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Trotsky, « Paris et Zimmerwald »

mercredi 26 août 2020

Trotsky, « Paris et Zimmerwald » (1929)

Extraits du chapitre XIX de son autobiographie, « Ma vie » (écrite et publiée en 1929)

« Le 19 novembre 1914, je franchissais la frontière française, en qualité de correspondant de guerre de la Kievskaïa Mysl. J’avais accepté l’invite de ce journal d’autant plus volontiers que cette mission me donnait la possibilité de voir de plus près la guerre.

[...] Au moment où les Allemands s’approchaient de Paris que désertaient les bourgeois, deux émigrés russes créèrent là de toutes pièces, un petit journal quotidien, rédigé dans leur langue. Cet organe avait pour objet d’expliquer aux Russes perdus dans Paris le sens des événements et de ne pas laisser s’éteindre l’esprit de solidarité internationale. Au moment de lancer le premier numéro, la « caisse » des éditeurs contenait tout juste trente francs. Pas un homme de « bon sens » n’aurait pu croire qu’on parviendrait à publier un quotidien avec ce capital social. Et, en effet, au moins une fois par semaine, le journal, bien que ses rédacteurs et collaborateurs travaillassent gratuitement, passait par une crise à laquelle, semblait-il, on ne trouverait pas d’issue. On en trouvait une cependant. Dévoués à leur journal, les typos enduraient famine ; les rédacteurs couraient la ville à la recherche de quelques dizaines de francs, - et le numéro suivant sortait à son heure. C’est ainsi que, sous les coups du déficit et de la censure, disparaissant parfois et reparaissant aussitôt sous un nouveau nom, le journal vécut deux ans et demi, c’est-à-dire jusqu’à la révolution de Février 1917.

[...] Aussitôt arrivé à Paris, je me mis à collaborer avec zèle à Naché Slovo qui s’appelait encore Goloss. Ce quotidien fut pour moi un très important instrument d’orientation au cours des événements.

[...] Jaurès n’était plus. Je visitai le restaurant du « Croissant » où il avait été assassiné. J’aurais voulu retrouver ses traces. Au point de vue politique j’étais éloigné de lui, mais il était impossible de ne pas éprouver l’attraction exercée par cette puissante figure. Le monde spirituel de Jaurès, qui se composait de traditions nationales, d’une métaphysique des principes moraux, d’amour pour les misérables et d’imagination poétique, avait des traits tout aussi nettement aristocratiques que de son aspect moral Bebel apparaissait simplement plébéien. Tous deux, cependant, dépassaient de toute la tête ceux qui ont recueilli leur succession.

J’ai entendu Jaurès dans des meetings à Paris, dans des congrès internationaux, dans des commissions [1]. Et chaque fois, ce fut comme si je l’entendais pour la première fois. Il n’accumulait pas les routines ; pour le fond, il ne se répétait jamais ; toujours il faisait une nouvelle découverte de lui-même, toujours il mobilisait à nouveau les sources cachées de son inspiration. Doué d’une vigueur imposante, d’une force élémentaire comme celle d’une cascade, il avait aussi une grande douceur qui brillait sur son visage comme le reflet d’une haute culture. Il précipitait des rochers, grondait tel un tonnerre, ébranlait les fondations, mais jamais il ne s’assourdissait lui-même, il se tenait toujours sur ses gardes, il avait l’oreille assez fine, pour saisir la moindre interpellation, pour y répliquer, pour parer aux objections, parfois en termes impitoyables, balayant les résistances comme un ouragan, mais aussi sachant parler avec générosité et douceur, comme un éducateur, comme un frère aîné.

Jaurès et Bebel ont été les antipodes et, en même temps, les sommets de la IIe Internationale. Ils furent profondément nationaux : Jaurès avec son ardente rhétorique latine, Bebel avec sa sécheresse de protestant. Je les ai aimés tous deux, mais différemment. Bebel épuisa ses forces physiques. Jaurès tomba en pleine floraison. Mais tous deux ont disparu en temps opportun. Leur fin marque la limite à laquelle s’est achevée la mission historique, progressiste, de la IIe Internationale. Le parti socialiste français était dans un état de complète démoralisation. La place de Jaurès ne pouvait être occupée par personne. Vaillant [2], ancien « antimilitariste », sortait chaque jour des articles imprégnés du plus violent chauvinisme.

