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Révolte sociale en Afrique du sud

jeudi 23 juillet 2009

Les manifestations se multiplient ces derniers jours en Afrique du Sud. Les plus pauvres réclament entre autres des logements décents, une promesse de campagne faite par Jacob Zuma, élu président il y a deux mois.

REVOLTE SOCIALE EN AFRIQUE DU SUD

L’APARTHEID SOCIAL DOIT AUSSI TOMBER !

Les Sud-Africains les plus pauvres multiplient ces derniers jours les manifestations, parfois violentes, dans les townships pour réclamer des logements décents et un meilleur accès aux services publics.

Ces manifestations éclatent deux mois après la prise de fonction du président Jacob Zuma, élu début mai avec un programme axé sur la lutte contre la pauvreté.

Le gouvernement sud-africain a dénoncé jeudi le recours à la violence des manifestants. "On n’autorisera personne à utiliser des moyens illégaux pour arriver à ses fins", a prévenu le ministre sud-africain du Gouvernement local, Sicelo Shiceka.

Mercredi, la police a tiré des balles en caoutchouc contre des manifestants qui bloquaient une route au sud de Johannesburg.

La veille, les forces de l’ordre avaient dispersé la foule de la même façon dans le township de Thokoza près de la capitale économique sud-africaine. Quelque 200 personnes, excédées par leurs conditions de vie précaires, avaient lancé des pierres sur des véhicules des forces de sécurité. Environ 35 personnes ont été arrêtées et devaient comparaître mercredi.

Le manque d’eau potable, de logements décents et d’emplois, ainsi que l’absence d’électricité sont au coeur des revendications des manifestants, qui se rappellent ainsi au bon souvenir de Jacob Zuma. Son parti, le Congrès national africain (ANC), avait largement remporté les scrutins législatifs du 22 avril, en faisant de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités.
Un policier à Siyathemba, un township proche de Balfour, le 22 juillet.

Quinze ans après les premières élections multiraciales, les laissés-pour-compte de l’après-apartheid voient leurs espoirs s’évanouir, même si de nombreux progrès ont été réalisés durant cette période avec notamment la construction de 2,8 millions de logements.

Plus d’un million de familles vivent cependant toujours dans des bidonvilles, contre 4 millions pendant l’apartheid, selon des chiffres officiels. Environ 43% des Sud-Africains se débrouillent avec moins de 2 dollars par jour et près de 40% de la population active est au chômage.

Et la misère devrait encore s’accentuer avec la récession économique qui frappe le pays, pour la première fois depuis 17 ans.

"Nous avons un fort taux de chômage, le monde entier souffre de la crise économique et cela ne rend pas les choses plus faciles", estime Adrian Hadland, directeur du Conseil de recherche en sciences humaines.

"La frustration vient en partie des gouvernements locaux qui travaillent de manière très inégale", souligne-t-il à l’AFP.

L’ANC, au pouvoir depuis 1994, a lancé le week-end dernier un audit sur les performances des services municipaux afin d’aider, voire faire pression, sur les municipalités pour améliorer l’accès aux services publics.

Mais, pour David Bruce du Centre d’études de la violence et de la réconciliation, il en faudra plus pour venir à bout de ce "sérieux problème". "Il n’existe pas de solution toute faite pour le résoudre car les structures de l’Etat sont mal gérées", fait-il remarquer.Des émeutes ont éclaté en début de semaine dans des townships près de Johannesburg et dans le nord-est du pays pour réclamer des logements décents et dénoncer des services publics moribonds, notamment le manque d’électricité et d’accès à l’eau. Des magasins ont été pillés, des bâtiments brûlés et des voitures endommagées.

Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour disperser les manifestants avec des balles en caoutchouc. Quelque 200 personnes ont été arrêtées, et une centaine ont depuis été relâchées, selon la police.

Jeudi, la situation était calme dans le pays, selon des sources concordantes. A Balfour, ville située à 80 km au sud-est de Johannesburg et où les incidents ont été parmi les plus violents, des policiers patrouillaient dans les rues du township de Siyathemba, jonchées de pierres, de pylônes et de débris de verre, a constaté une journaliste de l’AFP.

A Durban (nord-est), aucun incident n’a été signalé jeudi. La veille, deux supermarchés avaient été pillés par une centaine de personnes, principalement des personnes âgées.

"Elles ont simplement mangé dans les supermarchés parce qu’elles avaient faim. Ce ne sont pas des criminels", a affirmé à l’AFP Nozipho Mteshane, qui a organisé cette action.

