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Les syndicats et nous ?

mardi 16 novembre 2010

L’attitude des syndicats a posé problème depuis toujours aux travailleurs et aux révolutionnaires. Ne poser les problèmes de la classe ouvrière que dans le cadre du système suppose une adaptation des militants qui, même lorsqu’elle n’est pas consciente, a des conséquences catastrophiques. Voir le rôle des syndicats sociaux-démocrates dans l’évolution du mouvement socialiste dans les grands pays riches.

Que penser de l’état du syndicalisme aujourd’hui ? Le degré du problème est encore plus grand. On a longtemps vu dans le problème syndical un défaut des directions syndicales. C’est bien sûr plus que jamais le cas mais la question des seules bureaucraties est dépassée. Le pourrissement s’est aggravé. Il touche la base syndicale. Il touche même les travailleurs qui ont une conception fondamentale de ce qu’est le syndicalisme complètement pervertie. C’est au point que la baisse du syndicalisme est devenue préoccupante pour le patronat et l’Etat qui ont absolument besoin de leurs relais syndicaux parmi les travailleurs pour servir d’encadrement, de transmetteurs, de tampons sociaux. Inversement, le caractère double (bourgeois/ouvrier) des syndicats a commencé à basculer essentiellement d’un côté étant donné que, dans les ateliers et les bureaux, l’intervention dans la lutte larvée quotidienne est quasiment absente alors que l’essentiel de l’activité syndicale est prise par la participation aux côtés des représentants des patrons et de l’Etat.

Mais l’essentiel est ailleurs. Le rôle le plus contre-productif des syndicats consiste à enlever toute autonomie à la classe ouvrière en l’empêchant de s’organiser elle-même dans ses luttes. Le second rôle consiste à faire croire que la lutte des classes ne peut se faire qu’en tant que défense du cadre capitaliste, sans la moindre contestation de celui-ci.

La première idée peut consister à voir la solution dans la contestation des bureaucraties syndicales. C’était vrai au début du phénomène. On en est loin. La situation et le rôle des syndicats – tampons, intermédiaires, avocats, assistance sociale, etc – a été intégré pour l’essentiel dans la classe ouvrière. Les travailleurs se plaignent des syndicats mais pas en revendiquant leur propre organisation et intervention indépendante. En particulier, ils ne sont pas choqués du rôle d’intermédiaire des syndicats. Ils y sont accoutumés et souhaitent seulement que les syndicats soient de bons avocats. Du coup, il n’y a pas nécessairement de base large pour défendre, dans le cadre syndical, une politique de classe. Le caractère de collaboration de l’essentiel de l’activité syndicale est frappant et ces dernières années ont été fertiles en situations où les syndicats ont été des sauveurs des classes dirigeantes dans les mouvements sociaux. Si des militants d’extrême gauche se sont parfois trouvé facilement bien placés dans les appareils syndicaux ce n’est pas du fait d’un accroissement du poids des conceptions révolutionnaires en leur sein mais faute de combattants, faute de candidats à ces postes et du fait que les appareils syndicaux ont vu qu’on pouvait utiliser aisément les militants révolutionnaires pour faire le travail.

Certes les révolutionnaires ont une position de principe qui consiste à ne pas s’isoler des milieux militants même quand il y de fortes critiques à leur faire et même quand les syndicats sont réactionnaires, ils ne se tiennent pas à l’écart. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent nécessairement participer sans arrêt à tous les postes alors même que les syndicats sont parfois des coquilles vides et que l’activité ne les met parfois en contact avec presque personne et ne permet pas nécessairement d’être en meilleure position pour défendre l’essentiel : l’auto-organisation des travailleurs et en particulier celle des luttes.

Les militants révolutionnaires qui considèrent que le syndicat dans lequel ils ont mis un pied est « leur syndicat » et le défendent ont cessé de défendre la nécessité de l’organisation indépendante des travailleurs. Cet opportunisme est très courant dans les milieux d’extrême gauche et très catastrophique pour l’avenir.

