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La démonstration par le sida que la recherche du profit des trusts nationaux nuit gravement à la santé
mercredi 16 mai 2018
La démonstration par le sida que la recherche du profit des trusts nationaux nuit gravement à la santé
« L’imposture scientifique en dix leçons » de Michel de Pracontal :
« Le sida a été découvert aux Etats-Unis en juin 1981. Il a sans doute existé bien avant dans des foyers limités en Afrique, avant d’être importé en Amérique et en Europe.
« Il me semble bien que, dans les années soixante-dix, le sida avait déjà commencé à se répandre dans certaines contrées africaines, mais les taux d’infection n’y étaient encore que très bas, écrit Mirko Grmek dans son « Histoire du sida », ouvrage de référence… Mais, jusqu’à la fin des années 1982, on ne savait pratiquement rien de façon directe sur la situation africaine. »
C’est seulement fin 1986 que l’on réalisa que l’Afrique souffre d’un « embrasement épidémique sans précédent ».
Cette explosion est liée à l’émergence rapide de concentrations urbaines sur le continent, à l’expansion du tourisme et des voyages, et aussi aux conditions précaires de la médecine africaine, facteurs qui ont ouvert au virus de nouvelles voies de circulation.
En 2000, la diffusion du sida en Afrique est dramatique, et les moyens de lutte contre le virus tragiquement insuffisants.
Les plus anciens sérums africains dans lesquels on ait détecté le virus remontent à 1959 et proviennent du Zaïre. (voir Bernard Seytre, « Sida : les secrets d’une polémique ») (…)
Au printemps 1991, les Français découvrent avec stupéfaction qu’en 1985 le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a sciemment distribué des lots de produits antihémophiliques contaminés à 100% par le virus du sida. Le compte rendu confidentiel d’une réunion tenue le 29 mai 1985 au CNTS le reconnaît explicitement. Ce compte-rendu, révélé le 25 avril par Anne-Marie Casteret, journaliste à « L’événement du jeudi », est suivi d’autres documents accablants pour les dirigeants du CNTS. En 1992, le « procès du sang contaminé » aboutit le 23 octobre à la condamnation à quatre ans de prison ferme du docteur Michel Garetta, directeur du CNTS en 1985. Son collaborateur, le docteur Jean-Pierre Allain, est condamné à deux ans de prison ferme et deux ans avec sursis ; le professeur Jacques Roux, directeur général de la santé, à deux ans avec sursis…
Au printemps 1985, le test américain Abbott est prêt à être commercialisé en France, mais pas celui de l’Institut Pasteur. le dépistage systématique n’a été instauré qu’en juillet-août. On peut estimer que sans ce retard, il aurait été possible d’éviter la contamination d’un nombre de transfusés allant de plusieurs centaines à un millier, et de limiter celle des hémophiles…
Revenons presque une décennie avant 1985. En mai 1976, Jacques Monod, patron de l’Institut Pasteur, embauche Paul Prunet à la direction scientifique de l’Institut Pasteur Productions (IPP), branche industrielle de Pasteur détenue à 30% par Sanofi, filiale d’Elf-Aquitaine. Monod charge Prunet de superviser le développement du vaccin contre l’hépatite B, récemment inventé par un médecin de Tours, Jacques Maupas… En 1984, la partie diagnostic de l’IPP deviendra Diagnostics Pasteur et restera avec Sanofi tandis que la partie vaccin sera rattachée à Mérieux.
Afin de définir les critères de qualité du vaccin, Paul Prunet contacte, au Laboratoire national de la santé (LNS), le docteur Robert Netter – celui-là même qui sera en 1992 l’un des prévenus du procès du sang. S’il n’est pas question de sida en 1976, la notion de risque lié à des virus contaminants est bien présente. C’est avec les virologues de Pasteur, Luc Montagnier et Jean-Claude Chermann, que Netter organise les premières réunions. Il aura une initiative « prémonitoire » ; ayant entendu parler de la découverte, par un certain Robert Gallo, du premier rétrovirus humain, le HTLV, il demande que l’on vérifie dans chaque plasma l’absence de transcriptase inverse, l’enzyme spécifique des rétrovirus. Françoise Barré-Sinoussi, collaboratrice de Jean-Claude Chermann, est envoyée au laboratoire de Robert Gallo pour apprendre les techniques adéquates ; En 1983, ce savoir-faire lui permettra d’isoler le premier virus du sida, le « LAV »…
Le professeur Montagnier écrit, le 26 août 1983, au directeur général de la santé, Jacques Roux, ainsi qu’au Premier ministre Pierre Mauroy. Voici un extrait de la lettre à ce dernier :
« Un nouveau virus a été isolé dans mon laboratoire de l’Institut Pasteur, à partir de plusieurs malades atteints de sida, en particulier d’un enfant hémophile qui avait reçu uniquement des préparations de facteurs antihémophiliques effectués en France à partir de plasma de donneurs de sang. Ceci implique que le virus peut être transmis par le sang et ses dérivés… Nous pouvons très vite produire du virus en quantités suffisantes pour permettre la mise au point des réactifs sûrs de diagnostic et de prévention, notamment au niveau des donneurs de sang et des populations à risque. » (…)
Montagnier souhaite des crédits, en particulier pour construire un laboratoire de haute sécurité dit P3 afin de développer le test. Mais le professeur prêche dans le désert. Le milieu scientifique ne le prend pas au sérieux. Les preuves du rôle causal du LAV dans le sida sont encore fragiles. Et la direction de Pasteur, comme sa filiale industrielle IPP, traînent les pieds.
