquant non le retour à la magnificence passée de l’empire arabe mais à la prétendue pureté religieuse de cette époque... Ce discours intégriste n’est pas le fait d’une force sociale grandissante susceptible de menacer l’ordre mondial mais bien plutôt celui d’une classe sociale économiquement inféodée à la bourgeoisie impérialiste, vivant en période faste de ses retombées financières, mais aux revenus aussi aléatoires que les cours du pétrole, incapable d’offrir des perspectives autres qu’imaginaires !

4-27-3 De la faillite du nationalisme arabe à l’islamisme

Le monde arabe, réapparu après la première guerre mondiale suite au dépeçage de l’empire ottoman, a donné naissance à des Etats et des bourgeoisies exsangues, contraintes de se laisser diriger par leurs chefs militaires ou des clans féodaux. La bourgeoisie arabe, tard venue sur l’arène de la concurrence capitaliste et étroitement dépendante des intérêts impérialistes, a été bien incapable de transformer l’atout du pétrole en un moyen de véritable industrialisation. La rente pétrolière a permis à ses couches les plus privilégiées de s’intégrer à la jet set de la bourgeoisie financière internationale et lui a ménagé ses entrées dans les plus grandes métropoles, mais n’a pas entraîné de véritable développement local, du moins suffisant pour sortir du sous-développement.
Tant que les leaders bourgeois nationalistes du monde arabe, comme du reste du tiers monde, ont pu faire illusion lors des indépendances, ont pu faire croire à leurs peuples qu’ils allaient apporter croissance économique, bien être et liberté, ils ont mis à l’écart les islamistes ou les ont canalisé sans trop de difficulté. Ce fut le cas, par exemple, de Nasser en Egypte, de Soekarno en Indonésie ou de Boumediene en Algérie. Dès que l’impasse du développement national est apparue au grand jour, que la domination impérialiste s’est révélée intacte en même temps que les inégalités sociales criantes se sont accrues, les islamistes sont réapparus en Egypte, aussi bien qu’en Indonésie ou en Algérie.
Les bourgeoisies arabes ont échoué en termes de développement économique dans un monde soumis aux intérêts des métropoles impérialistes occidentales. Du coup, le développement politique et social s’est également révélé une impasse. Cela a déçu les petites bourgeoisies et soulevé le mécontentement des travailleurs, déstabilisant les régimes.
Plusieurs types de réponses avaient été données face au risque de mécontentement populaire. Il y avait celle des républiques dites socialistes, du type Nasser en Egypte, Boumediene en Algérie ou le Baath en Syrie et en Irak, qui dès le départ ont mis en place un parti unique prétendu "socialiste", lié à l’armée et défendu par un régime policier. Il y avait celle des monarchies, ouvertement liées à la bourgeoisie impérialiste comme celle du Shah d’Iran, celle du roi Farouk d’Egypte ou des pétromonarchies du Golfe. Celles-ci ont résisté à la pression sociale en s’appuyant sur des hiérarchies religieuses arriérées comme les wahhabites des Saoud, en misant sur l’alliance du sabre et du goupillon (du « prophète et du pharaon », comme dit Gilles Kepel).
Le régime saoudien, qui tient les « lieux saints de l’Islam », est l’un des plus instables, malgré ses rentrées liées au pétrole. Il a subi la contestation d’islamistes radicaux avant de financer lui-même un important courant islamiste international soutenant différents mouvements intégristes de l’Algérie à l’Afghanistan. Y compris sur le terrain social, le régime n’est pas à l’abri de mouvements sociaux, surtout depuis que ses revenus ont chuté dangereusement lors de la guerre du Golfe et que le chômage est apparu. C’est justement pour empêcher tout risque des déstabilisation sociale ou politique qu’il a embrigadé lui-même sa jeunesse dans des milices islamistes et les a déversées sur l’Afghanistan ou la Bosnie, quitte à les financer massivement. L’anticommunisme est la base de ralliement de ces mouvements. Georges Corm explique dans son ouvrage "l’Europe et l’Orient", qu’en Arabie saoudite, le terme fanatisme est réservé aux mouvements qui nationalisent ou confisquent les biens des bourgeois ! La fin de l’intervention saoudienne en Afghanistan a amené les troupes islamistes organisées par la royauté mais démobilisées, à se retourner contre le régime. D’où la nouvelle guerre de Ben Laden. En réalité, il existe autant d’islamismes que de leaders politiques et de situations sociales et politiques. Les clans dirigeants de pays très arriérés comme l’Afghanistan, par exemple, ne peuvent prétendre former une nation que grâce à l’Islam, seul point commun de ces seigneurs féodaux ne disposant que d’une base régionale, ethnique voire même locale.

Les dirigeants nationalistes bourgeois ont besoin de la béquille islamiste à chaque fois qu’ils sont contestés, particulièrement sur le terrain social. C’est ce que montrent les exemples de l’Iran ou de l’Algérie où le mouvement islamiste a gagné une audience de masse dans les milieux populaires. Dans les deux cas, les islamistes ont commencé par servir la classe dirigeante. Ils lui ont été indispensables dès que la classe ouvrière est apparue comme une menace.

4-27-4 L’Iran

C’est en 1978-79 en Iran, avec la chute du Shah, renversé par un soulèvement populaire, que le courant islamiste est apparu comme une force capable de menacer des régimes bourgeois du tiers monde. Ne s’attaquait-il pas aux USA, le régime du Shah étant un des piliers de l’impérialisme dans la région ? On se souvient surtout de la prise d’otages, en novembre 1979, à l’ambassade de Téhéran organisée par des partisans de Khomeiny et de l’incapacité des USA à faire face à cette situation où ils étaient bravés publiquement. L’épisode a surtout permis à Khomeiny de prendre définitivement la direction du mouvement populaire contre les tendances d’extrême gauche. On pouvait penser à l’époque que le régime religieux iranien risquait de déstabiliser l’ordre régional. Vingt ans plus tard, le bilan est tout autre : le régime islamiste mis en place par Khomeiny est resté seul en son genre et s’est surtout révélé capable de clore rapidement l’épisode révolutionnaire. La dictature policière des milices islamistes, les Pasdaran ou "Gardiens de la Révolution", a sauvé la mise à la bourgeoisie iranienne. L’appareil militaire et policier du Shah n’a pas été mis en cause par Khomeiny, lequel a finalement pactisé avec les dirigeants de l’armée.
Il n’y avait aucune fatalité à ce que les milieux populaires, en particulier les travailleurs, suivent Khomeiny. Les travailleurs et les jeunes révoltés soutenaient bien d’autres organisations que celle de Khomeiny, comme le Toudeh (parti communiste stalinien), les Modjahedines du peuple (islamistes d’extrême gauche) et les Fedayin (maoïstes), sans compter les organisations kurdes. Mais ces organisations se sont alignées au nom de l’unité de la lutte sur Khomeiny jusqu’à sa prise de pouvoir et se sont bien gardées de donner des perspectives au prolétariat autres que le renversement du Shah. Lors du soulèvement qui a contraint l’armée à lâcher le Shah d’Iran, la classe ouvrière a joué un rôle central par la mobilisation des quartiers populaires et par la grève, notamment celle du secteur pétrolier. C’est le risque d’une révolution sociale qui a poussé les militaires à abandonner le régime, et la bourgeoisie à miser sur les islamistes.

