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Dans les mines du Mali

20 février 2018, 07:49

Le groupe anglo-américain Randgold est un géant mondial de production d’or. Il possède trois sites miniers au Mali dont deux (Loulo et Gounkoto) font partie des 10 plus grandes mines au monde. Il possède aussi une mine au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

Le patron de ce groupe a fait un petit saut à Bamako pour rencontrer les autorités maliennes. Le 29 janvier, il a convoqué les médias locaux pour leur expliquer qu’en 21 années de présence au Mali, son groupe a « enrichi » le pays en y injectant « 2 879 milliards de FCFA. Soit 5,4 milliards de dollars US sous forme d’impôts, de redevances, de salaires et de paiements aux fournisseurs ». Il a énuméré toutes les « bonnes œuvres » réalisées par son groupe, genre écoles, bourses d’étude, centre de soins, forages des puits, microcrédits, etc. Bref, il s’est présenté comme le bon samaritain qui vient en aide à un pays pauvre. Il a même eu le culot de demander au gouvernement malien de l’aider à lutter contre les orpailleurs locaux qui s’installeraient illégalement sur ses terrains et qui empoisonneraient le sol par l’utilisation du cyanure. Il a aussi demandé au gouvernement de rendre encore plus « attractif » son Code minier, notamment en allégeant le taux de TVA sur l’or.

Ces dernières années, la production d’or au Mali a fait un bond en avant. En 2015 le pays aurait exporté 70,2 tonnes pour une production nationale officiellement estimée à 50,1 tonnes. Les 20 tonnes de différence proviendraient selon les autorités maliennes de la production venant des pays voisins et qui serait exportée via le Mali. Il s’agit probablement de l’or « gris » du marché noir qui échappe au fisc en tant que marchandise ne faisant que « transiter » au Mali.

Sur les 50,1 tonnes d’or officiellement produit au Mali en 2015, un peu moins de la moitié provient des mines appartenant à Randgold. Les dirigeants de ce groupe viennent d’annoncer que la production de 2016 a été un record et que celle de 2017 a été encore meilleure. À ce compte là ils peuvent se permettre de lâcher quelques miettes à l’État malien, ou plus exactement aux dirigeants locaux pour qu’ils ferment les yeux sur toutes sortes de magouilles fiscales et sur le non-respect des conditions de travail dans les mines.

Rappelons qu’il y a tout juste un an, en février 2017, les travailleurs de la mine de Loulo qui emploie environ 3000 personnes, ont fait un arrêt de travail et un sit-in pour réclamer une prime et des augmentations de salaire. La direction a évité la grève en faisant appel aux notables locaux pour jouer les pompiers de service.

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