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Pourquoi la chute de Duvalier n’a pas apporté la démocratie attendue ?

mardi 9 février 2010

1984 : La révolution prolétarienne commençait en Haïti

En mai 1984, le bidonville de La Fossette, au Cap, s’émeute.

A Raboteau, Gonaïves, le 14 mai, les premières pancartes sont sorties, inscrivant clairement ce que tout le monde pense : Aba la mize. Les ministres, envoyés sur les lieux, sont insultés. Les manifestations suivent les paroles et elles gagnent La Fossette au Cap, puis Hinche. La révolte du peuple a commencé et elle n’est pas prête de s’éteindre…

1985

Les jeunes, réunis au concile de Jérémie en avril 1985, expriment la souffrance de tout un peuple qui explose dans la parole des jeunes. Il y a des gens qui sont issus de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie qui rejoignent le peuple, par conviction ou par calcul. Un Hubert de Ronceray, qui était un duvaliériste, devient ainsi un opposant. La centrale syndicale CATH dénonce la situation sociale et politique. Le pouvoir essaie de se crédibiliser par un référendum en juillet 1985. Mais, pour cela, il est obligé de laisser un peu aller la parole libre et cela se retourne contre lui. L’émission « Garanti la lwa » de Radio Soleil dénonce le manque de démocratie avec humour. Le directeur de la radio est expulsé ainsi que trois autres prêtres étrangers. Le PNDPH tente de préparer un soulèvement armé. Son responsable, le docteur Lionel Lainé est arrêté et assassiné.

Mais c’est à Gonaïves, la capitale symbole de l’indépendance d’Haïti à l’époque de la première république noire de Dessalines en 1804, que la révolte populaire prend un tour massif et public. Déjà, en mai 1984, des manifestations contre la dictature à Gonaïves avaient pris un tour explosif. Le 28 octobre 1985, Pollux Saint-Jean, enfant de Gonaïves, est arrêté sans jugement. Le peuple manifeste aux cris de « Réclamons Pollux » qui se transforment vite en manifestations avec pancartes : « ABA JAN KLOD », « ABA LA KONSTITUSYON », « ABA LA DIKTATI, VIV LAME ». Cette dernière mention favorable aux petits soldats est caractéristique des manifestations à Gonaïves car il semble qu’en cette localité, les soldats soient réticents pour appliquer les mesures anti-populaires du pouvoir. Ce n’est pas ainsi que l’armée est perçue dans nombre d’autres régions, particulièrement dans les zones campagnardes. Le 27 novembre 1985, le mot d’ordre « A bas Jean-Claude ! » est lancé sur les ondes de Radio Lumière. Le ministre Alix Cinéa, dépêché sur place, fait face au peuple des bidonvilles de Gonaïves qui ne s’en laisse pas compter. Désormais, ce n’est pas avec du blabla gouvernemental que l’on va calmer le peuple. Les échauffourées reprennent. Les tracts à la main circulent avec marqué clairement « Jean Clod asasin, aleousan ! ». Les manifestants entrent dans les collèges et entraînent massivement les jeunes dans la rue.

