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Mali : émeutes après l’assassinat d’un chauffeur de taxi par la police

mardi 23 février 2010

L’axe Rail Da-Sénou paralysé

À la nouvelle de la mort de leur collègue, et en représailles, des chauffeurs et apprentis de Sotrama ont paralysé toute la rive droite, sur l’axe Rail Da Sénou et cassant tout sur leur passage notamment des hangars des policiers. Les chauffeurs de taxi ont été privés de leur liberté de mouvement au détriment des populations qui ont dû rejoindre leurs domiciles à pied. Un cafouillage indescriptible à Bamako.

Vers 18 heures,, des mini chars de protection transportant des éléments du GMS étaient visibles aux différents ronds points ou carrefours. Au niveau de la direction générale de la police, on se refuse à tout commentaire tout en affirmant que l’heure n’est pas aux propos. De leur côté, les responsables du syndicat des chauffeurs de Sotrama disent n’avoir donné aucun signal de grève.

Émeutes après l’assassinat par la police d’un chauffeur de taxi

Le chauffeur de Sotrama, Madou Coulibaly, a été tué par balle tôt dans la matinée d’hier lundi 22 février par une patrouille de police, aux environs de Malimag. Selon la version que nous a livrée le président de l’Association des jeunes chauffeurs du District de Bamako, Moussa Gadjigo, leur collègue ayant tenté d’éviter un contrôle de police, a été poursuivi et abattu à bout portant. Cette version est rejetée par le Directeur général de la police nationale, le Contrôleur général Niamé Kéïta, qui nous a déclaré que le drame est survenu lorsque les policiers, voulant contrôler une Sotrama suspecte, ont essuyé un coup de feu venant du véhicule. Ils ont alors riposté et quand ils ont pu s’approcher dudit véhicule, ce fut pour constater que le chauffeur était agonisant. Il décèdera plus tard à l’hôpital Gabriel Touré. Quant à l’autre occupant, supposé être le tireur, il avait pris la tangente. Le décès du chauffeur a provoqué des heurts entre ses collègues furieux qui ont tenté de dresser des barricades et la police en divers points de la circulation routière.

Ayant appris la mort par balle d’un jeune chauffeur du nom de Madou Coulibaly, causée, hier à l’aube, par des éléments de la Brigade anti-criminalité en patrouille au niveau de Malimag, nous avons approché le président des jeunes chauffeurs du district de Bamako, Moussa Gadjigo, pour en savoir plus. Pour lui, il ne fait aucun doute : Madou Coulibaly a été purement et simplement victime d’une bavure policière. Voici sa version des faits.

" Hier entre 5 heures et 6 heures du matin, notre collègue, Madou Coulibaly, comme à l’accoutumée, s’arrête non loin de la Cathédrale pour faire le plein de passagers pour Sénou. N’ayant pas toutes les pièces du véhicule avec lui, il a tenté d’éviter une patrouille de police en démarrant en trombe son véhicule. Il fut aussitôt poursuivi et rattrapé par les éléments de la patrouille qui ont tiré sur lui à bout portant. Il est mort au volant de son véhicule avant qu’il ne soit admis aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré " nous a précisé Moussa Gadjigo, très remonté. Même son de cloche chez le président de la Fédération nationale des syndicats des conducteurs, Maharafa Touré : " même si l’enquête suit son cours, nous sommes sûrs et certains que ce sont des policiers qui ont tiré sur notre collègues. Cet acte est inadmissible, car nous ne pouvons pas comprendre que ceux qui sont chargés de la sécurité des personnes et de leurs biens soient les auteurs d’un acte aussi ignoble que celui qui a coûté hier la vie à notre collègue Madou Coulibaly ".

En tout cas, hier vers 17 heures 30 minutes à notre passage à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré où nous avons pu apercevoir la trace d’une balle au niveau du dos du défunt, un des agents de la morgue nous confié que le corps de la victime a été admis à leur niveau hier vers 6 heures 8 minutes.

La nouvelle de la mort du jeune chauffeur de 27 ans, célibataire sans enfant, aussitôt distillée à travers à travers la capitale, a mis les chauffeurs des transports publics dans tous leurs états. Ainsi, des heurts ont éclaté sur les artères principales du District entre policiers et chauffeurs. Conséquences : presque touts les hangars métalliques de la police disséminés dans les communes V et VI ont été détruits. Aussi, vers 17 heures 30 minutes, aucun de véhicules transports publics ( taxis, Sotrama, bus ) n’étaient visibles dans la circulation au niveau desdites communes.

Si le président de la Fédération nationale des syndicats des conducteurs, Maharafa Touré, attend la fin de l’enquête pour décider de quoi que ce soit, en revanche, les jeunes chauffeurs veulent que les auteurs des actes qui ont coûté la vie à Madou Coulibaly soient immédiatement arrêtés et traduits devant la justice. " Sans cela nous allons paralyser les transports publics dans la capitale malienne " menace le président des jeunes chauffeurs.

Niamey Kéïta : les policiers ont riposté à un tir venant de la Sotrama

Pour faire notre religion de manière impartiale sur ce drame nous avons jugé nécessaire d’entendre le Directeur général de la Police nationale, Niamey Kéïta, que nous avons rencontré, hier en fin d’après-midi, dans son bureau. A l’entendre, c’est en réaction à un coup de feu tiré depuis la sotrama que la police a riposté en tirant, à son tour, en direction de ladite sotrama d’où est sorti un individu en fuyant. Le Directeur général de la Police nationale, Niamey Kéïta, a donné sa version en présence du Commandant de la Brigade anti-criminalité (BAC).

"Tout est parti d’une opération de classique de patrouille. Ce matin vers 5 heures (ndlr : hier), des éléments de la Brigade anti-criminalité voient une Sotrama garée dans l’obscurité dans les environs de Malimag. Cette zone est dans le collimateur des forces de sécurité puisque, régulièrement, des cas de vols y sont signalés. Le véhicule de patrouille ralentit et lorsque les policiers essayèrent de descendre, un coup de feu est soudainement parti alors qu’un individu, descendu de la Sotrama, prenait la fuite. Tout laisse à croire que c’est le fuyard qui est le tireur mais malheureusement, nous n’avons pas pu mettre la main sur lui. Et les impacts de balle sont visibles sur le véhicule. Naturellement, sachant que les occupants de la Sotrama sont armés, les policiers, à leur tour, ripostèrent. Arrivés sur les lieux, les éléments constatèrent que le chauffeur était agonisant. Transporté d’urgence à l’hôpital, il décède des suites de ses blessures.

Il s’appelle Madou Coulibaly mais, au moment des faits, il n’avait pas de cahier pour le véhicule et lui-même n’avait ni permis de conduire encore moins une carte d’identité.

