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La révolte sociale gronde en Algérie

mercredi 20 janvier 2010

La révolte gronde en Algérie : Vent de colère à travers le pays : Les actions de protestation se sont multipliées, ces derniers jours, à travers le pays, mettant à nu la dégradation des conditions de vie de larges franges de la population.

A l’Est, au Centre, comme à l’Ouest, les citoyens soulèvent les mêmes préoccupations liées à l’emploi, à la couverture sanitaire, à l’enclavement et à l’absence des commodités de base, comme l’eau, le gaz et l’assainissement. Cette année 2010 s’annonce sous le signe de la contestation sociale, et ce ne sont pAas les déclarations officielles sur la baisse du taux de chômage ou le relèvement du salaire minimum, sans réel impact sur le pouvoir d’achat, qui mettront la colère ambiante sous l’éteignoir. Les dernières statistiques rendues publiques récemment, annonçant un taux de chômage de 10%, placent pratiquement l’Algérie au même niveau que les pays européens. Or, la réalité est tout autre. Les présidents d’APC dans les communes rurales, interrogés sur l’emploi dans leurs localités, répondent invariablement que le taux de chômage se situe au-delà des 50%. Dans ces conditions, la stabilité sociale est mise en péril, en dépit des chiffres euphoriques sortis de l’administration centrale. Toutes les politiques sociales menées dans l’optique d’aider à l’insertion des jeunes n’ont fait qu’aggraver la précarité. Des diplômés d’universités usent leur patience durant des années au niveau des sièges des administrations chargées de mettre en œuvre les dispositifs gouvernementaux. Trois ou quatre années d’attente pour obtenir un poste sous-payé et non renouvelable. Cette frange de la population, que la formation universitaire n’a pas aidée à intégrer le monde du travail, vit le drame du chômage dans le silence, préférant tourner le regard vers des cieux plus cléments. La colère vient du pays profond, où parfois ce sont des pères de famille qui descendent dans la rue pour protester contre la désertion de tous les services étatiques chargés d’améliorer les conditions de vie des citoyens. Toutes les administrations publiques paraissent en définitive équipées et programmées pour que rien ne bouge. La réalisation d’un petit tronçon d’assainissement ou la réfection d’une route deviennent subitement des projets qui dépassent les compétences et les moyens des collectivités locales. Pourrissement Pour rompre l’inertie des pouvoirs publics, la population a compris que le seul moyen de se faire entendre est de bloquer les routes ou d’occuper les administrations et les assemblées locales. En quelques heures, les autorités locales réagissent et annoncent le lancement des travaux pour le lendemain. Ainsi donc, les moyens sont disponibles, et c’est l’option du pourrissement et du mépris qui a prévalu, en lieu et place de la rigueur et de la compétence. Dans leurs actions de protestation, les citoyens « occupent » indifféremment les sièges de daïra et les assemblées locales, faisant porter une égale responsabilité aux élus et aux responsables de l’administration. Cette dernière a décidé, depuis bien longtemps, de s’installer dans la bureaucratie, reproduisant depuis des décennies les mêmes réflexes tatillons et sclérosants. Il est arrivé que des walis déclarent, impuissants, qu’« un seul fonctionnaire peut bloquer des projets d’envergure de toute la wilaya ». Ces postures d’indignation n’ont malheureusement aucune incidence sur le fonctionnement boiteux des administrations. Les assemblées élues, quant à elles, sont à l’origine de beaucoup de déception au sein de la population. Les programmes de campagne sont oubliés au lendemain de l’installation des exécutifs, et l’on cède à la facilité de la gestion au jour le jour, se déconnectant de la vie quotidienne des administrés. Les élus font alors preuve d’une inertie égale à celle de l’administration. Ils oublient la population qui les a élus, et qui le leur rend bien, puisque, le jour des manifestations, les protestataires réclament exclusivement la venue des autorités administratives.

Attributions de logements contestées à Annaba Des centaines de personnes se sont rassemblées, hier, devant le siège de la daïra d’El Bouni, dans la wilaya de Annaba.

L’attribution, avant-hier, de 200 logements sociaux locatifs (LSL) à la cité Boukhadra, dans le cadre de l’éradication de l’habitat précaire, en présence de Nouredine Moussa, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, a fait des mécontents. Ils étaient, hier, des centaines de pères de famille à manifester leur colère devant le siège de la daïra. Les représentants des protestataires dénoncent leur exclusion de la liste des bénéficiaires de logements. « Je suis une mère de famille. J’occupe une baraque depuis plus de 10 ans. Je n’ai pas de logement pour abriter mes enfants. J’ai fait le parcours du combattant pour en bénéficier, en vain. Je suis là aujourd’hui tout autant que les autres pour manifester ma colère contre les services de la daïra et de la commune d’El Bouni, que j’accuse ouvertement d’avoir mal apprécié les besoins de plusieurs familles. » C’est ce qu’a tonné hier Mme Bouallegue devant le siège de la daïra. La même situation s’est produite, parallèlement, à la cité Bouhdid. Là aussi, le ministre est passé et a remis les clés de 100 logements sociaux entrant dans le cadre de l’éradication des bidonvilles de Sidi Harb (Annaba). Un mouvement de protestation a fini par faire converger les mécontents sur le siège de la daïra de Annaba. Celle-ci a été assiégée, hier, par les habitants de la vieille ville, impatients d’avoir les logements qu’on leur a promis. « Depuis que nos immeubles ont été recensés parmi ceux qui menacent ruine, nous vivons avec la peur au ventre », expliquent des manifestants rencontrés devant le siège de la daïra de Annaba Débrayage à ARCELORMITTAL Annaba : La justice se prononce aujourd’hui Le secrétaire général du syndicat d’entreprise a été auditionné hier par le tribunal d’El Hadjar.

