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La révolte gagne la Mauritanie

mardi 1er mars 2011

La révolte s’étend à la Mauritanie : Les manifestants réclament "de nouvelles réformes… chute du régime"

Plus d’un millier personnes ont occupé, vendredi, après la prière, un espace dit « place des blocs », au centre de Nouakchott, pour exiger du gouvernement des réformes profondes. Ces manifestants, pour la plupart des jeunes, brandissaient des pancartes exigeant ces réformes. « Du pain, car nous avons faim », « justice pour tous », « nous voulons du travail », « non à l’exploitation de l’homme par l’homme », « non à l’expropriation des terres » et « non à l’esclavage », pouvait-t-on lire sur ces pancartes. Des manifestants ont déclaré que leur principal objectif est de susciter « une action urgente de réforme pour un meilleur bien- être des Mauritaniens ». Aucune présence des forces de l’ordre n’a été constatée sur la place occupée par les manifestants.

Le mot d’ordre de cette manifestation avait été lancé, depuis plus d’une semaine par des milliers de mauritaniens sur les réseaux sociaux. Jeudi, le Premier ministre mauritanien Moulay Ould Mohamed Laghdaf avait improvisé une sortie et présidé un meeting populaire dans un quartier précaire de Nouakchott, au cours duquel il a promis aux populations dix mille logements et un accès à tous les services de base. N’est-ce pas là une astuce de la part du gouvernement pour faire échouer cette manifestation pacifique (strategie oblige), dont les revendications sont légitimes ?

En tout cas ces jeunes sont décidés à aller jusqu’ au bout afin d’atteindre leur objectif par tous les moyens.

Trois centrales syndicales parmi les plus importantes de la Mauritanie ont organisé samedi soir à Nouakchott une marche suivie d’un meeting pour exiger du gouvernement des améliorations salariales et l’ouverture de négociations entre partenaires sociaux, a constaté l’AFP.

Les trois centrales avaient déposé auprès du gouvernement et du patronat, le 19 janvier, une plateforme revendicative comprenant notamment l’augmentation des salaires, la suppression de l’impôt sur les salaires et l’amélioration du régime de la Sécurité sociale.

"Nous restons mobilisés jusqu’à l’ouverture de ces négociations", a averti le président de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM), Abdellahi Ould Mohamed dit Nahah.

Le syndicaliste a mis en garde les autorités contre les "conséquences négatives des blocages et de l’entêtement, face aux revendications sociales dont les pouvoirs tunisien et égyptien viennent de récolter les fruits amers".

"Nous n’exclurons aucune forme d’action syndicale. Nous mettons en garde contre l’explosion qui pourrait advenir si rien n’était fait", a-t-il ajouté.

Ce mouvement de revendication était également mené par la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM) et la Confédération nationale des travailleurs de Mauritanie (CNTM).

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait annoncé une baisse de 30% des prix de produits de première nécessité, le 20 janvier, dans un contexte de troubles au Maghreb, à la suite des émeutes meurtrières en Algérie et de la révolte en Tunisie ayant entraîné la chute du président Ben Ali.

Samedi, le gouvernement mauritanien a exprimé sa "satisfaction quant à l’issue heureuse" de la crise en Egypte, en réaction à la démission du président égyptien Hosni Moubarak, et a rendu hommage aux opposants tués durant la contestation qu’il a qualifiés de "glorieux martyrs".

De son côté, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) mauritanienne a appelé "tous les régimes arabes, et surtout celui de Mohamed Ould Abdel Aziz, à tirer les leçons de ce qui est arrivé en Egypte et avant elle en Tunisie et à se plier aux exigences de démocratie et d’émancipation exprimées par leurs peuples".

Le vent révolutionnaire qui a fait tomber les vieux cocotiers est en train d’accélérer sa course inexorablement vers d’autres destinations. Ainsi beaucoup de régimes autocratiques sont en mauvaise posture et leurs despotes tremblent de tout leurs corps. Après la Tunisie, c’est l’Egypte qui a été touchée par ce raz-de-marée violent, qui a contraint à la démission le Rais Moubarak Tous les pouvoirs arabes ou presque sont dans l’œil du cyclone, où chacun attend son tour, pour céder le fauteuil de gré ou de force.
Les mauritaniens qui suivent de près ces changements, qui se manifestent dans le monde arabe réalisent ce que représente la volonté du peuple face aux aspirations profondes à la liberté et à la démocratie. Aucun pays n’est à l’abri de ces coups de tonnerre qui peuvent éclater à tout moment et que la moindre secousse suffit pour faire sauter les verrous des forteresses si puissantes soient-elles. En Mauritanie tous les bords politiques sont unanimes pour saluer le départ de Moubarak. Des manifestations de joie ont émaillé la capitale. Un peu partout le sentiment de solidarité idéologique et épidermique a gagné les cœurs.