Les manifestations de cette semaine ont éclaté deux mois après la prise de fonction du président Jacob Zuma, élu début mai avec un programme axé sur la lutte contre la pauvreté.

A Thokoza, plusieurs milliers d’habitants réclamaient plus des services publics, des logements et des emplois. A Meyerton (sud de Johannesburg), des manifestants ont occupé des terres agricoles pour protester contre leur expulsion de campements provisoires. A Durban, deux magasins d’alimentation générale se sont fait pillés par les protestataires, majoritairement des femmes âgées, qui avaient faim. A Balfour (nord-est), ils menaçaient d’incendier des établissements municipaux si 100 personnes arrêtées pour avoir manifester n’étaient pas libérées. Le maire du township a essayé de leur parler mais son convoi s’est vu jeter des pierres. Voilà la température ambiante qui a gagné le pays d’après Talk Radio 702.

Des millions de sud-africains ne ressentent pas la démocratie et la liberté promise lors de l’abolition de l’apartheid il y a 15 ans. Aujourd’hui le taux de chômage est a 23.5% selon les chiffres officiels, mais le taux est probablement beaucoup plus fort. Zuma avait promis de créer 500 000 emplois cette année, mais le pays est face à sa première récession depuis l’apartheid et plus de 200 000 personnes ont perdu leur travail.

Quinze ans après la fin du régime ségrégationniste, plus d’un million de familles vivent toujours dans des bidonvilles, contre 4 millions pendant l’apartheid. Environ 43% des Sud-Africains se débrouillent actuellement avec moins de 2 dollars par jour, et près de 40% de la population active est au chômage. La misère devrait encore s’accentuer avec la récession économique qui frappe l’Afrique du Sud, première puissance économique du continent.

Après les enseignants, les médecins, et les entreprises de construction, ce sont plus de 150 000 employés municipaux qui ont cessé de travailler dès le 27 juillet en Afrique du Sud. Les grévistes revendiquent une augmentation de salaire de 15% afin de faire face à la crise économique, la première depuis 17 ans en Afrique du Sud et qui a plongé toute une frange de la population dans une grande précarité.

Après les violentes émeutes des townships la semaine passée, le présidient sud-africain, Jacob Zuma, se trouve confronté à une avalanche de grèves dans les principaux secteurs d’activités. Les populations protestent contre la montée de la précarité induite par la crise économique qui a frappé de plein fouet la première économie du continent.

Plus de 150 000 employés des transports publics, des industries chimiques et pharmaceutiques, et ouvriers municipaux sont entrés en grève illimitée le 27 juillet dans les centres-villes de Pretoria et Johannesbourg, obligeant ainsi les écoliers et les employés à se déplacer par leurs propres moyens.

Dirigés par le Syndicat sud-africain des employés municipaux (SAMWU), le Syndicat indépendant des employés municipaux et leurs alliés (IMATU), ces fonctionnaires réclament une augmentation salariale de 15%, afin d’atteindre un salaire mensuel de 230 euros qui leur permettraut de faire face à la récession économique qui a conduit 180 000 Sud africains au chômage depuis le début de l’année, et plongé toute une frange de la population dans une grande précarité.

Une série de manifestations dans les différentes provinces du pays est prévue jusqu’au 29 juillet prochain. Les agents seront « en grève jusqu’à ce que nous trouvions un accord » avec les autorités, a expliqué un responsable du SAMWU, Dale Forbes.

Le président Jacob Zuma, élu il y a deux mois à la présidence avec la lutte contre la pauvreté en bannière, se trouve face à ses promesses électorales dans un pays frappé de plein fouet par la crise.

Le 8 juillet dernier, une grève de 70 000 ouvriers du bâtiment sud africain qui exigeaient 13% d’augmentation salariale avait bloqué l’exécution des travaux de construction de stades devant abriter la Coupe du monde de football de 2010.

Les habitants des townships sont entrés dans la danse le 23 juillet pour réclamer de meilleures conditions de vie et une prestation efficace des services publics.

Le chef du Congrès national africain (ANC) aura de plus en plus de mal à concrétiser ses promesses vu l’étroite marge de manœuvre qu’il possède, l’Afrique du Sud étant depuis le début de l’année en pleine récession, la première en dix-sept ans.
Le principal syndicat des employés municipaux sud-africains (SAMWU) a annoncé avoir obtenu un relèvement des salaires de 13% et la fin de la grève de cinq jours qui avait paralysé le fonctionnement du pays. Cette importante mesure devrait faire un trou conséquent dans les caisses de Jacob Zuma pour mener à bien le projet de société sur la base duquel il a été élu en avril dernier.

