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Haïti : après le séisme, la révolte

samedi 16 janvier 2010

Lire sur Haïti

Pourquoi les grandes puissances interviennent massivement en Haïti ?

La révolte contre la dictature a démarré en 1984

La révolte contre la faim existait déjà en 2008

Révolte contre l’esclavage aussi...

Les forces armées étrangères et leur rôle

En plus des dizaines de milliers de soldats étrangers présents en Haïti, ces grandes puissances font débarquer une véritable armada. Celle des USA à elle seule est impressionnante. Le Pentagone a ordonné le déploiement d’une brigade de 3.500 soldats américains à Haïti. En outre, 2.000 Marines se préparent à partir de Camp Lejeune (Caroline du Nord, sud-est) sur un navire amphibie.

Cela fait déjà des dizaines de milliers rien que pour les USA.

Et seulement plus de cent sauveteurs !!!!!!

La Minustah c’était déjà plus de 9.000 soldats !!!!

Dans une interview le responsable de l’ONU du maintien de la paix montre la peur des impérialistes devant cette situation qui peut leur échapper :

Le Français Alain Le Roy est responsable, depuis 2008, des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Il fait le point sur le rôle de l’ONU et des Etats-Unis dans les opérations de secours aux sinistrés d’Haïti. La police haïtienne est invisible, on parle de coups de feu, de scènes de pillage. Craignez-vous des troubles de l’ordre public ? Les premières 36 heures ont été une période de choc pour la population. La situation était chaotique, mais elle est restée relativement calme. Compte tenu de l’histoire d’Haïti, on ne peut pas exclure de nouveaux pillages et des exactions. C’est notre rôle, en ce moment, de patrouiller pour essayer, autant que possible, de jouer un rôle dissuasif. Mais il est clair que la situation va forcément se compliquer, en termes de sécurité, au cours des prochains jours. Les autorités haïtiennes. Mais comme l’essentiel de leurs moyens administratifs ont été détruits, c’est avant tout la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) qui joue ce rôle. Ce sera difficile, à cause de l’ampleur énorme de ces opérations. Les Etats-Unis, qui déploient des milliers d’hommes, des navires et des avions, et assurent désormais le fonctionnement de l’aéroport de Port-au-Prince, n’ont-ils pas tendance à prendre le dessus ?

On est toujours sans nouvelle du chef de la Minustah, Hédi Annabi. Au moins 36 employés de l’ONU sont morts, près de 200 sont portés disparus. La mission peut-elle fonctionner ? Elle fonctionne, même si ce n’est pas à pleine capacité. Il y a 3 000 de nos personnels à Port-au-Prince, essentiellement des militaires et des policiers. Ils font un travail énorme et admirable de dégagement des personnes sous les décombres et de sécurisation des places principales, comme le palais présidentiel, l’aéroport ou le port. Ils patrouillent dans les rues de la ville pour assurer la sécurité.

Tout cela fonctionne. Mais il nous faut maintenant renforcer notre coordination de l’action humanitaire. C’est pourquoi nous envoyons des personnels supplémentaires en Haïti.

Il est particulièrement frappant d’entendre à la radio aujourd’hui même que des équipes de sauveteurs français sont bloquées sur des aéroports à Saint Domingue ou ailleurs et sont obligées de se débrouiller par leurs propres moyens pour rejoindre Haïti alors que les équipes des forces armées débarquent toutes les minutes sur un aéroport débordé ! Alors que l’arrivée des sauveteurs est particulièrement importante les premiers jours, les premières heures.

Pour les grandes puissances, ce qui importe, ce sont les forces de l’ordre. Il est certain que l’essentiel des aides financières récoltées ne serviront pas plus la population la plus sinistrées que dans d’autres catastrophes comme celle du tsunami ! Il est certain que les "élites" pourries d’Haïti et d’ailleurs profiteront de l’essentiel de cet argent.

La population haitienne, une fois de plus, subit non seulement des catastrophes naturelles mais des catastrophes sociales liées à la domination du système capitaliste et elle seule peut en finir avec cette oppression.