Le 28 novembre 1985, l’armée et la milice tirent et tuent à Gonaïves : trois jeunes écoliers sans armes sont abattus en plein jour. Désormais, les noms de Jean-Robert Cius (19 ans), Michel Mackenson (12 ans) et Daniel Israël ne vont pas cesser d’hanter la révolte jusqu’au départ de Bébé Doc le sanglant. Dans la rue de Gonaïves, les jeunes demandent justice et sont suivis de ceux de Marchand-Dessalines, petite ville de l’Arbonite. Toute la jeunesse du pays se mobilise et pousse les aînés à s’engager dans le mouvement. La radicalisation n’est pas prête de retomber. Les communautés religieuses sont débordées par la révolte et l’accompagnent. Par crainte de la colère populaire d’un enterrement, les autorités refusent les cadavres et organisent un enterrement clandestin. Ce n’est pas un meurtre de plus pour une dictature qui en avait commis pourtant bien d’autres. C’est le dernier meurtre avant que le peuple se soulève. La mort des trois écoliers a fait céder tous les barrages. Les communautés religieuses, la petite bourgeoisie, les travailleurs, les bidonvilles se rejoignent désormais dans un volonté claire : Duvalier, c’est fini, il faut le chasser ! Il n’y aura pas de clarification plus importante de ce qui a si longtemps permis à son pouvoir dictatorial de se maintenir : les intérêts d’une classe dirigeante. L’Eglise exprime la colère du peuple et ne craint pas de dire que ces trois morts doivent être le signal du changement en Haïti. Par contre, ces dirigeants religieux ne veulent pas aller à la racine du mal, alors que le peuple, lui, parle de déraciner la dictature, de la déchouker. Ces dirigeants sont réformistes. Dans la cathédrale de Gonaïves, où se rassemblent tous ceux qui dénoncent le crime, circule leur texte qui affirme : « Si le peuple entier prend la parole, il arrivera à la démocratie. » Pas un mot sur la nécessité de désarmer la hiérarchie militaire et toutes les milices. Tout au plus est-il clair pour le plus grand nombre que les USA ont soutenu Duvalier malgré tous ses crimes. Le rôle des macoutes qui est souligné mais pas celui pourtant criminel de l’armée. Le 25 décembre 1985, Radio Soleil est fermée mais désormais le peuple se débrouille seul pour faire passer ses informations et revendications à l’aide de tracts rédigés à la main, de rassemblements et de réunions.
Les tracts en créole qui circulent désormais ne laissent pas de doute sur le caractère révolutionnaire du soulèvement des masses. Cinq slogans en témoignent :

Babouket la tonbe : Retirer la bride (le bâillon de la dictature)

Kouve you zè istorik : Les événements qui couvent vont être historiques

Rache manyok, bay tè a blanchi : Arracher le manioc pour laisser la terre libre (déraciner la dictature pour renaître)

Vole gagè : Prendre ses jambes à son cou (le dictateur et ses séides n’ont plus qu’à fuir)

Teke mab la jous sa kaba : Frapper sans relâcher et jusqu’au bout

Et finalement :

Dechouke Janklod !

Les manifestations de protestations et surtout la grève des écoles vont progressivement gagner tout le pays en novembre-décembre 1985 : de Gonaïves, elles gagnent Jérémie, Les Cayes, Petit Goâve, Bainet, Belladère, Hinche, Cap-Haïtien et n’atteindront Port-au-Prince qu’en janvier 1986, quand le soulèvement deviendra général dans tout le pays.

Quant aux jeunes, ils déclarent « Tant que nous n’obtiendrons pas satisfaction, nous ne retournerons pas à l’école ». Le 29 novembre au matin, toutes les écoles de Gonaïves sont déjà dans la rue pour crier « Vive la jeunesse, A bas la Constitution ! »

Le 2 décembre, les jeunes du lycée du Cap envoient une lettre ouverte aux autorités qui leur interdisent d’aller prier dans la cathédrale pour les trois victimes de la répression : « Aucune loi n’oblige un lycéen à devenir macoute. »

Le 5 décembre 1985, les jeunes de Gonaïves lancent une chanson : « Enfin qu’on nous permette de décider, de dire ce que nous voulons, parce qu’il est vraiment temps que cela change dans le pays. Nous gardons espoir que cette rencontre nous permette d’ouvrir les yeux pour que nous luttions jusqu’à ce que notre pays soit délivré de toutes ces misères… »