La fronde syndicale qui a paralysé la plupart des secteurs d’activités sud africains a relâcher la pression le 28 juillet dernier grâce aux mesures concédées par le nouveau président, Jacob Zuma.

En grève depuis le 24 juillet dernier pour réclamer l’augmentation des salaires face à la cherté de la vie induite par la crise économique, le Syndicat des employés municipaux sud africains (SAMWU) a annoncé la levée du piquet de grève et la reprise du travail.

« Nous avons donné notre accord, il ne reste qu’à signer (le document). Ils ont accepté une augmentation de 13% », a déclaré un responsable du SAMWU, Dale Forbes.

L’accord, portant sur une période de trois ans, prévoit également une revalorisation du salaire minimum, soit une augmentation de 20%, des allocations logements et le remplacement des postes vacants.

Le second syndicat des agents municipaux, le Syndicat indépendant des employés municipaux et de leurs alliés (IMATU), qui représente quelque 70 000 personnes, avait déjà approuvé l’accord le 27 juillet dernier.

La grève de plus de 150 000 employés municipaux, qui réclamaient une hausse des salaires de 15%, avait entraîné l’abandon de tas d’ordures dans les rues et la fermeture de nombreux bureaux.

Plusieurs milliers d’éboueurs, chauffeurs de bus ou encore bibliothécaires avaient manifesté dans les principales villes sud-africaines depuis le 23 juillet dernier. Ces rassemblements avaient été émaillés de violents incidents, avec des magasins pillés et des échauffourées entre grévistes et policiers.

Cette grève a fait suite à de violentes manifestations dans les townships où les habitants se plaignent de ne toujours pas bénéficier de meilleures conditions de vie, quinze ans après la chute de l’apartheid et les promesses formulées par l’ANC à l’époque.

Dans un contexte de récession, ces grèves accentuaient la pression sur le gouvernement du président Zuma, arrivé au pouvoir en avril dernier avec l’appui des syndicats.

Les investisseurs souhaitent voir le gouvernement poursuivre la politique économique qui a contribué à protéger l’Afrique du Sud des pires effets du ralentissement économique mondial.

Dans un communiqué, le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), a appelé « toutes les parties à (...) accélérer la reprise des services publics, durement touchés par les manifestations qui ont été organisées en marge des négociations ».

Les syndicalistes ont déclaré que tous les grévistes devaient reprendre le travail ce 1er août. Ce mouvement social a eu lieu pendant la période traditionnelle de renégociation des salaires au sein de la première puissance économique du continent, qui se caractérise chaque année par des grèves.

Le président sudafricain, Jacob Zuma, a condamné le 23 juillet dernier les émeutes qui ont éclaté deux jours plus tôt dans les townships de Johannesburg et dans la province du Mpumalanga, dans le nord-est du pays. Les populations se sont violemment révolté contre les autorités pour dénoncer la précarité de leurs conditions de vie, trois mois après l’élection du président Zuma, qui avait fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille.

Routes bloquées, bâtiments incendiés, affrontements avec la police, les émeutes qui ont éclaté depuis le 21 juillet dans les townships de Johannesburg et du Mpumalanga dans le Nord Est du pays ont été sévèrement condamné par le président Zuma.
Les violentes manifestations ont été matées par les forces de l’ordre à coup de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène.
Les émeutiers protestent contre la précarité persistante de leurs conditions de vie et l’inaction du gouvernement de Jacob Zuma qui avait réitéré les promesses de l’ANC pour la lutte contre la pauvreté lors des élections d’avril dernier.
Pas de toilette ni d’eau courante, des coupures d’électricité à répétition. Dans le township de Ranch Farme comme dans les bidonvilles où les émeutes ont éclaté, les habitants réclament des logements décents de meilleurs services publics.
« Je suis si fatigué d’entendre ’nous attendons ceci, nous allons terminer cela’, et à la fin, les gens n’ont rien. Nous devons désormais nous battre. Peut-être que ce sera comme des révoltes de 1976, qui sait ? Nous accueillons la Coupe du monde 2010 et il faut que le township soit prêt et même parfait pour l’événement », explique Boungani, un émeutier.
Le 23 juillet dernier, l’ANC, le parti au pouvoir, s’est voulu rassurante en reconnaissant l’impact sur la population du manque de service public et en réitérant sa détermination à trouver des solutions à tous ces problèmes.
Mais Pretoria a sévèrement condamné les violentes émeutes qui ont éclaté dans les townships, et le ministre sud-africain de la Sécurité, Sicelo Shiceka, a rappelé que « ce gouvernement est légitime [...] donc les gens doivent respecter la loi », qualifiant les responsables des violences d’« opportunistes ».
Mais il semblerait que tant les menaces que les promesses sonnent creux dans les oreilles des populations, qui gardent vives en mémoire les promesses faites lors de sa campagne par le président Zuma.
« Cela fait sept ans que ces maisons sont en construction et ce n’est toujours pas fini. Le problème c’est que les entreprises sous-traitantes ne respectent pas du tout les délais de livraison. Maintenant, la saison des pluies va bientôt démarrer et il faudrait que les chantiers en cours soient terminés avant », explique Pochaine devant sa petite maison construite de tôles et de bouts de bois.