L’aide des pays riches consiste à empêcher le peuple haïtien d’obtenir sa libération par la seule voie qui existe : a révolution. On peut compter sur les grandes puissances pour affirmer que les révoltés sont des brigands et des pillards. Ne traitaient-ils pas de même les communards de 1871 ? Haïti, ravagé par le séisme et par l’impérialisme

Et encore les médias d’ici s’inquiètent-ils sans décence des « risques de pillage » ! Par contre, du pillage colonial et impérialiste dont, depuis cinq siècles, Haïti est victime, il n’est pas question. C’est pourtant tout ce qui explique comment une catastrophe naturelle peut avoir de telles conséquences.

Oui, mais justement il n’y a pas eu en Haïti que le séisme et le pillage impérialiste.... Il y a eu aussi la révolution menée par les masses populaires d’Haïti et qui pouvait avoir une tout autre issue sans les réformistes de tous poils, des staliniens aux syndicalistes et aux religieux, qui ont détourné et calmé. La leçon à tirer n’est pas : le capitalisme est fort et méchant. C’est : les prolétaires qui font une révolution et ne la mènent pas jusqu’à la prise du pouvoir vont vers des bains de sang car les classes dirigeantes ne leur pardonneront jamais de leur avoir fait peur, de les avoir menacé de perdre le pouvoir....
Que faisait la Minustah avant l’arrivée de cette armada de guerre ?

Cela fait six ans, depuis le premier juin 2004, qu’un contingent mandaté par l’ONU, sous commandement brésilien et composé notamment de troupes argentines, uruguayennes, boliviennes et chiliennes, occupe Haïti. Malgré les efforts des gouvernements Lula, Kirchner ou Morales pour faire passer cette occupation pour une « mission de paix » aux « objectifs humanitaires », au cours de ces quatre dernières années le contingent de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de Haïti (MINUSTAH) a montré son vrai visage : soutenir un gouvernement aussi faible que celui de René Préval et agir en tant que « force de police » afin de réprimer les travailleurs et le peuple haïtiens. Les gouvernements brésilien, argentins, uruguayens, boliviens et chiliens, qui se veulent « progressistes », couvrent en fait l’arrière-garde des Etats-Unis, laissant à Washington plus de latitude afin de déployer ses troupes en Irak et en Afghanistan. Se prévalant de la nécessité de combattre les groupes criminels et de « garantir l’ordre », les troupes de la MINUSTAH se sont rendues coupables de véritable crimes de guerre, perpétrant des massacres contre le peuple haïtien qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés come en témoignent les assauts réitérés lancés contre Cité Soleil, à la périphérie de la capitale, Port-au-Prince. Le contingent de la MINUSTAH a été accusé d’abus de pouvoir, de tortures, de viol sur des femmes et de fillettes dans les quartier les plus pauvres de l’île. Il agit en même temps de manière coordonnée avec la Police Nationale Haïtienne (PNH) afin de mener à bien la répression interne. Lors des soulèvements contre la hausse des prix des aliments en avril 2008, la MINUSTAH a agi comme véritable bras armé du gouvernement Préval alors que les manifestants réclamaient sa démission. Les troupes envoyées par Lula, Kirchner, Morales, Bachelet et Tabaré Vázquez poursuivent et répriment les travailleurs haïtiens qui dans les quelques 18 zones franches que compte le pays essaient de s’organiser afin de lutter contre les conditions d’exploitation imposées par les multinationales au sein desquels, dans des conditions de semi-esclavitude, la journée de travail s’étend parfois à plus de douze heures. En occupant aujourd’hui Haïti, ces militaires s’entraînent à jouer le même rôle dans leur pays d’origine.

