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Vers une grande grève dans les mines sud-africaines

samedi 31 août 2013

Un appel à la grève a été lancé par les mineurs sud-africains pour le mardi 3 septembre, après l’échec des négociations salariales qui se tiennent chaque année en Afrique du Sud entre juin et août. L’année dernière, le pays avait connu une forte mobilisation, et avait été secoué par la mort de 34 mineurs grévistes à la mine de platine de Lonmin à Marikana, tués par des policiers. Cette année, une nouvelle grève devrait donc débuter avec les équipes en poste dans la nuit de lundi à mardi, et concerner plus de 140.000 employés des mines d’or du pays.

Ces derniers réclament une hausse parfois conséquente de leurs salaires. Ainsi, le Syndicat national des mineurs (NUM), proche du pouvoir et à l’origine de l’appel à la grève, réclame des augmentations allant jusqu’à 60 %, sans quoi les employeurs pourront « aller danser », a déclaré Lesiba Seshoka, porte-parole du NUM, qui précise que « les employeurs doivent nous donner des augmentations importantes, c’est le fruit de notre travail ». Son concurrent plus radical, l’Amcu (Association of mineworkers and construction union) exige, de son côté, 150 % d’augmentation. En début de semaine, le NUM a qualifié de « plaisanterie » l’offre d’une augmentation de 6,5% mise sur la table par la Chambre des mines, qui représente les producteurs d’or (AngloGold Ashanti, Gold Fields, Rand Uranium, Harmony Gold, Evander Gold, Sibanye Gold, et Village Main Reef).

Le NUM, qui représente près de deux tiers des salariés dans les mines d’or, est accusé par une partie de la base d’être trop mou et corrompu, et se doit donc de montrer sa capacité à mobiliser et à obtenir gain de cause s’il veut conserver sa position dominante face à son rival Amcu. Ce dernier s’est durablement installé dans le paysage social en obtenant de fortes augmentations par des grèves sauvages dans les mines de platine l’an dernier.

De son côté, la Chambre des mines a précisé via un communiqué que « les employeurs rest[aient] ouverts à la négociation avec tous les syndicats ». Sa proposition d’augmentation, qui correspond peu ou prou à l’inflation en Afrique du Sud, a peu augmenté depuis le début de la négociation en juillet. Confrontés à une forte hausse de leurs coûts de production -notamment des tarifs de l’électricité-, les patrons des mines d’or sont d’autant moins enclins à céder qu’ils ont été très affectés par la vague de grèves sauvages du second semestre 2012 qui leur a fait perdre beaucoup d’argent.

Depuis la découverte des premières mines d’or à Johannesburg en 1886, l’Afrique du Sud a été le premier producteur mondial de métal jaune jusqu’en 2007, mais le pays est aujourd’hui relégué à la cinquième place. Son sous-sol contient tout de même 13% des réserves mondiales. Le secteur du platine , qui emploie environ 200.000 personnes et a été le théâtre de graves violences en 2012, offre au même moment un test intéressant de la volonté des syndicats d’aller, ou pas, au conflit.

Pour calmer le jeu, le géant Anglo American Platinum (Amplats), premier producteur mondial, a réduit un plan social programmé depuis janvier en ramenant le nombre de suppressions de postes à 3.300, après des consultations avec les syndicats et le gouvernement. Le groupe avait d’abord annoncé 14.000 licenciements, puis 6.900 . Les syndicats, dont le NUM, exigeaient qu’il n’y ait en ait aucun. Le PDG d’Amplats Chris Griffith a appelé vendredi « à la paix ».

Période de négociations salariales oblige, un peu plus de 30.000 travailleurs de l’automobile sont également en grève depuis près de deux semaines, paralysant la production nationale. Lundi dernier, 90.000 employés des BTP et un millier de techniciens de la compagnie nationale South African Airways ont cessé le travail, sans perturbations notables toutefois. Quelque 72.000 employés des garages sud-africains, pompistes et mécaniciens notamment, sont à présent appelés à la grève à partir de la semaine prochaine.

Le gouvernement sud-africain a appelé les travailleurs à « exercer leur droit de grève de façon non-violente » craignant de nouvelles violences entre syndicats rivaux ou envers les non-grévistes. Les syndicats qui ont appelé aux grèves du moment, (NUM, Numsa et Satawu), font tous partie de la confédération Cosatu, alliée de l’ANC, le parti au pouvoir.

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