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L’arme nucléaire n’est pas au placard !

jeudi 14 octobre 2010

Hiroshima et Nagasaki protestent contre un essai nucléaire américain

Les deux villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki, les seules du monde à avoir été victimes d’un bombardement atomique, ont vivement protesté contre l’essai nucléaire subcritique mené récemment par les Etats-Unis dans le désert du Nevada, a-t-on appris jeudi auprès de ces municipalités.
Le gouvernement américain a annoncé mardi avoir procédé le mois dernier à cet essai souterrain, qui ne déclenche pas de réaction en chaîne pouvant conduire à une explosion nucléaire.
« Je suis révolté par la façon dont vous bafouez les attentes et les espoirs des survivants de la bombe A », a écrit le maire de Hiroshima, Tadatoshi Akiba, dans une lettre de protestation adressée à l’ambassade des Etats-Unis à Tokyo. Le maire de Nagasaki, Tomihisa Taue, a lui jugé cet essai « regrettable ».

Vers une collaboration franco-britannique sur les têtes nucléaires

Le Financial Times annonce ce matin que le Royaume-Uni et la France discutent d’une coopération autour de la maintenance des têtes nucléaires. Cette coopération pourrait porter sur le devenir des 160 têtes nucléaires britanniques qui bénéficieraient de la technologie française développée par le CEA.

Depuis l’interdiction des essais nucléaires, les armes ne peuvent plus être testées et la France a choisi, comme les Etats-Unis, d’investir dans un très ambitieux programme de simulation. Des installations, notamment le laser mégajoule du Cesta (Gironde), sont en cours d’achèvement.

Lors du sommet franco-britannique, qui doit se tenir le 2 novembre à Londres, Nicolas Sarkozy pourrait ainsi proposer à David Cameron d’ouvir ces installations aux experts anglais, pour que ceux-ci puissent s’assurer du bon vieillissement de leurs armes, voire de leur renouvelement.

Cette coopération traduirait la grande confiance entre les deux pays puisqu’elle permettrait aux Français de connaitre la nature exacte des armes de notre allié. Une coopération technique existe déjà entre Français et Américains dans le domaine de la simulation.

France et Royaume seraient proches de conclure un accord sur l’entretien en France des ogives nucléaires britanniques (1). Cet accord serait une première entre deux pays qui n’ont jamais collaboré dans le domaine de la dissuasion nucléaire mais cherchent aujourd’hui à réduire d’importants déficits publics.

Citant des responsables des deux pays, le Financial Times (FT) écrit que la Grande-Bretagne paierait à la France l’entretien de ses 160 têtes nucléaires. Il serait réalisé au Commissariat à l’énergie atomique, qui entretient les ogives françaises. Les missiles Trident britanniques, qui peuvent être lancés d’un sous-marin, sont de fabrication américaine, aussi l’accord nécessiterait-il un partage des secrets du système.

Jean-Dominique Merchet rappelle dans son blog (1) que : "Depuis l’interdiction des essais nucléaires, les armes ne peuvent plus être testées et la France a choisi, comme les Etats-Unis, d’investir dans un très ambitieux programme de simulation. Des installations, notamment le laser mégajoule du Cesta (Gironde), sont en cours d’achèvement. Lors du sommet franco-britannique, qui doit se tenir le 5 novembre à Londres, Nicolas Sarkozy pourrait ainsi proposer à David Cameron d’ouvir ces installations aux experts anglais, pour que ceux-ci puissent s’assurer du bon vieillissement de leurs armes, voire de leur renouvellement. Cette coopération traduirait la grande confiance entre les deux pays puisqu’elle permettrait aux Français de connaitre la nature exacte des armes de notre allié. Une coopération technique existe déjà entre Français et Américains dans le domaine de la simulation."

Selon une "personne au fait des négociations", citée par le FT, Londres a consulté les Etats-Unis à ce sujet. Le gouvernement britannique procède à une révision de son système de défense et le budget de l’armée devrait être réduit fortement dans le cadre d’un plan de dépenses qui sera présenté
le 20 octobre prochain.