"La MINUSTAH continue de concourir aux mesures prises par le Gouvernement haïtien pour renforcer les capacités institutionnelles à tous les niveaux. La Mission, agissant dans le cadre de son mandat, a en charge de continuer à appuyer le renforcement des institutions de l’État." Traduisez : les "forces internationales de paix" sont en guerre contre le peuple haïtien aux côtés des classes dirigeantes. Le 10 janvier dernier, l’Agence haïtienne de presse (AHP) citait le député socialiste Orlando Fantazzini, membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre basse du Brésil, qui trouve " lamentable que les troupes brésiliennes fassent le sale boulot pendant que les États-Unis refusent de tenir leurs promesses ". L’AHP rapportait aussi les paroles du député Fernando Gabeiras, du Parti Vert du Brésil, qui demande le retrait des troupes. " On demande à nos soldats de régler militairement un problème social " , a-t-il dénoncé, ajoutant que les troupes de l’ONU font l’objet de pression constantes pour réprimer les pauvres des bidonvilles haïtiens. Toujours selon l’Agence haïtienne de presse, le général Bacellar avait rencontré de hauts responsables du milieu des affaires de Port-au-Prince la veille de son suicide apparent. Il aurait alors été insulté par les patrons, qui l’exhortaient à lancer des opérations plus vigoureuses contre les quartiers pauvres de la capitale, fiefs des supporters du président déchu Jean-Bertrand Aristide et de son parti Lavalas. Dans un autre article paru le 12 janvier, l’agence de presse Reuters cite des parlementaires de Brasilia qui qualifient la mission en Haïti de " désastre " très coûteux, et des analystes brésiliens qui se demandent pourquoi le président Lula a envoyé des soldats dans ce pays, qui aurait plutôt besoin " de policiers, d’aide financière et de travailleurs humanitaires ". L’article explique aussi que les soldats de l’ONU se plaignent d’être vus comme des " occupants étrangers ou des pions des États-Unis " par la population haïtienne Au Canada, personne chez les parlementaires ou les médias ne semble remettre en l’implication du Canada en Haïti depuis que des groupes armés ont chassé le président Aristide, en avril 2004. Si les soldats canadiens ont été remplacés entre autres par des casques bleus brésiliens, chiliens et argentins, le Canada compte encore plusieurs policiers dans l’île des antilles, qui participent à des raids qui terrifient la population des quartiers pauvres. Un récent documentaire du journaliste américain Kevin Pina, intitulé Haïti : The Untold Story, démolit d’ailleurs le mythe selon laquelle cette mission serait une simple opération de " maintien de la paix " . On y voit les troupes de l’ONU armées jusqu’aux dents lancer des opérations dans les quartiers pauvres, officiellement pour arrêter des " bandits " associés à Lavalas et Aristide. Plusieurs morts jonchent le sol après le passage des soldats et des policiers. Des habitants montrent à la caméra leurs maisons criblées de balles, d’autres exhibent leurs blessures. Dans un récent rapport, l’organisation catholique Justice et Paix dénombrait environs 700 prisonniers politiques en Haïti, emprisonnés depuis le renversement de l’ordre constitutionnel et l’instauration d’un gouvernement de facto soutenu par le Canada, les États-Unis et la France. Amnistie internationale, à travers plusieurs communiqués de presse, s’est dit inquiète pour la sécurité des partisans d’Aristide et de Lavalas. Elle dénonce aussi l’arrestation et la détention dans des conditions dangereuses pour sa santé du père Gérard Jean-Juste, un prêtre catholique qui a critiqué publiquement l’occupation d’Haïti et qui était un des candidats les plus populaires de Lavalas en vue des élections de février prochain. Amnistie le considère comme " un prisonnier de conscience, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la libre-expression " . Des policiers de l’ONU ont participé à l’arrestation de Gérard Jean-Juste alors qu’il se rendait aux funérailles d’un journaliste. C’est que les policiers étrangers ne chôment pas depuis leur arrivée dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Un agent canadien en poste à Port-au-Prince a déclaré à une équipe d’observateurs de l’Université de Miami que tout ce qu’il faisait depuis son arrivée en Haïti, c’était " de s’engager dans une guérilla quotidienne " . Le rapport disponible sur le site de la faculté de droit de l’Université fait état de nombreuses violations des droits humains par le gouvernement de facto et les forces étrangères. Lorsque des militants montréalais du groupe Haïti Action Montréal lui ont remis ce document, le ministre des Affaires étrangères du Canada Pierre Pettigrew l’a rejeté du revers de la main en le qualifiant de " propagande, ce qui n’est pas intéressant " . Depuis longtemps, les autorités justifient les rafles dans les quartiers populaires par le fait que ces derniers seraient le repère des kidnappeurs qui multiplient les demandes de rançons en Haïti ces derniers mois. Seulement pendant le congé des fêtes, plus de 50 personnes ont été enlevées. Mais à la surprise générale, le 13 janvier dernier, la police haïtienne a annoncé avoir démantelé un réseau de kidnappeurs qui opérait à partir de la riche banlieue de Pétion-Ville, le quartier le plus aisé de la capitale ! Selon une dépêche de l’AHP, les personnes enlevées par le groupe ont été séquestrées " dans une maison luxueuse estimée à des centaines de milliers de dollars ".