Le 5 décembre 1985, celui qui n’est encore que le père Jean-Bertrand Aristide, un prètre salésien, diffuse à la paroisse des Verrettes, Gonaïves sa « Lettre pour toutes les familles de Gonaïves » où il dit notamment : « Face à la coupe amère que vous buvez aux Gonaïves, nous de la paroisse Verrettes, membres de l’Eglise, avec tous les citoyens conscients de la situation du pays, voulons vous dire combien nos entrailles se déchirent en voyant des Haïtiens, nos semblables, nous considérer comme des chiens vagabonds ou du gibier à plume. (…) Nous ne comprenons pas du tout comment quelqu’un de notre sang a pu donner l’ordre de tirer sur un peuple, enfant de cette terre. » Aristide lance son « Va-t-en Satan », poésie en créole appelant le peuple à renvoyer Duvalier. Le thème des veillées de prière est : « Jésus, c’est un homme dont la situation était mauvaise, mais qui avait compris que c’est parce que la situation de quelques-uns était trop bonne que sa situation à lui était mauvaise. C’est un homme qui savait voir comment on volait la terre des paysans autour de chez lui, comment les gros propriétaires se réunissaient pour rançonner le peuple, le pauvre malheureux Jésus, c’est un homme qui cherchait l’origine de la misère, de la faim, de la mésentente de ses frères, c’est un homme qui a vu comment quelques assassins tuaient pour le pouvoir. Jésus, c’est un camarade qui a tellement vu les pauvres devenir des tapis pour les pieds des riches et des puissants qu’il prit la décision de donner aux pauvres plus d’importance pour être avec eux pour les aider à sortir de cette situation. Oui, Jésus, … c’est un grand révolutionnaire qui est venu changer toute la charpente de la société pour que tout homme puisse vivre en « égal égaux » avec tous les hommes. … Devant cet exemple que nous donne Jésus que voulons-nous faire nous-mêmes, comment voulons-nous nous organiser pour que le peuple haïtien puisse se lever de cette terre, pour qu’il puisse avoir la vie, la liberté, pour qu’on le respecte ? (…) C’est ce que comprirent les trois jeunes de Gonaïves et c’est pourquoi les malfaiteurs sans patrie les assassinèrent. C’est parce qu’ils défendaient la dignité du pays qu’ils moururent. Et nous-mêmes ici que voulons-nous ? Allons-nous laisser leur sang couler en pure perte ? Ne sommes-nous pas des enfants de Goman, Toussaint, Dessalines ? (…) Nous nous battrons. Tant que les gros se serviront de la force. Tant que les petits ne se redresseront pas. Ça va changer, c’est vrai, quand tous ouvriront les yeux. Ça va changer, c’est vrai, quand l’exploitation ne sera plus. » Les religieux lancent au peuple : « Legliz se nou, nou se Legliz » et « Nous comptons sur vous, vous pouvez compter sur nous ». Le discours est radical et social, mais le programme politique ne l’est pas. Un document de travail de l’Eglise à Gonaïves le 10 janvier 1986 déclare : « La démocratie, c’est simple à expliquer…. Pour ce faire, le peuple choisit différents représentants qui forment l’Etat. L’Etat et le gouvernement sont là pour respecter la volonté et le programme du peuple…. Afin de permettre ces élections libres et honnêtes, l’Etat doit garantir la liberté nécessaire pour pouvoir s’exprimer. Pour que le peuple puisse s’organiser, … il doit pouvoir comprendre les taxes et les impôts et pourquoi l’Etat prend tant d’argent dans sa poche… L’armée doit protéger le peuple… L’Etat doit permettre aux paysans d’avoir des titres de propréiété en toute justice… »

Pourtant, l’Etat apparaît alors pour ce qu’il est : une bande d’hommes en armes au service d’une minorité de profiteurs et prêt à massacrer les masses populaires. Le 8 janvier 1986, à Gonaïves, les forces de l’ordre tirent et tuent Dieulifet Petit, un ouvrier boulanger.

La mutinerie commence à menacer le régime. Est-ce le fait de soldats révoltés ou de gradés qui préparent l’avenir sentant le vent tourner ?