Les parents de la victime disent qu’ils s’en remettent à Dieu et l’enterrement aura lieu demain (ndlr : aujourd’hui), mais, les populations de Sénou, quartier où habitait le défunt, en représailles, ont saccagé le poste de police de Sénou. La police reste sur le qui-vive jusqu’à l’enterrement du défunt et même après s’il le faut. Et pour cela, des dispositions sont prises avec l’appui de la Garde et de la Gendarmerie nationales. Contrairement à ce qui se dit, l’incident n’est pas survenu suite à une course-poursuite car, en la matière, mes consignes sont claires et strictes. Lorsqu’un usager refuse d’obtempérer, on prend tout simplement les références de son véhicule. Donc, dans ces conditions, les courses-poursuites sont interdites tout comme l’usage des armes "

Des milliers de personnes ont dû rentrer chez eux à pied à cause d’un mouvement de grève brutalement déclenché par les conducteurs de transport en commun « Sotrama ». En effet, c’est à de véritables scènes d’émeutes auxquelles l’on a assisté dans certains quartiers de la rive droite. A l’origine du mouvement, la mort d’un conducteur de Sotrama à la suite d’un incident avec la police. Selon un communiqué du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, un incident est survenu dans la nuit du dimanche à hier aux environs de 5 heures aux alentours de MALIMAG entre une équipe de patrouille de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la Police nationale et un conducteur de véhicule Sotrama. Incident au cours duquel un des occupants du Sotrama a succombé suite à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré. « Le gouvernement, poursuit le communiqué présente à la famille du défunt ses condoléances les plus attristées. Il rassure qu’une enquête est ouverte pour situer les responsabilités. Il appelle les syndicats des chauffeurs au calme et à la sérénité ». Selon de sources policières, l’incident est survenu à la suite d’un refus d’obtempérer du conducteur de Sotrama qui circulait avec comme seul passager son apprenti. C’est celui-ci qui aurait ouvert le premier le feu sur les policiers du BAC qui ont riposté. Mais c’est le chauffeur qui sera blessé. Il succombera à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré comme le précise le communiqué du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Dès que les chauffeurs de Sotrama ont appris la nouvelle, les esprits se sont échauffés et la tension est montée d’un cran. Certains chauffeurs et apprentis de Sotrama, très en colère sont descendus dans la rue pour bloquer la circulation dans plusieurs endroits de la rive droite. Aidés par certains badauds, ils ont dressé des barricades sur des voies et pris pour cible les policiers chargés de réguler la circulation. Les agents de la police ont dû fuir pour se mettre à l’abri. Le mouvement a sérieusement perturbé la circulation dans la capitale. Les embouteillages se sont accentués par l’absence des agents de régulation de circulation. Ils se sont prolongés jusque dans la nuit et provoqué plusieurs petits accidents. Des bruits des sirènes retentissaient de partout. En face du siège de la BDM, un vieux mendiant a été renversé par une moto. Il baignait dans son sang. Les émeutiers avaient bloqué la circulation notamment au niveau du rond-point de Daoudabougou en brûlant des pneus sur la voie. Les agents du Groupement mobile de sécurité (GMS) sont intervenus pour rétablir de l’ordre. Le poste de police de Sénou où habitait le défunt aurait été totalement saccagé.

Hier Léré, Kita, Loulo, Kadiolo. Aujourd’hui Bamako. Où, demain ? A Kita, Kadiolo, comme à Bamako, une couche de la population a jugé nécessaire de répliquer par la violence à des actes de porteurs d’uniformes qu’elle juge arbitraires.

Ce 22 février, entre 5 et 6 heures du matin, dans des circonstances non encore élucidées, une équipe de patrouille de la Brigade anti-criminelle a ouvert le feu sur un Sotrama. Mortellement touché, le conducteur du véhicule, Mamadou Coulibaly dit »Dix » a rendu l’âme à l’hôpital Gabriel Touré où il avait été admis d’urgence. C’est depuis, le choc des versions.

Selon, la version officielle, les policiers ont riposté à un coup de feu tiré du »véhicule suspect ». A en croire une autre version proche du milieu des transporteurs, qui a conclu à une bavure, c’est tout simplement parce que le véhicule a refusé de s’arrêter que les policiers ont ouvert le feu. Qui a dit vrai ? La seule certitude est que le chauffeur a été atteint par une balle et qu’il est mort. Encore, l’histoire se répète de la façon la plus tragique.

En représailles, les chauffeurs et leurs apprentis de Sotrama ont érigé des barricades sur certaines artères de la capitale et brûlé des pneus. Ils se sont attaqués aux symboles de la police nationale, notamment les hangars qui servent d’abri aux agents déployés dans la circulation. Deux postes de police (l’un, à Sénou, relevant du commissariat du 10ème arrondissement et l’autre à Faladiè – 7ème arrondissement) ont été saccagés par les manifestants. Pendant presque 48 heures, Bamako a été privé des services de transport en commun. Du coup, les usagers ont été pris dans le piège d’un incident dont ils ignorent pour la plupart l’origine.

Il urge de gérer sans état d’âme ce malheureux événement, qui intervient dans un contexte extrêmement particulier. Sur le plan sécuritaire, Bamako est en proie à une situation inédite. On attaque des paisibles citoyens pour les dépouiller de leurs biens. On braque des boutiques ou autres commerces.

La question est devenue tellement préoccupante que les plus hautes autorités sont sorties de leur réserve pour sommer les forces de sécurité de reprendre le dessus sur les voyous. Ainsi, des patrouilles ont eu lieu tous les jours avec des consignes fermes, comme par exemple : ‘’tirer sur tous ceux qui refusent de s’arrêter’’. Sur le plan social, force est de se rendre à l’évidence que les Maliens souffrent. Notamment d’un cruel déficit de justice. Or, ce sont les autorités qui seules peuvent garantir cela. Autrement, il y a lieu de craindre de voir les émeutes et autres manifestations se multiplier.

Tant que la population constate que les pouvoirs publics continuent leur « politique de deux poids deux mesures « , le risque est grand de la voir se révolter ne sachant plus à quoi se fier, à quel saint se vouer. Quand l’Etat démissionne à ce point, il y a forcément péril en la demeure. La responsabilité, ça s’assume, pas par la force du muscle ou par le chantage, voies royales pour les crapules, mais par la force des arguments des textes, judicieusement employés. Mais, encore faut-il avoir été bien élu, bien »nommé ». C’est tellement facile de reconnaître un mérite, de sanctionner une faute ?