Le Bureau de l’Information et de la Communication de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti communique, "ce mardi 14 décembre 2004, la MINUSTAH, a entamé, à 4 heures du matin, une vaste opération de sécurisation de Cité Soleil, l’un des quartiers de Port-au-Prince abritant les bandes armées". "Cette opération de grande envergure a pour objectif le rétablissement de l’ordre et de la loi dans cette partie de la capitale haïtienne". "Elle a nécessité l’implication des troupes terrestres brésiliennes, jordaniennes, sri lankaises et de l’aviation chilienne, ainsi que des Unités de Police Constituée (Formed Police Unit -FPU) de la police civile de la MINUSTAH issues des contingents jordanien et chinois". "Le quartier Cité Soleil est actuellement sous contrôle des forces de la MINUSTAH. Aucune perte en vie humaine ni blessure n’a, jusqu’à présent, été rapportée. Les forces de la MINUSTAH comptent installer et maintenir une présence permanente et transférer graduellement la responsabilité de la sécurité de Cité Soleil à la Police Nationale d’Haïti". Cette initiative militaire pose trois questions : 1 - Pourquoi ces opérations d’envergure sont-elles toujours dirigées contre des quartiers populaires (Bel-Air, Cité Soleil), alors que les bandes armées et d’autres gangsters violent l’ordre et la loi sur tout le territoire du pays, depuis que le coup d’Etat a renversé l’ordre constitutionnel et rétabli l’état sauvage illégal. 2 - Quelles sont les garanties légales que les populations des quartiers populaires peuvent-elles attendre d’une police truffée d’escadrons de la mort appliquant le plan d’extermination du parti et de l’électorat d’Aristide ? 3 - Pourquoi céder aux pressions hégémoniques au lieu d’appliquer une politique juste, impliquant la libération des prisonniers politiques et le rétablissement des droits de tous les partis politiques, surtout qu’une telle politique d’injustice sociale et nationale, apparemment plus commode, conduirait cette nation dans une voie sans issue ? " Hors d’Haïti ", titrait l’éditorial du quotidien Folha, à Sao Paulo, jeudi dernier. " Le Brésil doit régler ses propres problèmes de base avant de lancer des missions pour aider à gouverner le monde " , pouvait-on y lire. Depuis que le général brésilien Urano Bacellar, commandant des troupes des Nations unies en Haïti, a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel, le 7 janvier, de plus en plus de Brésiliens élèvent la voix pour réclamer le retrait de leurs militaires du pays. Le 10 janvier dernier, l’Agence haïtienne de presse (AHP) citait le député socialiste Orlando Fantazzini, membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre basse du Brésil, qui trouve " lamentable que les troupes brésiliennes fassent le sale boulot pendant que les États-Unis refusent de tenir leurs promesses ". L’AHP rapportait aussi les paroles du député Fernando Gabeiras, du Parti Vert du Brésil, qui demande le retrait des troupes. " On demande à nos soldats de régler militairement un problème social " , a-t-il dénoncé, ajoutant que les troupes de l’ONU font l’objet de pression constantes pour réprimer les pauvres des bidonvilles haïtiens. Toujours selon l’Agence haïtienne de presse, le général Bacellar avait rencontré de hauts responsables du milieu des affaires de Port-au-Prince la veille de son suicide apparent. Il aurait alors été insulté par les patrons, qui l’exhortaient à lancer des opérations plus vigoureuses contre les quartiers pauvres de la capitale, fiefs des supporters du président déchu Jean-Bertrand Aristide et de son parti Lavalas. Dans un autre article paru le 12 janvier, l’agence de presse Reuters cite des parlementaires de Brasilia qui qualifient la mission en Haïti de " désastre " très coûteux, et des analystes brésiliens qui se demandent pourquoi le président Lula