« Il fallut attendre fin 1983 et surtout les publications de R. Gallo en mars 1984 pour que la direction de l’IPF reconnaisse cette découverte faite dans ses murs. » écrit Paul Prunet. Sans commentaire…
Une compétition discrète et sans merci s’engage entre industriels. Enjeu : l’énorme marché des tests de dépistage. Début mai, les NIH lancent un appel d’offres. Cinq sociétés sont retenues dont le géant Abbott et la firme Organon. Côté français, le seul concurrent est l’IPP – qui devient Diagnostics Pasteur…
Pendant quatre mois, entre juin et octobre 1984, l’IPP s’est en vain acharné à produire du virus avec la lignée B de Montagnier, qui n’a comme avantage que d’être 100% française !, pour finalement revenir à la lignée CEM (celle du chercheur britannique Robin Weiss) qui était disponible dès le départ… A l’arrivée, Abbott, parti à peu près en même temps que Pasteur, sera sur le marché avec au moins trois mois d’avance sur son concurrent français. Celui-ci ne peut encore fournir qu’une quantité limitée de tests le 21 juin, date de l’enregistrement de son test par le Laboratoire national de la santé…
Le 29 janvier 1986, Robin Weiss assez contrarié écrit à Montagnier… lui reprochant d’avoir utilisé une « propriété intellectuelle sur laquelle l’Institut de recherche sur le cancer de Londres a des droits » - en clair de s’être servi de s’être servi de la lignée Cem en le courcircuitant… « Le sida est une maladie trop épouvantable pour permettre à un chauvinisme étroit de nous guider dans notre lutte contre lui. » conclut-il. No comment…
Le 22 mars 1985, le test Abbott est agréé par la FDA, la Food and Drug Administration, et entre sur le marché américain. Le 3 mars 1985, Jean-Baptiste Brunet rédige une note qui mentionne l’enquête de Cochin et précise que le « moment n’est pas venu », que le risque transfusionnel « apparaît, pour le moment, en France, comme très faible », et il juge « un peu surprenante » l’annonce de l’autorisation d’Abbott aux Etats-Unis.
A partir de ce moment, et alors même que l’angoisse monte chez les transfuseurs, l’on assiste à une course de lenteur. Une constante se dégage du maquis des documents administratifs : après l’enregistrement d’Abbott, Pasteur entreprend un lobbying actif pour retarder le dépistage. Techniquement, le teste peut être mis en place, au moins partiellement, dès amrs ou avril 1985. Mais l’IPP est incapable de produire un nombre de trousses (baptisées ELAVIA) suffisant pour occuper une part appréciable du marché français, étape indispensable pour obtenir na crédibilité nécessaire à l’exportation du test… Diagnostics Pasteur n’est donc en mesure de répondre qu’à 14% des besoins français à la mi-avril et 28% au 1er novembre. Difficile de considérer que le fabricant national est prêt… Jusqu’à juin 1985, Diagnostics Pasteur est incapable de fabriquer un produit qui satisfasse les transfuseurs comme en atteste une lettre d’Anne-Marie Couroucé à Christian Policard, l’un des dirigeants de la firme française : « Je tenais à vous dire que tous les participants qui étaient a priori favorables à l’utilisation d’une trousse française, se sont montrés unanimes pour ne pas retenir la trousse ELAVIA, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, pour le dépistage de leurs donneurs. Cette trousse nécessite en effet une fois et demie plus de temps de travail que les autres en n’offrant aucun avantage de spécificité. » (…)
Dès le 19 mars 1985, un document officiel affirme d’ailleurs que le test Abbott est utilisable…
Jean Weber, le patron de Diagnostics Pasteur – qui affirmera sous serment, au procès de 1992, que sa firme était prête – s’emploie à retarder non seulement le test Abbott, mais son propre produit… »