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Que se passe-t-il en Arabie saoudite ?

samedi 11 juin 2011

L’Arabie saoudite maintient la dictature à coups de dollars et maintient aussi toutes les dictatures alentours : Bahrein, Yémen, principautés pétrolières... Elle a soutenu jusqu’au bout les dictatures égyptienne et tunisienne, quelle que soit son antipathie pour tel ou tel régime. A cela une raison de fond : l’effet épidémique de la révolution et du vent de liberté, elle y croit !

L’’Arabie Saoudite met son influence diplomatique et ses ressources financières dans la balance pour contenir la marée du changement dans le monde arabe. Les Saoudiens ont invité, début mai les royaumes de Jordanie et du Maroc à rejoindre les six pays du Golfe Persique, rassemblés au sein du Gulf Cooperation Council (GCC).

Au Yemen, comme en Syrie, où le pouvoir est contesté dans les deux cas, les Saoudiens ont une attitude ambigue. La famille royale saoudienne n’aime pas Assad, le chef de l’état syrien, trop lié à l’Iran à leurs yeux, mais ils craignent, par ailleurs, que des bouleversements incontrôlés ne diminuent pas pour autant l’influence iranienne.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite annonce une série de mesures sociales à l’occasion de son retour au pays après trois mois de convalescence à l’étranger.

Le monarque ordonne une hausse de salaire de 15 % pour 1 million de Saoudiens travaillant dans la fonction publique et l’injection de près de 11 milliards de dollars dans un fonds d’aide au logement.

Il a également proclamé une série de mesures pour lutter contre le chômage et pour aider les étudiants à l’étranger. Enfin, le roi gracie un grand nombre de prisonniers saoudiens qui étaient détenus pour des délits financiers.

Ces annonces surviennent dans la foulée des mouvements de contestation qui gagnent le monde arabe depuis la fin décembre, et qui n’épargnent pas l’Arabie saoudite. Des centaines de personnes ont d’ailleurs rejoint un groupe sur Facebook appelant à une « journée de colère » le 11 mars pour exiger un dirigeant élu, des libertés pour les femmes et la libération des prisonniers politiques.

Malgré les campagnes virtuelles pour réclamer des réformes politiques, sociales et économiques, les Saoudiens ne sont pas descendus massivement dans les rues comme cela a été le cas dans plusieurs autres pays de la région.

Acteur clé dans la politique au Moyen-Orient et premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie saoudite est dirigée sans partage par la dynastie des Al-Saoud depuis les années 1930. Le royaume, qui entretient de bonnes relations avec l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, a récemment accueilli le président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali.

Comme le rapporte le « New York Times », les hauts dignitaires saoudiens – à commencer par le roi Abdallah lui-même – achètent chaque jour la paix dans leur pays. Face aux changements qui secouent les états voisins, ils misent sur un pari risqué : dépenser des sommes importantes dans certains secteurs clés, sans envisager de réformes politiques. Le royaume saoudien a déjà consacré 130 milliards de dollars à cette entreprise.

Comme on mise sur une table de jeu à la roulette, l’Arabie Saoudite a donc concentré ses dépenses dans des domaines stratégiques. En premier lieu, les aides publiques. Le roi Abdallah a accordé un supplément de salaires de deux mois aux employés du gouvernement, s’assurant ainsi les bonnes grâces des fonctionnaires.

L’Arabie Saoudite a aussi prévu de construire plus de 500 000 logements pour les faibles revenus, une opération à hauteur de 70 milliards de dollars. Des mesures en soi bénéfiques, mais qui semblent trop ciblées pour profiter à tous. Surtout que le taux de chômage atteindrait les 20 % chez les actifs.

Enfin, le pouvoir a alloué 200 millions de dollars aux organisations religieuses, « ces clercs qui s’opposent à des changements démocratiques en Arabie-Saoudite », indique le quotidien américain.