[...] Jules Guesde, leader de l’aile marxiste, qui s’était dépensé jusqu’au bout dans une longue lutte épuisante contre les fétiches de la démocratie, ne se trouva capable que d’abandonner son autorité morale, jusque-là jamais entachée, devant « l’autel » de la défense nationale. Ce fut un mélange de tout.

[...] Avec grand effort, Renaudel [3] tâchait, par le geste et les roulements de sa voix, d’imiter le leader assassiné. Longuet se traînait à sa suite, mais non sans quelque gêne qu’il tâchait de faire passer pour de l’esprit de gauche. Par toute sa conduite, il rappelait que Marx n’a pas à répondre pour ses petits-fils. Le syndicalisme officiel, représenté par Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T., perdit ses couleurs en vingt-quatre heures. Il avait rejeté « l’étatisme » en temps de paix ; il se mît à genoux devant l’Etat en temps de guerre.

Le bouffon révolutionnaire Hervé [4], qui, la veille encore, était antimilitariste, retourna sa veste, et, en qualité d’extrême chauvin, resta ce qu’il avait toujours été : un bouffon content de lui-même. Comme pour railler plus brillamment les idées qu’il avait défendues naguère, son journal continuait à s’appeler : La Guerre sociale.
Le tout, pris ensemble, avait l’air d’une mascarade de deuil, d’un carnaval de la mort. Il était impossible de ne pas se dire : non, vraiment, nous sommes plus sérieusement bâtis, nous n’avons pas été surpris par les événements, nous en avions prévu quelque chose, nous prévoyons d’autres choses maintenant et nous sommes prêts à bien des rencontres.

[...] Bientôt après mon arrivée à Paris, Martov et moi allâmes à la recherche de Monatte, un des rédacteurs de la Vie ouvrière, organe syndicaliste.

Ancien instituteur, puis correcteur d’imprimerie, le type même de l’ouvrier parisien par son aspect, homme de grande intelligence et de caractère, Monatte ne dévia pas une minute dans le sens d’une acceptation résignée du militarisme et de l’État bourgeois. Mais où chercher une issue ? A cet égard, nous n’étions pas d’accord. Monatte « niait » l’État et la lutte politique. L’État, passant outre à cette négation, força Monatte à revêtir le pantalon rouge quand il se fut prononcé ouvertement contre le chauvinisme syndical.

Par l’intermédiaire de Monatte, je me liai étroitement avec le journaliste Rosmer qui appartenait aussi à l’école anarcho-syndicaliste, mais qui, au fond, comme l’ont prouvé les événements, était déjà beaucoup plus proche du marxisme que les guesdistes. C’est depuis lors que je suis attaché à Rosmer, dans un sentiment d’amitié intime qui a duré à travers les épreuves de la guerre, de la révolution, du pouvoir soviétique et de la défaite de l’opposition ...

Dans le même milieu, je fis connaissance avec plusieurs autres militants du mouvement ouvrier français dont je ne savais rien auparavant : le secrétaire de la Fédération des métaux, Merrheim, homme circonspect, réservé, insinuant, qui devait finir si tristement sous tous les rapports ; le journaliste Guilbeaux [5] qui fut dans la suite, condamné, par contumace, à mort pour une prétendue « trahison » ; le « papa » Bourderon [6], secrétaire de la fédération du Tonneau ; l’instituteur Loriot, qui cherchait une issue dans la voie du socialisme révolutionnaire, - et bien d’autres.

Nous nous rencontrions une fois par semaine, quai Jemmapes ; parfois, nous nous retrouvions plus nombreux à la Grange-aux-Belles, échangeant entre nous des secrets de coulisses sur la guerre et les travaux de la diplomatie, critiquant le socialisme officiel, cherchant à déceler les symptômes d’un réveil socialiste, persuadant les hésitants, préparant l’avenir.