4-27-5 L’Algérie

L’islamisme algérien s’est développé au cours des années 1980 pour apparaître au grand jour au lendemain de la révolte populaire d’octobre 1988.
Ce n’est pas le mouvement islamiste qui a déstabilisé le régime algérien. En 1977, de grandes grèves ouvrières avaient sonné la fin de la tranquillité pour la clique militaire qui s’était arrogé le pouvoir au lendemain de l’indépendance. 1986 et 1987 avaient connu des remous sociaux. En octobre 1988, la classe ouvrière entrait en lutte avec à sa tête les travailleurs de la région d’Alger, en particulier ceux de la Métallurgie, dans l’immense complexe de Rouiba, dans la banlieue de la capitale. Les grévistes menaçaient de descendre sur Alger. Momentanément les dirigeants syndicaux de l’UGTA, liée au pouvoir, parvinrent à retarder le mouvement mais cette perspective avait déjà enflammé la jeunesse misérable et sans espoir de travail qui descendit dans la rue et affronta les forces armées. Ce n’est pas au nom d’Allah que ces jeunes manifestaient à Alger mais en criant "Vive Rouiba !" Ils ont ensuite été suivis dans toute l’Algérie par d’autres jeunes révoltés. La grève générale qui s’est poursuivie a été canalisée par l’UGTA et n’est pas descendue dans la rue, évitant au pouvoir la confrontation qu’il redoutait. La répression, féroce et sanguinaire, s’est abattue sur toute la jeunesse algérienne. Loin de jeter de l’huile sur le feu, les islamistes qui n’avaient nullement été à l’initiative des événements, organisèrent alors des manifestations non pour chercher la confrontation, mais pour montrer leur capacité à canaliser les jeunes en appelant au calme.
C’est à ce moment que la classe dirigeante a ressenti le besoin de faire appel aux islamistes. Le chef de l’Etat, Chadli, a légalisé le mouvement islamiste de Abassi Madani et Ali Belhadj qui allait devenir le Front Islamique du Salut et, à la faveur du multipartisme, conquérir l’électorat populaire.
Les attaques violentes, de type fasciste, des islamistes contre les femmes ou contre les intellectuels démocrates n’ont pas interrompu cette idylle entre les galonnés et les barbus. Les attaques contre les grèves ouvrières, comme celle des éboueurs de juin 1990, avaient même enthousiasmé pouvoir et classe dirigeante. Abassi Madani, interviewé par le journal Es-Salam du 21 juin 1990, déclarait : "on dit que nous sommes contre la grève des éboueurs. Dieu soit loué ! Les grèves des syndicats sont les terriers d’action des corrupteurs et des ennemis d’Allah ! " et le FIS organisait des briseurs de grève. Le syndicat islamiste, le SIT déclarait en 1990 : "l’ancien régime a habitué les ouvriers à ne pas travailler" ou encore "la lutte de classe n’existe pas en islam".
Dès lors, la classe dirigeante algérienne joua tous les jeux possibles avec l’intégrisme. Elle l’a aidé, crédité, reconnu, financé, lui a accordé la gestion locale, l’a amené jusque dans l’antichambre du pouvoir. Puis, en se retournant brutalement, elle a choisi la confrontation violente, la politique dite d’éradication, pour recommencer à s’allier avec lui avec Bouteflika. Tout cela sans que la population ne comprenne ce qui motive ces retournements et la violence de la guerre civile. La population a été glacée non seulement par la vague de violence qui s’est abattue sur elle mais aussi parce qu’elle ne reconnaissait pas d’où venaient les coups.
Sous couvert de lutte contre les islamistes, les chefs de l’armée ont mené leur propre guerre de classe aux travailleurs et aux plus pauvres. Ils ont pu ainsi lancer des vagues d’arrestations, torturer, traiter violemment toute la population. Quant à la lutte de maquisards du FIS, elle a très vite été circonscrite même si la guerre civile a continué comme mode de gestion de la société par le pouvoir, pour empêcher grèves et manifestations et faire pression sur toute la population. C’est le peuple algérien qui a été saigné dans cette guerre contre les civils où les bandes armées des deux camps ne cessent d’assassiner des gens désarmés. Et le pouvoir a surfé sur ces massacres pour mener sa politique de licenciements massifs et d’aggravation de la misère.
L’islamisme n’est pas l’expression spontanée de la religiosité des plus démunis. C’est un jeu politique et social d’éléments de la classe dirigeante qui, pour certains, ne sont même pas croyants. Il s’agit de mettre en avant le drapeau de l’islamisme de la même manière que l’on avait mis en avant celui du nationalisme, afin de mettre les plus pauvres à la remorque de la classe dirigeante bourgeoise ou petite bourgeoise. La religion là-dedans occupe la place occupée auparavant par le socialisme pour les nationalistes : c’est juste la complainte. Ce n’est pas dans le texte religieux que les dirigeants politiques en question trouvent leur programme politique et social mais dans les aspirations d’une classe : la bourgeoisie. Les bourgeois petits et moyens d’Algérie qui ne pouvaient accéder à l’argent du gaz et du pétrole accusaient le socialisme, c’est-à-dire les travailleurs, d’en être les responsables. Ce que reflétait exactement le discours du FIS, le Front islamique du salut, dont Abassi Madani était la figure bourgeoise respectable et Ali Belhadj le leader charismatique dont la tâche était de s’adresser aux misérables, aux chômeurs et aux paysans pauvres.
Aucune des organisations qui se réclamaient de la démocratie, de la gauche ou des travailleurs, n’ont armé le peuple algérien face à cette situation. Aucune ne s’est opposée radicalement à la bourgeoisie et au pouvoir. Face au radicalisme religieux, réactionnaire, il n’y a pas eu de radicalisme social, révolutionnaire.
Les partis démocrates bourgeois comme le FFS d’Aït Ahmed ou le parti communiste algérien, le PAGS, ne se sont nullement adressés aux milieux pauvres au moment où les islamistes pénétraient les quartiers populaires et les organisaient. Au moment du discrédit profond du régime après 1988, les partis démocrates ne sont nullement apparus comme un pôle de lutte contre pouvoir. Le PAGS appelait à la "réconciliation entre l’armée et le peuple" et le FFS au "retour de l’armée dans les casernes" alors que les islamistes faisaient semblant d’être du côté des jeunes révoltés qui étaient descendus dans la rue et avaient été torturés et tués. Les « démocrates » ont compté sur l’ouverture politique pour obtenir des places et une participation à la gestion des affaires. Ils sont simplement apparus comme des officines politiciennes destinées à occuper la place de l’ancien parti unique. Sur le terrain social, ils se faisaient les chantres de la bourgeoisie privée et du libéralisme. Les islamistes aussi, mais en revanche ils n’étaient pas gênés de dénoncer le pouvoir y compris en s’adressant aux plus pauvres. Ils dénonçaient la misère, en se gardant de dénoncer les fauteurs de misère. Les islamistes en accusaient le socialisme algérien et même le parti communiste ! Personne n’a offert d’alternative à la démagogie islamiste.