Par Chiaka Doumbia

En réaction à la mort par balle d’un chauffeur par une patrouille de police : Un mouvement de grève des transporteurs a paralysé hier les transports publics dans le district de Bamako
L’indépendant

24 02 2010

Les jeunes chauffeurs, apprentis et coxeurs, ne semblent pas avoir entendu les appels au calme lancés, lundi 22 février, par les syndicats des chauffeurs après la mort d’un des leurs par balle, tirée par une patrouille de la police de la brigade anti-criminalité. Car, après la journée du lundi, celle d’hier a été aussi mouvementée à cause des barricades érigées par les apprentis sur certaines artères principales de la capitale où l’on pouvait voir de grosses fumées de pneus incendiés s’élever dans le ciel. Une situation qui a perturbé la circulation sur la RN6 (route de Ségou) rendant l’accès de la capitale impossible pour les gros porteurs. Dans la ville même, à part quelques bus, tous les véhicules de transport collectifs étaient sur cales. Paralysant du coup le transport public au grand mécontentement des usagers.

Même si les incidents ont baissé d’intensité hier comparativement à ceux de la journée du lundi, certains chauffeurs, apprentis et coxeurs ont, tout de même, réussi à paralyser le transport public au niveau de la capitale des trois caïmans. Cela pour protester contre la mort d’un des leurs, Madou Coulibaly, chauffeur de son état ( voir notre édition d’hier).

En effet, aucune sotrama ni taxi n’était visible à Bamako dans la matinée. Des barricades ont été érigées, çà et là, par les chauffeurs au niveau de certaines artères principales de la capitale où l’on pouvait voir de grosses fumées provenant de pneus incendiés, ou des bancs métalliques des policiers saccagés. Une situation qui a perturbé la circulation sur la RN6 (route de Ségou) rendant l’accès de la capitale impossible pour les gros porteurs.

A l’intérieur de la capitale malienne, à part quelques bus, tous les véhicules de transport collectif étaient sur cales. Paralysant le transport public. Au-delà de ce boycott, certains chauffeurs s’en sont pris à leurs collègues qui n’obéissaient pas à leurs injonctions. Deuxième du genre en moins de 24 heures, ces manifestations se sont également soldées par l’érection de barricades au niveau du rond-point de Daoudabougou, de Torokorobougou, où des heurts ont été constatés entre porteurs d’uniforme et chauffeurs.

Le président de l’Association des jeunes chauffeurs, Moussa Gadjigo, avait menacé dans la journée du lundi, en déclarant que « tant que les auteurs de ces actes ne seront pas arrêtés et traduits devant la justice, les manifestations vont se poursuivre« .

Une option qui n’est pas du goût du président du syndicat des transporteurs routiers du Mali, Maharafa Touré, qui suggère que l’enquête soit d’abord bouclée pour décider quoi que ce soit.

Les principales victimes de ces grèves demeurent naturellement les usagers des transports publics qui ne savent plus à quel saint se vouer.

« Au beau milieu du pont Fahd, les grévistes ont fait descendre mes bagages, environ 100 kg, du taxi. Je ne sais pas comment je pourrais rentrer à la maison » regrette un usager, dépité, rencontré sur le pont, près de ses bagages. En tout cas, avec l’absence des sotramas, la circulation au niveau du district de Bamako était fluide comparativement aux jours ordinaires. Et c’est le matin que des mouvements de piétons de grande envergure ont été constatés sur les deux ponts de la ville.

Signalons, enfin, que le chauffeur tué a été inhumée hier vers 16 heures à Sénou, son quartier de résidence.

Mali : grève dans les transports suite à la mort d’un chauffeur de minibus à Bamako
afriscoop.net

mardi 23 février 2010

La capitale malienne de Bamako est privée de transport en commun depuis lundi soir et a vécu de véritables scènes d’émeutes, suite à la mort d’un chauffeur abattu par un policier, a-t-on appris lundi d’un communiqué du ministère malien de la Sécurité intérieure.

Selon le communiqué, la mort du chauffeur est intervenue lors d’ un contrôle de police dans la nuit de dimanche à lundi.

Dès que les chauffeurs ont appris ce drame, ils ont tenté de bloquer plusieurs artères principales des quartiers de Bamako, soutenus par des badauds, et ont dressé des barricades sur des voies et pris pour cible des policiers chargés de régler la circulation routière.

Le poste de police de Sénou, sortie sud de la capitale où habitait le chauffeur décédé, a été totalement saccagé par les émeutiers.

Mardi matin, le calme était revenu à la capitale bien qu’une grève déclenchée par la Fédération nationale des transporteurs du Mali ait paralysé les transports à Bamako. (Xinhua)
Sidiki Doumbia, chauffeur de bus : » C’est la police qui crée l’insécurité au Mali ! « .
journaldumali.com
Par Hawa SEMEGA – 24/02/2010
48 heures après la grève décrétée par les conducteurs de sotramas et de taxis à Bamako, les bamakois s’expriment sur le sujet. Micro trottoir.

Rappel des faits

Le lundi dernier, un incident s’est produit entre un agent de la police nationale et un chauffeur de sotrama (mini bus pour le transport public). Les faits se sont déroulés entre 5h et 6h du matin au centre ville. Le policier à, selon un témoin oculaire, tiré sur le sotrama dont le chauffeur a refusé de s’arrêter. La balle a atteint le conducteur qui mourra quelques instants plus tard.

A la suite de cet incident, tous les chauffeurs de sotramas, taxis, ou véhicules de transports collectifs, ont pendant deux jours, cessé de circuler. La cité des trois caïmans est restée paralysée du lundi au mardi. Les clients ayant ne disposant d’aucun autre moyen de transport, ont pendant ces deux jours, galéré sérieusement.

Des passagers s’expriment :

Fanta Diallo, élève : « J’habite de l’autre côté de la rive droite et mon école se trouve à la rive gauche de Bamako. Lorsque je suis descendue le lundi vers 17h, je n’ai trouvé aucun sotrama pour aller à la maison. J’ai donc été obligée de traverser le pont comme des milliers bamakois pour aller à la maison. Je n’ai pas pu aller à l’école le lendemain parce qu’il n’y avait pas véhicules de transports. J’ai perdu une journée entière de cours alors que je prépare le bac. Je pense que les chauffeurs tout à fait le droit de revendiquer leur droit, cependant, ce n’est pas une raison pour raison pour pénaliser tout le monde comme ils l’ont fait. Il est temps que nos autorités prennent les mesures qui s’imposent et disciplinent les policiers qui font le déshonneur de notre armée. »