Le 4 août 1915, j’écrivais dans Naché Slovo :

« Malgré tout, nous arrivons à cet anniversaire sanglant sans la moindre défaillance morale, sans aucun scepticisme politique. Internationalistes révolutionnaires, nous nous sommes maintenus, dans la plus grande des catastrophes mondiales, sur nos positions d’analyse, de critique et de clairvoyance. Nous avons refusé de prendre les lunettes « nationales » que distribuaient les divers grands états-majors, non seulement à bas prix, mais avec des primes. Nous avons continué à voir les choses comme elles sont, à les nommer par leurs noms et à prévoir la suite logique de leur mouvement. »

Au printemps de 1915 arriva à Paris le député italien Morgari [7], secrétaire de la fraction socialiste du parlement de Rome, naïf éclectique, dont le dessein était d’amener les socialistes français et anglais à une conférence internationale. A la terrasse d’un café des grands boulevards, nous eûmes, avec Morgari, une conférence de plusieurs députés socialistes, lesquels, pour des raisons peu claires, se croyaient des hommes de « gauche ». Tant que l’entretien se limita à des palabres pacifistes et à la répétition de lieux communs sur la nécessité de rétablir les relations internationales, cela marcha assez bien. Mais lorsque Morgari, d’un ton tragique de conspirateur, parla de la nécessité de se procurer de faux passeports pour passer en Suisse (de toute évidence, il était séduit par le côté « carbonariste » de l’affaire) messieurs les députés firent longue mine, et l’un d’eux - je ne sais plus lequel - se hâta d’appeler le garçon et de régler toutes les consommations. Le fantôme de Molière apparut sur cette terrasse ; peut-être aussi celui de Rabelais. L’affaire en resta là. Rentrant chez nous, Martov et moi, nous en rîmes beaucoup, amusés et fâchés en même temps.

Monatte et Rosmer, déjà mobilisés, ne pouvaient venir avec nous. Je partis pour la conférence avec Merrheim et Bourderon, pacifistes très modérés. Nul de nous n’eut besoin de faux passeport, car le gouvernement, ne s’étant pas encore déshabitué des procédés d’avant-guerre, nous avait délivré des papiers en bonne et due forme.

L’organisation même de la conférence fut à la charge de Grimm, leader socialiste de Berne, qui s’efforça alors de s’élever au-dessus du niveau bourgeois de son parti, au-dessus de son propre niveau. Il prépara pour les réunions un local à dix kilomètres de Berne, dans le petit village de Zimmerwald, qui domine de haut la ville. Les délégués prirent place, en se serrant, dans quatre voitures, et gagnèrent la montagne. Les passants considéraient avec curiosité ce convoi extraordinaire. Les délégués eux-mêmes plaisantaient, disant qu’un demi-siècle après la fondation de la première Internationale, il était possible de transporter tous les internationalistes dans quatre voitures. Mais il n’y avait aucun scepticisme dans ce badinage. Le fil de l’histoire casse souvent. Il faut faire un nouveau noeud. C’est ce que nous allions faire à Zimmerwald.

Les journées de la conférence (du 5 au 8 septembre 1915) furent orageuses. L’aile révolutionnaire, à la tête de laquelle se trouvait Lénine, et le groupe pacifiste auquel appartenait la majorité des délégués réussirent difficilement à s’entendre sur un manifeste commun dont j’élaborai le projet. Le manifeste ne disait pas tout ce qu’il aurait fallu dire, loin de là. Mais il marquait tout de même un grand pas en avant. Lénine, s’était tenu à l’extrême flanc gauche. Sur un bon nombre de questions, il se trouva tout seul dans cette gauche à laquelle je n’appartenais pas formellement, bien que je fusse proche d’elle sur toutes les questions essentielles. C’est à Zimmerwald que Lénine tendit fortement le ressort. pour une future action internationale. Dans ce petit village de la montagne suisse, il posa les premières pierres de l’Internationale révolutionnaire.

Les délégués français signalèrent dans leur rapport l’importance qu’avait pour eux l’existence de Naché Slovo, qui établissait un lien d’opinion avec le mouvement internationaliste des autres pays. Rakovsky fit remarquer que Naché Slovo avait joué un rôle important dans l’élaboration de l’attitude internationaliste des partis social-démocrates balkaniques. Le parti italien connaissait aussi Naché Slovo d’après les nombreuses traductions qu’avait faites Balabanova.