4-27-6 Croisade à la Française

Bush n’est pas le premier à avoir lancé une croisade contre la « menace islamiste ». Les politiciens français ont une longueur d’avance. Le socialiste Mauroy, au début des années 1980, avait prétendu que les grèves dont les participants étaient majoritairement des immigrés, à Chausson, Citroën ou Renault, étaient manipulées par les Ayatollahs. C’est sous la présidence de Mitterrand que l’Etat français, alors gouverné par Chirac, soutint activement la politique de répression violente menée à partir de 1992 par l’Etat algérien contre la population algérienne au nom de « l’éradication du terrorisme islamiste ». La France a fait bien plus que fermer les yeux et couvrir les généraux assassins. Elle a fourni ses experts militaires et son argent comme le raconte notamment François-Xavier Verschave dans "Noir Silence". Toute une campagne a été menée à cette époque, couplée d’une chasse au faciès parmi les immigrés, campagne sécuritaire intitulée Vigipirate. En 1993, Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, affirmait que l’Islam était en train d’envahir la France, de "contester sa civilisation", de pénétrer ses banlieues, de remettre en question ses lois et ses coutumes. Pasqua ne craignait pas d’alimenter une propagande raciste par des termes violents comme "Islam fanatique", "agressif et conquérant" ou "assassin". La gauche s’est elle-même alignée sur ce discours sécuritaire.

Il est certes exact que les islamistes militent dans les banlieues et ont gagné l’oreille de certains milieux qui pratiquent la religion de façon plus ostensible (en faisant en particulier arborer le voile islamique aux femmes et aux jeunes filles). Ils tâchent également de recruter parmi les jeunes. Mais la thèse délibérément affolante de l’implantation d’Al Quaïda ou d’autres islamistes radicaux en France ne semble pas correspondre à la réalité, en tout cas pour le moment. On ne constate ni une affluence de jeunes musulmans dans les mosquées ni un nombre exceptionnel de jeunes de banlieues qui affichent un Islam agressif. Cette image d’une immigration islamiste est plutôt le fait de ceux qui aimeraient bien diffuser le discours classique de l’extrême droite et de la droite sécuritaire selon lequel les jeunes de banlieues, l’Islam et l’immigration sont la source de tous les maux. Les jeunes immigrés de banlieue, qu’ils soient musulmans ou pas, n’ont pas attendu le 11 septembre pour être accusés d’être responsables de la violence.
Ce qui est certain c’est que la jeunesse révoltée des banlieues a besoin de perspectives. Si la société bourgeoise en crise ne lui en offre pas, et en particulier la laisse sans emploi, il sera vital que la classe ouvrière le fasse. Sinon, il pourrait y avoir une partie de la jeunesse qui se tourne vers l’extrême droite et l’autre vers les islamistes. Ce serait catastrophique. On n’en est pas là et tout le travail des révolutionnaires doit être de faire en sorte que les luttes ouvrières prennent de l’ampleur et que les diverses fractions de la classe ouvrière et de sa jeunesse ne soient pas divisées.