Sidiki Doumbia, chauffeur de bus : « Vous savez, c’est la police qui crée l’insécurité au Mali. Ce n’est pas la première fois que ce genre de choses arrivent. C’est juste que cette fois ci, c’est allez trop loin et ça a dépassé les compétences de la police. Nous avons décrété ce mot d’ordre de grève, pour faire comprendre à nos autorités, le calvaire que nous vivons au quotidien. Les difficultés auxquelles nous sommes permanemment confrontés. Par jour, nous pouvons dépenser entre 500 et 1000 francs à chaque barrage. Il y en a à tous les points stratégiques de la capitale. Il est exact que ces jours de perturbations ont beaucoup pesé sur notre budget parce que, nous nourrissons nos familles au quotidien, avec les sous que récoltons au quotidien. Mais, il était important pour nous de nous faire entendre. »

Mah Kanté, vendeuse de légumes au grand marché de Bamako : « Cette grève nous a beaucoup trop pénalisée. Moi, j’habite à Sénou (environs 25 km du marché). J’emprunte tous les jours les sotramas. Mais malheureusement, ce mardi, il n’y avait aucun véhicule en ligne. Puisque je n’ai pas d’autre moyen de transport, je suis restée chez moi. J’ai perdu ma recette journalière qui s’élève à 15000 FCFA. C’est pas nous qui avons provoqué cet incident, les chauffeurs n’avaient donc pas à nous mêler dans leurs problèmes. Il est mort et c’est fini. La grève ne leur fera pas revenir leur camarade tout de même. Mais quelque part, on ne peut pas les blâmer parce que les policiers les fatiguent trop. A chaque fois, ils trouvent des défauts ou des soi-disant infractions commis par les chauffeurs. Ceux de sotramas en particulier. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités et se mette en règle comme il se doit. »

Yoro Diakité, mécanicien au marché de Médine : « Malgré le fait que cette journée de grève ait réduit ma clientèle, j’estime que c’est tout à fait logique de la part des chauffeurs, d’avoir décrété cet arrêt de travail. Parce que, s’ils avaient continué à travailler. D’autres policiers auraient continué les mêmes bêtises. L’insécurité est grandissante à Bamako c’est vrai, mais ce n’est pas une raison de tirer sur un véhicule qui circule. Il aurait simplement pu faire comme à leur habitude, c’est-à-dire, prendre le numéro d’immatriculation de la voiture et le communiquer à ses collègues devant assurer la relève. Je ne trouve pas normal qu’un agent de police censé protégé la population, puisse tirer sur un citoyen. C’est incompréhensible. Par ailleurs, je demande à tous travailleurs de véhicules en commun, de se mettre en règle. Il faut qu’il se mettent en règle, mais aussi leurs véhicules. »
Assassinat d’un chauffeur de Sotrama ; La tension toujours vive entre policiers et chauffeurs
Le Républicain

24/02/2010

Hier mardi, des échauffourées ont encore eu lieu entre les policiers et des jeunes apprentis chauffeurs. Ces derniers ont érigé des barricades et brûlé des pneus le long des artères de la ville de Bamako. Ces événements font suite à l’assassinat d’un chauffeur de minibus Sotrama par un policier, le lundi 22 février 2010 entre 5 heures et 6 heures du matin. Plusieurs personnes ont été interpellées

Les messages d’apaisement des responsables syndicaux des chauffeurs diffusés dans la soirée du 22 février sur la télévision nationale n’ont pas calmé les ardeurs des chauffeurs de Sotrama. La journée du 23 février a également été déclarée journée morte par ceux-ci : les Sotrama ont été stationnés et les apprentis chauffeurs ne parlent que le langage de la violence. C’est surtout à la rive droite de la ville que ces manifestations ont largement été menées. De Sabalibougou à Faladié en passant par Daoudabougou, Quartier Mali, ou Baco-Djicoroni, des apprentis chauffeurs ont brûlé des pneus sur les rues pour exprimer leur indignation. Quelques cas similaires ont également été signalés à la rive gauche mais à une proportion largement inférieure à celle de la rive droite. Les forces de sécurité (police et garde nationale) sont intervenues pour disperser les manifestants avec des gaz lacrymogènes. Selon nos informations, au moins deux personnes ont été interpellées hier sur les lieux de la manifestation et conduites au 4ème arrondissement.

« Si nous sommes dans un Etat de droit, ce problème sera tranché », fulminent des chauffeurs tout en indiquant que cet incident est le comble de l’injustice quotidiennement perpétrée par les policiers. « L’information que nous voulons savoir avant de reprendre le travail, c’est de nous dire (officiellement) la manière par laquelle notre collègue a été tué et comment est-ce que le problème sera tranché », nous a indiqué Mohamed Kanté, responsable d’un comité syndical de chauffeurs. Pour lui, le moins que la police devrait faire, c’était de prendre l’immatriculation du véhicule du chauffeur fugitif et le déclarer aux différents niveaux de la circulation. Les chauffeurs nient la thèse selon laquelle le feu serait venu en premier lieu de l’apprenti qui accompagnait le chauffeur assassiné.

Rappel des faits

Selon les témoignages d’un responsable syndical des chauffeurs, une patrouille de la brigade anti-criminalité (BAC) de la police nationale a perçu deux véhicules Sotrama garés près du studio Lions Photo (centre ville). Les policiers se sont rapprochés des dits véhicules pour une vérification d’identité. Le premier chauffeur a offert son ‘‘cahier’’ et le second, dépourvu de cahier (son cahier aurait été confisqué par la police les jours précédents), a profité de la discussion avec le premier pour s’échapper avec son véhicule. Les policiers ont alors poursuivi le fugitif pour l’abattre à bout portant vers Mali-Mag (non loin de la Cathédrale).

Cette thèse est aussi soutenue par le directeur général de la police nationale, Niamé Keïta qui a ajouté que le coup de feu du policier est venu en réaction à un autre coup de feu tiré de la Sotrama d’où est sorti un individu en fuyant.

Selon d’autres versions recueillies aux premières heures de l’après midi du 22 février, le chauffeur de Sotrama aurait refusé au niveau de la Tour de l’Afrique de Faladié (en commune VI) de se soumettre à une injonction du policier chargé de la régulation de la circulation et du contrôle routier. Suite à ce refus, le policier aurait poursuivi le chauffeur de Sotrama et l’a sommé de s’arrêter. Il s’en est suivi une altercation entre les deux hommes et sous la menace du chauffeur, le policier aurait ouvert le feu.

L’événement a créé un vif émoi chez les chauffeurs et transporteurs qui ont aussitôt décrété un brutal arrêt de travail dès le début d’après midi du 22 février. Dans un communiqué rendu public, le gouvernement a présenté ses condoléances à la famille de la victime et « rassuré qu’une enquête est ouverte pour situer les responsabilité ».

Le syndicat national des chauffeurs et conducteurs, aux dernières nouvelles, a réaffirmé sa volonté de mettre fin à son mouvement de grève dans les plus brefs délais.