C’est particulièrement vrai dans les pays impérialistes où les syndicats ont une place de participants de la gestion capitaliste à tous les niveaux. Dans les pays pauvres, ils ont aussi eu plus souvent à canaliser des coups de colère sociaux pour empêcher qu’ils prennent un tour révolutionnaire. La trahison n’y est pas moins grande, loin de là.

Et surtout, la tendance naturelle des travailleurs à fonder des syndicats plutôt qu’à s’organiser sur des bases de classe sur le terrain politique a des conséquences catastrophiques et surtout celle-ci : les courants d’extrême gauche n’ont que peu de liens avec le monde ouvrier et ne sont nullement de sous la pression des travailleurs ce qui les soumet à toutes les pressions de la société bourgeoise.

L’essentiel n’est donc nullement de savoir si tactiquement les militants sont dans les syndicats ni ce qu’ils y font. C’est de savoir si les militants sont aux côtés des travailleurs, à la base, et ce qu’ils y font pour saisir toutes les occasions de susciter toutes les formes d’organisation des travailleurs par eux-mêmes, seule préparation du rôle conscient du prolétariat en vue des confrontations inévitables que nous préparent la crise du système.

Les syndicats défendent le système. Ils agissent parfois radicalement mais toujours se refusent à contester les bases de la société capitaliste. C’est un rôle historique qui est donc foncièrement réactionnaire et sur lequel il convient de ne jamais susciter d’illusions. Il n’est pas question pour des militants de défendre que les syndicats devraient faire ceci, dire cela. Nous devons défendre ce que nous pensons que devrait faire ou dire les travailleurs, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Dans ces conditions, il ne faut pas se voiler la face ni avoir peur d’appeler un chat un chat, quitte à ne pas être suivi de certains travailleurs.

Les syndicats sont parmi nos pires adversaires. Il ne faut pas se le cacher ni le cacher aux travailleurs.

Tiekoura

Messages

  • je suis entièrement dacore sur l’analyse que les syndicat ils sont réformiste voire réactionnaires la ou sa me pose un problème ces la conclusion, de dire(Il n’est pas question pour des militants de défendre que les syndicats devraient faire ceci, dire cela. Nous devons défendre ce que nous pensons que devrait faire ou dire les travailleurs, ce qui n’est pas du tout la même chose.

    Dans ces conditions, il ne faut pas se voiler la face ni avoir peur d’appeler un chat un chat, quitte à ne pas être suivi de certains travailleurs.

    Les syndicats sont parmi nos pires adversaires. Il ne faut pas se le cacher ni le cacher aux travailleur)
    je suis pour dénoncé les direction syndicales qui fait tout pour démoralisé les travailleurs les plus combatif on appelons a des journées d’action sons suite.et même ces journées d’action sons pas inscrite dans une perspective de lutte pour faire reculée le patronats et le gouvernement mais pour mieux discuter avec le gouvernement fillion , sarkozy ces comme si ya quel que chose qui va sortir sous les tapit de l’elysee son pression ni rapporte de force. mais ils faut aussi appuyer tout les lutte des travailleurs qui sont organisée dans les syndicat comme a cterpilare ou new fabrice .... si non sa reste que un crie avec les loup.
    salutation fraternelle

    • Je ne comprend pas bien comment tu peux être en accord sur le fait que les syndicats sont réformistes. En effet, le réformisme en période décadence impérialiste étant impossible, comme l’explique Trotsky dans "Les syndicats à l’époque de décadence impérialiste", ils sont seulement des agences de l’Etat et des patrons. Examinons ce que dit Trotsky : "Ils ne peuvent pas être plus longtemps réformistes, parce que les conditions objectives rie permettent plus de réformes sérieuses et durables. Les syndicats de notre époque peuvent ou bien servir comme instruments secondaires du capitalisme impérialiste pour subordonner et discipliner les travailleurs et empêcher la révolution, ou bien au contraire devenir les instruments du mouvement révolutionnaire du prolétariat.

      La neutralité des syndicats est complètement et irrémédiablement chose passée et morte avec la libre "démocratie" bourgeoise."

      Donc cela signifie que la première des questions est la prise de conscience de l’impossibilité de retour à des syndicats se contentant de défendre de manière réformistes les intérêts des travailleurs.

