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Incendie géant au Canada : des questions nombreuses qui visent les autorités

lundi 9 mai 2016

Incendie géant au Canada : des questions nombreuses qui visent les autorités

Comment expliquer l’importance et la violence de l’incendie qui sévit depuis une semaine à Fort McMurray, au Canada ? Il s’agit en effet d’un des incendies les plus catastrophiques de l’histoire et une ville a déjà été rayée de la carte, 100.000 personnes étant obligées de la fuir au dernier moment et en catastrophe. La ville voisine d’Anzac a dû être vidée de ses habitants. Il reste 25 000 personnes à évacuer, coincées au nord de Fort McMurray. Les moyens mis pour sauver les maisons et les populations ne semblent nullement proportionnés. Huit fois la surface de Paris a déjà brûlé et l’incendie a atteint un tel stade qu’il est incontrôlable maintenant. Cela impose de se demander comment en est-on arrivés là.

L’industrie pétrolière et gazière, qui a donné naissance à cette cité y a des installations qui ne sont pas touchées par l’incendie, mais cela n’est pas un effet du hasard : tous les moyens ont été mis pour la sauver !

L’incendie qui se développe dans l’Etat de l’Alberta, au Canada, est impressionnant. Une ville de 100.000 habitants a été rayée de la carte. Des dizaines de milliers de sinistrés errent dans des abris temporaires dans les villes comprises entre Fort McMurray et la capitale, Edmonton.

Il semble bien que les autorités aient mis en jeu des moyens impressionnants pour sauver les puits de pétrole, nombreux et importants dans la région, et de tous petits moyens pour sauver les maisons et les gens ! Il faut dire que les autorités n’ont rien à refuser aux trusts pétroliers auxquels ils doivent argent et pouvoir…

La ville de Fort Murray en est morte. La population a perdu ses maisons, ses biens, et aurait aussi bien pu perdre sa vie. Les autorités ont fini, in extremis, par mettre aussi quelques moyens pour permettre aux populations de fuir la ville !!!

Le Figaro, lui-même peu suspect d’être anti trusts pétroliers et pro-écolos, écrit : « Avec des forêts mal entretenues dans une région uniquement préoccupée par les pétrodollars, les services de gestion des forêts avaient mis en garde depuis longtemps contre le risque de tels incendies. Si quelques voix, des écologistes notamment, se sont élevées pour dénoncer l’absence de politique environnementale en Alberta, elles ont été très vite rabrouées… Environ 1000 travailleurs de la compagnie pétrolière Canadian Natural Resources sont bloqués sur le site de l’entreprise. La direction refuse de les évacuer, malgré la qualité de l’air qui se dégrade de plus en plus. L’un des employés retenus, Jean-Marc Bujold, a confié à Radio Canada : « On a peine à voir à 30 mètres. » L’épouse d’un travailleur, congédié pour avoir demandé à être évacué, a précisé que selon son époux, les conditions sont « critiques. L’entreprise leur demande de travailler dans une situation extrême ». Si les pétrolières sont atteintes par une fumée dense, leurs installations ne semblent pas menacées par les flammes. Les moyens mis en place par les services d’urgence sont importants, mais ces derniers ont atteint le maximum de leurs capacités. Malgré l’ampleur du désastre, le recours au voisin américain n’a guère été évoqué. »

L’économiste Thomas Porcher s’interroge sur la responsabilité des installations pétrolières dans le gigantesque incendie de Fort McMurray, au Canada.

"Le plus grand gisement de sable bitumineux, du pétrole non conventionnel, se trouve là-bas. De manière générale, dans l’Alberta, il y a 80% de la production pétrolière canadienne. C’est le cœur de la production pétrolière du Canada", explique l’économiste Thomas Porcher, auteur de 20 idées reçues sur l’énergie et Le déni climatique.

"Il faudra s’interroger sur l’impact qu’ont eu la maltraitance des écosystèmes de ces villes au cours de ces dix dernières années. Il faut raser des forêts pour exploiter ces sables bitumineux (du sable que l’on prend et presse pour en tirer du pétrole) et on utilise beaucoup d’addictifs chimiques", poursuit Thomas Porcher qui estime qu’il faut donc étudier "l’impact de cette exploitation massive des sables bitumineux sur la propagation du feu".

Avec la prolifération des installations pétrolières de ce type, l’économiste est catégorique : "Tous les phénomènes météorologiques extrêmes comme celui-là vont s’accroître dans les prochaines années". Les conséquences vont alors être particulièrement désastreuses, comme le montre ce cas à Fort McMurray où des milliers d’habitants sont obligés de fuir.

Les autorités de l’Alberta, connues pour leur proximité avec les intérêts pétroliers, sont loin de répondre clairement aux nombreuses questions qui se posent :

 Comment se fait-il que les personnels du pétrole soient empêchés de partir ?