Aujourd’hui à 10h, le tribunal d’El Hadjar, territorialement compétent, prononcera le verdict portant sur la légalité ou non du mouvement de grève qui se poursuit toujours depuis le 12 janvier dernier. Ainsi, le secrétaire général du syndicat d’entreprise, Smaïn Kouadria, a été auditionné hier après-midi par le tribunal d’El Hadjar, et ce, suite à une plainte de la direction générale de l’usine ArcelorMittal de Annaba. Après la présentation de la requête du plaignant portant, entre autres, selon Smaïl Kouadria, sur l’urgence du service minimum et l’organisation de marches à l’extérieur de l’usine, la défense du syndicat a répondu. Elle a nié, dans son écrit, les doléances avancées par l’employeur indien argumentant que le service minimum est assuré avec largesse. Quant à la marche organisée jeudi dernier, elle a été organisée à l’intérieur du complexe et n’a à aucun moment franchi le poste de garde, à l’entrée du complexe. Sur le perron du tribunal, le secrétaire général du syndicat d’entreprise, qui se dit sujet à des pressions, nous a déclaré qu’« il est déterminé plus que jamais à combattre jusqu’à la satisfaction des revendications des travailleurs, notamment la réhabilitation de la cokerie que refuse la direction générale d’ArcelorMittal ». Bras de fer syndicat-direction générale Celle-ci qualifie, contre toute attente, le mouvement de grève des 7200 sidérurgistes d’« illégal ». Le syndicat d’entreprise estime, pour sa part, que son partenaire n’a pas le droit de fermer un quelconque atelier de l’usine, conformément à la convention d’investissement du 15 août 2001. Quelques heures auparavant, le syndicat avait tenu un meeting avec l’ensemble des travailleurs grévistes, en présence de Hmarnia Tayeb, le secrétaire national chargé des relations extérieures à l’UGTA, où il leur a transmis le soutien indéfectible de son organisation quant à leur mouvement de grève. Par ailleurs, la réunion extraordinaire du conseil d’administration du complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) va-t-elle apporter une solution à la grève qui affecte depuis mardi dernier l’usine du géant mondial du fer et de l’acier ? Sollicitée par le groupe Sider qui détient 30% des actions de l’usine ArcelorMittal, cette réunion sera mise à profit pour discuter avec les responsables de l’usine ArcelorMittal de la réhabilitation de la cokerie et du plan d’investissement 2010-2014 des installations sidérurgiques stratégiques comme les hauts fourneaux et les laminoirs. Selon des sources proches de ce conflit, le directeur général du groupe Sider, Amar Belkacemi, va annoncer lors de cette rencontre son accord officiel pour le financement de la réhabilitation de la cokerie et du plan d’investissement 2010-2014 à hauteur de 30%. Quelle sera la réaction des dirigeants d’ArcelorMittal Annaba qui continuent à considérer que la cokerie n’est pas indispensable pour la fabrication de l’acier en donnant des garanties destinées à sécuriser les approvisionnements en charbon de l’usine et à redéployer ses 320 travailleurs vers d’autres secteurs de production ? A suivre. AFRICAVER (Jijel) : Deuxième semaine de grève Les travailleurs d’Africaver dans la commune de Emir Abdelkader (wilaya de Jijel) ont observé hier leur neuvième jour de grève. Le débrayage a ainsi entamé sa deuxième semaine dans un climat partagé entre le dialogue et le recours à la justice par l’administration de l’entreprise.

Les discussions entamées, mercredi dernier, entre les émissaires de la direction du groupe Enava et le partenaire social se poursuivent encore, mais s’apparentent jusque-là à un dialogue de sourds. Jeudi dernier, une deuxième réunion avait eu lieu entre les deux parties sans toutefois déboucher sur un résultat. Une troisième réunion a regroupé dimanche matin les responsables de la direction générale d’Africaver avec le syndicat sans aucun dénouement au conflit. Les syndicalistes demandent toujours l’application de l’avenant n°2 à la convention collective de la branche chimie, signé entre la société de gestion des participations de l’Etat Gephac et la fédération UGTA des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie, le 14 février 2004. Le principal point revendiqué par les travailleurs est stipulé dans l’article 5 dudit avenant relatif à la revalorisation du salaire minimum d’activité (SMA) à 8800 DA. La revendication des travailleurs est réconfortée par la note n°3 du 30 mars 2004 signée par le président du directoire de la SGP Gephac et transmise aux PDG et DG des groupes et entreprises de la branche chimie. Cette note les invite à appliquer l’avenant n°2 en fonction de la santé financière de l’entreprise. Si l’alinéa 1 de l’article 5 dudit avenant invite à la mise en œuvre du réajustement du SMA à 11 000 DA pour les entreprises en bonne santé financière, l’alinéa suivant stipule clairement que pour les entreprises en situation financière difficile, elles doivent relever dans une première phase le salaire minimum d’activité à 8800 DA, à compter du 1er janvier 2004 pour se mettre en conformité avec le niveau du SNMG de 10 000 DA. Un syndicaliste nous dira à ce propos que l’entreprise qui rechigne à verser même avec un échéancier à convenir entre les deux parties a déjà perdu plus d’un tiers du montant qu’elle aurait à verser aux travailleurs du fait de la grève. Boumerdès : La tension reste vive à Naciria La localité de Naciria a vécu hier des troubles dus à l’occupation de la voie publique par des jeunes ayant relayé les chômeurs qui, la veille, avaient bloqué la RN12.

Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser ces jeunes, qui tentaient d’occuper la route reliant Tizi Ouzou à Alger et de bloquer la circulation. Des escarmouches ont éclaté vers midi pour se poursuivre jusqu’en fin de journée, succédant aux affrontements de la veille avec les forces antiémeute. En effet vers 11h, des jeunes ont investi la RN12 pour la bloquer mais les forces de l’ordre sont intervenues brutalement pour les en empêcher. D’où des affrontements entre les deux parties. Pour rappel, la grogne avait débuté la veille, lors d’une manifestation de jeunes chômeurs de Naciria qui a tourné à l’émeute suite à l’intervention des forces de l’ordre pour disperser la foule qui avait investi, en début d’après-midi, la RN12. Les manifestants étaient descendus dans la rue pour bloquer, pour la énième fois, cet axe routier afin de protester contre « le nombre insuffisant de contrats de travail attribués par la direction de l’emploi de la wilaya de Boumerdès dans le cadre du dispositif de pré-emploi ». Avant-hier, Les forces antiémeute ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants, ce qui a exacerbé leur colère  ; ces derniers ont riposté par des jets de pierre et autres projectiles. Les affrontements ont duré près d’une heure. Les manifestants sont, pour la plupart, des chômeurs qui ont déposé des dossiers au niveau du bureau de main-d’œuvre de Bordj Ménaïel. Ainsi, sur les 1200 dossiers constitués, on ne dénombre que 420 contrats accordés à la commune. Les jeunes qui n’ont pas eu la chance de décrocher ce fameux contrat d’une année payé 15 000 DA par mois, avaient tenté de saccager le siège de l’APC de Naciria la semaine dernière. Après avoir été convaincus que cela ne relevait pas des services de l’APC, les jeunes ont envahi le bureau de main-d’œuvre, sis à Bordj Menaïel, pour réclamer d’autres contrats. Leurs revendications n’ayant pas abouti, ils sont sortis dans la rue. « Nous n’avons aucun autre moyen de faire valoir nos droits au travail, au logement et à une vie décente. Le pouvoir répressif ne nous laisse aucune autre alternative que l’occupation des espaces publics. Nous ne pouvons plus endurer le lot de misère qu’il nous réserve tandis que les milliards de dollars de Sonatrach sont détournés », nous déclare un jeune habitant de Naciria. Deux enfants de 12 et 13 ans auraient été arrêtés, hier, et la veille on avait enregistré une dizaine d’interpellations par les forces de l’ordre. Les escarmouches d’hier ont engendré des troubles de la circulation sur la RN12. Grogne à Mila A Mila, les mouvements de protestation se poursuivent à un rythme alarmant qui renseigne sur le dur quotidien de la population.

Lundi dernier, des dizaines de citoyens du quartier Ouled Salah ont pris d’assaut le centre-ville de Téleghma qu’ils ont bloqué. La raison en est la dégradation avancée du cadre de vie. L’état défectueux des routes, les carences de l’éclairage public, les lenteurs dans la répartition des logements sociaux et les quotas insuffisants en matière d’habitat rural étaient les soucis mis en avant par les manifestants. C’était aussi le cas de la population rurale de Chigara qui a paralysé trois jours durant, en septembre dernier, le siège de l’APC, en réaction notamment au chômage endémique dans la région. Des affrontements violents s’étaient alors produits entre villageois, auxquels se sont jointes des dizaines de femmes. La Gendarmerie nationale a procédé à une cinquantaine d’arrestation parmi les jeunes manifestants. Le 3 janvier dernier, les riverains de la mechta Tarmil, dans la commune de Ferdjioua, ont fermé la RN100 pendant près de six heures pour protester contre l’absence d’eau potable et de transport scolaire. Une semaine après, ce fut au tour des habitants du douar Timridjine, relevant de la commune de Tiberguent, d’obstruer la RN79, revendiquant la réalisation du réseau d’assainissement, le revêtement de la route menant à leur hameau et la pose de l’éclairage public.

Messages

  • Algérie - La grève des travailleurs de Rouïba stoppée par l’UGTA

    Les travailleurs de la SNVI (Société nationale de véhicules industriels) de Rouïba, en Algérie, ont repris le travail le dimanche 17 janvier. Les entreprises qui s’étaient également mises en grève dans la zone industrielle de cette ville, située à 30 km d’Alger, ont repris elles aussi le travail.

    Les travailleurs de la SNVI s’étaient mis en grève le 3 janvier. La grève avait éclaté spontanément pour rejeter les résultats de la dernière réunion tripartite entre l’UGTA, le patronat et le gouvernement. Cette tripartite avait augmenté le smic de 12 000 à 15 000 dinars, ce qui est ridicule face aux hausses des prix. Il avait été aussi annoncé la suppression de la possibilité de prendre sa retraite au bout de 32 ans d’activité.

    Le dirigeant de l’UGTA, Sidi Said, avait envoyé des émissaires de la centrale syndicale pour convaincre les grévistes de cesser leur mouvement. Ils avaient été hués et priés fermement de quitter l’assemblée des grévistes. La grève continuait et s’étendait à l’ensemble de la zone industrielle. Quelques jours plus tard, un communiqué de l’UGTA, signé de Sidi Said, énumérait toutes les mesures prises par le pouvoir pour relancer l’activité de la SNVI. Le communiqué concluait : « Toutes ces mesures de relance de l’outil de production national ne pourront que concourir à la sécurisation et à la création d’emplois ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et de leurs familles. Ceci ne pourra ni ne saura se réaliser sans la mobilisation effective des bonnes volontés dans un climat serein et empreint de confiance. » Sidi Said se comportait en porte-parole du gouvernement contre les grévistes. Certains syndicalistes de base, par contre, prenaient la tête de la grève.

    Cette grève qui pouvait s’étendre au-delà de la zone industrielle de Rouïba inquiétait le pouvoir. Tayeb Louh, le ministre du Travail, accusait les grévistes d’être « manipulés par des gens qui veulent que l’Algérie reste un pays importateur de véhicules ». Les grévistes se heurtaient dans la rue à un déploiement massif des forces de police. Cependant Sidi Said convoquait le 13 janvier les syndicalistes de la SNVI et de la zone industrielle au siège de la centrale, en les sommant d’accepter des négociations sur les salaires par branche et par entreprise, qui vont s’étendre sur plusieurs mois.

    Sidi Said annonçait aussi que la suppression de la retraite après 32 ans d’activité serait reportée à plus tard. Il annonçait également que l’article du Code du travail qui intègre des primes dans le smic (ce qui en réalité annule l’augmentation décidée) serait abrogé. Mais tout cela n’était que promesses qui n’engageaient que lui. Il voulait avant tout que la grève cesse. Il faut noter que Sidi Said s’est félicité publiquement de l’arrêt de la grève, avant même que les grévistes aient été consultés.

    Le lendemain matin, les dirigeants syndicaux de la SNVI ont pesé de tout leur poids pour stopper la grève et il semble qu’un vote ait décidé de la suspendre, malgré l’opposition d’une partie des grévistes.

    Cette grève est un avertissement, car en Algérie le mécontentement est général. Les salaires sont très bas. Les prix flambent. La volonté du pouvoir de remettre en cause le système de la retraite après 32 ans d’activité ne passe pas. Les mouvements de grève se sont multipliés ces derniers mois. Les enseignants qui ont fait trois semaines de grève en novembre menacent de reprendre la lutte. Les médecins sont en grève depuis plusieurs semaines. Leur mouvement doit s’étendre aux paramédicaux.