2 à 3000 personnes ont répondu à l’appel du 25 février. Jeunesse révolution, Mouvement pour la vie, Blanche Leconte… ou tout simplement la Coordination des jeunes du 25 février, ce sont là les mouvements qui avaient tous pris forme sur le réseau social Facebook. Et c’est à partir du Net qu’ils ont décrété le 25 février, la journée de la colère nationale de la jeunesse mauritanienne. Une jeunesse qui s’est retrouvée autour des slogans unificateurs. Qui animent ces groupes d’activistes pacifistes ? Que réclament-ils ? Jusqu’où veulent-ils ou pourront-ils aller ? Où sont les formations politiques traditionnelles de l’opposition dans cet élan de mécontentement ? Et les forces de l’ordre ? L’élément déclencheur de la chute du pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdallahi était la manifestation de Kankossa. Avec Aziz, on vient de connaitre Fassala dans un contexte géopolitique sans précédent qui fait peur… Kankossa n’est pas Fassala et Aziz n’est pas Sidi. La Mauritanie est-elle entrain de vivre le syndrome de la Tunisie ?

La jeunesse est sortie en masse pour répondre à l’appel de la Coordination de Jeunes du 25 février. On évalue les manifestants environ à 3000 personnes où la quasi-totalité a dormis sur place. C’est après la prière du vendredi que la jeunesse a envahi la place des blocs rouges. Pour l’occasion la place des bocs rouge est baptisée « la place de la liberté ».
Prévue le 17 février, la journée de la colère nationale de la jeunesse mauritanienne a finalement eu lieu ce 25 février 2011. L’événement était à la hauteur des espérances, personne ne pouvait imaginer que le réseau Facebook pouvait fédérer des mouvements de jeunes mauritaniens pour aboutir à un rassemblement politique avec des slogans unificateurs : La Mauritanie appartient à Tous, Justice pour Tous, Egalité pour Tous ou Nous avons faim, nous Voulons du Pain, Non à l’Esclavage… Non à l’Exploitation Illégale des Terres… c’est là quelques-uns des slogans de la coordination des Jeunes du 25 février.
Des jeunes mauritaniens sont sortis pour l’emploi, le pain, la justice sociale, l’eau, en somme le quotidien du citoyen. Une jeunesse qui a scandé aussi le célèbre slogan venu de l’autre coté « le peuple veut le changement du système ». Les organisateurs qui sont tous relativement jeunes, semblent être issus en grande partie des formations politiques connues mais aussi des mouvements comme Conscience & Resistance, IRA, REVE et autres.
Si les organisateurs ont opté pour la discipline, il faut aussi souligner que la police s’est faite trop discrète. On comptait dans les rangs des manifestants plusieurs policiers en civil et en aucun cas, malgré plusieurs tentatives des éléments excités voulant mener la foule en dehors de « l’espace de la liberté », les organisateurs ne se font pas laisser emporter par cette bourrasque provocatrice. Une meute qui occupe parfois l’Avenue Gamal Abdel Nacer en bloquant la circulation sous les yeux d’une police devenue pour l’occasion républicaine. La jeunesse est sortie ce 25 février et veut rester pour soutenir sa plateforme de revendications. La quintessence des revendications est le bien-être du citoyen dans un environnement d’égalité et de justice pour tous, en fait une Mauritanie de Tous pour Tous. Est-ce le début du syndrome tunisien même si la Mauritanie n’est pas la Tunisie pour ne pas dire que Fassala n’est pas Sidibouzid. Mais l’Egypte aussi n’est pas la Tunisie… La Libye, non plus d’ailleurs.

« La question que tout le monde se pose maintenant est celle de savoir quelle sera l’attitude des pouvoirs publics si le mouvement perdure ou s’amplifie. Verra-t-on les forces de l’ordre passer à la répression ou Abdel Aziz adoptera-t-il la très sage attitude de « les chiens aboient, la caravane passe » ? », s’interroge un observateur de la scène politique mauritanienne.

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