[...] Liebknecht ne vint pas à Zimmerwald : il était déjà prisonnier sous l’uniforme des Hohenzollern, en attendant de devenir un simple détenu. Mais il envoya à la conférence une lettre qui marquait énergiquement son passage de la ligne pacifiste à la ligne révolutionnaire. Son nom fut prononcé plus d’une fois à Zimmerwald ; c’était déjà un nom générique dans la lutte qui déchirait le socialisme mondial.

Il fut rigoureusement interdit aux membres de la conférence d’envoyer des communiqués, de crainte que des informations données prématurément à la presse ne créassent des difficultés aux délégués quand ils auraient à repasser les frontières.

[...] La conférence de Zimmerwald donna une forte impulsion au mouvement qui se développait contre la guerre en différents pays. En Allemagne, les spartakistes étendirent plus largement leur action. En France se constitua un comité pour la reprise des relations internationales. La partie ouvrière de la colonie russe, à Paris, se resserra autour de Naché Slovo, le soutenant de toute sa vigueur, à travers les difficultés financières et bien d’autres embarras. Martov qui, dans la première période, avait été un collaborateur zélé, quitta le journal. Les dissentiments d’importance secondaire qui me séparaient encore de Lénine à Zimmerwald allaient s’effacer en quelques mois.

Cependant, des nuées s’assemblaient sur nos têtes, qui s’épaissirent de plus en plus dans le cours de 1916. Sous forme de "communiqués", La Liberté publiait des notes non signées où nous étions accusés de germanophilie. De plus en plus fréquemment, nous recevions des lettres de menaces anonymes. Accusations et menaces provenaient sans aucun doute de l’ambassade de Russie. De louches figures rôdaient constamment autour de notre imprimerie. Hervé pointait sur nous son doigt de policier. Le professeur Durkheim, président de la commission gouvernementale de l’émigration russe, faisait savoir que, dans les hautes sphères, il était question d’interdire Naché Slovo et d’expulser son rédacteur en chef. Pourtant, l’affaire traîna. Il était difficile de nous prendre en faute, car je ne commettais pas d’infractions aux lois ni même aux mesures illégales de la censure. Il fallait bien trouver un prétexte d’apparence convenable. En fin de compte, on réussit à en trouver, ou plutôt à en créer un. »

[1] Un petit livre intitulé Silhouettes révolutionnaires et signé « LOUNATCHARSKY », Commissaire du peuple à l’Instruction publique, vient de me tomber sous la main. J’y trouve un jugement sur Trotsky si juste, si sensible, que je crois intéressant d’en transcrire quelques paragraphes : « Les deux grands dons extérieurs de Trotsky sont l’éloquence et le talent d’écrivain. [...] Une prestance magnétique, le geste large et beau, un rythme tout-puissant, une voix infatigable, une merveilleuse solidité de la phrase, une fabuleuse richesse d’images, une ironie brûlante, un pathétique débordant, une logique extraordinaire et projetant dans sa lumière les éclairs de l’acier, telles sont les vertus dont ruissellent les discours de Trotsky. Il peut lancer des flèches acérées, parler par épigrammes ; il peut prononcer aussi de majestueux discours politiques, comme seul, Jaurès a su en prononcer ... » Cf. page 176/ 177 du livre de Max Eastman, Depuis la mort de Lénine, Gallimard 1925.

[2] VAILLANT Édouard (1840-1915) : étudiant en médecine, le 5 janvier 1871, il est des quatre rédacteurs de l’Affiche rouge, qui appelle à la formation d’une Commune à Paris. Après le déclenchement de la Commune, il devient délégué à l’Instruction publique. Exilé en l’Angleterre, il entre au secrétariat de l’Internationale où il continue à militer dans la tendance blanquiste. Bénéficiant de la loi d’amnistie de juillet 1880, il dirige le Parti socialiste révolutionnaire et participe à l’unification du mouvement socialiste français. En 1905, la fusion avec le Parti socialiste français permet la formation de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Figure majeure du parti avec Jaurès et Guesde, il est accueilli dans les assemblées et les congrès socialistes au cri de « Vive la Commune ! ». Comme la grande majorité des socialistes, il se rallie à l’Union sacrée après l’assassinat de Jaurès. Cf. HOWORTH Jolyon, Edouard Vaillant, la création de l’unité socialiste en France, Syros 1982.