Dans les poches de la religion

Mohamed al-Areefy est un jeune clerc saoudien populaire. Vendredi dernier, dans un sermon, il a rappelé que les intellectuels libéraux – c’est-à-dire ceux qui réclament plus de démocratie – « ne se soucient gère de la sécurité du pays. Tout ce qu’ils veulent, c’est le mélange des genres. Ils veulent que les filles conduisent des voitures, ils veulent aller regarder les filles en maillot de bain sur les plages ».

Un discours caricatural, mais qui semble démontrer la mauvaise image de la démocratie véhiculée par les hommes politiques et religieux conservateurs, de mèche.

« Le problème, c’est que certains leaders ne comprennent pas que ce qu’il se passe actuellement devant leurs yeux, et qu’ils ne veulent pas tirer de leçons (…) ils veulent préserver leur pouvoir, leur argent et leur prestige, leur statu quo », a déclaré le Prince Talal Bin Abdul Aziz, 79 ans, frère du roi Abdallah, au « New York Times ».

Ainsi, ces dignitaires feraient tout leur possible pour maintenir l’ordre dans les rangs : par exemple, certains princes saoudiens ont promulgué une loi qui menace la presse de 140 000 dollars d’amende si jamais elle menace la sécurité nationale. Une sorte d’épée de Damoclès émoussée plane au-dessus de la liberté d’expression.

Les femmes, figures de proue d’une future révolution ?

Pour l’instant, les manifestations qui ont pris le plus d’ampleur semblent avoir eu lieu sur Internet. A l’origine d’elles, des femmes réclamant le droit de conduire.

En effet, l’état le plus riche de la péninsule arabique – mais aussi le plus conservateur – a toujours refusé d’accorder le permis de conduire à ses citoyennes.

Une inégalité qui n’a que trop duré pour l’une d’entre elle.

Manal al-Sharif s’est filmée à deux reprises au volant de sa voiture et a posté les vidéos sur Youtube. Elle a été arrêtée peu de temps après, rapporte le site Slate.

Le mouvement de contestation n’a pas faibli pour autant. Des groupes Facebook et Twitter « Women2Drive » ont été créés. Ils regroupent respectivement 2900 amis et 1200 abonnés.

Si l’aspiration démocratique semble exister en Arabie-Saoudite – ou du moins des envies de changement -, « malheureusement, il y a une minorité dans la famille royale qui ne veut rien changer », a déclaré le prince Talal, surnommé « Le Prince Rouge » dans les années 1960 par l’Occident, qui l’associait à un socialiste.

Une minorité influente, puissante et très riche, notamment grâce aux gisements de pétrole. Selon le « New York Times », les revenus du pouvoir saoudien ont augmenté de 214 milliards de dollars pour la seule année 2010.

Vive la révolution des femmes d’Arabie saoudite !!