Seydou Coulibaly
Le drame s’est produit hier vers 5 heures aux environs de Malimag : Un chauffeur de Sotrama tué par balle par une patrouille de police
L’Indépendant

23/02/2010

Le chauffeur de Sotrama, Madou Coulibaly, a été tué par balle tôt dans la matinée d’hier lundi 22 février par une patrouille de police, aux environs de Malimag. Selon la version que nous a livrée le président de l’Association des jeunes chauffeurs du District de Bamako, Moussa Gadjigo, leur collègue ayant tenté d’éviter un contrôle de police, a été poursuivi et abattu à bout portant. Cette version est rejetée par le Directeur général de la police nationale, le Contrôleur général Niamé Kéïta, qui nous a déclaré que le drame est survenu lorsque les policiers, voulant contrôler une Sotrama suspecte, ont essuyé un coup de feu venant du véhicule. Ils ont alors riposté et quand ils ont pu s’approcher dudit véhicule, ce fut pour constater que le chauffeur était agonisant. Il décèdera plus tard à l’hôpital Gabriel Touré. Quant à l’autre occupant, supposé être le tireur, il avait pris la tangente. Le décès du chauffeur a provoqué des heurts entre ses collègues furieux qui ont tenté de dresser des barricades et la police en divers points de la circulation routière.

Ayant appris la mort par balle d’un jeune chauffeur du nom de Madou Coulibaly, causée, hier à l’aube, par des éléments de la Brigade anti-criminalité en patrouille au niveau de Malimag, nous avons approché le président des jeunes chauffeurs du district de Bamako, Moussa Gadjigo, pour en savoir plus. Pour lui, il ne fait aucun doute : Madou Coulibaly a été purement et simplement victime d’une bavure policière. Voici sa version des faits.

 » Hier entre 5 heures et 6 heures du matin, notre collègue, Madou Coulibaly, comme à l’accoutumée, s’arrête non loin de la Cathédrale pour faire le plein de passagers pour Sénou. N’ayant pas toutes les pièces du véhicule avec lui, il a tenté d’éviter une patrouille de police en démarrant en trombe son véhicule. Il fut aussitôt poursuivi et rattrapé par les éléments de la patrouille qui ont tiré sur lui à bout portant. Il est mort au volant de son véhicule avant qu’il ne soit admis aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré » nous a précisé Moussa Gadjigo, très remonté. Même son de cloche chez le président de la Fédération nationale des syndicats des conducteurs, Maharafa Touré : » même si l’enquête suit son cours, nous sommes sûrs et certains que ce sont des policiers qui ont tiré sur notre collègues. Cet acte est inadmissible, car nous ne pouvons pas comprendre que ceux qui sont chargés de la sécurité des personnes et de leurs biens soient les auteurs d’un acte aussi ignoble que celui qui a coûté hier la vie à notre collègue Madou Coulibaly « .

En tout cas, hier vers 17 heures 30 minutes à notre passage à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré où nous avons pu apercevoir la trace d’une balle au niveau du dos du défunt, un des agents de la morgue nous confié que le corps de la victime a été admis à leur niveau hier vers 6 heures 8 minutes.

La nouvelle de la mort du jeune chauffeur de 27 ans, célibataire sans enfant, aussitôt distillée à travers à travers la capitale, a mis les chauffeurs des transports publics dans tous leurs états. Ainsi, des heurts ont éclaté sur les artères principales du District entre policiers et chauffeurs. Conséquences : presque touts les hangars métalliques de la police disséminés dans les communes V et VI ont été détruits. Aussi, vers 17 heures 30 minutes, aucun de véhicules transports publics ( taxis, Sotrama, bus ) n’étaient visibles dans la circulation au niveau desdites communes.

Si le président de la Fédération nationale des syndicats des conducteurs, Maharafa Touré, attend la fin de l’enquête pour décider de quoi que ce soit, en revanche, les jeunes chauffeurs veulent que les auteurs des actes qui ont coûté la vie à Madou Coulibaly soient immédiatement arrêtés et traduits devant la justice. » Sans cela nous allons paralyser les transports publics dans la capitale malienne » menace le président des jeunes chauffeurs.

Niamey Kéïta : les policiers ont riposté à un tir venant de la Sotrama

Pour faire notre religion de manière impartiale sur ce drame nous avons jugé nécessaire d’entendre le Directeur général de la Police nationale, Niamey Kéïta, que nous avons rencontré, hier en fin d’après-midi, dans son bureau. A l’entendre, c’est en réaction à un coup de feu tiré depuis la sotrama que la police a riposté en tirant, à son tour, en direction de ladite sotrama d’où est sorti un individu en fuyant. Le Directeur général de la Police nationale, Niamey Kéïta, a donné sa version en présence du Commandant de la Brigade anti-criminalité (BAC).

« Tout est parti d’une opération de classique de patrouille. Ce matin vers 5 heures (ndlr : hier), des éléments de la Brigade anti-criminalité voient une Sotrama garée dans l’obscurité dans les environs de Malimag. Cette zone est dans le collimateur des forces de sécurité puisque, régulièrement, des cas de vols y sont signalés. Le véhicule de patrouille ralentit et lorsque les policiers essayèrent de descendre, un coup de feu est soudainement parti alors qu’un individu, descendu de la Sotrama, prenait la fuite. Tout laisse à croire que c’est le fuyard qui est le tireur mais malheureusement, nous n’avons pas pu mettre la main sur lui. Et les impacts de balle sont visibles sur le véhicule. Naturellement, sachant que les occupants de la Sotrama sont armés, les policiers, à leur tour, ripostèrent. Arrivés sur les lieux, les éléments constatèrent que le chauffeur était agonisant. Transporté d’urgence à l’hôpital, il décède des suites de ses blessures.

Il s’appelle Madou Coulibaly mais, au moment des faits, il n’avait pas de cahier pour le véhicule et lui-même n’avait ni permis de conduire encore moins une carte d’identité.

Les parents de la victime disent qu’ils s’en remettent à Dieu et l’enterrement aura lieu demain (ndlr : aujourd’hui), mais, les populations de Sénou, quartier où habitait le défunt, en représailles, ont saccagé le poste de police de Sénou. La police reste sur le qui-vive jusqu’à l’enterrement du défunt et même après s’il le faut. Et pour cela, des dispositions sont prises avec l’appui de la Garde et de la Gendarmerie nationales. Contrairement à ce qui se dit, l’incident n’est pas survenu suite à une course-poursuite car, en la matière, mes consignes sont claires et strictes. Lorsqu’un usager refuse d’obtempérer, on prend tout simplement les références de son véhicule. Donc, dans ces conditions, les courses-poursuites sont interdites tout comme l’usage des armes « 

Messages

  • Pas de mini bus, pas de taxi, bref pas de transport en commun depuis hier soir parce que un policier a tiré et tuer un chauffeur de la Sotrama, compagnie de mini bus ou transports en commun de Bamako, la capitale du Mali, une ville de 2 a 3 millions d’habitants.