      Nous ne pouvons, du coup, nous tenir en conseilleurs de syndicalistes réformistes. Nous devons gagner des travailleurs à l’idée révolutionnaire communiste et, tant que nous n’avons pas de large base sur ce point, nous ne pouvons psotuler à diriger les syndicats, ce qui reste souhaitable mais sur des bases révolutionnaires.

      C’est le contraire de ce que fait toute l’extrême gauche comme tu la défend intégralement.

      Robert Paris

  • Marx n’avait pas d’illusions dans la signification du syndicalisme en termes de lutte des classes qui était cependant très loin de ce qu’elle est devenue avec l’époque impérialiste. Il affirmait le 17 août 1869 au conseil général de l’Association internationale de travailleur, l’AIT :

    « Aussi longtemps que la société est divisée en classes opposées – d’un côté les capitalistes qui monopolisent l’ensemble des moyens de production ; de l’autre, les ouvriers qui travaillent et sont privés de toute propriété sur leurs moyens de production, et ne disposent que de leur force de travail – et que subsiste cette organisation sociale, la loi du salaire restera toute-puissante et resserrera chaque jour davantage les chaînes qui rendent le travailleur esclave du produit de ses propres mains, produit que monopolise le capitaliste. Depuis près de soixante ans, les syndicats anglais ont lutté contre cette loi capitaliste. Or, quel en a été le résultat ? Ont-ils réussi à libérer la classe ouvrière anglaise de l’esclavage dans lequel la tient le capital, qui n’est pourtant que le produit du travail des ouvriers ? Ont-ils permis, ne serait-ce qu’à une petite fraction de la classe ouvrière, de s’élever au-dessus de sa condition d’esclave salarié, en devenant propriétaire des moyens de production, matières premières, instruments et machines nécessaires à son industrie, et en conséquence aussi du produit de son propre travail ? Il est de notoriété publique que, non seulement ils n’ont jamais atteint ce but, mais qu’ils ne l’ont jamais poursuivi. Nous ne voulons absolument pas prétendre par là que les syndicats ne sont d’aucune utilité, parce qu’ils ne l’ont pas fait. Au contraire, les syndicats – aussi bien en Angleterre que dans tout autre pays industriel – sont indispensables à la classe ouvrière pour lutter contre le capital…. Le grand mérite des syndicats, dans leur lutte pour le maintien de ce taux de salaire et la diminution des heures de travail, est qu’ils s’efforcent d’augmenter ce standard de vie… Cependant la lutte des syndicats n’enfreint pas la loi du salaire ; au contraire, elle ne fait que l’appliquer. Sans l’arme syndicale de résistance, l’ouvrier ne recevrait même pas ce qui lui est dû conformément au statut du salariat… Ainsi donc, les syndicats n’attaquent pas le système salarial lui-même. Or, la dégradation économique de la classe ouvrière n’est pas due au niveau, bas ou élevé, des salaires, mais au fait qu’au lieu de percevoir le produit intégral de son travail, la classe ouvrière doit se satisfaire d’une fraction de ce produit, celle que l’on appelle salaire. »

  • La CFDT a modernisé son immeuble parisien de la rue de Crimée, de manière luxueuse, en dépensant pour cela la peccadille de 4 ,8 millions d’euros. D’où est venu cet argent ? Eh bien, de la Caisse nationale d’action syndicale, instituée pour indemniser les grévistes et les victimes de la répression patronale. Sans doute que la centrale syndicale, du moins sa haute bureaucratie, estime qu’avec sa politique actuelle ses militants ne devraient nullement subir de répression patronale, et que sinon c’est bien fait ! Quant à faire grève, est-ce bien nécessaire quand on appuie et signe toutes les contre-réformes ?

  • La CGT a appelé les salariés de G M et S à « sauver l’entreprise » et à « sauver l’emploi ». Eh bien, patronat et gouvernement ont « sauvé l’entreprise » sans sauver l’emploi, c’est-à-dire sans sauver les salariés. C’est de la même manière que la CGT estime devoir sauver l’industrie nationale et le développement économique français, et est d’accord pour toutes les aides d’Etat sous ce prétexte, sans que cela sauve en rien les emplois…

  • L’écrasante défaite du syndicat américain UAW (United Auto Workers, Travailleurs unis de l’automobile) à l’usine Nissan à Canton, au Mississippi, plus tôt ce mois-ci a suscité des critiques et des plaintes de la part des défenseurs de la bureaucratie syndicale parmi la pseudo-gauche .