    Les travailleurs d’ArcelorMittal, à Annaba, sont aussi en grève depuis le 12 décembre. Ils s’opposent à la fermeture de la cokerie. La direction de l’usine a assigné en justice le syndicat, l’accusant de grève illégale et de ne pas respecter le service minimum. Les journaliers du port d’Alger sont toujours en lutte pour obtenir leur titularisation.

    Il faut souhaiter que toutes ces luttes convergent et se généralisent pour faire reculer le pouvoir et la bourgeoisie algérienne.

  • Liberté - 19 jan 2010

    Tizi Ouzou, Béjaïa, Aïn Defla - Le secteur de l’éducation en ébullition

    La grogne gagne plusieurs wilayas de la région Centre. À Tizi Ouzou, le Sete, affilié à l’UGTA, observe depuis hier deux journées de protestation. À Béjaïa, le CLA invite les autres syndicats du secteur à se joindre à la journée de protestation prévue le 27 de ce mois. Et à Aïn Defla la contestation fait des émules.

    Rien ne va plus dans le secteur de l’éducation. L’on croirait que plusieurs wilayas du Centre se sont donné le mot pour agir, voire protester au même moment. En effet, les enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment ceux des cycles primaire et moyen, ont observé hier une journée de protestation à l’appel du Syndicat d’entreprise des travailleurs de l’éducation (Sete UGTA).
    Le débrayage a été moyennement suivi si l’on se fie à des informations recoupées. Le secrétaire général du Sete parle, lui, d’un taux de suivi qui avoisine les 60%, voire les 70% par endroits. “En revanche, la grève a été bien suivie dans les zones rurales comme Aïn El-Hammam, Azazga, Bouzeguène, etc.”, affirme le responsable de l’UGTA. Dans la ville des Genêts, le taux était moindre. Dans certains établissements, des enseignants grévistes ont été réquisitionnés pour la surveillance de l’examen des intendants, nous informe-t-on par ailleurs.
    Dans un appel commun rendu public, les deux syndicats engagés dans une synergie d’unité d’action depuis quelques mois exhortent les enseignants à observer, demain mercredi, un sit-in devant le siège de l’académie de Tizi Ouzou suivi d’une marche vers le siège de la cité administrative. À Béjaïa c’est le syndicat du cycle secondaire qui est monté au créneau. Après une brève accalmie la protestation reprendra dès la semaine prochaine. En effet, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), par le biais de son porte-parole, Idir Achour, vient de lancer un appel à une journée de grève nationale le 27 janvier dans les lycées. Une action arrêtée par son dernier conseil national et qui sera suivie par une autre grève de deux jours en février prochain, ponctuée celle-ci d’un sit-in devant le Palais du gouvernement, et d’une grève illimitée à partir du mois d’avril si jamais leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les dates de ces deux dernières perspectives ne sont pas encore fixées par le CLA, qui appelle les autres syndicats du secteur de l’éducation à se joindre à la protestation. Avant-hier, les lycéens de la localité de Bouhamza, à environ 80 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, ont en guise de protestation, procédé à la fermeture du siège de leur mairie.
    Le manque de moyens de transport vers les lycées de Soudouk où ils étudient est la revendication-phare mise en avant devant l’APC par les jeunes protestataires de Bouhamza. De leur côté, las de ne pas avoir perçu le rappel des indemnités du deuxième semestre de l’année écoulée et le retard du versement du salaire du mois courant habituellement reçu le 12, les syndicalistes de l’Unpef de la wilaya d’Aïn Defla menacent de rejoindre le mouvement de protestation.

  • Les revendications se multiplient
    La remise en cause des conclusions de la dernière tripartite touchant un certain nombre de droits sociaux des travailleurs a été à l’origine d’une vague de contestations observée dans les plus importantes entreprises industrielles nationales.

    La grève de la SNVI reste dans les mémoires des travailleurs algériens. C’est un mouvement qui s’est propagé de façon inattendue et qui a exercé un véritable forcing sur les pouvoirs publics, imposant des décisions urgentes.

    Les autres catégories des travailleurs de la Fonction publique, à l’instar des enseignants, médecins, psychologues, paramédicaux et autres exigent un statut « respectable » reflétant leurs missions valorisantes et les efforts consentis dans leur travail au quotidien.

    Ils ont contesté, pour la majorité d’entre eux, les contenus des statuts particuliers et le régime indemnitaire décidés par les pouvoirs publics de façon unilatérale. Le mécontentement ne s’est malheureusement pas limité aux travailleurs du secteur public.

    Les taxieurs, les journaliers des ports d’Alger, les agences immobilières et bien d’autres secteurs d’activité seront touchés par de nouveaux débrayages. Une façon comme une autre d’exprimer un ras-le-bol généralisé en raison des multiples et répétitifs dysfonctionnements signalés.

    Le déphasage est grand, voire flagrant entre la réalité du terrain et les textes réglementaires et législatifs élaborés par les pouvoirs publics auxquels on reproche « la marginalisation des parties concernées dans la prise de décision ». Dans toute cette cacophonie qui a perturbé plusieurs secteurs d’activité, il y a lieu de signaler l’attitude »remarquable et inhabituelle » de la Centrale syndicale.

    L’indifférence n’a pas été de mise lors de toutes les actions de contestation menées dans les secteurs où elle a des représentations. Bien au contraire, l’UGTA est intervenue pour apaiser la tension et proposer des solutions aux problèmes posés même si ces solutions n’ont pas résolu les problèmes définitivement.

    Cela a été le cas également pour les paramédicaux et les chauffeurs de taxi pour qui, en dépit du silence observé par les tutelles pendant les jours de protestation, des mesures ont été prises pour assurer de la prise en charge des doléances par les parties concernées en vue de les convaincre de reprendre le travail.