Le Premier ministre David Cameron a déclaré mercredi que la révision de la défense "serait conforme à nos engagements par rapport aux ressources dont nous disposons. Cela signifiera de grands changements." Il a néanmoins confirmé un renouvellement de la puissance de dissuasion britannique, sur la base du système Trident actuel, pour un coût qui devrait atteindre entre 15 et 20 milliards de livres.

Depuis plusieurs semaines, les deux pays multiplient les annonces et les échanges de vue sur la mise en commun de moyens militaires. Le 7 juillet, le ministre de la Défense, Hervé Morin, avait, lors de son audition par la Commission de la défense de l’Assemblée Nationale précisé "que les Britanniques sont prêts à envisager des coopérations même sur des sujets très confidentiels" (1)

Et le 27 août, lors de la 18e conférence des ambassadeurs, le Président de la République donnait le ton et la ligne politique de la France pour l’année à venir. Concernant la force de frappe, le Nicolas Sarkozy précisait : "Face aux menaces contre nos intérêts vitaux, nous avons la dissuasion nucléaire". Puis le Président poursuit par un appel du pied aux britanniques extrêmement clair : "J’ai entendu les déclarations de nos alliés britanniques sur la coopération bilatérale avec la France. Nous en discuterons avec eux sans tabou et nous prendrons des décisions importantes en novembre lors du prochain Sommet franco-britannique."

De là à proposer une coopération dans le domaine de la dissuasion nucléaire, il y avait un nouveau pas à franchir… et cela a été fait très officiellement par Guy Tessier, président de la Commission de la défense de l’Assemblée Nationale. Ce parlementaire, a déclaré à la mi-septembre : "Nous pouvons aussi envisager une coopération entre nos sous-marins nucléaires, […] mais on ne pourrait le faire qu’en période de paix relative, comme aujourd’hui. En cas de crise, il faudrait que chacun puisse reprendre possession de sa propre dissuasion, car on ne peut pas partager le feu nucléaire."

Cette déclaration de Guy Tessier fait écho à celle faite dans les médias britanniques. En mars 2010, le quotidien britannique The Guardian (2) révélait, suite à la rencontre entre MM. Sarkozy et Brown du 12 mars 2010, que la France avait proposé en 2008 au Royaume-Uni de fusionner les forces nucléaires sous-marines.

La coopération bilatérale pourrait donc se renforcer dans ce domaine clé. Une évolution en tout cas conforme aux voeux d’Hervé Morin, le ministre de la défense français qui rappelait le 1er octobre 2010 : "Face aux tensions sur nos budgets de défense et à la pression qu’exercent les grandes nations exportatrices, il est plus urgent que jamais d’identifier sans tabou de nouvelles coopérations et de mettre un terme aux coûteuses duplications entre nos bureaux d’études et nos industries. Cette dépendance mutuelle est incontournable si nous voulons continuer à doter nos forces des systèmes d’armes les plus complexes ou à nous imposer sur les marchés extérieurs.
Nous travaillons depuis longtemps en ce sens avec mon homologue allemand, mais aussi et depuis quelques mois avec mon nouvel homologue britannique dans la perspective du sommet de Londres du 5 novembre."

France et Royaume-Uni redeviendraient ainsi un moteur de la construction européenne et de l’Europe de la défense, dont ils avaient avec la signature de la déclaration de Saint-Malo en décembre 1998 par le Président Jacques Chirac et le Premier ministre britannique Tony Blair, relancé le processus.