1986

Le 14 janvier 1986, apparaît le « MOSOLDA, Mouvman solda lame dayiti » (mouvement des petits soldats contre la dictature) qui déclare : « Nous ne pouvons plus continuer à servir nos propres oppresseurs. La cause du peuple est la nôtre. Nous sommes des soldats de l’armée d’Haïti attachés aux différents corps de départements militaires du pays. Nous avons créé ce mouvement afin d’appuyer et de prendre position aux côtés de la jeunesse et de tous les secteurs antigouvernementaux pour chasser Duvalier, les officiers macoutes et leurs complices, de l’armée, du pouvoir en vue de rétablir l’ordre et la sécurité du peuple haïtien, sous l’égide de la loi et des libertés démocratiques. Nous lançons un appel à tous les autre soldats, leur demandant d’appuyer toutes actions et opérations nécessaires pour renverser le régime dictatorial pourri de Jean-Claude Duvalier. Nous félicitons les soldats qui n’ont pas accepté de tirer sur le peuple, et protestons contre la formation de la brigade criminelle, d’un groupe de tontons macoutes, destinés à assassiner le peuple…. Quartier Général » Le député Rockfeller Guerre écrit aux forces armées d’Haïti, le 20 janvier 1986 : « A lire les revendications de certaines pancartes, « A bas la constitution, vive l’armée », il est clair que le peuple n’a rien contre vous. Il vous aime car vous êtes là pour garantir sa sécurité. Il sait que vous n’êtes pas responsables de sa misère puisque vous ne roulez pas dans de luxueuses Mercedes, vous n’avez pas de châteaux en Haïti et à l’étranger, vous n’avez pas des millions dans les banques étrangères et tant d’entre vous ne peuvent pas payer une école pour leurs enfants, payer un loyer moyen pour une maison décente... Tout en vous renouvelant Messieurs les Membres de Forces Armées ma profonde admiration mon respect et ma détermination à lutter à vos côtés pour le salut de la Patrie… Ingénieur Rockfeller Guerre, député »

L’opération de blanchiment de l’armée commence pour lui permettre de succéder au dictateur qui apparaît déjà fini. Les tracts et les manifestations montrent clairement que c’est fini pour la dictature comme ce tract du 13 janvier : « A bas Jean-Claude, a bas tout débarquement d’armée étrangère, vive Haîti libre, vive la grève populaire… grève, grève, grève, grève… »

Le 15 janvier 1986, les jeunes des Gonaïves écrivent dans leur tract « Kinbe pa lague joustan nou finn grizonnnen mab. Viv Ayiti ! You ayiti ki pi bel kote moun viv tankou moun. » (Tenez bon, ne lâchez pas jusqu’à ce que nous ayons fini de fendiller la bille ! Vive Haïti ! Une Haïti plus belle où les hommes vivent comme des hommes.)

Le 25 janvier 1986, la « Déclaration numéro un » du Comité provisoire pour l’organisation de la lutte du peuple haïtien affirmait : « Pour arriver à préparer une grève nationale en vue de déchouquer ce régime dictatorial par héritage, pour réussir à rebâtir une terre d’Haïti où cessera l’exploitation, où le peuple pourra avoir droit à la santé, l’éducation pour ses enfants, la sécurité, la liberté en tout ce dont un peuple vaillant a besoin pour vivre, IL FAUT S’ORGANISER.

Pour cela, chaque ville, chaque localité, chaque section rurale, chaque quartier formera un comité de lutte populaire. Ces comités seront responsables de la circulation de l’information et de la coordination des actions faites dans le pays. Tous les comités populaires devront rester secrets et travailler sous le manteau afin que les espions ne les mangent pas. »

Le 28 janvier 1986, trois personnes sont encore abattues au Cap. Trois autres meurent pendant les opérations d’embauchage des braceros à Léogane. Les manifestations contre l’embauche deviennent violentes à Léogane et à La Croix-des-Bouquets. Le 27, le tribunal civil et le parquet des Gonaïves sont incendiés.

Le 31 janvier 1986, le peuple apprend que les USA négocient le départ de Duvalier mais ce n’est encore qu’une annonce par avance. Manifestation à Port-au-Prince. Etat de siège : la chape de plomb s’abat sur le pays avec des centaines de morts. Des affrontements ont lieu avec des macoutes et le déchoukage des macoutes commence. Parfois l’armée s’en prend à des macoutes.

Dans la nuit du 6 au 7 février 1986, l’armée américaine emmène Duvalier en exil en France avec une fortune représentant environ le double de la dette du pays soit 800 millions de dollars.