4-27-7 Un débat au sein de l’extrême gauche

En 1978-79, la gauche et l’extrême gauche iraniennes se sont politiquement complètement alignées derrière l’islamisme, en particulier vis-à-vis de Khomeiny. Bien des groupes révolutionnaires dans le monde ont prêté un rôle révolutionnaire à Khomeiny et encore plus nombreux sont ceux qui lui ont vu des capacités démocratiques et même anti-impérialistes. Le Secrétariat Unifié de la IVème Internationale titrait alors « La troisième révolution iranienne a commencé » (Intercontinental Press, 7 mai 1979) et affirmait qu’une démocratisation et la mise en place d’un "gouvernement ouvrier et paysan" pouvait découler du nouveau régime.
Depuis la montée de l’islamisme puis du terrorisme en Algérie et l’affaire du voile en France (exclusion de trois élèves voilées à Creil en octobre 1989), un débat a eu lieu dans l’extrême gauche sur l’attitude à avoir vis-à-vis des mouvements islamistes. Certains groupes d’extrême gauche, notamment la LTF (Ligue Trotskyste de France) et le courant Socialisme International (en Angleterre SWP – Socialiste Workers Party – et en France aujourd’hui Socialisme par en bas) ou encore Pouvoir ouvrier ont expliqué que le racisme d’Etat était seul responsable du défi des collégiennes voilées et que l’islamisme pouvait être l’expression de sentiments nationaux ou communautaires des musulmans de France qu’il fallait défendre contre l’Etat et l’Ecole. Comme si les jeunes filles musulmanes auxquelles on prétendait "donner le droit de choisir le foulard" n’allaient pas alors tomber sous les pressions des frères islamistes qui voulaient le leur imposer. Comme s’il ne s’agissait pas d’un combat contre des courants politiques qui gagnent du terrain justement en imposant leurs règles de vie. Et comme si, pour ces jeunes filles, l’ennemi principal était l’école laïque ! En tout cas, on a pu constater qu’en cette période où des militants islamistes ont commencé à mener une politique de recrutement en France, certains groupes d’extrême gauche étaient gênés de les combattre au nom de la solidarité avec les opprimés d’origine musulmane et de l’anti-impérialisme.
En Algérie, le PT (Parti des Travailleurs, groupe trotskyste de Luisa Hanoune proche du PT français) a eu un discours opportuniste vis-à-vis des islamistes (mettant particulièrement en avant la libération des dirigeants du FIS, Madani et Belhadj, ou surtout signant le pacte de Rome avec le FIS, c’est-à-dire la proposition de conciliation avec les islamistes censée arrêter la guerre civile et mettre en place la démocratie). Durant la guerre civile algérienne, certains groupes comme la LIRQI en France ou le POR espagnol proposaient que les révolutionnaires fassent un front avec le FIS au nom de la lutte anti-impérialiste et contre la dictature algérienne. Avec les guerres de Bosnie, du Kosovo et du Golfe, puis le 11 septembre, d’autres débats sont apparus dans les organisations révolutionnaires. Certains courants, notamment les morénistes d’Amérique latine ou dans certains cas le SWP anglais, ont voulu voir dans l’islamisme radical un anti-impérialisme. Ils ont craint, par une démarcation trop grande vis-à-vis des islamistes, d’apparaître soutenir l’impérialisme ou d’apparaître renvoyer dos à dos violence islamiste et violence impérialiste.
L’Internationale Communiste avaient pourtant montré, en ses premières années, que l’on pouvait à la fois combattre radicalement le panislamisme (comme le préconisaient par exemple les résolutions des congrès de l’IC sur la question nationale et coloniale) et prendre la tête des luttes des peuples musulmans sur des bases révolutionnaires. Reconnaître les sentiments anti-impérialistes des masses ne signifie pas vouloir que ces mêmes masses soient mises à la remorque de dirigeants réactionnaires qui, eux, peuvent très bien s’accommoder de l’impérialisme et du capitalisme.
D’autres groupes encore ont carrément considéré que l’on devait faire alliance avec les courants islamistes qui paraissaient s’opposer à l’impérialisme et les aider. Certains groupes morénistes d’Amérique latine (comme le MST ou le PTS) ont proposé, par exemple, d’envoyer des armes aux organisations militaires de Bosnie et du Kosovo et considèrent que les révolutionnaires pourraient faire un accord de lutte avec des groupes comme Al Quaïda ou les talibans.
C’est le courant Socialisme International qui a le plus théorisé que l’islamisme n’était pas seulement réactionnaire et ne devait surtout pas être caractérisé comme fasciste, polémiquant d’ailleurs là dessus avec la IVème Internationale dans Inprecor à l’occasion du rapprochement entre les deux tendances. Dans sa brochure intitulée "Le prophète et le prolétariat", Chris Harman, dirigeant du SWP (Angleterre), affirme développer "une nouvelle politique marxiste" au sujet de l’attitude à adopter vis-à-vis de l’islamisme. On y trouve des affirmations comme celle-ci : « Ceux qui considèrent l’islamisme comme un monolithe entièrement réactionnaire oublient qu’il y eu des conflits entre islamistes sur l’attitude à adopter lorsque l’Arabie saoudite et l’Iran étaient dans deux camps opposés pendant la première guerre du Golfe. Il y a eu des divergences qui ont conduit le FIS à rompre avec ses sponsors saoudiens. » Des divergences d’intérêt certes puisque le FIS a préféré rompre avec ses financiers plutôt qu’avec sa base populaire pro-irakienne, mais pas des divergences qui aurait rapproché l’un de ces islamismes des travailleurs ou des intérêts des peuples. On trouve les mêmes positions dans les écrits de Hassan Berber, dirigeant du groupe français Socialisme (articles "Algérie : à la croisée des chemins" et "Fascisme ou cri populaire" notamment, parus dans la revue Socialisme International). De son côté, Chris Harman déclarait également que c’est une erreur de considérer les islamistes comme fascistes car cela mène nécessairement à s’allier contre eux à l’Etat ou à l’impérialisme. Comme s’il fallait soutenir l’Etat bourgeois allemand en 1932 sous prétexte de lutter contre le fascisme ! Harman affirme que "les mouvements de masse islamistes en Algérie ou en Egypte jouent un rôle différent de celui du fascisme. Ils ne sont pas prioritairement dirigés contre les organisations ouvrières et ne proposent pas leurs services aux fractions dominantes du capital". C’est oublier que le FIS est intervenu contre des grèves comme celle des éboueurs en juin 1990, qu’ils ont contesté le syndicat UGTA en créant le syndicat jaune SIT, syndicat opposé au droit de grève. Les islamistes se sont radicalisés d’abord contre les femmes bien sûr mais les fascistes allemands s’étaient radicalisés d’abord contre les juifs. A chacun sa cible démagogique. C’est oublier que dans un pays comme l’Egypte, si le pouvoir a réprimé durement le mouvement islamiste, il a commencé par s’en servir pour démolir les organisations ouvrières, de gauche et d’extrême gauche.
Dans l’hebdomadaire de la LCR, des débats ont eu lieu sur ces questions, notamment autour de la position minoritaire de Luiza Toscane, auteur de "l’Islam, un autre nationalisme ?" qui affirmait dans Rouge qu’ "il ne faut pas conspuer l’islamisme en vain". Selon elle, l’islamisme "conteste la domination du Nord sur les plans militaire, culturel et idéologique" et pour montrer qu’il ne s’agit plus de l’ancien fondamentalisme réactionnaire fondé sur la paysannerie arriérée, elle expliquait que la base des islamistes est désormais "une jeunesse instruite aspirant à un futur inconnu et en rupture avec toutes les traditions nationales, locales, patriarcales, paysannes et passéistes, qui entend se débarrasser de tous les oripeaux identitaires qui ont été annexés à l’Islam". Comme si le fait que de jeunes citadins cultivés soient une des bases de l’islamisme empêchait ce courant de prendre une orientation réactionnaire et même fasciste. Le fascisme allemand n’avait-il pas eu une base de masse dans les facultés ?
Quand la lutte de classe s’exacerbe, il y a une course de vitesse engagée entre les révolutionnaires et l’extrême droite, dans les pays riches comme dans les pays du tiers monde. Cette extrême-droite peut, dans certains pays, prendre la forme d’organisations islamistes radicales qui sont alors un danger mortel pour les travailleurs et pour les perspectives révolutionnaires. Pour faire face à l’extrême droite, les travailleurs ont besoin de partis révolutionnaires jaloux de leur indépendance politique, qui engagent la lutte contre la bourgeoisie et son Etat, et ne laissent pas les pauvres ou la jeunesse aux mains des démagogues les plus réactionnaires.