Au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, l’ANC multiplie les promesses aux populations les plus démunies qui réclament la sécurité alimentaire, des logements et des emplois.
Plus d’un million de sud-africains vivent encore dans des cabanes, souvent sans eau ni électricité, et le fossé entre les riches et les pauvres se creuse d’années en années.
43% de la population vit avec moins de 2€ par jour, et le taux de chômage s’élève à 40%, et avec les sombres perspectives économiques induites par la crise, les projets du gouvernement pourraient bien encore tarder à se concrétiser.
Elu en avril dernier avec la lutte contre la pauvreté en étendard, le président Zuma se trouve aujourd’hui face aux réalités sociales de son pays et devra envoyer un signal fort aux populations pour que celles-ci lui laissent une chance de concrétiser ses promesses.

Messages

  • Déjà, en 1997 à Mafikeng, lors du premier congrès de l’ANC en tant que parti de gouvernement, la politique libérale adoptée par un mouvement profondément marqué par le marxisme avait prêté à controverse. Indissociable des alliés de toujours que sont le Parti communiste sud-africain (SAPC) et le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), une aile gauche mal définie s’inquiétait des conséquences sociales de ces choix. A Mafikeng, le Programme de reconstruction et de développement (RDP) lancé en 1994 par le premier gouvernement de Nelson Mandela avait été enterré, au profit d’un plan dénommé « croissance, emploi et reconstruction » (Gear). Assorti d’une longue liste de sociétés nationales à privatiser et d’un programme social limité au strict minimum, ce plan a certes valu à l’Afrique du Sud les bons points du Fonds monétaire international (FMI) et des agences de rating internationales. Mais pour la majorité noire, qui représente la base électorale de l’ANC, la pilule a été d’autant plus amère que tout était attendu des nouvelles autorités : eau, électricité, logements, emplois, protection sociale.

    Cinq ans plus tard, l’inexorable montée du chômage, un fléau qui frappe le tiers de la population active, n’a fait qu’aggraver la fracture. A Stellenbosch, il sera beaucoup question de « transformation » economic et de black empowerment. Quitte à occulter le theme central des débats qui agitent l’ANC : gérer le pays sans s’endetter, ne rien faire qui puisse dissuader des investisseurs étrangers toujours très attendus, comme le veulent Thabo Mbeki, le président, et Trevor Manuel, le ministre des Finances, ou une intervention plus audacieuse de l’Etat, comme le souhaitent les syndicat, pour arriver au taux de croissance de 6% - au lieu de 3% cette année – qu’il faudrait pour créer des emplois.

    Thabo Mbeki écarte tous les rivaux potentiels

    L’émergence d’une classe moyenne noire n’a pas endigué les inégalités sociales héritées de l’apartheid. Selon les statistiques officielles, les élites noires et blanches représentent 16% de la population et se partagent 72% des revenus, tandis que les pauvres, en majorité Noirs, forment encore la moitié des 44 millions de Sud-Africains, et se partagent à peine 3% des revenus.

    La possibilité d’une « révolte sociale » a été évoquée pour la première fois par l’ANC en juillet dernier. Jeff Radebe, le ministre des Entreprises publiques, a évoqué cette menace pour justifier l’accélération du black economic empowerment. Conscient des enjeux, le pouvoir voit d’un très mauvais oeil leur exploitation dans ses propres rangs.
    L’existence d’une « ultra-gauche » a été dénoncée par Thabo Mbeki, le président de l’ANC et du pays, quelques semaines avant le congrès. Une rumeur insistante, depuis l’an dernier, fait état d’une volonté de certains dirigeants du Cosatu de fonder un parti politique dissident de l’ANC. Par crainte de passer pour des traîtres, les syndicats, eux, n’ont pas poussé la fronde plus loin que des journées isolées de grève générale contre les privatisations.