Dans un enregistrement vidéo diffusé après son départ, Duvalier fils déclare : « J’ai décidé de passer le destin de la nation, le pouvoir, aux forces armées d’Haïti en souhaitant que cette décision permette une issue pacifique et rapide à la crise actuelle. »

Le lieutenant-général Henri Namphy, chef d’état-major des armées, est le premier à répondre : « Les Forces armées d’Haïti, pleinement conscientes de leur mission de défendre l’intégrité du territoire national, responsables du maintien de l’ordre et de la sécurité publique, ainsi que de la paix, ont dû, pour la sauvegarde et la préservation de patrimoine national, si sérieusement menacé, se saisir des rênes du pouvoir. »

La seule question était : l’armée estimait le « patrimoine national » menacé par qui ? Par Duvalier et compagnie ? Ou par le peuple travailleur mobilisé ? La réponse allait venir très vite…

C’étaient les travailleurs qui menaçaient les patrons qui inquiétaient l’armée.

Le 26 avril 1986, l’armée allait donner une preuve de ce qu’elle estimait être le danger. Une grande manifestation du souvenir s’avançait vers Fort Dimanche, la caserne où furent arrêtés et torturés bon nombre des 30.000 Haïtiens victimes de Duvalier. Soudain l’armée tire sur la manifestation pacifique : six morts. Le nouveau pouvoir issu de la chute de Duvalier n’avait pas attendu pour annoncer la couleur ! Ce n’est que le début d’une longue série de crimes de l’armée.

Mais cela ne suffit pas à faire rentrer dans le rang un peuple travailleur qui vient de commencer à mesurer sa force. La chute de Duvalier signifie aussi que les travailleurs s’organisent, luttent, se battent contre leurs patrons. La chape de plomb de la dictature ne joue plus son rôle.

Après la chute de Duvalier, des exilés de retour forment la CATH-CLAT qui se revendique des origines démocrates-chrétiennes de syndicalisme du syndicat qui avait été fondé en 1980 en profitant du discours libéral de Duvalier à ce moment-là mais avait été balayé par la répression en novembre 1980. Le Manifeste de la CATH déclare : « Les syndicats, c’est une bonne chose. Lorsqu’un ouvrier peut entrer librement dans un syndicat, il se sent responsable de son avenir, responsable de l’avenir du pays. En même temps, il sait jusqu’où il peut mener sa lutte…. Actuellement, beaucoup de patrons conscients reconnaissent l’intérêt des syndicats en Haïti. Nous, la CATH, nous souhaitons leur donner la main pour que le syndicalisme devienne une réalité en Haïti. Le syndicat n’est pas seulement là pour faire des revendications, il est là aussi pour aider l’ouvrier à s’éduquer, à apprendre, à accepter l’opinion du groupe même s’il n’est pas d’accord avec lui ; c’est ainsi qu’il apprend à prendre ses responsabilités et ses droits vis-à-vis de la société. »

Dans un tract diffusé à Port-au-Prince le 31 janvier 1986, la CATH diffuse sa « Déclaration sur les événements qui se passent en Haïti » :

« En ce moment de crise politique qui frappe le pays, nous de la CATH, au nom de tout ouvrier, nous ne pouvons pas ne pas faire entendre notre voix pour aider le pays à trouver une solution démocratique, c’est-à-dire avec la participation de tous les enfants du pays. »

Traduisez, nous dirigeons la classe ouvrière en nous engageons à permettre aux autres classes y compris la grande bourgeoisie que son accès au pouvoir ne sera pas mis en cause.

« Nous précisions pour tous : la CATH n’est pas un parti politique, la CATH ne recherche pas le pouvoir. Et la CATH ne veut se lier à aucun parti politique pour garder la liberté de défendre les intérêts des ouvriers face à l’Etat et aux patrons. »

Mais la CATH, qui s’engage à ne pas se lier aux partis politiques, ne s’engage pas à ne pas se lier aux chefs militaires ni patronaux.
Quant au programme social de la CATH, il n’existe pas. Ce syndicat demande seulement des droits d’élections libres « pour que le peuple choisisse l’homme qu’il veut à la tête du pays ».