a envoyé des soldats dans ce pays, qui aurait plutôt besoin " de policiers, d’aide financière et de travailleurs humanitaires ". L’article explique aussi que les soldats de l’ONU se plaignent d’être vus comme des " occupants étrangers ou des pions des États-Unis " par la population haïtienne Au Canada, personne chez les parlementaires ou les médias ne semble remettre en l’implication du Canada en Haïti depuis que des groupes armés ont chassé le président Aristide, en avril 2004. Si les soldats canadiens ont été remplacés entre autres par des casques bleus brésiliens, chiliens et argentins, le Canada compte encore plusieurs policiers dans l’île des antilles, qui participent à des raids qui terrifient la population des quartiers pauvres. Un récent documentaire du journaliste américain Kevin Pina, intitulé Haïti : The Untold Story, démolit d’ailleurs le mythe selon laquelle cette mission serait une simple opération de " maintien de la paix " . On y voit les troupes de l’ONU armées jusqu’aux dents lancer des opérations dans les quartiers pauvres, officiellement pour arrêter des " bandits " associés à Lavalas et Aristide. Plusieurs morts jonchent le sol après le passage des soldats et des policiers. Des habitants montrent à la caméra leurs maisons criblées de balles, d’autres exhibent leurs blessures. Dans un récent rapport, l’organisation catholique Justice et Paix dénombrait environs 700 prisonniers politiques en Haïti, emprisonnés depuis le renversement de l’ordre constitutionnel et l’instauration d’un gouvernement de facto soutenu par le Canada, les États-Unis et la France. Amnistie internationale, à travers plusieurs communiqués de presse, s’est dit inquiète pour la sécurité des partisans d’Aristide et de Lavalas. Elle dénonce aussi l’arrestation et la détention dans des conditions dangereuses pour sa santé du père Gérard Jean-Juste, un prêtre catholique qui a critiqué publiquement l’occupation d’Haïti et qui était un des candidats les plus populaires de Lavalas en vue des élections de février prochain. Amnistie le considère comme " un prisonnier de conscience, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la libre-expression " . Des policiers de l’ONU ont participé à l’arrestation de Gérard Jean-Juste alors qu’il se rendait aux funérailles d’un journaliste. C’est que les policiers étrangers ne chôment pas depuis leur arrivée dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Un agent canadien en poste à Port-au-Prince a déclaré à une équipe d’observateurs de l’Université de Miami que tout ce qu’il faisait depuis son arrivée en Haïti, c’était " de s’engager dans une guérilla quotidienne " . Le rapport disponible sur le site de la faculté de droit de l’Université fait état de nombreuses violations des droits humains par le gouvernement de facto et les forces étrangères. Lorsque des militants montréalais du groupe Haïti Action Montréal lui ont remis ce document, le ministre des Affaires étrangères du Canada Pierre Pettigrew l’a rejeté du revers de la main en le qualifiant de " propagande, ce qui n’est pas intéressant " . Depuis longtemps, les autorités justifient les rafles dans les quartiers populaires par le fait que ces derniers seraient le repère des kidnappeurs qui multiplient les demandes de rançons en Haïti ces derniers mois. Seulement pendant le congé des fêtes, plus de 50 personnes ont été enlevées. Mais à la surprise générale, le 13 janvier dernier, la police haïtienne a annoncé avoir démantelé un réseau de kidnappeurs qui opérait à partir de la riche banlieue de Pétion-Ville, le quartier le plus aisé de la capitale ! Selon une dépêche de l’AHP, les personnes enlevées par le groupe ont été séquestrées " dans une maison luxueuse estimée à des centaines de milliers de dollars ".
D’où vient l’inquiétude des grandes puissances envers le peuple haïtien ?