    Ces dissensions paraissent inévitables, dans un contexte de normalisation de la vie politique sud-africaine, douze ans après la fin de l’apartheid. L’ANC, fondé en 1912, s’est d’abord construit sur la lutte contre l’oppresseur. Souvent décrit comme une « grande congrégation », il a vu monter en puissance, depuis les premières élections multiraciales de 1994, une nouvelle bourgeoisie noire liée au pouvoir.
    « La normalisation est très relative », affirme un responsable du Cosatu, qui reproche à l’ANC de s’être embourgeoisé, sans avoir perdu ses réflexes de mouvement de libération nationale. « Ceux qui ne sont pas pour la politique du pouvoir sont aussitôt accusés d’être contre, affirme Jackie Cilliers, un analyste politique. Alors qu’une scission de l’ANC serait sans doute salutaire pour la démocratie sud-africaine, elle est rendue pratiquement impossible par l’atmosphère qui règne ». La peur d’éventuelles représailles de Thabo Mbeki contre tout rival, réel ou potentiel, musèle tout débat. Dernier exemple en date de cet art de l’éviction : l’ouverture d’une enquête sur Jacob Zuma, le vice-président, soupçonné d’avoir sollicité en 1998 un pot-de-vin de la société française d’armement Thomson CSF. A deux semaines de l’ouverture de Stellenbosch, un congrès qui doit régler l’après-Mbeki, la manoeuvre ressemble à une éviction pure et simple de l’un des candidats en lice.

  • L’African National Congress (ANC) de l’Afrique du Sud a dégénéré au point de ‘’devenir aujourd’hui un danger clair pour l’intégrité de la société’’ écrit Richard Pithouse. Il fût un temps où on imaginait ‘’qu’avoir le pouvoir permettrait un projet politique collectif qui transformerait la société depuis le bas’’, note-t-il pour constater : ’’Au lieu de quoi on voit maintenant que c’est une affaire d’incorporation personnelle dans la minorité capable de profiter d’une société aux inégalités croissantes’’

    La dégénérescence de l’African National Congress a atteint le point où, aujourd’hui, il pose un clair danger pour l’intégrité de la société. Julius Malema est l’un des exemples les plus illustratifs de la manière dont un mouvement engagé dans la libération nationale est devenu, selon les termes de Franz Fanon, « un moyen pour l’avancement personnel ». Mais Mlema n’est guère seul. Le Communication Workers Union (syndicat de la communication) a entièrement raison lorsqu’il diagnostique ‘’un Keeble-isme profondément enraciné’’ à l’intérieur de l’ANC ( en référence à Brett Kebble, un homme d’affaire sud africain à la réputation sulfureuse - NDLT)

    Récemment, il a été révélé que Nonkululeko Mhlongo, mère de deux des enfants de Jacob Zuma, dispose de contrats de plusieurs millions de rands pour l’approvisionnement du KwaZulu Natal. L’épouse et la fille de Zweli Mkhise ont remporté un appel d’offre de 3 millions de rands du Department of Correctional Services. Ce genre de chose se produit depuis des années et ne peut être attribué à quelques individus problématiques. Au contraire, dans des cas comme celui des transactions concernant des armes et le double jeu de Valli Moussa entre Eskom et le comité de recherche de fond de l’ANC, l’organisation dans son ensemble a été profondément compromise. L’ANC a aussi été collectivement compromise pour avoir omis systématiquement de prendre une position claire à l’encontre des individus impliqués dans ces pratiques douteuses.

    Il est peut-être vrai que le poisson pourrit par la tête, mais il est essentiel que nous comprenions que la dégénérescence de l’ANC n’est pas juste le fait de l’accroissement de pouvoir d’une élite prédatrice à l’intérieur du parti. Il fût une époque où l’on imaginait le pouvoir comme le moyen pour un projet collectif et politique de transformer la société depuis le bas. Et c’est maintenant compris à tous les niveaux du parti, que c’est le moyen pour l’incorporation personnelle, dans une minorité déterminée, pour profiter des inégalités croissantes de la société. Ce processus effrite un peu la domination raciale, mais ne laisse guère de place à l’espoir pour une société meilleure, si c’est là que se situe la limite de nos aspirations.

