Accueil > 12- Livre Douze : OU EN SONT LES GROUPES REVOLUTIONNAIRES ? > Les anticapitalistes soi-disant luxemburgistes ont-ils raison de prétendre (…)
Les anticapitalistes soi-disant luxemburgistes ont-ils raison de prétendre que R. Luxemburg n’appelait pas "Etat ouvrier" le pouvoir des soviets d’Octobre 1917 ?
lundi 2 septembre 2024
M. Lowy, anticapitaliste universitaire typique, racontant sa vie militante dans cette video, prétend avoir été depuis toujours luxemburgiste, donc pour cela opposé dans sa jeunesse aux "trotskistes".
M. Lowy fait référence à la "théorie de l’Etat ouvrier" de Trotsky à laquelle il était opposé, "puisque" luxemburgiste .
Or R. Luxemburg, assassinée le 15 janvier 1919 sur ordre des socio-démocrates Ebert et Noske, n’a pas été confrontée à la question de la dégénérescence de l’URSS, donc R. Luxemburg n’a jamais polémiqué avec Trotsky au sujet de la célèbre théorie de l’Etat ouvrier dégénéré exposée par Trotsky dans son ouvrage La révolution trahie.
Mais les marxistes ne parlent pas seulement de l’Etat ouvrier à propos de la dégénerescence de l’URSS. Ils parlent de l’Etat ouvrier russe à partir d’Octobre 1917. Ils en parlent également en permanenence car la révolution est pour eux la conquête du pouvoir politique par la démolition de l’Etat bourgeois, la dictature du prolétariat, bref la mise ne place d’un Etat ouvrier.
Rosa Luxemburg dans Réforme et révolution écrit par exemple :
nous avons vu que le prolétariat ne peut faire autrement que de s’emparer " prématurément " du pouvoir politique, ou, en d’autres termes, il ne peut que le conquérir une ou plusieurs fois trop tôt pour parvenir enfin à sa conquête définitive ; de ce fait, s’opposer à une conquête " prématurée " du pouvoir, revient à s’opposer, en général, à l’aspiration du prolétariat à s’emparer du pouvoir d’Etat.
Tous les chemins mènent à Rome : nous aboutissons logiquement, ici encore, à cette conclusion que le conseil révisionniste d’abandonner le but final socialiste revient à abandonner le mouvement socialiste tout entier.
Et à propos du pouvoir des soviets mis en place en Russie par les bolcheviks en Octobre 1917, R. Luxemburg y reconnaissait justement cet Etat ouvrier, qui est l’objectif de la révolution pour les marxistes :
On peut mesurer par là ce qu’a d’utopique et au fond de réactionnaire la tactique suivie par les socialistes russes de la tendance Kautsky, les mencheviks. Entêtés dans leur fiction du caractère bourgeois de la révolution russe - puisque la Russie n’était pas encore mûre pour la révolution sociale ! -, ils s’accrochaient désespérément à la collaboration avec les libéraux bourgeois, c’est-à-dire à l’union forcée des éléments, qui, séparés par la marche logique, interne, du développement révolutionnaire, étaient déjà entrés en opposition violente. Les Axelrod, les Dan, voulaient à tout prix collaborer avec les classes et les partis qui menaçaient précisément des plus grands dangers la révolution et sa première conquête, la démocratie [2].
Dans cette situation, c’est à la tendance bolcheviste que revient le mérite historique d’avoir proclamé dès le début et suivi avec une logique de fer la tactique qui seule pouvait sauver la démocratie et pousser la révolution en avant. Tout le pouvoir aux masses ouvrières et paysannes, tout le pouvoir aux soviets -c’était là en effet le seul moyen de sortir de la difficulté où se trouvait engagée la révolution, c’était là le coup d’épée qui pouvait trancher le nœud gordien, tirer la révolution de l’impasse et lui ouvrir un champ de développement illimité.
Le parti de Lénine fut ainsi le seul en Russie qui comprit les vrais intérêts de la révolution ; dans cette première période, il en fut la force motrice, en tant que seul parti qui poursuivit une politique réellement socialiste.
(...)
Les bolcheviks ont, de même, posé immédiatement comme but à cette prise du pouvoir le programme révolutionnaire le plus avancé : non pas défense de la démocratie bourgeoise, mais dictature du prolétariat en vue de la réalisation du socialisme. Ils ont ainsi acquis devant l’histoire le mérite impérissable d’avoir proclamé pour la première fois le but final du socialisme comme un programme immédiat de la politique pratique.
Le parti bolchevik, force motrice de la révolution russe (Rosa Luxemburg)
C’est donc une évidence que tout marxiste défend comme point de son programme la mise en place d’un Etat ouvrier, destiné lui-même à disparaitre avec les classes sociales.
Et que R. Luxemburg voyait la réalisation de l’objectif de l’Etat ouvrier incarnée par le pouvoir des soviets en Octobre 1917.
R. Luxemburg fut donc en accord à 100% avec Trotsky sur ces deux points : 1) le but de la révolution est de mettre en place un Etat ouvrier, avant d’arriver à une société communiste 2) Octobre 1917 a mis en place un tel Etat ouvrier en Russie.
M. Lowy ne peut donc attribuer ses prises de position d’il y a 70 ans à son prétendu luxemburgisme.
Les trotskistes se proclament rarement luxemburgistes, mais ils sont 1000 fois plus proches de R. Luxemburg que les anticapitalistes pseudo-marxistes qui comme M. Lowy, combattent le marxisme en prétendant ne faire que reprendre les idées de R. Luxemburg.
Conclusion
Les anticapitalistes reprennent le procédé des staliniens qui combattent le marxisme en le rebaptisant "trotskisme" depuis 1924, "gauchisme" depuis 1968, et en combattant ce "trotskisme" en prétendant reprendre des arguments de R. Luxemburg.
Les anticapitalistes qui prétendent être luxemburgistes, tout en jetant à la poubelle la dictature du prolétariat, ne font que tenter d’assassiner R. Luxemburg une seconde fois, en enterrant ses véritables idées.
R. Luxemburg a pris la défense de l’Etat ouvrier de Russie de son vivant, contrairement à ce que sous-entend M. Lowy
Marx dit à propos de socialistes comme Jules Guesde : "« Si c’est cela le marxisme, ce qui est sûr c’est que moi, je ne suis pas marxiste »
Ne doutons pas que R. Luxemburg dirait à propos des anticapitalistes comme M. Lowy et tous les NPAs : « Si c’est cela le luxemburgiste, ce qui est sûr c’est que moi, je ne suis pas luxemburgiste » !