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats et de forces de sécurité) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé durement la capitale, Port aux Princes. Et, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une aide humanitaire, la tâche essentielle qui leur est assignée est le rétablissement de l’ordre. Elles sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage. Les équipes de sauveteurs, elles-mêmes, ont vu limiter leurs possibilités d’accéder au pays et aux victimes par la priorité donnée à l’envoi des miliaires.

D’emblée, il est impossible de cacher que l’inquiétude principale des grandes puissances, ce sont les réactions populaires et pas les victimes à sauver et les populations survivantes à aider, contrairement ce que l’on cherche à nous faire croire ici. Certaines équipes de sauveteurs liées à des ONG n’ont toujours pas pu se rendre sur place et les forces armées sur place sont pourtant des centaines de fois supérieures en nombre aux équipes de sauveteurs. Si quelques immeubles occupés par des Occidentaux ont été secourus rapidement, ce n’est pas le cas des quartiers habités par des Haïtiens. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population.

Si les forces armées du monde sont se empressées pour intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les édifices publics, les bâtiments de l’Etat et des forces armées d’occupation étrangères, ne se transforme en tremblement de terre... social. Bien sûr, les forces armées parlent d’insécurité en accusant les Haïtiens de s’attaquer aux magasins, mais quand on crève de faim est-ce un crime ? Pour comprendre le rôle des forces armées, il faut se rappeler que l’intervention militaire américaine, onusienne ou française ne date pas du tremblement de terre. Il est le produit de la révolte sociale qu’a connu Haïti lorsque, en 1986, le peuple haïtien a entrepris de se débarrasser de la dictature des Duvalier et de ses tortionnaires macoutes, que soutenaient les pays occidentaux.

Depuis, ces mêmes grandes puissances n’ont qu’une inquiétude : que la révolution haïtienne ne se remette en marche. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, celle par laquelle il a renversé la dictature de « Bébé doc », le fils de « papa » Duvalier et ses barbares « tontons macoutes », soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée de retourner dans ses casernes. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter le prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Les syndicalistes, les religieux, les staliniens ont collaboré pour finir par mettre au pouvoir le démagogue Aristide. Ce dernier a fini de ce discréditer en devenant la marionnette des USA qui l’avaient remis au pouvoir. Mais jamais le calme social et politique n’est revenu en Haïti.

Et les dizaines de milliers d’hommes en arme, nationaux et étrangers, n’ont nullement remis en cause la dictature et la misère qui règnent dans l’un des pays les plus pauvres du monde (un à deux dollars de revenu en moyenne par habitant et une majorité pas assurée de manger chaque jour). Non, ils sont venus occuper ce pays parce que cette population a démontré qu’elle pouvait menacer le pouvoir et les classes dirigeantes haïtiennes. Cette « force de paix », comme elle se dénomme elle-même, n’a fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et bidonvilles aux côtés des forces armées et de police locales. Lors des dernières émeutes de la faim, le petit peuple d’Haïti, entre autres revendications, réclamait le départ des troupes de l’ONU et de toutes les troupes étrangères.

Toutes ces forces armées n’ont rien fait contre la classe dirigeante et ses forces de tortionnaires, rien contre la misère et l’exploitation, rien pour aider le peuple face à des cyclones ravageurs. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple complètement détruit, englué dans la boue sans que personne dans cette fameuse « communauté internationale » ne bouge le petit doigt.

Le tremblement de terre ayant détruit aussi la faible crédibilité du pouvoir, les grandes puissances craignent que le peuple haïtien, révolté, saisisse l’occasion de se débarrasser de ses oppresseurs.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère, que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres.... !
Les réactions de la population

Des Haïtiens en colère barrent les rues avec des cadavres PORT-AU-PRINCE - Des habitants de Port-au-Prince en colère ont bloqué jeudi certaines rues de la capitale avec des cadavres afin de protester contre le retard de l’assistance humanitaire, a rapporté un témoin. agence Reuthers