  • Ce n’est pas en sortant dans la rue que les uns et les autres verront leurs problèmes trouver des solutions. C’est ce qu’avait dit le Premier ministre lors de son dernier point de presse. Et pourtant, c’est le contraire qui se passe. Un vent de révolte balaie les quartiers populaires et les bidonvilles qui les ceinturent.
    Diar Es-Chems a donné le la, criant à qui veut entendre la malvie des gens mal logés, jusqu’à faire sortir le wali de la capitale de son silence et l’amener à accéder à la demande pressante des émeutiers pour un relogement décent.
    La tache d’huile se répand partout et puisque cette méthode, le chantage par l’émeute, s’avère payante, c’est à qui mieux mieux pour brûler des pneus et barrer des routes. Fini le temps où ces méthodes étaient utilisées pour des revendications politiques, remplacées désormais par des urgences sociales, voire de dignité.

  • Crise du logement dans la capitale

    L’émeute, un nouveau mode d’acquisition

    ImageLa fièvre du logement « social » s’installe. Couper la route, brûler des pneus, lancer des pierres ou encore affronter les forces de l’ordre afin de bénéficier d’un logement décent, c’est devenu une mode par les temps qui courent.

    « Les gens de Diar Echems ont bien eu gain de cause après leur révolte. Pour preuve, ils sont tous relogés, nous allons agir de même pour faire entendre nos voix aux autorités concernées », tonne Abdelkrim, un jeune rencontré à Oued S’mar. Habitant dans un « bidonville » de la localité, il vit dans des conditions lamentables.

    La faute lui incombe en partie car, comme beaucoup d’autres habitants du quartier, il a fait la fine bouche lorsque les autorités ont proposé de les reloger dans des chalets à Hamadi, dans la wilaya de Boumerdès. « Nous avons refusé, nous voulons vivre dans la capitale », avouent toutes les personnes que nous avons questionnées.

    Le wali d’Alger avait annoncé la distribution de quelque 10 000 logements au niveau de la capitale. Des logements qui font saliver les habitants des bidonvilles mais qui aiguisent aussi l’appétit des occupants du vieux bâti, cela sans omettre les « profiteurs » en tous genres qui guettent la moindre liste affichée dans les APC pour y figurer.

    Le problème qui se pose à l’heure actuelle est qu’il est impossible de satisfaire le nombre croissant de demandes qui atterrissent sur les bureaux des P/APC de la capitale.

    A cause du mécontentement provoqué au niveau de certaines municipalités par l’affichage des listes des bénéficiaires, le wali d’Alger, Mohamed Kebir Addou, a décidé de s’occuper personnellement de ce dossier ou, à tout le moins, le confier à ses wali délégués. Ces derniers hésitent d’ailleurs à prendre des initiatives qui risquent de se retourner contre eux. Comme ce fut le cas lors de l’affichage de la liste des bénéficiaires de logements sociaux et LSP à Staouéli.

    Le wali délégué de Sidi M’hamed, M. Khalfa, nous a avoué à ce propos que certaines situations le dépassent. « Sincèrement, nous préférons en référer à la tutelle pour éviter tout dérapage », dit-il, montrant ainsi la dure tâche des autorités concernant la prise en charge de ce problème récurrent. Dans pareilles circonstances, il y a toujours des trublions qui font dans la manipulation, dans le seul but de compliquer la tâche aux institutions.

    Rééditer l’épopée des Zaâtcha… pour un logement !
    A Zaâtcha, ce sont quelques centaines de familles qui demandent leur part du gâteau. Ce sont des jeunes qui se sont révoltés pour demander du travail… avec l’arrière-pensée de bénéficier de logements. Rafik a insinué cela : « Nous sommes une centaine à vivre dans ce patelin dans des conditions inhumaines, nous vivons dans des logements de fortune qui risquent de s’effondrer à tout moment. Et puis, nous voulons du travail.

    Mais nous sommes loin de la ville, personne ne nous accepte car nous n’avons pas de moyens de transport, donc il faut nous reloger ailleurs ! » Un syllogisme utilisé comme raccourci pour bénéficier d’un logement. Hamid a le mérite d’être clair à ce sujet : « Sans un habitat décent, nous ne pouvons avancer dans la vie, il faut que les autorités prennent en charge ce volet, nous avons une part dans le million de logements, on l’attend. » Les autorités locales continuent à faire la sourde oreille,

    le comité mis en place par la population n’ayant pas été reçu par le P/APC. La raison ? Selon un élu, « les logements existant sont destinés aux plus démunis et aux gens qui sont vraiment dans le besoin. Qu’ils sortent, qu’ils bloquent la route, ils n’auront rien car l’Etat ne peut céder à cet odieux chantage ».

    Sur les traces de Diar Echems
    Beaucoup d’habitants de la capitale bouillonnent d’impatience, attendant le moment de la distribution des 10 000 logements dont a bénéficié la wilaya et que cette dernière réserve en priorité à l’éradication de l’habitat précaire. Certains habitants de quartiers dits « précaires » ne comprennent pas que ces nouveaux logements sont destinées à une tranche de citoyens choisis selon des critères bien précis.

    La priorité est donnée aux habitants des bidonvilles. Il faut le reconnaître, Alger la blanche est noircie par des gourbis qui poussent comme des champignons. A Oued S’mar, ce sont des dizaines de masures qui ont poussé entre décembre 2009 et février 2010. Un chiffre d’ailleurs qui fait peur aux élus de la commune qui ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous sollicitons les forces de l’ordre pour arrêter ce genre de constructions, notamment celles se situant aux abords de la voie ferrée, mais nous avons peur des émeutes. Sincèrement, la situation est délicate. »

    Pour beaucoup, il suffit juste de lancer quelques pierres sur les forces de l’ordre ou encore fermer la route le temps d’un après-midi pour prétendre à un logement social neuf. A Saoula, les jeunes se sont manifestés bruyamment avant-hier en fin de journée en tentant de fermer la route avec quelques pneus brûlés.

    L’astuce était tellement grossière que les autorités locales n’ont pas daigné se déplacer, envoyant juste quelques gendarmes qui ont réussi à disperser les jeunes manifestants. « Nous voulons notre part, nous aussi nous vivons une situation difficile, nous voulons vivre dignement », ont scandé les émeutiers.

    En conclusion, c’est toute la capitale qui est sur un volcan. Chaque quartier attend son quota, c’est d’ailleurs le mot d’ordre des habitants de Diar El Mahssoul qui attendent juste la fin du relogement de leurs voisins de Diar Echems pour sortir dans la rue déposer leurs demandes de logements. L’émeute est apparemment devenue le seul moyen d’acquisition de logements en attendant qu’aboutissent les demandes légales. C’est ce qui explique la vitesse avec laquelle poussent les bidonvilles.