    L’ANC a abandonné le langage de la justice sociale au profit d’un langage fantaisiste post-politique : ‘’livrer’’. Ce langage suppose qu’il suffit à l’Etat de satisfaire aux besoins élémentaires de survie et que cela est simplement une question d’efficience technique. Le premier problème avec le langage de livreur est que la livraison elle-même est souvent une stratégie pour contenir les aspirations populaires plutôt qu’une stratégie pour favoriser un épanouissement humain universel. Larguer les gens dans ’’des opportunités d’habitations’’ dans des ghetto périphériques, où il y a peu d’espoir pour plus qu’une assistance pour les enfants et la possibilité ’’emploi’’ à court terme, peut aider à éviter que les gens descendent dans la rue. Mais ceci n’est du développement que dans le sens le plus pervers du terme. Le second problème c’est que la fantaisie de développement comme question post politique de gouvernement qui travaille plus vite, plus dur et plus intelligemment, ne parvient pas à prendre en compte les réalités profondément politiques qui forgent toute tentative de développement.

    Des décisions politiques doivent être prises pour résoudre des questions comme de savoir si les valeurs sociales de la terre et des services doivent prévaloir sur leurs valeurs commerciales. Lorsque ces questions ne sont pas prises en compte ’’les services’’ ne peuvent être acheminés que vers les marges de la société et contribuent ainsi activement à la marginalisation.

    Mais la nature politique inévitable du développement ne concerne pas seulement les intérêts des pauvres d’un côté et d’autre part le pouvoir des riches et des multinationales. Il y a aussi un jeu politique qui se joue entre les gens sur le terrain et les élites locales du parti. Souvent, des fonctionnaires, s’efforçant en toute bonne foi de suivre les directives des politiciens importants, voient leurs efforts pour implanter un développement technologique détournés par l’élite locale du parti à leur seul profit.

    Ceci n’est pas toujours simplement du pillage. Souvent l’allocation de maison et de service ainsi que les contrats qui font partie du processus sont subordonnés à un système de clientélisme et de patronage par lequel l’ANC cimente le soutien politique au parti au niveau local. Dans nombre de cas, les projets de développement justifiés au nom de la satisfaction des besoins des gens deviennent des projets principalement orientés vers la consolidation d’alliances au niveau de la base des structures du parti. Les différents comités, y compris le comité exécutif de la branche locale, sont peuplés d’une multitude de mini Malemas.

    Selon l’analyse de Fanon, il y a inévitablement un côté autoritaire sous-jacent qui accompagne la dégénérescence d’un parti en une entreprise pour l’avancement personnel. Il écrit que le parti ’’aide le gouvernement à maintenir les gens sous le joug. Il devient clairement de plus en plus antidémocratique, un instrument de coercition.’’. Un parti qui dit et qui doit continuer à dire que ce qu’il fait est pour le peuple, alors qu’en réalité il est devenu un moyen pour l’avancement personnel grâce à la domination, s’effondrera inévitablement dans la paranoïa et l’autoritarisme, en tentant la quadrature du cercle, en prétendant, pour lui-même aussi bien qu’à l’intention des autres, que l’enrichissement personnel est, d’une certaine façon, le vrai fruit de la libération nationale.

    Dans l’Afrique du Sud contemporaine, il n’est pas du tout inhabituel de trouver que les gens vivent dans la peur des conseilleurs locaux et de leurs comités et des comités des branches exécutives. Ce n’est en fait pas une exagération de dire que nous avons développé un système politique des deux tiers, avec des droits politiques libéraux pour la classe moyenne cependant qu’on coupe court aux droits politiques fondamentaux des pauvres.

    Les mouvements politiques des pauvres sont depuis longtemps l’objet d’une répression violente et illégale de la part des élites politiques locales qui agissent dans la plus complète impunité. Comme ces pratiques ont été normalisées, elles n’en prennent qu’une tournure plus effrontée. Le soutien enthousiaste de personnages clés de l’ANC local et provincial lors des attaques contre le Abahlali baseMjondolo à Durban, en septembre 2009, représente un des points les plus bas auquel l’ANC ait échu dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Mais le sort de Chumani Maxwele, le jogueur du Cap, sur qui la masse de toute la paranoïa et parfois de la folie de l’ANC s’est abattue, a fait plus qu’aucun autre évènement pour révéler au grand public l’autoritarisme paranoïde profondément ancré dans l’ANC.