4-27-8 Des oppositions conjoncturelles

Qu’ils soient dans l’opposition ou au gouvernement, les islamistes radicaux, ceux d’Al Qaida, du Hamas ou encore les khomeinistes, sont aujourd’hui présentés comme les ennemis jurés des USA et de l’Occident. Mais cela est en bonne partie le choix de l’impérialisme lui-même. Il n’en a pas toujours été ainsi. Cela peut changer à nouveau demain.
Dans L’Islam mondialisé, Olivier Roy cite de multiples exemples passés d’ententes pouvant paraître surprenantes : « En Afghanistan, lors de la campagne de 2001, l’Iran s’est retrouvé dans le même camp que les Russes, les Indiens et les Américains pour soutenir l’Alliance du Nord contre les Talibans. (...) Téhéran a vivement condamné l’attentat du World Trade Center par la voix du Guide lui-même. »
Ben Laden lui-même était directement lié à l’impérialisme US dans les années 1980 quand la guerre d’Afghanistan opposait Russes et Américains, les islamistes étant alors les meilleurs alliés de ces derniers. Avant d’acquérir une célébrité mondiale avec l’attentat du World Trade Center en septembre 2001, ses réseaux ont été fondés sous l’égide des services secrets américains à l’époque où l’islamisme saoudien était utilisé par eux contre l’URSS. Même après la première guerre du Golfe de 1991, après que Ben Laden se fut brouillé avec les États-Unis, des services secrets américains ont, paraît-il, continué à entretenir des rapports avec lui. Ils espéraient continuer à se servir de lui pour menacer le régime saoudien qui montrait des vélléités d’autonomie.

4-27-9 Radicaux parfois, toujours réactionnaires

Si l’impérialisme a pu les utiliser et peut espérer le faire à nouveau à l’avenir, c’est que même les courants les plus radicaux se réclamant de l’islamisme politique ne le sont que par les moyens terroristes violents qu’ils sont prêts à utiliser. Sur le terrain politique et social, ils sont au contraire ultra-conservateurs et réactionnaires, généralement liés aux classes dirigeantes de la région ou à une de leurs fractions.
Du coup, le courant islamiste forme tout un kaléidoscope d’organisations de toutes sortes, extrêmement variées, socialement comme politiquement, et souvent violemment opposées entre elles. Cela va de courants modérés - modérément critiques vis-à-vis des USA ou modérément religieux, ou encore modérément réactionnaires et anti-démocratiques - à des groupes terroristes extrémistes. Il y a loin du groupe de feu Abou Moussa al Zarkaoui, se réclamant d’Al Qaida et s’appuyant sur les seuls sunnites, aux partis fondamentalistes chiites actuellement au gouvernement de l’Irak aux côtés de l’armée d’occupation américaine. Pas grand chose de commun non plus entre les islamistes marocains poseurs de bombe en Espagne et le Parti de la justice et du développement, bourgeois, modéré et légaliste, qui a ses entrées au palais du roi et à Washington, qui a eu des élus aux municipales en 2002, gouverne des villes depuis 2003 et espère gouverner le Maroc tout entier après les élections législatives de 2007. Ils ne se rapprochent que dans leur volonté d’instaurer une dictature religieuse sur la société.
Mais l’enchevêtrement d’intérêts et de visées les plus divers et même opposés permet d’envisager les retournements les plus spectaculaires comme les réconciliations les plus inattendues, pour le plus grand bénéfice de l’impérialisme et de ses manœuvres politiques dans toute cette région du monde.

4-27-10 Quand les États-Unis parlent de démocratie...

Avant 1990, à l’exception d’une brève tentative cuisante pour eux au Liban, les USA préféraient généralement l’emploi de mercenaires, qu’ils trouvaient facilement dans la mêlée des États, régimes, gouvernements et partis qui s’entredéchiraient au Moyen-Orient. Leurs piliers étaient Israël ou la Turquie. Mais ils se sont aussi appuyés sur l’Iran jusqu’à la révolution de 1979, sur l’Égypte (qui reçoit d’eux une aide militaire du tiers de celle que reçoit Israël), sur l’Irak (dans sa guerre contre l’Iran) ou même sur la Syrie (en 1976 au Liban). À l’époque, ces batailles, souvent confuses, se situaient dans le cadre de la guerre froide et de la rivalité avec le camp dit soviétique, ce qui faisait qu’un même pays, et parfois le même dictateur ou le même régime, devenait ou redevenait ami ou ennemi suivant les liens qu’il établissait ou rompait avec l’URSS. Le soutien aux pires tortionnaires faisait alors partie de « la guerre du monde libre contre le communisme ». Aujourd’hui, celle-ci est remplacée par la « guerre contre le terrorisme », voire le « combat pour la civilisation ». La différence c’est que, à l’appui des tortionnaires locaux toujours actifs, les USA ajoutent maintenant l’envoi des leurs propres troupes. Et aussi qu’ils n’affichent plus seulement l’ambition de défendre la démocratie en Occident, mais de l’installer dans le reste du monde.

4-27-11 Le communisme est mort, vive le terrorisme !

Gilles Kepel écrit dans Guerre au cœur de l’Islam : « Il faut resituer les raisons qui ont poussé la superpuissance américaine à s’engager à corps perdu au Moyen-Orient, tandis que l’effacement soviétique la transformait en « hyperpuissance » désormais unique. (...) En 1992, Dick Cheney rédige le document d’orientation qui définit les priorités stratégiques des États-Unis après la guerre froide. Ce texte rendu public par le New York Times grâce à une fuite a été décrit comme un projet visant à assurer la suprématie mondiale des États-Unis après la fin de la guerre froide à travers l’affrontement militaire avec les pôles de puissance régionaux qui contesteraient l’hégémonie absolue américaine. (...) Le Moyen-Orient reste marqué, malgré la disparition de l’Union soviétique, par la permanence de deux paramètres particuliers qui en font une zone spécifique : la surabondance pétrolière et l’existence d’Israël. (...) Le déclencheur de ce processus qui veut inaugurer une véritable révolution dans la politique étrangère américaine - en commençant par le Moyen-Orient - doit être l’élimination du régime de Saddam Hussein en Irak. »
En janvier 2002, George Bush démarre donc ainsi son discours sur l’état de l’Union : « Les États-Unis d’Amérique ne permettront pas aux régimes les plus dangereux de la planète de nous [sic] menacer avec les armes les plus destructives au monde. » Il cite Iran, Irak et Corée du nord. Et il ajoute : « Nous sommes en guerre, notre économie est en récession mais la situation de notre pays n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui. ». Si bonne, après l’effondrement d’Enron, la septième plus grande compagnie américaine et toute une série de faillites retentissantes (Kmart, Global Crossing, Sunbeam, l’ensemble de l’industrie de l’acier) que le président américain se devait de relancer les armements, aider l’industrie pétrolière et, pour solidariser la population avec son gouvernement malgré les sacrifices demandés, placer toute sa politique sous le signe de la lutte anti-terroriste.
Ainsi, le prétexte pour attaquer un pays ne sera plus, comme naguère, qu’il menace de basculer dans le camp communiste, mais ses prétendus liens avec le terrorisme, quitte à inventer ceux-ci comme on l’a fait avec Saddam Hussein. Le dictateur irakien était plutôt l’adversaire d’Al Qaida. Qu’importe ! Bush les faits amis. L’ironie de l’histoire étant qu’en réalité c’est seulement l’occupation américaine qui a ouvert l’Irak aux partisans de Ben Laden.
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4-27-12 Au nom de la liberté