Droit de vote, droit de conduire, indépendance des femmes, université des femmes, le royaume essaie de freiner une évolution inéluctable tout en évitant que la révolution des femmes soit une des rivières qui vont nourrir le torrent révolutionnaire
Le 17 mai, exactement deux jours après l’explosion de l’affaire, Mme Najla Hariri a fait à Jeddah l’impensable : munie de son permis de conduire passé aux États Unis, elle a pris le volant pour accompagner ses enfants à l’école. Conduire est interdit aux femmes en Arabie Saoudite, ce qui les oblige à être chaperonnées partout d’un chauffeur, et contrairement à ce qu’on lui avait juré, les hommes ne se sont pas ruées sur elle, elle n’a pas été agressée. Elle a même reçu des félicitations sur Twitter. Les choses changent partout. Un groupe de Saoudiennes a ouvert une page Facebook : "Teach me how to drive" (Apprends moi à conduire), une cause humanitaire, car comment faire en cas d’urgence médicale, si le chauffeur a pris son jour de congé, ou si vous n’avez pas les moyens de salarier un chauffeur ? Et au bout d’une semaine vraiment très particulière, c’est une autre Saoudienne, Manal al Sherif, qui s’est lancée, seule, au volant, en demandant à une amie de la filmer.
Six Saoudiennes ont été brièvement arrêtées jeudi à Ryad. Leur faute : avoir pris le volant alors que les femmes n’ont pas le droit de conduire en Arabie saoudite.
Le mois dernier, le blog #Printemps arabe relayait l’histoire de Manal-Al-Sharif, cette Saoudienne de 32 ans arrêtée après avoir lancé un appel pour que les femmes détentrices de permis internationaux prennent le volant le 17 juin. Cet appel avait provoqué la colère des milieux conservateurs dans le royaume qui suit une interprétation rigoriste de l’islam. Le 30 mai, les autorités avait libéré sous caution Manal-Al-Sharif, après deux semaines de détention.
Le groupe de six Saoudiennes a été interpellé par des policiers à Hettein, un quartier du nord de Ryad, a indiqué l’une d’elles, Racha Al-Douissi. Elle a expliqué qu’elle et cinq de ses camardes s’entraînaient à conduire dans un terrain vague. "Nous n’avons violé aucune loi, étant donné que nous ne conduisions pas sur les routes", s’est-elle défendue.
Ces femmes âgées de 20 à 30 ans ont été conduites dans un poste de police, et leurs "gardiens", comprendre les hommes de leur entourage responsables d’elles ont été convoqués. Leurs téléphones portables n’ont pas été confisqués. Elles ont été ensuite libérées après avoir pris l’engagement de ne pas récidiver et averties qu’elles risquaient des "dures sanctions" si elles le faisaient, selon Mme Al-Douissi.
Le Conseil consultatif saoudien s’est prononcé pour le droit de vote des femmes lors des municipales qui devraient avoir lieu dans quatre ans, a indiqué mardi à l’AFP un membre de cette instance.

Le Conseil, une instance désignée par le roi et purement consultative, "a recommandé que les femmes votent lors du prochain scrutin", a déclaré sous couvert d’anonymat le membre de cette instance.
Cette décision doit être entérinée par le roi Abdallah pour être appliquée.

Des municipales sont prévues en septembre prochain et plus de 60 intellectuels et activistes ont appelé le mois dernier au boycott de cette consultation pour protester contre l’interdiction du vote des femmes.

Les Saoudiennes n’ont même pas le droit de conduire dans un royaume dont les lois s’inspirent d’une version rigoriste de l’islam. Celles-ci interdisent aussi aux femmes de voyager sans l’autorisation d’un tuteur, et les placent en position d’infériorité en cas de divorce ou d’héritage.

Le royaume avait organisé en 2005 le premier scrutin dans l’histoire du pays, pour élire la moitié des membres des 178 conseils municipaux dans l’ensemble du pays, l’autre moitié étant désignée par le pouvoir.

En mai 2009, le mandat de ces conseils avait été prolongé de deux ans.

Les femmes ne peuvent réellement se libérer qu’en renversant le régime par un mouvement d’ensemble, aux côtés des jeunes, des travailleurs, des chômeurs...

Messages

  • depuis vendredi, ce sont les femmes qui se rebellent contre l’interdiction qui leur est faite de conduire une voiture, symbole de leur soumission à l’homme dans ce pays ultraconservateur.

    Bravant la Brigade des moeurs, plusieurs Saoudiennes ont pris le volant tandis que défilaient des messages d’encouragement sur Internet. "Prenez le volant ! Ecrasez l’accélérateur !", "Saoudiennes, faites chauffer le moteur !", pouvait-on lire sur le site du collectif "women2Drive" ("Les femmes vont conduire").

    Les autorités saoudiennes sont placées devant un choix difficile : réprimer au risque d’être critiquées par leurs alliés occidentaux, ou laisser faire et affronter la colère du clergé et autres opposants aux réformes.

    Le mouvement pourrait aussi ouvrir la voie à d’autres revendications des Saoudiennes, qui ne votent pas et ne peuvent voyager ou travailler qu’avec la permission d’un gardien masculin -mari, père, frère...

  • Une fausse avancée sur le sort des femmes en Arabie saoudite !

    Pour la première fois dans l’histoire du royaume saoudien, les femmes votent ce samedi lors d’élections municipales auxquelles 900 d’entre elles sont également candidates aux côtés de 6000 hommes. Il s’agit d’un petit pas en avant vers l’égalité des sexes dans un pays ultraconservateur, dominé par le patriarcat, le seul au monde où les femmes ne sont toujours pas autorisées à conduire une voiture.