    Du coup, les discussions entre les travailleurs, sans travail, les élèves, les mendiants, les petits vendeurs aux puces sont riches dans leurs contenu. une heure après le crime tout les hommes de tenue policiers gendarmes douane on disparue dans les rues par peur d’être lynché par les masses laborieuses. des choses me frappent et continue de me frapper dans mon fond depuis hier jusqu’à ce matin en discutant par si par là ce que aucun exploités ne dit pas qu’il sont solidaire de je ne sais quoi mais qu’il son le chauffeurs tuer par balle par le policier et chacun est choqué a un point inimaginable .de toute façon en ce moment l’exemple de kita est dans tout les bouches donc la règle est que si on se fait tirer dessus par un homme de pouvoir il faut réagir immédiatement en léchant le double des homme du pouvoir. .Depuis ce matin je vois des petit groupe d’apprentis chauffeurs cherchant des homme de pouvoir et des jaunes de la grève des transport cela étant il y a pas beaucoup de jaune vu le choque que ça fait. je tiendra au courant au fur et à mesure tout les lecteur de matière et révolution.

    moshe.

    • Si à Bamako, les ressortissants de la ville font désormais le parallèle entre ces événements et ceux du nord, les observateurs craignent le pire pour qui sait que les émeutiers du 14 juillet dernier emporté plusieurs armes et munitions (Fusils Mitrailleurs (FM), Pistolet Mitrailleur (PM) et des boîtes de chargeurs) au niveau du peloton de la garde nationale.

      De sources bien informées, la deuxième victime, un jeune apprenti-chauffeur, a été interpellée par la police laquelle procède depuis les émeutes du 14 juillet dernier, à des patrouilles à la recherche des présumés vandales. Pris de panique, le jeune apprenti aurait tenté de fuir. Il a été vite rattrapé et roué de coups. Conduits à la maison d’arrêt, et sans soins médicaux, il succombera de ses blessures quelques heures plus tard. Le corps a été remis aux parents lesquels ont procédé, mardi dernier à son inhumation.

      Immédiatement après les obsèques, les notabilités de la ville ont provoqué une réunion d’urgence à l’issue de laquelle, elles ont décidé de porter l’affaire devant les plus hautes autorités du pays, à savoir, le président de la République.

      Il faut rappeler que les premiers incidents font suite, à la mort d’un premier apprenti tué par balle par un élément de la garde nationale. Les populations de la commune de Kobri, une localité située à une quarantaine de kilomètres de Kita-ville ont alors arrêté le garde et l’ont ensuite remis au maire de Kita, lequel l’a confié à la justice. Que s’est-il réellement passé par la suite ?

      Les populations ne toléreront, en tout cas pas de voir circuler le même garde quelques instants plus tard dans les rues. Toute chose à l’origine de l’émeute au cours de laquelle, les manifestants s’en prirent particulièrement aux symboles du pouvoir et de la répression (voir liste des dommages). Il aurait fallu des renforts venus de Bamako et de Manantali pour ramener le calme.

      Dans un communiqué rendu public, le gouvernement a invité les populations au calme et promit l’ouverture d’une enquête. Mais à ce jour, aucune suite n’a été donnée à cette enquête et pour ne rien arranger à la situation, un autre et deuxième apprenti chauffeur vient d’être tué.

      Le risque d’une implosion et d’une vendetta ciblée est aujourd’hui réel à Kita. Et pour preuve : les manifestants, nous apprend-on, se sont dirigés sur le logement du Commandant de brigade de la Gendarmerie. C’est l’arrivée des renforts qui les ont dissuadés à passer à l’acte. Aussi, pour les mêmes raisons, ils ne purent faire évader les prisonniers, un autre projet inscrit à l’ordre du jour au moment des faits.

      Les plus hautes autorités du pays doivent vite s’impliquer dans cette affaire et faire régner le calme et surtout la justice dans tous ses compartiments. On le sait, c’est le sentiment d’impunité qui exacerbe les tensions sociales. D’ores et déjà, des ressortissants de Kita à Bamako font le parallèle entre ces événements et ceux dont le nord du pays est le théâtre depuis un certain temps.

      Aussi, faut-il le rappeler, à la faveur des émeutes du 14 juillet dernier, les manifestants ont emporté plusieurs armes et munitions (Fusils Mitrailleurs (FM), Pistolet Mitrailleur (PM) et des boîtes de chargeurs) au niveau du peloton de la garde nationale. Il faut craindre le pire.

      B.S. Diarra

    • LE N P A SUR OUMAR MARIKO .. Qui sommes-nous ?
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      Oumar Mariko : au Mali, le chemin des luttes retrouvé
      samedi 13 février 2010
      Oumar Mariko est député du parti SADI (Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance) qui est une organisation de la gauche radicale fondée en 1996. Cette organisation a été de tous les combats, notamment contre la campagne de privatisation des entreprises maliennes imposée par les institutions financières internationales, contre l’introduction des OGM, en solidarité avec les expulsés maliens. Ses militant-e-s animent un réseau de radio dénommé Kayira, et les députés du parti SADI et du PARENA (Parti de la Refondation Nationale) ont formé un groupe parlementaire, dont Oumar Mariko est le porte-parole.

      En premier lieu, peux-tu nous dire quelques mots sur le Mali ?

      Le Mali est un pays qui est présenté, sur le plan international par les gouvernements européen et américain, comme étant un pays très démocratique : il y a la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté d’association. De plus le gouvernement est un très bon élève du FMI et de la Banque Mondiale puisqu’il en applique toutes les mesures. Pour nous, on ne peut appliquer ces mesures et parler de démocratie, parce qu’en fait il n’y a pas de démocratie économique. On considère aujourd’hui que c’est un pays où il y a plusieurs partis politiques, mais ils ne dessinent pas très clairement leurs options. En réalité quand on regarde de plus près on s’aperçoit que la plupart de ces partis sont des partis de droite et ceux qui se réclament de la gauche le sont plus dans la parole que dans la pratique et dans la conception même du développement économique, ils sont beaucoup plus à droite. De toute façon le Mali officiel c’est un pays où s’installe de façon très inquiétante l’impérialisme euro-américain depuis une dizaine d’année. Déjà depuis 1985, le Mali a officiellement opté pour le développement du secteur privé comme étant le moteur de l’économie nationale et de 1985 à aujourd’hui c’est le même discours officiel qui a cours et qui fait que, sans coup férir, le Mali applique tous les diktats du FMI et de la Banque mondiale et est au garde à vous devant les pressions françaises et européennes.