Et, comme il n’est pas séant de dire simplement qu’on porte la guerre en Afghanistan puis en Irak afin de s’assurer le contrôle politique de la région et de ses ressources pétrolières, on a couvert l’intervention d’un idéal plus élevé : faire de tout le Moyen-Orient (voire tout le monde musulman puisque le « Projet pour un grand Moyen-Orient », désignait ainsi une vaste région allant de la Mauritanie jusqu’à l’Afghanistan), une vaste zone de démocratie... et de libre échange (car tout de même la liberté est bien d’abord la liberté du commerce, non !)
En janvier 2003, le président Bush déclarait au Congrès américain : « Tant que le Moyen-Orient demeurera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menaceront la sécurité des États-Unis et de leurs amis. Aussi l’Amérique poursuit-elle une stratégie active pour la liberté au Moyen-Orient (...) pour des élections libres, le libre-échange, la liberté de la presse et la liberté syndicale... » Le 26 février 2003, devant l’American enterprise institute, il réitérait : « Un Irak libéré pourra montrer comment la liberté peut transformer cette région, qui revêt une importance extrême. (...) Il existe des signes encourageants d’un désir de liberté au Proche-Orient. Des chefs de file de la région parlent d’une nouvelle charte arabe, qui prônerait la réforme intérieure, une plus grande participation politique, l’ouverture économique et le libre échange. »

4-27-13 Pression sur les États, clin d’œil aux islamistes

Ce discours n’était pas que la couverture idéologique des guerres en cours. Il s’agissait aussi de faire pression sur les régimes de la région, y compris les alliés, comme l’Arabie saoudite, qui manifestaient quelques velléités de prendre leurs distances avec les USA. En effet, hostiles ou amis, parti unique, monarchie ou dictatures militaires, tous ces régimes pèsent sur les masses populaires de leur pays. En les menaçant de favoriser des élections libres, c’est de favoriser leurs opposants que Bush les menaçait (même si, évidemment, ils pouvaient douter que les USA eurent vraiment l’intention de passer à exécution).
La manœuvre était paradoxale puisque l’opposition la plus sérieuse, donc la plus susceptible de profiter d’élections libres, est partout celle des islamistes, radicaux ou modérés, donc d’ennemis apparents des États-Unis. Ceux-ci se tiraient-ils une nouvelle fois une balle dans le pied ? Ou plutôt n’était-ce une prise de risques calculée sur la véritable nature politique de ces islamistes et l’hypothèse que, si les États-Unis les favorisaient, ils sauraient renvoyer l’ascenseur et offrir de conclure un compromis ?
C’est ce qui explique sans doute les surprenantes remontrances de Condoleeza Rice à l’Égypte et à l’Arabie saoudite, pour usage de méthodes non démocratiques pour empêcher les islamistes de se présenter aux élections. Ou les critiques publiques des conseillers néo-conservateurs de Bush contre le manque de démocratie du régime Moubarak, préconisant même de laisser les Frères musulmans arriver au gouvernement si tel est le vœu des électeurs.
Certes il s’agit d’une partie de poker menteur. Aucune des parties, États-Unis, régimes en place, islamistes, ne sait jusqu’où l’autre est prête à aller exactement. Quitte à tenter des coups de bluff. Ainsi Moubarak « démocratisant », au tiers seulement, les élections législatives : histoire de montrer aux USA qu’ils risqueraient vraiment, en persistant à le déstabiliser pour imposer plus de démocratie en Égypte, de se retrouver... avec les Frères musulmans au pouvoir.
Cette politique un peu compliquée et retorse n’a certes pas encore démontré son efficacité. Mais elle montre au moins une chose, c’est que l’impérialisme n’a pas perdu tout espoir de voir les courants islamistes, même radicaux, accepter des compromis, pour peu qu’il accepte lui qu’ils prennent ou partagent le pouvoir. C’est la politique qu’il tente en ce moment même en Irak avec les partis chiites.
Un pari risqué ? En tout cas garanti contre le risque de voir arriver un régime qui défendrait les intérêts des couches populaires. De l’Afghanistan au Soudan, quelle que soit la façon dont ils se sont emparés du pouvoir, avec la bénédiction ou l’hostilité de l’impérialisme, les islamistes ne l’ont nulle part exercé en faveur de la population.

Messages

  • Je viens de lire l’article consacré à "L’intégrisme est-il un véritable ennemi de l’impérialisme ?" et je pense que le conflit qui oppose Ben-Laden aux Américains est loin d’être une guerre religieuse ou d’autre nature quelconque. Quand on regarde le parcours de Ben Laden, on peut dre que Ben Laden est une machine façonnée par les Américains et qui s’est retournée contre eux-mêmes.Et je pense Ben-laden et les Américains sont tous des capitalistes qui se battent pour l’interêt des ressources plus precisément le pétrole.............

    • Tu as raison. Ce qui est certain, c’est que Ben Laden, et une certaine forme de l’intégrisme dit islamique, a été produit par les USA eux-mêmes. Ce n’est pas nouveau. Les USA avaient en partie façonné le stalinisme tout en le présentant comme leur pire adversaire.

      L’important, c’est de comprendre le but de telles opérations : effacer la vraie lutte qui oppose oppresseurs et opprimés, et aussi la classe ouvrière et les prolétaires du monde à la classe capitaliste et à l’impérialisme.