    Dans un article intitulé « Défaite écrasante » (« Crushing Blow »), le magazine Jacobin a qualifié la défaite de l’UAW de « rien de moins qu’un K.O. mettant fin dans l’avenir immédiat aux efforts de l’UAW pour organiser les grandes usines automobiles du Sud qui appartiennent principalement à des entreprises étrangères ».

    Pour sa part, Socialist Worker, l’organe de l’International Socialist Organization (ISO), a décrit le vote comme une « défaite amère » qui a contribué « au débat urgent sur ce que ça prendra pour organiser les désorganisés dans le Sud ».

    Les travailleurs de l’usine ont voté à 63% contre 37% contre la tentative de l’UAW de devenir le représentant des employés, à la suite d’une série de débâcles pour le syndicat et les entreprises automobiles dans le Sud américain. Pour chacune de ces élections, l’UAW a été incapable de donner la moindre raison aux travailleurs de voter pour la représentation syndicale. Dans l’échec du vote de représentation de 2014 à l’usine de Volkswagen à Chattanooga, au Tennessee, l’UAW a demandé et reçu l’appui public de la direction de l’entreprise.

    À l’usine de Nissan au Mississippi, l’UAW n’a pas tenté de faire un appel de classe aux travailleurs promettant de meilleurs salaires et conditions de travail. Au lieu de cela, il a fait appel à la majorité des travailleurs noirs sur la base de leur ethnie, s’alliant aux organisations libérales et les politiciens démocrates afin de présenter le vote comme une question de droits civiques. Il a combiné ceci avec la promotion de sa vision corporatiste d’un « partenariat » de cogestion des entreprises, reflété dans le slogan « Pro-Nissan, Pro-Syndicat ».

    L’UAW a invité le sénateur du Vermont Bernie Sanders et l’acteur Danny Glover pour faire la promotion du syndicat, comme si le bilan propatronal de l’administration Obama allait inspirer les travailleurs à voter pour le syndicat.

    Le journal Socialist Worker admet que Nissan « a ajusté ses salaires pour qu’ils surpassent les salaires les plus élevés payés aux travailleurs de deuxième niveau au Big Three, éliminant d’emblée l’instrument de recrutement syndical le plus efficace : les meilleurs salaires et bénéfices de travailleurs syndiqués comparés à ceux des travailleurs non syndiqués ».

    Par contre, il maintient un silence révélateur sur la signification du fait que Nissan paye ses travailleurs de second niveau mieux que les entreprises américaines de l’automobile où l’UAW a négocié des contrats pendant plus de 70 ans. Quel type de « syndicat » signe des conventions collectives permettant aux patrons de payer leurs membres moins que ceux des usines non syndiquées ?

    La réponse est claire : une organisation de droite propatronale qui est hostile aux travailleurs ! L’ISO n’ose rien dire parce qu’elle appuie la bureaucratie de l’UAW et n’est pas moins hostile envers la classe ouvrière. S’il avait remporté le vote, l’UAW se serait dépêché de prouver son utilité envers la compagnie en l’aidant à réduire ses coûts de main-d’oeuvre davantage.

    Les travailleurs de Nissan étaient conscients du rôle d’UAW et ne voulaient rien savoir d’eux. Loin de lutter pour augmenter les salaires, l’UAW se démène depuis presque 40 ans pour étouffer toute résistance aux bas salaires, aux augmentations du rythme de travail et à l’érosion des gains passés tels que l’assurance maladie et les pensions. Aujourd’hui, les travailleurs de deuxième niveau dans les usines représentées par l’UAW ne reçoivent pas beaucoup plus que l’équivalent du 5 $ par jour qu’Henry Ford payait à ses employés il y a 90 ans.