Le désespoir a engendré de la violence, et l’angoisse s’est transformée en colère à Haïti, vendredi, où les survivants ont tenté par tous les moyens de mettre la main sur des denrées de base. Dans un centre commercial à étages du centre-ville de Port-au-Prince qui s’est effondré, des pillards désespérant de trouver de la nourriture et de l’eau apparaissaient des décombres les bras chargés. Ils ont cependant été rapidement entourés par une bande d’émeutiers. De leur côté, les policiers haïtiens sont demeurés impassibles. Alors que les travailleurs humanitaires poursuivaient leur besogne pour extirper des décombres des survivants au séisme qui a frappé Haïti mardi, la plupart des Haïtiens se faisaient plutôt du souci pour leur survie à long terme. La caporale-chef Christine Briand, une policière de la Gendarmerie royale du Canada déployée avec l’Organisation des Nations unies (ONU), a qualifié la situation de tendue et de très fluctuante, mais tout de même stable. "La situation est calme pour le moment, a-t-elle affirmé. Mais les choses peuvent changer en un instant ici." La violence a gagné les bidonvilles situés en périphérie de Port-au-Prince, dont la notoire Cité Soleil, tandis que des résidants ont mis à sac des magasins, a indiqué la police canadienne. Dans la ville, de longues queues se sont formées autour des quelques stations-service ayant réussi à demeurer ouvertes. Le prix pour trois gallons d’essence s’élève maintenant à 50 $ US, contre 15 US $ il y a une semaine. Craignant les voleurs, la plupart des autres magasins ont fermé leurs portes ou vidé leurs tablettes. Des jeunes hommes et des adolescents armés de machettes et marchant en petites bandes dans les rues se sont approprié le moindre objet trouvé dans les maisons détruites. "Ils prennent tout. Que peut-on faire ?", a déploré Michel Legros, âgé de 53 ans, alors qu’il attendait de l’aide pour tenter de retrouver sept proches ensevelis sous les décombres de sa résidence. Invoquant l’insécurité générale, une équipe de recherches et de secours russe a suspendu son travail à la tombée de la nuit. "La situation dans la ville est très difficile et tendue", a expliqué le chef de l’équipe, Salavat Mingaliyev, cité par l’agence de presse russe Interfax. La plupart des véhicules de l’ONU sont utilisés pour escorter des convois ou transporter des victimes. L’acheminement de l’aide alimentaire a souffert des importants dommages au quartier général du Programme alimentaire mondial (PAM), dont les employés ont été contraints de réorienter leurs efforts de distribution. La crainte que la sécurité dégénère si les Haïtiens font face plus longuement à une pénurie de nourriture et d’eau est généralisée. "C’est difficile parce que nous devons d’abord assurer la sécurité pour le PAM, a expliqué la caporale-chef Christine Briand. Mais c’est important pour la population de voir qu’il y a de la nourriture disponible." « Une fois épuisée la première vague de compassion humanitaire, nous serons comme toujours, complètement seuls, pour affronter de nouvelles catastrophes… » Septembre 2008. À la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, le président haïtien, René Préval, se lamente du « paradigme de la charité » des États et des institutions internationales. La déclaration n’est pas prémonitoire. Haïti vient d’être frappé par quatre ouragans dévastateurs, tuant des centaines de personnes et ruinant 60 % des récoltes. À l’époque, à peine 5 % des 108 millions de dollars d’aides humanitaires promises par les gouvernements étrangers ont été versés. Cet exemple, parmi tant d’autres, illustre la démagogie des politiques internationales à l’œuvre. Le pays figure parmi les nations les plus pauvres de la planète. 80 % des Haïtiens survivent avec moins de deux dollars par jour, seuil d’extrême pauvreté, selon l’ONU. En avril 2006, les émeutes de la faim contre la cherté des produits de base dans les principales villes ont rappelé au monde que la misère n’est pas le fruit de la fatalité. N’oublions pas qu’en Haïti, il y a une classe ouvrière. Voici une de ses luttes en 2009 : Les travailleurs de la zone industrielle ont fait entendre leurs voix Les 4, 5, 11, 12 et 13 août 2009, les ouvriers de la zone industrielle ont gagné les rues de la capitale pour crier leur ras-le- bol des sempiternelles négociations autour de l’ajustement du salaire minimum. Et le dernier jour, ils étaient entre 12000 et 15000 à demander 200 Gourdes (soit 3,57 euros) au lieu des 70 Gourdes (1,25 euros) en vigueur depuis 2003. Avec des branches d’arbre en main, des milliers de travailleurs ont traversé la zone industrielle, avec leur slogan « 200 Gourdes tout de suite », tout en faisant débrayer les ouvriers des autres usines disséminées sur leur parcours pour arriver devant le Parlement où les députés devaient tenir leur séance. Arrivés sur les lieux, les unités de la police et les corps spéciaux les ont attaqués à coup de matraque, et gaz lacrymogènes, etc. pour les disperser. Mais les travailleurs n’ont pas baissé