Sources :
(1) « Londres négocie l’entretien de ses têtes nucléaires en France », Reuters, vendredi 8 octobre 2010

(2) (2)http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/10/vers-une-collaboration-franco-britannique-sur-les-t%C3%AAtes-nucl%C3%A9aires.html

(3) http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2010/09/14/la-dissuasion-franco-britannique-va-devenir-realite/

(4) http://www.guardian.co.uk/world/2010/mar/19/france-britain-shared-nuclear-deterrent

(5) Lire aussi notre chronique http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=chroniques&id=0637

On nous présente le nucléaire militaire comme un danger coréen ’du nord) ou iranien, mais la réalité est que l’arme en question appartient surtout aux grandes puissances impérialistes et qu’elles ne l’ont nullement abandonné. Une arme, quelle qu’elle soit, n’est dissuasive que tant que l’on ne s’en sert pas

Messages

  • Docteur Folamour

    Avec cinquante ans de retard on apprend, grâce à la déclassification d’un document militaire secret, qu’une partie des États-Unis a failli être rayée de la carte en 1961. À l’époque de la guerre froide, des avions américains équipés de bombes atomiques sillonnaient en permanence les cieux du monde entier, et survolaient notamment les États-Unis.

    Un bombardier B-52 a explosé en vol et largué les deux bombes thermonucléaires qu’il transportait au-dessus de l’État de Caroline du Nord. En principe, l’explosion ne devait pas se produire... mais il s’en est fallu de peu. L’une des deux bombes s’est mal comportée et sur quatre sécurités prévues empêchant la mise à feu, trois n’ont pas fonctionné et c’est un simple interrupteur qui a empêché l’explosion.

    Il s’agissait d’une bombe H, 260 fois plus puissante que la bombe A d’Hiroshima. Si elle avait sauté, la Caroline du Nord aurait été détruite, ainsi que les villes de Washington, Philadelphie, Baltimore et en partie New York.

    À l’époque, les dirigeants américains accusaient les Soviétiques de menacer l’Amérique. En fait la pire menace venait des dirigeants américains eux-mêmes.

  • Tahiti : l’Etat français reconnaît ses crimes nucléaires mais refuse de payer…

    "Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires", a déclaré François Hollande qui s’exprimait devant des élus polynésiens.
    Il s’est engagé à ce que l’Etat accompagne le développement du service d’oncologie au centre hospitalier de Tahiti.

    La "dette nucléaire" ou "milliard Chirac" (en francs, soit l’équivalent de 150 millions d’euros aujourd’hui), une dotation annuelle qui visait à compenser la perte d’activité économique engendrée par la cessation des essais en 1996, "sera sanctuarisée" et "son niveau sera dès 2017 rétabli à plus de 90 millions d’euros", a promis François Hollande.

    Plus généralement, François Hollande a reconnu "solennellement" la contribution de la Polynésie à la force de dissuasion nucléaire française.
    "Cette contribution, celle que vous avez vous-même apportée à travers les essais nucléaires, je veux la reconnaître solennellement aujourd’hui, devant vous".

    En somme, il félicite, il congratule mais il n’annonce aucune somme nouvelle pour payer les dommages…

    La preuve qu’il n’y a rien de changé : la contre-amiral Anne Cullere, commandant supérieur des forces armées en Polynésie française a déclaré : "de quoi parle-t-on au juste ? (…) si on regarde le nombre de cancers en Polynésie française le lien entre la maladie et l’activité du CEP (Centre d’Expérimentations du Pacifique, NDLR) n’est pas une évidence".

    Interrogée par la presse jeudi, la haut gradée avait notamment évoqué la période des essais nucléaires français dans le Pacifique comme une "belle aventure", un épisode historique qui "vaut la peine d’être vu et surtout d’être gravé dans la mémoire des Polynésiens, parce qu’ils peuvent en être fiers".

    Anne Cullere avait notamment évoqué la possibilité d’ériger sur Moruroa, atoll où ont eu lieu 196 expérimentations nucléaires entre 1966 et 1996, un "vrai lieu de mémoire que tout le monde pourrait s’approprier : associations, Polynésiens comme scientifiques".

    Hollande reconnaît un impact mais lequel et admet des dédommagements mais combien ?

    La double peine des essais nucléaires français

    Quels ont été les essais nucléaires français ?

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