    Pour essayer d’expliquer la plus récente défaite de l’UAW, les groupes de pseudo-gauche tels que l’ISO et Jacobin – dont le rédacteur en chef et l’éditeur, Bhaskar Sunkara, est un membre dirigeant des Democratic Socialists of America (DSA) – attribuent la défaite à la campagne antisyndicale des patrons. Dans la mesure où ils sont critiques de l’UAW, ils expliquent le résultat par des « faux pas » ou de « l’incompétence ». Labor Notes va plus loin et blâme les travailleurs de Nissan pour leur supposée « réticence à faire changer les choses ».

  • Au même moment, l’UAW adoptait un programme corporatiste de « partenariat » de cogestion des entreprises, étouffait toute opposition aux fermetures d’entreprises et mises à pied, et entrait dans des opérations d’affaires corrompues avec les grandes entreprises de l’automobile.

    Les résultats de cette répression pendant des décennies de la lutte des classes par les syndicats américains sont illustrés par les chiffres du Bureau américain des statistiques du travail qui montrent que les arrêts de travail ont diminué de 90 % au cours des quatre dernières décennies. La période de 2007 à 2016 avait le plus bas taux moyen d’arrêts de travail, 14, de toutes les décennies enregistrées.

    Les groupes de pseudo-gauche n’ont rien à dire non plus sur l’enquête fédérale présentement en cours sur la collusion au sein de l’UAW qui documente comment d’importants dirigeants du syndicat, impliqués dans la négociation de conventions collectives, ont accepté des centaines de milliers de dollars en pots-de-vin, transférés dans des opérations communes et des caisses noires du syndicat et de l’entreprise. Cela représentait leur compensation pour avoir aidé à imposer des contrats de trahison et réduit les salaires réels, les régimes de santé et les pensions, imposé le système à « deux vitesses » détesté, augmenté l’emploi de travailleurs temporaires et pour avoir permis à l’entreprise d’imposer des augmentations du rythme du travail et des heures supplémentaires obligatoires.

    Loin d’être une aberration, la corruption corporatiste des représentants de l’UAW est inhérente à l’organisation. Il s’agit de l’expression pratique du programme du syndicat du partenariat syndicat-entreprise.

  • Pour une large partie de son histoire, le mouvement socialiste a ardemment courtisé les syndicats. Toutefois, la belle a bien peu été charmée par les meilleurs efforts du prétendant. Les innombrables marques d’affection et d’intérêts manifestés à l’objet de ses désirs ne valurent au prétendant socialiste que coups de griffes, et parfois poignard dans le dos. Même lorsque le mouvement socialiste s’est avisé de créer ses propres syndicats, de leur donner une parfaite éducation marxiste, il a récolté la plus profonde ingratitude. Aussitôt que l’occasion se présentait, les syndicats avaient plutôt tendance à échanger les beaux idéaux de leurs parents socialistes et à trouver plaisir dans les bras du capitalisme.

    On pourrait penser qu’il y a beaucoup à apprendre de tant de mauvaises expériences. Mais comme les vieux sots des histoires de Boccace, les radicaux édentés et vieillissants d’aujourd’hui n’ont rien de plus urgent que de se faire avoir encore et encore. Aussi, les organisations de « gauche » actuelles insistent pour que le mouvement socialiste considère comme un devoir sacré de répondre à tous les caprices des syndicats. Les socialistes, insistent-ils, doivent reconnaître que les syndicats forment l’organisation ouvrière par excellence, la forme la plus représentative des intérêts sociaux de la classe ouvrière. Les syndicats, argumentent-ils, constituent la direction authentique et indiscutable de la classe ouvrière. Ce sont eux qui décident principalement et finalement de son sort historique. Défier l’autorité qu’ont les syndicats sur la classe ouvrière, questionner un tant soit peu le droit « naturel » des syndicats à parler au nom de la classe ouvrière est un péché capital. Il est impossible, continuent les radicaux, de concevoir un véritable mouvement ouvrier qui n’est pas dominé, si ce n’est dirigé, par les syndicats. Ce n’est qu’en se basant sur les syndicats que la lutte de classe saurait être efficacement menée. Et, finalement, tout espoir de développer un mouvement socialiste de masse dépend du fait de gagner les syndicats, ou tout au moins une partie significative de ceux-ci, au programme socialiste.

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