    Seules 130.000 femmes se sont inscrites sur les listes électorales, soit dix fois moins que les hommes. Certaines ont été disqualifiées, tandis que d’autres se sont retirées sous la pression, notamment de responsables musulmans locaux. Ne pouvant pas conduire, d’autres enfin ont dû renoncer, leurs maris ne pouvant ou ne voulant les conduire.

    Préférant voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, les féministes se sont tout de même mobilisées, même si elles n’ignorent pas qu’aucune femme ne devrait être élue à ces assemblées au pouvoir limité à la gestion des rues, des parcs ou du ramassage des ordures.

    Fausse avancée parce que les multiples lois qui font des femmes des mineures soumises sont maintenues !

    Par exemple, le droit de conduire, de se marier librement, de divorcer librement, de s’occuper librement de ses enfants, d’hériter librement, de décider de son lieud e résidence et de son travail n’existent pas...

    Et ce vote servira d’abord à justifier de ne pas changer tout cela et pas comme pas en avant pour le changer.

    La fausse démocratie purement électorale n’est pas la démocratie réelle.

  • Les femmes qui ont voté en Arabie saoudite sont celles qui possèdent une carte d’identité mais, pour cela, il faut l’accord du tuteur de la femme. Chaque femme, mariée ou non, et même divorcée, a un tuteur qui est un homme et ne peut décider seule de faire une demande de carte d’identité. Dans ces conditions, parler de vote des femmes et d’élue des femmes est une comédie.

  • Maintenant que l’Arabie saoudite a fait sembler de donner le droit de vote aux femmes, elle peut les écraser davantage avec la complicité des puissances dites occidentales...

    Des coups de fouet pour avoir mis le nez dans le téléphone de son mari. C’est la peine qui guette désormais les Saoudiennes. Une nouvelle loi a été publiée, prévoyant de sanctionner les femmes qui consultent le téléphone de leur mari sans l’avertir, ou sans son consentement.

    La loi prévoit des coups de fouet, une peine de prison ou une amende. En revanche, la loi permet à un mari de consulter le téléphone de son épouse sans lui demander son accord. Une législation qui s’inscrit dans un vaste programme de réformes sociales, le programme de sécurité de la famille, mis en place par le roi Salman.

    La nouvelle disposition a soulevé de nombreuses protestations…émises uniquement par des femmes. En Arabie saoudite où prévaut une interprétation très stricte de la charia, les femmes ont fort peu de droits.

    Elles ne peuvent ainsi pas sortir de leur domicile sans être accompagnée d’un homme, ni conduire une voiture.

  • Des milliers de signataires d’une pétition demandent au roi Salmane d’Arabie saoudite de bannir le système de tutelle dont bénéficient les hommes sur les femmes dans le royaume ultraconservateur, a indiqué aujourd’hui une activiste.

    Les promoteurs de cette initiative réclament que les 10 millions de femmes du royaume soient traitées comme "des citoyens à part entière" et que soit fixé "un âge pour la majorité des femmes à partir duquel elles sont adultes et responsables de leurs propres actes", a ajouté Aziza al-Yousef. Cette universitaire à la retraite a ajouté qu’elle avait tenté en vain lundi de remettre au cabinet royal la pétition signée par 14.700 personnes. Le texte sera finalement transmis par email, selon elle.

    En Arabie saoudite, qui applique strictement la loi islamique, les femmes ont besoin de l’autorisation d’un tuteur pour "travailler, voyager, se faire soigner, se doter d’une carte d’identité ou d’un passeport", ou encore se marier, rappellent les signataires. Le royaume est aussi le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire.

    En mars 2014, une initiative similaire avait été entreprise par des militantes saoudiennes. Elles avaient appelé dans une pétition le Majlis Al-Choura, un conseil consultatif, à agir pour promulguer un code de statut personnel et prévenir le mariage des mineures, la répudiation et le harcèlement sexuel.

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