      En se disant en guerre contre le terrorisme et contre les musulmans radicaux, l’impérialisme américain les a crédités auprès des masses pauvres. Et ce n’était pas son seul objectif. il a aussi contraint la popualtion américaine à se solidariser avec lui en affirmant au peuple américain que sa vie était menacée.

      Ce genre de méthodes existent dans tous les pays. Et on doit combattre les idéologies qui nous présentent de faux adversaires et de faux amis, ainsi que de fausses luttes.

  • bonsoir
    c’est toujours S de Bamako je suis de tout cœur avec le peuple Afgan dans sa lutte.je sais que vous êtes victimes de la force impériale du monde entier.je suis avec vous,vous qui êtes mort suite à des bombardement américains sur votre propre territoire.vous qui vivez avec la peur et le d espoir dans votre pays à cause de la présence des criminels de l’organisation des nations-unies.vous qui mourrez sous les balles de l’armée française et britannique sans aucun compte-rendu.je pense aussi que nous devons rester solidaire entre prolo et chômeurs en un mot nous qui sommes les personnes de la classe dominée pour renverser les injustices du monde des impéralistes et instaurer notre monde.
    à bas la présence de l’armée impéralistes en Afghanistan y compris l’armée française, américaine,britannique etc

  • Malgré l’urgence, malgré l’ampleur du désastre,les État qui protège les peuples du monde ne se prescrite au secoue des sinistre mes quant ils agis de donner des sentine de milliard pour sauvées les riches et leur amis les banquier sa ils le font vites

  • Une photo à voir sur un site : Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de la Sécurité nationale sous l’administration Carter, auteur "du Grand Échiquier" et à présent ’conseiller’ d’Obama ? aux côtés de l’agent de la CIA, Tim Osman alias Osama Bin Laden ?

  • Laurent Delahousse propose, ce dimanche sur France 2 mais cette histoire officielle est tronquée : on y oublie les détails des études du jeune Ben Laden, notamment ses études à Oxford, on y oublie qu’il n’était nullement religieux musulman mais plutôt dépravé et agité comme un jeune libertin. On oublie ensuite ses relations avec les services secrets des USA, d’Arabie saoudite et du Pakistan. On efface tout pour ne surtout rien comprendre… Le reportage affirme : « Contrairement à ses nombreux frères et soeurs partis étudier en Occident, il est resté au pays et a reçu une éducation religieuse stricte. »

    Le reportage dit que « en 1980 il accepte l’offre des services secrets saoudiens d’aller rejoindre l’Afghanistan pour combattre l’Union soviétique ».

    On croirait presque que les USA étaient neutres dans cette lutte contre l’URSS !!!!

    Vérité officielle = de plus en plus mensonge !!!

    L’article du Figaro le 31 octobre 2001 :

    Dubaï, l’un des sept émirats de la fédération des Emirats arabes unis, au nord-est d’Abu Dhabi. Cette ville de 350 000 habitants a été le théâtre discret d’une rencontre secrète entre Oussama ben Laden et le représentant de la CIA sur place, en juillet. Un homme, partenaire professionnel de la direction administrative de l’hôpital américain de Dubaï, affirme que l’ennemi public numéro un a séjourné dans cet établissement hospitalier du 4 au 14 juillet.

    En provenance de l’aéroport de Quetta au Pakistan, Oussama ben Laden a été transféré dès son arrivée à Dubaï Airport. Accompagné de son médecin personnel et fidèle lieutenant, qui pourrait être l’Égyptien Ayman al-Zawahari – sur ce point les témoignages ne sont pas formels -, de quatre gardes du corps, ainsi que d’un infirmier algérien, Ben Laden a été admis à l’hôpital américain, un bâtiment de verre et de marbre situé entre Al-Garhoud Bridge et Al-Maktoum Bridge.

    Chaque étage comporte deux suites « VIP » et une quinzaine de chambres. Le milliardaire saoudien a été admis dans le très réputé département d’urologie du docteur Terry Callaway, spécialiste des calculs rénaux et de l’infertilité masculine. Joint par téléphone à de multiples reprises, le docteur Callaway n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    En mars 2000 déjà, l’hebdomadaire Asia Week publié à Hongkong s’inquiétait de la santé de Ben Laden, faisant état d’un grave problème physique précisant que ses jours étaient en danger à cause d’une « infection rénale qui se propage au foie et nécessite des soins spécialisés ». Selon des sources autorisées, Ben Laden se serait fait livrer dans son repaire afghan de Kandahar l’ensemble d’un matériel mobile de dialyse au cours du premier semestre 2000. Selon nos sources, le « déplacement pour raison de santé de Ben Laden » n’est pas le premier. Entre 1996 et 1998, Oussama ben Laden s’est rendu plusieurs fois à Dubaï pour ses affaires.

    Le 27 septembre, quinze jours après les attentats du World Trade Center, sur demande américaine, la Banque centrale des Emirats arabes unis a annoncé avoir ordonné le gel des comptes et des investissements de 26 personnes ou organisations soupçonnées d’entretenir des contacts avec l’organisation de Ben Laden, notamment auprès de la Dubaï Islamic Bank.

    « Les rapports entre l’Emirat et l’Arabie Saoudite ont toujours été très étroits, expliquent nos sources, les princes des familles régnantes qui avaient reconnu le régime des talibans se rendaient souvent en Afghanistan. Un des princes d’une famille régnante participait régulièrement à des chasses sur les terres de Ben Laden qu’il connaissait et fréquentait depuis de nombreuses années. » Une liaison aérienne entre Dubaï et Quetta est d’ailleurs quotidiennement assurée par les compagnies Pakistan Airlines et Emirates. Quant aux avions privés émiratis ou saoudiens, ils desservent fréquemment Quetta où ils ne sont la plupart du temps ni enregistré ni consigné dans les registres de l’aéroport.

    Durant son hospitalisation, Oussama ben Laden a reçu la visite de plusieurs membres de sa famille, de personnalités saoudiennes et émiraties. Au cours de ce même séjour, le représentant local de la CIA, que beaucoup de gens connaissent à Dubaï, a été vu empruntant l’ascenseur principal de l’hôpital pour se rendre dans la chambre d’Oussama ben Laden.

    Quelques jours plus tard, l’homme de la CIA se vante devant quelques amis d’avoir rendu visite au milliardaire saoudien. De sources autorisées, l’agent de la CIA a été rappelé par sa centrale le 15 juillet, au lendemain du départ de Ben Laden pour Quetta.