La CATH va, par la suite, se comporter comme les politiciens bourgeois et négocier des alliances avec la bourgeoisie et les dictateurs militaires.

Aucune force sociale ou politique, ni la Ti Egliz, ni le parti stalinien PUCH, ni la CATH ne vont aider les travailleurs à s’adresser aux petits soldats qui commencent à se révolter pour en finir avec l’exploitation et l’oppression.

La révolution de 1986 va échouer… tout près du but !

Messages

  • C’est parceque le peuple haitien n’etait pas pret a une pareille revolution.En 1er lieu,les politiciens sont vraiment des ignorants,si les haitiens souffrent aujourd’hui,ils peuvent assumer leur responsabilite puisqu’ils sont les chevilles ouvrieres des deboires.Quel comportement affiche ceux qui viennent apres le president Jean Claude Duvalier !Alors que la misere fait rage dans le pays,le phenomene Zenglendo prend une autre tournure.Meme la police nationale qu’est la pour proteger et servir le peuple,joue un role majeur dans le kidnapping.Tandis que sous la presidence de Jean Claude,le pays ne connait jamais ces genres de choses.

  • Le 7 février 1986, date de la chute de la dynastie Duvalier, est l’aboutissement de longues et terribles années de lutte qui ont emporté des milliers de compatriotes.

    Après la brutale répression du 28 novembre 1980, qui a particulièrement ciblé la presse, les populations sont à nouveau mises hors jeu. La flamme de la résistance est ravivée en 1984 par les jeunes, en particulier ceux de la ville des Gonaïves, qui expriment leur rejet de la présidence héréditaire et du pouvoir absolu qu’elle implique : « A bas la misère à vie ! A bas le chômage à vie ! A bas la torture ! A bas la dictature ! » C’est l’indignation d’une jeunesse meurtrie qui porte les derniers coups de butoir à un régime qui ose encore transformer la seule bibliothèque d’une ville en caserne pour les tontons macoutes.

    Le refus de l’impunité, pour l’assassinat de trois écoliers ─Jean-Robert Cius, Makenson Michel, Daniel Israël─ tués lors des manifestations du 28 novembre 1985 dans la ville des Gonaïves, est le fer de lance de la contestation qui embrase les jeunes à travers le pays.

    « Qu’on arrête, juge et condamne, à la fois les criminels qui ont assassiné les trois jeunes et celui qui a donné l’ordre de tirer sur le peuple, même si c’est une des plus hautes autorités de l’État. »

    Ces jeunes aspiraient à ce « qu’enfin le duvaliérisme soit à jamais déraciné. »

    Vingt-huit ans après cette victoire sur la terreur et l’obscurantisme, il faut à nouveau faire front pour contrecarrer le retour officiel du duvaliérisme et la volonté de garantir l’impunité à ceux qui ont imposé le silence et fait régner la peur ; Ceux là même qui ont sciemment organisé l’infernale machine à avilir, torturer, assassiner, violer, disparaître, exiler, déposséder, siphonner. On veut faire croire à la jeunesse d’aujourd’hui que la soit disant révolution duvaliériste était porteuse de liberté, d’épanouissement et de progrès. On tente de travestir l’histoire en prétendant que ce régime ─ancré dans l’arbitraire, la brutalité féroce, l’oppression, le culte de la personnalité, la domestication des institutions et la terreur─ n’avait rien de particulier.

    Continuer à refuser l’inacceptable est un choix que le Collectif et bien d’autres, ici en Haïti et ailleurs, ont résolument fait. Au nom de la vérité et de la justice. En mémoire des innombrables victimes. En hommage à la résistance de tous ces jeunes qui, durant ces 29 ans de dictature, sont généreusement montés au front pour la liberté. Refuser l’inacceptable, c’est faire vivre l’esprit du 7 février.

    Le duvaliérisme a été une tragédie pour Haïti ! L’impunité ne peut-être le destin d’Haïti !

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