[3] RENAUDEL Pierre (1871-1935) : dirigeant de la SFIO, collaborateur de Jaurès avant 1914 ; directeur de l’Humanité (1914-1918), porte-parole des sociaux-patriotes pendant le conflit. Après le Congrès de Tours de décembre 1920, le courant de la SFIO, les "neo-socialistes", qu’il dirige avec Marcel Déat (1894-1955) est majoritaire au sein du groupe parlementaire. Ils seront exclus par le Congrès SFIO du 5 novembre 1933, devenus minoritaires au sein du parti, en butte à l’hostilité de l’aile gauche (« pivertistes ») et des centristes (« blumistes »). Cf. COINTET Jean-Paul, Marcel Déat : du socialisme au national-socialisme, Perrin 1998.

[4] HERVE Gustave (1871-1944) : Agrégé d’histoire, il collabore au Travailleur socialiste de l’Yonne où ses premiers articles antimilitaristes signés « Sans Patrie » sont remarqués. Il publie en 1901 l’article « L’anniversaire de Wagram », qui lui vaut d’être révoqué de l’enseignement. Militant de la SFIO et de la CGT, sa doctrine fondée sur le recours à l’insurrection en cas de guerre, acquiert une audience nationale. A partir de 1907, il dirige le journal La Guerre Sociale qu’il a fondé. Régulièrement condamné pour délits de presse à de lourdes peines de prison, il prend des positions de plus en plus radicales entre 1910 et 1914, allant jusqu’à prôner l’action directe, le sabotage. Il dénonce aussi avec véhémence la colonisation. En août 1914, Hervé retourne « sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore » (selon Charles Fraval). Il transforma le titre « La Guerre Sociale » en « La Victoire », le 1er janvier 1916. Lors de la « Marche sur Rome » (1922), Hervé salue son « vaillant camarade Mussolini ». Dans les années qui précédent la Seconde guerre, il continue à dénoncer les faiblesses du régime parlementaire et veut fonder une république autoritaire dont il souhaiterait que le Maréchal Pétain assume la présidence. Cf. HEURE Gilles, Gustave Hervé. Itinéraire d’un provocateur. De l’antipatriotisme au pétainisme, La Découverte 1997 ; et l’ouvrage « La Guerre Sociale, un journal contre », éditions des nuits rouges (1999) réalisé par Raoul Villette.

[5] GUILBEAUX Henri (1885-1938) : pacifiste en 1914, ce journaliste fonde la revue Demain, participe à la conférence de Kienthal. Condamné à mort en France, il est expulsé de Suisse et arrive à Moscou pour le 1er congrès de la Comintern. Selon Broué, il aurait travaillé pour les services secrets français et à la fin de sa vie eu des sympathies pour les nazies (Cf. Broué, Histoire de l’IC, Fayard, pages 58, 88 et 1010). Victor Serge en parle aussi : "tout en lui semblait teinté de moisissure, jusqu’à son profil crochu et ses yeux. Il mourut à Paris, vers 1938, devenu antisémite après avoir publié deux livres démontrant que Mussolini était le seul vrai continuateur de Lénine" (Cf. Mémoires d’un révolutionnaire et autres écrits politiques, R. Laffont, pages 619 et 953).

[6] BOURDERON Albert (1858-1930) : Ouvrier tonnelier ; coopérateur et syndicaliste révolutionnaire, puis réformiste. Délégué à la conférence de Zimmerwald.

[7] MORGARI Oddino (1865-1944) : devient socialiste en 1891. Elu deux ans plus tard secrétaire de la section de Turin du Parti Socialiste Italien, il est en 1908 rédacteur en chef d’Avanti, organe du parti. Reste toujours un fervent partisan du socialisme évolutionniste, gradualiste et pacifiste. À partir de 1911, avec un voyage en Extrême-Orient, il commence sa carrière de « diplomate du socialisme », qui va s’intensifier pendant la guerre mondiale. Il prend une part active à la préparation de la Conférence de Zimmerwald, salue la victoire des bolcheviks en 1917, et envoie le 1er Avril 1919 une lettre à Moscou où il exprime l’adhésion du PSI à l’Internationale Communiste. Cf. ARTERO Giovanni, Oddino Morgari - Biografia politica di un "cittadino del mondo", Buccinasco, Memoriediclasse 2012.

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