    Il y a naturellement des personnes et des tendances dans le parti qui sont opposées à la façon dont il est devenu une autre excroissance prédatrice de la société. Mais l’ANC n’a plus de réelle vision politique et est profondément, et souvent violemment, méfiante à l’égard de toute politique qui émerge du bas, que celle-ci provienne de l’intérieur ou de l’extérieur du parti. Il peut faire des déclarations condamnant la corruption, mais le fait est que la machine politique par laquelle il est élu, est systématiquement fondée sur le patronage, le clientélisme et la corruption. Il ne peut donc pas s’opposer à cela sans fondamentalement s’opposer à ce qu’il est devenu. Il n’est pas du tout clair s’il y a une réelle perspective pour que l’organisation développe une véritable vision politique qui lui permette de se mobiliser contre elle-même, contre ce que les National Union of Metalworkers (syndicats de la métallurgie) ont appelé ’’les gangs de maraudeurs’’ qui ont compromis l’ANC à tous les niveaux. Si toutefois, il est toujours possible de proposer effectivement une vision politique alternative, il est fort possible que cette tâche incombe à ces syndicats, aux mouvements des pauvres et aux Eglises qui sont déjà devenues la conscience de la nation.

    Richard Pithouse

  • incidents au deuxième jour de la grève des fonctionnaires

    JOHANNESBURG - Des infirmières militaires ont remplacé les sages-femmes, des médecins ont dû nettoyer des salles d’hôpitaux et des policiers ont tiré des balles en cahoutchouc, jeudi, en Afrique du Sud, au deuxième jour d’une grève illimitée des fonctionnaires.

    Quelque 1,3 million de personnels des services publics ont été appelés mercredi à cesser le travail pour obtenir des augmentations de salaires et des piquets de grève se sont postés devant les hôpitaux et les écoles au deuxième jour du conflit.

    A Johannesburg, la police a utilisé des canons à eau et tiré des balles en caoutchouc pour repousser quelque 150 agents de santé en grève qui tentaient de pénétrer dans l’hôpital Hani Baragwanath qui dessert la township de Soweto, selon des témoins.

    Les personnels de santé, comme les policiers et les agents des services d’immigration, ne sont pas autorisés à faire grève. Mais des employés de l’hôpital ont cessé le travail et voulaient convaincre leurs collègues restés à l’intérieur de les rejoindre. La police a aussi tiré des balles en cahoutchouc contre des enseignants en grève près d’une autoroute de la ville.

    Le porte-parole du gouvernement, Themba Maseko, a dénoncé "la violence, les intimidations et des actes de brutalité proches de la criminalité qui ont caractérisé la grève dans plusieurs régions du pays". Il a déclaré que les médecins militaires restaient prêts à intervenir si besoin dans les hôpitaux publics.

    "Les forces de défense vont être en alerte pour porter assistance en cas d’urgence ou dans des situations où des vies sont menacées, comme des soins médicaux d’urgence", a-t-il dit. A Durban, sur la côte est, les autorités ont déjà appelé des militaires pour remplacer des infirmières.

  • Les classes dirigeantes sud-africaines orientent la colère sociale vers le fascisme !!!

    La situation est encore tendue dans certains quartiers de Durban, après les attaques xénophobes de ces derniers jours. La ville portuaire est en proie à des violences, des attaques et des pillages de commerçants étrangers, depuis deux semaines. Cela a commencé il y a deux semaines après les propos du roi zoulou Goodwill Zwelithini, la plus haute autorité traditionnelle de la province du Kwazulu Natal, appelant les étrangers à faire leurs bagages et rentrer chez eux. Depuis, le gouvernement tente de contrôler la situation.

    Un calme précaire règne dans certains quartiers de Durban. Ce mercredi matin, la police avait complètement bouclé un quartier du centre de la ville à forte population étrangère. Il n’y a pas eu d’incidents, mais la tension était très élevée. Plus d’une centaine de commerçants pakistanais, nigériens et congolais se sont rassemblés, visiblement prêts à affronter d’éventuels pilleurs.

    Il y avait eu mardi des tentatives de pillages dans le centre-ville.

    • Comme par hasard, les autorités ne répriment pas sérieusement les attaques fascistes mais seulement les réponses antifascistes !

      La police sud-africaine a dispersé ce vendredi à Johannesburg un groupe d’Africains armés pour se protéger des attaques xénophobes qui se multiplient à leur encontre dernièrement.

  • Les violences contre les étrangers sont parties de la ville de Durban, faisant quatre morts. Elles ont aussi gagné la ville de Johannesburg, où une soixantaine de personnes avaient été tuées en 2008 lors d’une précédente série d’attaques de ce genre.