      Quelle est la situation sociale ?

      La situation sociale actuelle est que le chômage va grandissant parce qu’il n’y a pas de secteur porteur d’emplois dans la mesure où toutes les entreprises publiques qui existaient sont complètement liquidées, donc le chômage est réel. Les paysans qui constituent la majeure partie du peuple, soit 95% de la population active, connaissent de plus en plus une paupérisation. On estime que 64% des Maliens, qui ont 380 CFA par jour, se trouvent dans le monde rural – paysans, éleveurs et pêcheurs – parce que l’économie est essentiellement basée sur la pêche, l’élevage et l’agriculture. Au niveau de la classe ouvrière, elle est très réduite et elle est dans une grande instabilité qui est liée aussi à l’instabilité des structures industrielles existantes : çà ouvre, çà ferme et à chaque récession économique ce sont des licenciements, des pertes de postes, etc. L’alimentation est difficile, avoir trois repas par jour c’est pour très peu de Maliens, l’accès aux repas pour la majorité de Maliens dans les zones rurales, mais aussi dans les zones péri-urbaines comme Bamako, c’est extrêmement difficile. La misère est une réalité qui galope au Mali, mais de l’autre coté, en face, le gouvernement qui a fait le choix de travailler selon la doctrine des institutions financières internationales, s’inspire de la lutte stratégique contre la pauvreté mise en place par le FMI et la Banque mondiale pour corriger les effets néfastes de sa politique prédatrice.

      Et concernant la santé et de l’éducation ?

      La santé n’est pas gratuite au Mali, bien au contraire. Et l’éducation est de plus en plus déchargée sur le compte des populations. La santé conventionnelle en milieu rural souffre de deux choses : l’accessibilité financière pour les populations et l’accessibilité physique en termes de structures existantes, c’est l’exclusion totale car les hôpitaux qui existent à l’intérieur du pays ne sont fréquentés par les populations que lorsqu’elles n’ont plus le choix, donc elles deviennent des mouroirs plutôt qu’autre chose. L’accès à l’école se fait rare quand on n’a pas d’argent on ne peut plus y aller. Il y a deux types d’enseignements : l’enseignement conventionnel qui est dirigé et chapeauté par l’Etat et d’accès difficile, et il y a les écoles communautaires développées en milieu rural dont les frais sont supportés par les parents. Ceux qui n’ont pas d’argent ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école et il arrive que la communauté ne soit pas capable de payer les enseignants, donc ce sont des mois de chômage et les enfants ont des scolarités au rabais et jamais achevées.

      Face à cette situation difficile, comment se structure les résistances dans le pays ?

      En face de çà, vous avez une société civile dont la plupart est contrôlée par les gens au pouvoir et il y a d’autres éléments de la société civile qui se battent comme ils peuvent pour résister. Dans cette société civile, il y a la chaine de radio Kayira composée de neuf radios libres qui sont dans tous les combats pour le peuple, l’Association Malienne des Expulsés qui existe et se bat, l’Association Retour Travail Dignité, la Ligue pour la Justice le Développement et les Droits de l’Homme, dont le président est un avocat. Ce sont celles qui sont visibles dans le combat. De façon plus timide le CAD (Comité Contre la Dette) qui existe et qui arrive à organiser des forums pour que les gens se rencontrent et puissent échanger leurs expériences. Mais à part celles-là, les autres, je ne les vois pas bien dans le combat au quotidien.

      Et au niveau syndical ?

      Au niveau des organisations syndicales, nous avons une aristocratie syndicale qui bloque l’avancée des luttes syndicales. Il y a des comités syndicaux qui se battent, ceux des chemins de fer par exemple sont sortis récemment de leur torpeur. Il y a aussi le comité syndical des enseignants qui se bat, de temps en temps, pour les revendications catégorielles. Mais les autres comme la CSTM (Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali), comme l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) ces syndicats sont complètement bouffés par l’aristocratie syndicale. C’est beaucoup plus un syndicalisme de salon plutôt qu’un syndicalisme de combat.

      Dans ces luttes, comment se situent les partis politiques au Mali ?

      Pour les partis politiques qui se battent réellement, il y a notre parti qui se bat vraiment dans le monde paysan et ouvrier et pour l’indépendance et qui porte ce combat à l’Assemblée nationale par le groupe parlementaire commun de SADI et du PARENA (Parti pour la Refondation nationale). A ce niveau là, les députés se battent vraiment de façon remarquable au niveau de l’Assemblée nationale pour faire entendre la voix du peuple, même s’ils sont extrêmement minoritaires par rapport à la masse des députés au pouvoir. Nous sommes au nombre de neuf députés du groupe parlementaire SADI/PARENA qui sont rejoints très souvent dans le vote par le RPM (Rassemblement Pour le Mali), qui est un parti social démocrate tout comme le PARENA. Ils se battent avec nous, ce qui fait que nous sommes au nombre de 19 députés sur les 145 de l’Assemblée nationale. On se fait entendre sur le vote des OGM, on a tapé du poing sur la table sur la loi des finances et sur bien d’autres lois aux effets néfastes pour la population, mais sans avoir un véritable retentissement, un véritable écho dans la presse. C’est récemment qu’on commence à parler de nous, comme lorsque nous nous sommes battus pour que les manques des entreprises publiques ne soit pas inscrits dans le budget national.

      Comment analyserais-tu la situation politique ?

      Je sens, de plus en plus, un bouillonnement au sein du peuple qui cherche des perspectives. Hier il y avait beaucoup de langage qui ne passait pas, beaucoup de difficultés pour nous autres, mais on nous écoute de mieux en mieux. Maintenant on peut parler et aujourd’hui on nous invite à venir et on nous écoute de mieux en mieux. Depuis 1993 on est dans le combat en disant que le système est en train de se renforcer dans le pays, mais on ne nous écoutait pas. Il y avait Alpha Amadou [Konaré, ancien président de la République du Mali, de 1992 à 2002. NdLR] qui était un excellent marchand d’illusion, ce qui entretenait beaucoup d’illusions y compris en entraînant le RPM et le PARENA, et c’était difficile pour nous de nous faire entendre. Mais maintenant les gens se manifestent. Aujourd’hui dans la rue je vois les gens autour de nous et de plus en plus des manifestations se font que nous organisons à travers notre radio en essayant de rassembler et nous-mêmes on essaie de faire des formations politiques de plus en plus en essayant de rassembler largement et surtout les vieux militants socialistes du temps de Keita [Modibo Keïta, président de la République du Mali entre 1960 et 1968, panafricaniste et tiers-mondiste. NdLR] qui sont les plus sincères et ont plus de gueule et qui ont le moyen de former les jeunes générations.