    Par Elias Melbouci

  • Lundi 29 mars 2010

    Annaba (Algérie) : Encore des émeutes du logement

    Émeutes dans un quartier d’Annaba : 18 personnes, dont 5 policiers, blessées

    Quelques jours après les tensions provoquées par une dispute entre les gardiens du marché de fruits et légumes de la commune de El Bouni, c’est au tour de la cité Sidi Salem, avec ses 50’000 habitants, dans la même commune, de s’embraser.

    La démolition de 35 constructions illicites serait à l’origine des attroupements de protestation provoqués par plusieurs personnes ce jeudi. Après s’être constituées en petits groupes, ces personnes se sont attaquées aux forces de l’ordre chargées d’assurer la sécurité des engins de démolition et de leurs conducteurs. Il en a résulté une véritable bataille rangée : 18 personnes, dont cinq policiers, ont été blessés. Évacuées sur les urgences de l’hôpital Ibn Rochd, plusieurs blessés légers ont regagné leurs foyers.

    Selon les services de l’urbanisme et de la commune de El Bouni, les 35 constructions illicites démolies étaient non seulement contraire à tous les principes de l’urbanisme et de la construction, mais elles représentaient aussi un danger mortel pour leurs occupants et le voisinage. Depuis jeudi, la cité Sidi Salem à forte concentration de familles démunies est placée sous haute surveillance policière.

    Leur presse (Samir Rahim,
    Tout sur l’Algérie), 26 mars 2010.

  • Relogement Émeutes au quartier Zaâtcha à Alger Par : Ali Farès, Liberté, 10 mars 2010 À la manière de ses habitants plutôt discrets, le bidonville Zaâtcha, mitoyen à la populaire cité Mahieddine dans la commune de Sidi M’hamed, est à peine visible aux gens de passage. Pourtant, il est l’un des plus anciens sites d’habitat [...]

    Par : Ali Farès, Liberté, 10 mars 2010

    À la manière de ses habitants plutôt discrets, le bidonville Zaâtcha, mitoyen à la populaire cité Mahieddine dans la commune de Sidi M’hamed, est à peine visible aux gens de passage.

    Pourtant, il est l’un des plus anciens sites d’habitat précaire d’Alger (construit en 1958) et reste le dernier survivant en plein cœur de la capitale et dans la commune la plus riche du pays. Hier, l’endroit était, encore une fois, le théâtre d’une grande colère amèrement exprimée par des résidents qui ne croient plus aux promesses, maintes fois faites, mais jamais tenues. Alors que les jeunes de ce quartier n’arrivaient pas à contenir leurs nerfs, les “anciens” tentaient de faire passer le message à qui veut les écouter que leur situation est critique. Le service d’ordre est impressionnant mais très en retrait. Ce qui a, d’ailleurs, évité l’affrontement. Il est vrai que la raison était de mise, car pour la majorité des citoyens de Zaâtcha, l’objectif étant d’attirer l’attention des autorités locales qu’il y a quelque part une discrimination dans le traitement d’un même problème, à savoir, le relogement.
    “À Diar Echems, il a fallu une seule émeute pour que les responsables réagissent et vite. Cela fait des années que nous ne cessons d’expliquer notre cause aux autorités. Plusieurs députés et responsables sont venus nous voir dont l’actuel P/APN, Abdelaziz Ziari, lors de la campagne électorale. malheureusement rien n’a été fait. Nous vivons dans des conditions inhumaines”, raconte l’un des délégués du quartier. Nacer M.,
    50 ans, qui nous a invités dans sa maison. Une mansarde de moins de 4 m2. L’unique pièce sert de cuisine et de chambre à coucher pour cinq personnes. “Nous n’avons pas de sanitaires. Les toilettes sont communes”, dira Nacer né dans cette même baraque. Lui et sa femme sont traités par un psychiatre alors que ses trois enfants souffrent de maladies respiratoires. Il faut dire que les conditions d’hygiène, en dépit des efforts faits par les habitants, sont loin des normes minimales. Ajouter à cela, la toiture de toutes les baraques en amiante. “Quand il pleut, aucun foyer n’est épargné par les infiltrations d’eau. Lors des fortes pluies, à l’exemple de ces derniers jours, c’est bonjour les dégâts. Toutes les maisons sont inondées”, signale son voisin Mahboub.
    Ce dernier éclate en sanglots. Reprenant ses esprits, il explique que son père est un ancien moudjahid qui n’a jamais demandé quoi que ce soit. “Le mépris affiché par les responsables en charge de notre problème nous amène à conclure que nous sommes des moins que rien. Et pourtant Dieu seul sait à quel point nous avons la fibre patriotique. C’est justement cette faiblesse qui nous retient en pensant que l’État algérien nous accorde un peu de considération”, lâche ce citoyen.
    Un autre habitant nous accoste et nous prie d’entrer dans sa maison minuscule. il travaille comme agent à l’imprimerie de la presse de Bab-Ezzouar. Ils sont sept dans un 5 m2. Sa fille, une adolescente, a failli perdre un pied en tombant d’un “perchoir” aménagé en lit d’occasion. La plupart des habitants de ce bidonville affirment avoir au moins deux membres de la famille asthmatiques (des enfants surtout). Des demandes de logement, toutes les familles en ont formulées auprès de qui de droit. “C’est à croire qu’on en veut aux habitants de ce quartier. Sinon, comment expliquer que sur les trois plus anciens bidonvilles d’Alger, à savoir El-Kettar, ex-Clos Salembier et Zaâtcha, c’est ce dernier qui est toujours-là à témoigner de l’époque coloniale. Les deux autres ont été démolis et les familles relogées. À présent, on fait passer d’autres priorités. C’est sidérant”, conclut un vieux qui a passé les trois quart de sa vie dans ce bidonville à deux encablures du Palais d’El-Mouradia et de l’épicentre de la capitale. Le wali délégué de Sidi M’hamed, Ahmed Khalfi, joint par téléphone, a précisé que “toutes les formalités de relogement des 291 familles qui habitent ce site sont faites. Après Diar Echems et le site du Val d’Hydra qui seront relogés incessamment, nous prendrons en charge le relogement du site Zaâtcha, opération prévue dans les semaines qui viennent”.
    À l’heure où nous mettons sous presse, une délégation des habitants, conduite par l’imam de la mosquée du quartier, devait être reçue dans l’après-midi par le SG de la wilaya d’Alger, Ould Salah Zitouni.