 Comment se fait-il que le pétrole semble mieux protégé que les habitations et les personnes

 Comment se fait-il que les autorités, averties des dangers des incendies de forêts, n’aient pris aucune mesure ?

 Comment se fait-il que les populations n’aient pas été évacuées plus tôt ?

 Comment se fait-il que l’Alberta n’ait pas sonné l’alarme avant, réclamant des secours nationaux et étasuniens ?

etc, etc…

Messages

  • La catastrophe causée par l’incendie de Fort McMurray est un produit de la quête vorace de profit du système capitaliste. L’industrie du pétrole a extrait de vastes richesses de la région de Fort McMurray au cours des quatre dernières décennies, ce qui a eu de graves conséquences pour l’environnement. Et pourtant, presque rien n’a été fait pour se prémunir contre une catastrophe qui était entièrement prévisible. Pendant que la population de Fort McMurray dépassait les 100.000 personnes avant la chute des prix du pétrole en 2014, les infrastructures et les services essentiels demeuraient insuffisants.

    Bien que l’ampleur des dégâts reste à évaluer en détail, il y a un contraste frappant entre les rues résidentielles calcinées de la ville et la situation des infrastructures des compagnies pétrolières.

    Au moins 1600 structures ont été détruites à Fort McMurray. Le brasier a aussi fait rage près des usines de Suncor et d’autres sociétés pétrolières, mais parce qu’elles étaient entourées de zones coupe-feu et défendues par des pompiers entraînés spécifiquement pour cette éventualité, aucune d’entre elles n’a subi de dégâts importants. Cela remet en cause les affirmations des hauts responsables de la gestion des incendies qu’aucun coupe-feu, peu importe la largeur, n’aurait pu empêcher les flammes de détruire de grandes parties de la ville.

    Lors de l’émission Question Period sur le réseau CTV, le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale a confirmé que les usines pétrolières n’avaient pas été endommagées, ajoutant qu’« Elles pourront se remettre en marche relativement rapidement après que le danger soit passé. »

    Comme dans le cas d’autres catastrophes naturelles, comme l’ouragan Katrina et la marée noire dans le golfe du Mexique causée par BP en 2010, la dévastation causée par les feux est exacerbée par la subordination de la sécurité des populations et de l’environnement à l’accumulation de vastes richesses par le système capitalise. L’extraction de pétrole dans les sables bitumineux par les grandes sociétés pétrolières a créé une catastrophe environnementale dans la région en polluant des sources d’eau potable, en créant des bassins de déchets toxiques et en détruisant d’importantes parties de forêt.

  • Tout ce qu’a su dire le premier ministre canadien sur la catastrophe, c’est qu’elle était inévitable et aussi qu’elle allait certainement se reproduire ailleurs dans les forêts du Canada ! Fatalité !!!

    Eh oui, fatal si on laisse le pouvoir aux bandits à la solde des compagnies pétrolières !

  • Parti le 1er mai dans la banlieue de Fort McMurray, le feu ravage toujours la forêt boréale. Une superficie totale de 586.707 hectares de pinèdes et de broussailles a été brûlée sur un périmètre estimé d’un peu plus de 1.000 kilomètres, selon la cellule de crise du gouvernement de l’Alberta.

  • Bien avant les habitants, ce sont les employés du pétrole qui doivent y retourner !

    Les employés des sites pétroliers canadiens au nord de Fort McMurray (Alberta, ouest) ont commencé mardi à regagner les lieux évacués sous l’avancée des feux de forêts, première étape vers une reprise de la production, ont indiqué les autorités locales.

    La municipalité régionale de Wood Buffalo, dont dépend Fort McMurray, a mis en place « une phase de retour » des personnes sur les bases de vie, énormes villages de préfabriqués abritant les employés du pétrole.

    Suncor, le premier groupe pétrolier canadien, a indiqué mardi avoir « amorcé le processus pour mobiliser à nouveau ses employés afin de soutenir le redémarrage progressif de ses opérations ».

  • Sur la route 236 (au Portugal) - renommée « La route de la mort » depuis le drame-, 57 personnes ont péri, encerclées par les flammes. Entouré d’eucalyptus, cet axe aurait dû être fermé pour ne pas mettre en péril les automobilistes. Pourtant, selon les témoignages de survivants, la gendarmerie et les militaires les ont, au contraire, poussés à emprunter ce chemin. « Quand nous sommes arrivés au niveau de l’IC8 [une voie rapide toute proche], les militaires ne nous ont pas laissés passer. Comme ils nous ont demandé de poursuivre notre chemin [vers la route 236], nous pensions que la route était sans danger, mais elle ne l’était pas », a déclaré Maria de Fatima, une survivante, sur une chaîne de télévision locale.

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