      Propos recueillis par Paul Martial

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    • Qu’elle est la vraie version,en outre il s’agit d’un chaffeur de Sotrama qui selon les syndicats des chaffeurs appelait les passagers quand tout à coup a percu des policiers aux environs de 5heures du matin alors qu’il n’etaient pas en position de son permis de conduire à prefèrer echapper à ses Policiers,qui ont ouvert le feu et suite a sa la balle atteint le jeune chaffeur de 27ans du nom de Mamadou COULIBALY.Chose dementi par les policiers qui selon eux à leur arrive des coup de feu etaient destiné à eux donc les policiers ont repliqués.

    • Des milliers de personnes ont dû rentrer chez eux à pied à cause d’un mouvement de grève brutalement déclenché par les conducteurs de transport en commun « Sotrama ». En effet, c’est à de véritables scènes d’émeutes auxquelles l’on a assisté dans certains quartiers de la rive droite. A l’origine du mouvement, la mort d’un conducteur de Sotrama à la suite d’un incident avec la police. Selon un communiqué du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, un incident est survenu dans la nuit du dimanche à hier aux environs de 5 heures aux alentours de MALIMAG entre une équipe de patrouille de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la Police nationale et un conducteur de véhicule Sotrama. Incident au cours duquel un des occupants du Sotrama a succombé suite à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré. « Le gouvernement, poursuit le communiqué présente à la famille du défunt ses condoléances les plus attristées. Il rassure qu’une enquête est ouverte pour situer les responsabilités. Il appelle les syndicats des chauffeurs au calme et à la sérénité ». Selon de sources policières, l’incident est survenu à la suite d’un refus d’obtempérer du conducteur de Sotrama qui circulait avec comme seul passager son apprenti. C’est celui-ci qui aurait ouvert le premier le feu sur les policiers du BAC qui ont riposté. Mais c’est le chauffeur qui sera blessé. Il succombera à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré comme le précise le communiqué du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Dès que les chauffeurs de Sotrama ont appris la nouvelle, les esprits se sont échauffés et la tension est montée d’un cran. Certains chauffeurs et apprentis de Sotrama, très en colère sont descendus dans la rue pour bloquer la circulation dans plusieurs endroits de la rive droite. Aidés par certains badauds, ils ont dressé des barricades sur des voies et pris pour cible les policiers chargés de réguler la circulation. Les agents de la police ont dû fuir pour se mettre à l’abri. Le mouvement a sérieusement perturbé la circulation dans la capitale. Les embouteillages se sont accentués par l’absence des agents de régulation de circulation. Ils se sont prolongés jusque dans la nuit et provoqué plusieurs petits accidents. Des bruits des sirènes retentissaient de partout. En face du siège de la BDM, un vieux mendiant a été renversé par une moto. Il baignait dans son sang. Les émeutiers avaient bloqué la circulation notamment au niveau du rond-point de Daoudabougou en brûlant des pneus sur la voie. Les agents du Groupement mobile de sécurité (GMS) sont intervenus pour rétablir de l’ordre. Le poste de police de Sénou où habitait le défunt aurait été totalement saccagé.

    • Qu’une seule exaction des forces de l’ordre provoque un tel chaos est significatif du caractère de la situation sociale au Mali ....

    • Il est évident que les policiers essaient de se couvrir en se faisant passer pour victimes des coups de feu. Ils n’en sont pas à leur première fois pour agresser les petits chauffeurs de taxi. Et ce n’est pas qu’au Mali puisque la Côte d’Ivoire a connu exactement la même situation !

    • pas autrefois ni ailleurs : c’est (...)L’oppression de la femme, ce n’est pas autrefois ni ailleurs : c’est maintenant et chez nous !
      jeudi 25 février 2010,

      Femmes opprimées, travailleurs, jeunes révoltés, votre combat est une seule et même lutte pour en finir avec toute forme d’exploitation et de sujétion !!!

    • Un pouvoir qui met en liberté quatre terroristes à l’échange d’une seul homme français ! Un pouvoir qui se laisse intimidé par un autre ! Un pouvoir qui enfreint la théorie de la séparation des pouvoirs en gardant tout le pouvoir pour lui seul ! La juridiction considérant être comme un conseil d’Etat qui met un met frein à l’action du pouvoir est aujourd’hui au Mali la proie facile du pouvoir Exécutif ou disons plutôt la proie d’Amadou Toumani Touré par ce qu’actuellement tout le pouvoir est centré sur lui ! ATT est en passe de monopoliser la juridiction en prenant des décisions unilatérales exécutoires d’office car rémarquons que des terroristes, Oui des terroristes qui peuvent être condamnés à neuf mois de détention ! Seulement neuf ! Et Pourquoi ? Parce qu’il a peur du réseau Al kaïda ???? Et si c’était le cas pouquoi les a-t- il libérés alors ?? Sous la pression de la France ? Un Etat peut-il excercer de la pression sur un autre ? Et bien c’est le cas aujourd’hui puiseque c’est la porte de l’autocratie qui est ouverte maintenant ! Et pour soulager ATT, il lui fait une visite d’ecroquerie. Je vous assure que tout son periple de Gabon à Rwanda était uniquement du dessin pour endormir l’esprit de l’opinion internationale car ce voyage est fait uniquement pour rémercier ATT.
      Reste à savoir comment les rélations de connivence entre le Mali et l’Algérie ou encore la Mauritanie vont continuer.
      Le vent de la connivence de la lèche du sang des bras-valides a encore souflé et ça risque de continuer pour lontemps. Ceci fait la vielle théorie de séparation du pouvoir comme le voulait JJ Rousseau est violé comme toujours seulement à causes de ce terme : "J’irai les chercher où qu’ils se trouvent". Pour reprendre l’expression de Sarkozy.
      Bill...

    • Pourquoi regretter que l’Etat ne soit pas plus indépendant, plus démocratique, plus courageux, plus au service de la population ? Parce que ce serait possible ? Est-ce que d’autre hommes à la tête pourraient changer cela ?

      Ou, au contraire, ne vaut-il mieux pas montrer le lien entre tout cela et les intérêts de la petite minorité qui possède toutes les richesses du pays et du monde...

    • Merci beaucoup pour ce compte rendu à chaud et ces précieuses informations.

      Robert Paris

  • "J’irai les chercher où qu’ils se trouvent" doit être remplacée pour nous par :

    "Ne compter que sur les opprimés, quoique fassent ou disent les oppresseurs et les hommes politiques ou les militaires à leur service".

    Même si, et surtout si, ils font semblant de vouloir notre bien....

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