  • Les émeutes comme action politique
    23-03-2010

    Par Faouzia Ababsa

    Diar Echems, Zaatcha, Oued Smar et bien d’autres quartiers de la capitale et dans d’autres villes et régions du pays ne vivent plus qu’avec l’idée de se faire entendre par la seule voie de la manifestation, voire l’émeute et la violence. Samedi dernier, c’était au tour des locataires des chalets d’Alger Plage, dans la commune de Bordj El Bahri, de sortir dans la rue pour dresser des barricades. Pneus enflammés et troncs d’arbres sont empilés, barrant ainsi la route aux automobilistes qui se dirigeaient vers la Tamentefoust. Il semblerait que les émeutiers de Diar Echems ont fait des émules. Les habitants des autres quartiers vivant dans des conditions quasi inhumaines ou faisant face à des problèmes dont la solution est entre les mains des autorités locales ont compris que les manifestations de rue portent leurs fruits et constituent la seule solution pour que les pouvoirs publics daignent les écouter. C’est le dernier recours.En fait, l’émeute est désormais ancrée dans notre société. Elle devient même un mode d’expression et de revendication. Cela devant la sourde oreille des autorités locales. Parce que ce sont elles qui, trop occupées à fouetter d’autres chats, méprisent leurs administrés, refusant même de leur accorder ne serait-ce que quelques minutes pour s’enquérir des raisons de leur colère, faute de proposer des solutions. D’autre part, les émeutiers ne s’expliquent pas au moment où l’on parle d’embellie financière et pendant que les uns et les autres s’enrichissent à vue d’œil et de manière illicite alors qu’eux continuent à vivre le
    calvaire. Ce d’autant que les promesses qui leur ont été faites n’ont pas été tenues. Le mépris avec lequel ils sont traités, alors qu’ils ont pris leur mal en patience espérant une issue à leurs conditions de vie, ne pouvait qu’exacerber ces citoyens qui finissent par laisser exploser leur colère et leur refus
    d’endurer encore ce qu’ils n’ont que trop supporté et depuis trop longtemps. Estimant qu’ils n’ont plus rien à perdre, peut-être même tout à gagner, ces citoyens occupent la chaussée comme ils ont vu d’autres le faire et finir par avoir gain de cause. Parce qu’ils savent et voient que des indus occupants viennent s’installer tous les jours dans des baraques en parpaings attribués par les APC, souvent moyennant une dizaine de millions de centimes, avant de bénéficier de logements sociaux et vendre leurs « logis » à leurs parents. Les émeutes sont devenues un mode d’action politique, un modèle de contre-pouvoir, en l’absence de canaux démocratiques, comme l’affirment beaucoup de sociologues. Cela devient inquiétant. Parce que cela nourrit un peu plus la violence dans un pays qui n’en a que trop souffert. Une décennie de terrorisme et d’effusion de sang est plus que suffisante pour que les gouvernants comprennent une fois pour toute que seules l’ouverture du débat et l’écoute des préoccupations des citoyens, même s’ils n’ont pas de solutions immédiates à offrir, peuvent éviter ces manifestations de rue qui, souvent, dégénèrent en émeutes violentes.

  • Le 19 juin, c’était au tour d’un faubourg d’Annaba, la grande capitale de l’est, à 400 kilomètres d’Alger, d’exploser de colère. Les habitants du bidonville de Sidi Salem sont descendus dans la rue pour exiger d’être relogés. Car on construit beaucoup en Algérie. Un vrai chantier, d’est en ouest, du sud au nord. Mais pas forcément pour ceux qui auraient un besoin urgent d’être arrachés à leur taudis. Les Algériens- dont les plus aisés vivent avec 150 euros par mois !- n’ont donc trouvé que l’émeute pour arracher au wali – le préfet- la signature magique qui les tirera de l’enfer. Voilà dix ans que ça dure. Partout. Lors de notre dernier reportage dans le pays, tout un quartier d’Alger, à deux pas du Monument au Martyr, s’était transformé en poudrière. Pierres qui volent, pneus en flammes , forces anti-émeute : c’est grâce à ce chaos que les habitants avaient été relogés.

    A Sidi Salem, les damnés du bidonville dit « SAS » s’y sont donc pris de la même façon la semaine passée. Car il se construit aux alentours un alléchant programme de 2000 logements. Comme d’habitude, ça s’est très mal passé. Les jeunes Algériens ont la rage. On en a arrêté plus d’une trentaine.

  • je crois que cette colère est dû au fait qu’il n y ait aucune écoute en face pour débattre du problème social vécu. C’est à dire mettre un vrai service social (humain) et non administratif au niveau de chaque APC qui reçoit chaque citoyen avec toute la considération qu’il mérite, car les gens ont besoin d’être revalorisé. Ensuite, qu’il y ait un vrai suivi des dossiers pour que le citoyen comprenne qu’il n’est pas ignoré.
    Nul n’ignore qu’en Algérie la corruption a dépassé toutes les normes à tous les niveaux. On sait que 10% des logements sont distribués aux citoyens, et 90% sont distribués aux parents, amis, aux gens qui paient, ceci est une réalité il ne faut pas nous leurrer. Il n y a qu’à voir autour de nous les gens qu’on connait et qui doivent être relogés sont là depuis 20 ans et leurs dossiers perdus. Et à la télévision c’est comme si tout baigne. Il y a 2 réalités en Algérie, celle voit à la télé et celle du vécu quotidien.
    Dans ce pays il faut qu’ il y ait des hommes intègres et justes qui puissent rétablir l’ordre et la justice. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Or ce qui se passe c’est que les APC ne reçoivent pas les gens, le chef de Daira ne reçoit pas les gens. Alors il sont là pourquoi ? Et pour qui ? Les gens dans les chalets, c’est devenu des bidonville depuis presque 8 ans qu’ils y sont. Allez voir comment vivent les jeunes. Allez voir comment la drogue leur arrive et par qui. Il faut encadrer tous ces jeunes les orienter les sauver de toute cette malvie ; pour peu que les gens de la haut se baisse un peu pour vivre, écouter et voir la détresse de l’autre.