    A la fin juillet, les douaniers émiratis arrêtent à l’aéroport de Dubaï un activiste islamiste franco-algérien, Djamel Beghal. Début août, les autorités françaises et américaines sont alertées. Interrogé par les autorités locales à Abu Dhabi, Beghal raconte qu’il a été convoqué en Afghanistan fin 2000 par Abou Zoubeida – un responsable militaire de l’organisation de Ben Laden, Al Quaida. La mission de Beghal : faire sauter l’ambassade des Etats-Unis, avenue Gabriel, près de la place de la Concorde, à son retour en France.

    Selon différentes sources diplomatiques arabes et les services de renseignements français eux-mêmes, des informations très précises ont été communiquées à la CIA concernant des attaques terroristes visant les intérêts américains dans le monde, y compris sur le territoire de l’Union. Un rapport de la DST daté du 7 septembre rassemble la totalité de ces données, précisant que l’ordre d’agir devait venir d’Afghanistan.

    En août, à l’ambassade des Etats-Unis à Paris, une réunion d’urgence est convoquée avec la DGSE et les plus hauts responsables des services américains. Extrêmement inquiets, ces derniers présentent à leurs homologues français des demandes de renseignements très précises concernant des activistes algériens, sans toutefois s’expliquer sur le sens général de leur démarche. A la question « que craignez-vous dans les jours qui viennent ? », les Américains opposent un mutisme difficilement compréhensible.

    Les contacts entre la CIA et Ben Laden remontent à 1979 lorsque, représentant de la société familiale à Istanbul, il commença à enrôler des volontaires du monde arabo-musulman pour la résistance afghane contre l’Armée rouge. Enquêtant sur les attentats d’août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dares-Salaam (Tanzanie), les enquêteurs du FBI ont découvert que les traces laissées par les charges proviennent d’un explosif militaire de l’armée américaine et que cet explosif a été livré trois ans auparavant à des Afghans arabes, les fameuses brigades internationales de volontaires, engagés au côté d’Oussama ben Laden durant la guerre d’Afghanistan contre l’armée soviétique.

    Poursuivant ses investigations, le FBI découvre des « montages » que la CIA avait développés avec ses « amis islamistes » depuis des années. La rencontre de Dubaï ne serait donc que la suite logique d’une « certaine politique américaine ».

  • Les États-Unis auraient pu tuer ou capturer Oussama ben Laden en décembre 2001 à Tora Bora dans l’est de l’Afghanistan, mais l’administration Bush a choisi de ne pas pousser plus loin et permis sa fuite au Pakistan, selon un rapport d’une commission du Sénat américain.

    Le rapport, intitulé « Tora Bora revisité : comment nous avons manqué Ben Laden et ce que cela change aujourd’hui », a été rédigé par les membres démocrates de la commission des Affaires étrangères sous la houlette de son président, John Kerry, ancien candidat démocrate à la présidence en 2004.

    Le document, visible sur le site Internet de la commission et qui doit être officiellement rendu public aujourd’hui, affirme que le commandement américain, appliquant la stratégie du secrétaire à la Défense de l’époque Donald Rumsfeld, a refusé de donner les moyens aux troupes pour finaliser la capture du chef d’al-Qaïda, alors terré dans les grottes de Tora Bora.

    « Notre échec à conclure l’affaire représente une occasion perdue pour toujours qui a altéré le cours du conflit en Afghanistan et le terrorisme international, laissant le peuple américain plus vulnérable au terrorisme », dit le document.

    La publication de ce texte de 50 pages intervient alors que le président américain, Barack Obama, annoncera demain sa décision sur l’envoi de renforts en Afghanistan.

    « On aurait pu en finir là »

    Selon le rapport, trois mois après les attentats du 11 septembre 2001, moins de 100 commandos américains étaient sur le terrain alors que du renfort était demandé pour traquer le chef d’al-Qaïda.

    Le rapport cite des témoignages de responsables militaires sur le terrain selon lesquels des demandes pour obtenir des unités de seulement un millier de marines, pour bloquer une vallée vers le Pakistan ou pour visiter des grottes bombardées, étaient parfois refusées.

    M. Rumsfeld disait alors craindre un sentiment anti-américain si les États-Unis frappaient trop fort et optait plutôt pour une stratégie dite « d’empreinte légère » basée sur des bombardements aériens et la coopération, plus ou moins fidèle selon le rapport, de milices afghanes.

    « Nous avons besoin de soldats américains sur le terrain ! », réclamait pourtant Gary Bernsten, un responsable de la CIA en Afghanistan cité dans le document. « On aurait pu en finir là », assure-t-il après coup dans le rapport.

    Le document explique qu’en décembre 2001, l’étau se resserre sur Ben Laden. La CIA sait qu’il était à portée de main dans les montagnes de Tora Bora, accompagné probablement d’un millier d’hommes.

    Une attaque aérienne exceptionnelle est lancée, avec largage d’une bombe de 7 tonnes jamais utilisée depuis la guerre du Vietnam par un cargo C-130 baptisé « coupeur de pâquerettes », et semble se révéler efficace.

    Des messages radios interceptés attestent que les grottes « sont bouillantes », enfumées et que Ben Laden se dit prêt à mourir.

    Mais cette offensive n’est pas suivie massivement et le chef d’al-Qaïda parvient finalement à gagner la frontière du Pakistan quelques jours plus tard.

    Huit ans plus tard, « al-Qaïda s’est reconstitué et Ben Laden a survécu pour inspirer une nouvelle génération d’extrêmistes capables de frapper à partir de nombreux endroits », conclut John Kerry, citant les attentats de Londres en 2005.

    Les États-Unis ont 68 000 soldats déployés en Afghanistan. Le conflit, d’un coût de 243 milliards de dollars pour les États-Unis jusqu’ici, a fait 950 morts chez les soldats américains, 600 chez les soldats alliés.

  • « Du fanatisme à la barbarie, il n’y a qu’un pas. »

    Denis Diderot

  • Mais il n’y a pas que du fanatisme, il y a une volonté des classes dirigeantes...

    Comme il l’avait laissé présager, Barack Obama vient d’opposer son veto à une loi qui aurait permis aux familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 de réclamer des compensations à l’Arabie saoudite, dont 19 des responsables de l’attaque étaient ressortissants.

  • Le 11 septembre 2001, Ben Laden, déjà mortellement malade, se faisait soigner pour une dialyse rénale dans un hôpital militaire de l’armée pakistanaise, escorté par des membres de la filiale locale de la CIA, après avoir séjourné à l’hôpital américain de Dubaï au mois de juillet précédent où il avait reçu la visite des agents de la CIA, toujours elle !

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