les bras ; ils sont revenus 5 jours de suite, ils ont encerclé le commissariat lorsque des manifestants ont été arrêtés le 10 août et sur leur lancée, le lendemain, des milliers de manifestants ont à nouveau gagné les rues. Ces ouvriers, ces étudiants, ces habitants de quartier faisaient pression sur les députés qui avaient émis un premier vote favorable au 200 Gourdes et qui revenaient sur leur décision face à la pression de la bourgeoisie haïtienne. Depuis la revendication de 200 Gourdes avancée par les ouvriers, les patrons des entreprises et leurs représentants expliquaient sur tous les médias « comment ce salaire allait entrainer le pays à la ruine et obliger les patrons à transférer leurs entreprises ailleurs où le salaire serait plus compétitif qu’en Haïti. ». Et la bourgeoisie haïtienne a repris le même refrain à propos des banques et du commerce : un tel salaire allait faire grimper les prix et mettre les banques en faillite. Il a fallu que quelques ouvriers prennent d’assaut les médias pour expliquer qu’avec 200 Gourdes ils pourraient survivre, mais ne pas vivre décemment. Le président Préval, en bon défenseur de la bourgeoisie a opposé son veto lorsque les parlementaires ont donné leur accord pour le passage au salaire à 200 Gourdes. Il a proposé que le salaire de base des ouvriers de la sous-traitance soit de 125 Gourdes par jour, et a ajouté que si ces ouvriers travaillent plus ils pourront toucher plus puisqu’ils sont payés à la pièce. Ils pourraient même toucher 200 Gourdes par jour, voire plus ajoutait-t-il cyniquement. Le mardi 18 août les députés sont revenus sur leur vote et ont choisi les amendements de Préval et le salaire journalier à 125 Gourdes. Ils ont montré comment ils sont corruptibles et sont en réalité les larbins de la bourgeoisie haïtienne. Ils ont eut peur des ouvriers, mais pas jusqu’à reculer et outrepasser les directives des patrons. Ce n’est que parti remise ! Cette mobilisation, ces manifestations ont permis aux travailleurs qui y ont participé et à ceux qui les ont soutenus de faire l’expérience de l’énorme potentialité qu’il y a dans leurs actions communes. Pendant quelques jours ils se sont libérés les uns les autres de la peur qui les enchainait à leur table de travail, aux ordres du chef, ont pris confiance en eux en allant faire débrayer d’autres usines et surtout en voyant comment les vigiles comme les patrons déguerpissaient à leur arrivée. Ils ont pu dresser la tête et faire valoir leurs revendications. De telles manifestations des ouvriers de la zone industrielle ne s’étaient pas vues depuis juillet 1991 au début du mandat d’Aristide. Elles sont pleines d’enseignements pour les travailleurs compte tenu de l’ampleur des luttes à venir pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Elles ne dépendront pas des palabres des parlementaires, des politiciens, et des soi-disant économistes tous acquis aux intérêts de la bourgeoisie, mais de leur capacité à s’organiser pour pouvoir s’imposer aux patrons et à leurs valets, et exiger la satisfaction de leurs revendications. "La panique est généralisée", a affirmé, vendredi, Gérard Latortue, Premier ministre haïtien de 2004 à 2006 sur Europe 1. "Le gouvernement est paralysé" car ses membres sont eux-mêmes confrontés à des difficultés dans leur entourage proche, a-t-il souligné. L’ancien Premier ministre a exprimé sa crainte d’une "anarchie généralisée", provoquée par "le chaos" mais également par la colère des habitants. On peut lire dans France soir : Selon un journaliste de l’AFP, beaucoup d’Haïtiens exprimaient leur colère contre le peu de réactivité de leur gouvernement. Dans les rues, des bandes de jeunes tentant tant bien que mal de porter secours aux survivants criaient leur rage face aux 4X4 des diplomates ou des travailleurs humanitaires qui passaient sans s’arrêter. "Il n’y a pas de gouvernement. On n’a pas d’autorités", déplorait une femme. Haïti n’a pas d’armée et ses forces de police ont quasiment disparu dans le chaos qui a suivi le tremblement de terre. Le maintien de l’ordre repose presque entièrement sur la force de l’ONU, dont les quelque 7.000 soldats et 2.000 policiers sont déployés depuis 2004 pour aider à stabiliser le pays. Elle aussi a été durement touchée par le séisme. Le Pentagone a annoncé qu’une brigade de 3.500 hommes appartenant à la 82è division aéroportée avait reçu l’ordre de se déployer en Haïti et qu’elle avait en partie pour mission de maintenir "un environnement sûr" pour la distribution de l’aide humanitaire. Quelque 2.000 Marines devant arriver en Haïti durant le week-end pourraient se voir confier une tâche similaire, ont précisé des responsables américains. Le département d’Etat a également souligné que le maintien de la sécurité était crucial AFP : Troupe d’élite US en renfort Si rien n’est fait pour satisfaire les besoins urgents de la population, tels que le manque de logements, l’accès à l’eau et à la nourriture, "on court le risque d

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