  • Assainissement, bitumage des pistes et éclairage public. Ce sont là, quelques revendications des populations de Tizi Ouzou.

    La RN 72 reliant la ville de Tizi Ouzou au littoral est restée fermée durant toute la matinée d´hier. A l´origine de cette situation, les habitants du grand village d´Attouche, situé à cinq kilomètres du chef-lieu de la commune de Makouda, qui manifestaient leur colère face au mépris affiché par les autorités locales quant à leurs doléances. Devant le siège de la mairie qu´ils ont fermé également, les villageois s´étonnent du silence des responsables locaux, maintes fois saisis au sujet de la réfection de la seule route qui relie leur village aux autres communes. Les demandes adressées aux élus locaux et services concernés n´ont pas cessé depuis des années, mais aucune réponse n´est venue expliquer le refus.
    Hier donc, ce manque de communication a engendré la fermeture de la RN 72 reliant Tizi Ouzou à Tigzirt. Alors que les villageois n´ont trouvé que ce procédé pour se faire entendre, les estivants qui se rendaient sur les plages de cette ville littorale ont dû rebrousser chemin. Ce genre de situations, doit-on le mentionner, provoque des dommages collatéraux inéluctables. Ce sont d´abord ces paisibles usagers de cette route au trafic très dense qui paient le prix fort. Aux cotés des touristes, ce sont les citoyens de toutes les communes du nord de la wilaya qui ont été empêchés de se rendre à leurs lieux de travail. Une anarchie indescriptible régnait hier matin dans les communes de Boudjima, Mizrana, Iflissen, Tigzirt et Makouda. Les voyageurs ne savaient plus quelle route prendre pour aller à Tizi Ouzou. Alors que certains ont contourné la RN72 pour passer par d´autres voies, d´autres ont carrément loupé la journée. Le transport a connu une grande perturbation à cause de cette action.
    Sur un autre plan, ce sont les commerçants de la ville de Tigzirt qui ont été sanctionnés, alors qu´il ne reste que quelques jours avant le Ramadhan. C´est une sorte de coupure, née la saison estivale, puisqu´ils voient la saison amputée d´une journée. Bien avant, ils se plaignaient déjà de la petite durée limitée qui leur est offerte. Bien qu´ils aient récupéré ce manque à gagner sur le dos des estivants, il n´empêche qu´ils ont été gravement sanctionnés en voyant des milliers de touristes rebrousser chemin.
    Par ailleurs, il est à rappeler que ce genre de manifestations est devenu quotidien. Banalisé, le recours à ce type d´expression est devenu systématique. Toutefois, les citoyens du village Attouche ne sont pas les seuls responsables dans ce qui s´est passé hier. Avant d´arriver à cette extrême, ils ont adressé de multiples lettres et demandes d´audiences aux responsables locaux. Mais rien ne justifie le silence des destinataires de ces réclamations. Il est inconcevable qu´un citoyen ferme une route si le dialogue est engagé sur ses problèmes. Ce ne sont pas des solutions toutes faites que les villageois recherchent, mais plutôt de la considération et de l´écoute. Les populations sont prêtes à contribuer à la recherche de solutions.
    En plus d´être une mauvaise surprise pour les vacanciers de la région de Tigzirt, les villageois d´Attouche ne sont pas particulièrement heureux de bloquer la RN 72. Ils auraient préféré vaquer à leurs occupations habituelles. Mais encore une fois, c´est la revendication du bitumage de la route qui mène de Sidi Naâmane vers la Crête, au nord de Makouda, qui les a fait sortir de leurs gonds. Les estivants, quant à eux, ont été contraints de faire un détour par Sidi Naâmane ou par Ouaguenoun pour rallier la côte. La grogne sociale en cette période estivale n´est pas près de s´estomper. En effet, au même moment, les habitants de Makouda ont procédé à la fermeture du siège de l´APC. Le motif de cette protestation de rue a trait aux conditions de vie des habitants, selon des manifestants. Ces derniers sont en attente de travaux d´assainissement, de bitumage des pistes et d´éclairage public.

    Kamel

  • Les étudiants en droit de Tizi Ouzou ne décolèrent pas

    ImageComme ultime action, les étudiants grévistes comptent se déplacer par délégations à la wilaya de Tizi Ouzou et au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à l’effet de transmettre leurs requêtes aux responsables. Le mot d’ordre de grève des étudiants de la faculté de droit de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a été maintenu.

    Hier, au premier jour de la reprise des cours, après une période de vacances de 15 jours, la faculté des sciences juridiques et administratives de Boukhalfa était complètement paralysée dès la matinée. Comme annoncé hier, le comité autonome des étudiants a décidé de maintenir la pression, après l’entrevue sans résultat avec les responsables de l’administration de la faculté.

    « L’administration de la faculté refuse de prendre en charge nos revendications légitimes, et cela ne laisse pas entrevoir un terrain d’entente entre les deux parties », nous a déclaré hier un membre du comité précité. Notre interlocuteur nous fera savoir aussi que des actions seront entamées en direction des autorités locales et nationales. « Le comité se réunira encore aujourd’hui et désignera les délégations qui se déplaceront au niveau des services de la wilaya et du ministère afin de transmettre notre requête », a-t-il expliqué.

    C’est l’ultime action des étudiants protestataires. Les recours adressés auparavant au doyen de la faculté de droit et au recteur se sont avérés vains. Ainsi, Rachid Harraoubia sera officiellement saisi pour se prononcer sur ce conflit qui n’a que trop duré. La grève en question

    entre dans sa troisième semaine, après les 15 jours observés avant les vacances. Les revendications des protestataires tournent, rappelle-t-on, autour de la possibilité des licenciés en sciences juridiques et administratives de l’ancien système de s’inscrire en LMD, la nécessité de rétablir immédiatement l’examen du Capa (certificat d’aptitude professionnelle d’avocat), supprimé par décision du ministère de tutelle, ainsi que la reprogrammation de l’examen du magistère au niveau de Tizi Ouzou, après avoir été transféré à l’université d’Alger.

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