  • Afrique du Sud : les violences xénophobes embrasent le pays tout entier !

    En trois semaines, les violences, qui ont éclaté avant Pâques à Durban, la province natale du chef de l’Etat, dans l’est du pays ont fait au moins six morts, 15 selon une association, et 5000 déplacés.

    La police a confirmé samedi la mort d’un autre étranger dans le township d’Alexandra, où s’entassent 400 000 personnes à Johannesburg et où des échoppes tenues par des étrangers ont été vandalisées. Mais elle a refusé d’établir un lien immédiat avec les violences en cours et n’a pas révélé sa nationalité. Selon des photographes locaux, l’homme a été poignardé et est décédé à l’hôpital.

    Alors que la pression diplomatique s’accentue pour éviter un bain de sang comme en 2008 où les violences avaient fait 62 morts, Jacob Zuma s’est rendu dans un camp hébergeant des immigrés chassés de chez eux à Durban. Malgré un chèque d’aide de 50 000 rands (3800 euros), il a reçu un accueil hostile. "Trop tard, trop tard", "Go home, go home !" (Rentre chez toi, rentre chez toi !), pouvait-on entendre parmi ces victimes des violences, maugréant contre l’inefficacité de la police.

    A Alexandra, grand township pauvre du nord de Johannesburg à la réputation sulfureuse, plusieurs petits commerces tenus par des étrangers ont gardé leur rideau baissé samedi. Des violences se sont aussi produites vendredi soir à Thokoza, Cleveland et en particulier Jeppestown où un face-à-face violent a opposé les riverains d’un foyer de travailleurs à la police. En revanche, à Durban, le grand port sud-africain sur l’Océan Indien, le calme était de mise pour le troisième jour consécutif.

    L’apartheid qui s’est maintenu contre les pauvres et les Noirs n’a pas manqué de se transformer en fascisme du fait de la politique de la bourgeoisie sud-africaine.

  • En Afrique du Sud, après la vive polémique entourant le rapport du ministre de la Police qui a blanchi Jacob Zuma dans l’affaire Nkandla la semaine dernière - 18 millions d’euros d’argent public d’aménagements luxueux concernant sa résidence privée de Nkandla - le président sud-africain vient d’obtenir une revalorisation de 5% de son salaire, soit 9 200 euros de plus par an.

    Le salaire annuel de Jacob Zuma passe ainsi à près de 195 000 euros par an, confirmant la place du président sud-africain dans le Top 5 des chefs d’Etat les mieux payés au monde.

    Le peuple sud-africain, lui, est plutôt dans le Top 5 des nations les plus exploitées !

  • Parmi les multiples scandales du pouvoir sud-africain, il ne manquait que la FIFA !

    Une lettre, publiée par les medias sud-africains, semble montrer que les autorités sud-africaines avaient cherché un moyen indirect de transférer 10 millions de dollars à la Fifa.

    La police sud-africaine a annoncé jeudi qu’elle a lancé une enquête préliminaire sur les présumés pots-de-vin versés par le pays pour obtenir l’organisation du Mondial de football 2010.

  • Les jeunes sont en colère en Afrique du Sud. Le prix de leurs études augmente chaque année, 8% de plus pour les taxes de scolarité en 2017. Pour se faire entendre des autorités, les étudiants sud-africains font grève depuis la mi-septembre sur leurs campus. Une campagne appelée #FeesMustFall (« les frais de scolarité doivent tomber ») pour réclamer la gratuité de l’éducation et l’égalité des chances.

    Ce blocage a provoqué des actes de violences et de vandalismes dans plusieurs universités du pays. Près de Johannesburg, un prêtre a été blessé à la tête par un tir de la police alors qu’il protégeait des étudiants réfugiés dans son église.

    Cette colère qui dégénère est le signe d’un malaise plus large des jeunes face aux inégalités persistantes en Afrique du Sud, notamment entre populations noires et blanches.

  • En Afrique du Sud, environ 1000 employés de 8 fermes sucrières du producteur sucrier Illovo Sugar, situées dans la province du Kwazulu Natal pourraient se mettre en grève pour motifs relatifs à l’amélioration des salaires et d’autres prestations sociales. C’est ce qu’a annoncé à Reuters, le Syndicat sud-africain de l’alimentation et des secteurs connexes (FAWU), qui précise qu’une motion de grève a été d’ores et déjà lancée.

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