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Grève générale en Corée du Sud

9 août 2009, 11:16

Ce témoignage nous a été envoyé par un travailleur d’une usine voisine qui soutient la grève.

(Pour ceux qui entendent parler de cette grève pour la première fois, elle concerne une occupation d’usine à Pyeongtaek, Corée du Sud, qui a commencé le 22 mai 2009 quand la direction a annoncé des mises à la retraite anticipée et le licenciement de 2 000 des 7 000 ouvriers près de Séoul.)

Depuis qu’une ordonnance de la cour a été prise le 20 juillet 2009, plus de 3 000 policiers anti-émeute, notamment une unité de rangers, tentent de s’emparer de l’usine et ont ordonné aux travailleurs de quitter l’entreprise. Après que les ouvriers ont rejeté cet ordre, les flics ont lancé une série d’attaques contre les travailleurs qui occupent l’usine depuis 7 jours consécutifs, et ils ont recruté pour cette attaque des voyous et des jaunes qui font partie des individus non licenciés.

Les défenseurs de l’ordre mènent en même temps une propagande idéologique constante, et un hélicoptère de la police vole à basse altitude pour empêcher les travailleurs de dormir, les épuiser et les provoquer.

Ils ont coupé l’approvisionnement en eau et en gaz et de l’usine et ils refusent l’entrée à toute aide humanitaire médicale. (L’électricité a été laissée pour empêcher la peinture et d’autres matières inflammables dans l’usine de peinture de se décomposer.)

Depuis le 21 juillet, la police lance des grenades lacrymogènes à partir de ses hélicoptères sur les travailleurs qui sont placés sur le toit du département peinture. Elles contiennent un gaz toxique qui peut faire fondre le caoutchouc éponge.

Par intermittence, lorsque les policiers anti-émeute essayent d’entrer dans l’usine de peinture, ils se servent d’une arme de tir utilisant 50 000 volts ainsi que des clous, tandis que les briseurs de grève emploient des frondes pour bombarder les grévistes à partir de l’immeuble d’en face.

Naturellement, nous luttons contre la police avec des barres de fer et des cocktails Molotov dans la rue en face de l’usine pour défendre la grève.

Environ 700 travailleurs sont enfermés dans l’usine et ils mangent une boule de riz chaque jour et boivent de l’eau de pluie bouillie. Bien que de nombreux travailleurs aient été blessés au cours de la lutte, ils poursuivent leur lutte avec détermination.

Le 20 juillet, la femme d’un responsable syndical s’est suicidée à son domicile. Même si son mari n’était pas sur la liste des licenciés, il participait à la lutte, malgré plusieurs menaces de la direction. Son épouse avait seulement 29 ans. Jusqu’à présent, cinq personnes sont mortes ou se sont suicidées en liaison avec cette grève.

Les syndicats ont appelé aux grèves suivantes :

22 juillet : le KMWU (Korean Metal Workers Union, qui organise l’usine) a appelé à 4 heures de grève.

Le 23 Juillet : KMWU : 6 heures de grève.

Le 25 juillet KCTU (Korean Confederation of Trade Unions) a tenu un rassemblement en face de la gare de Pyeongteck.

Le 25 juillet, les travailleurs et d’autres participants, armés de barres de fer et de pierres extraites du trottoir, se sont affrontés à la police anti-émeute à la fin de ce meeting, tout en essayant de marcher vers les portes de l’usine de Ssangyong. Une attaque brutale de la police nous a forcé à nous retirer et à quitter les abords de l’usine. Des combats ont continué jusque tard dans la nuit dans les rues de Pyeongtaek.

Les syndiqués de la KMWU doivent en principe participer à 6 heures de grève générale le 29 juillet, mais il est difficile de mobiliser tous les membres du syndicat pour cette grève. La direction cherche à miner le moral des grévistes, en prétendant qu’elle va être acculée à la faillite.

Face à la pression croissante de certaines organisations de la société civile, et de certains députés, la direction et le syndicat de Ssangyong devaient se réunir le 25 juillet 2009. Mais la direction a annulé cette réunion, unilatéralement, pour le seul motif fallacieux que les travailleurs lançaient encore des boulons contre les flics et qu’elle ne peut pas accepter la revendication du syndicat d’annuler les licenciements et de lockouter les travailleurs par rotation pour qu’ils gardent leur emploi.

La direction du syndicat a rejeté cette concession, et maintenu les licenciements.

Aujourd’hui (27 juillet), les travailleurs de Ssangyong ont tenu une conférence de presse et organisé un autre rassemblement en face de l’usine de peinture, pour échapper pendant quelques heures à l’atmosphère étouffante qui règne à l’intérieur du bâtiment.

Les revendications de ce rassemblement étaient les suivantes :

1) Retrait de la police 2) négociation directe avec le patronat et le gouvernement 3) Divulgation des résultats de l’enquête pour utilisation illégale de la technologie du moteur hybride diesel.

Enfin, pour conclure, je citerai les dernières phrases de la conférence de presse :

« .... Nous avons fait de notre mieux pour résoudre ce conflit de façon pacifique et par le dialogue. Néanmoins, si ce genre de répression brutale, meurtrière se poursuit, nous déclarons ouvertement notre volonté résolue de lutter jusqu’à la mort. Nous qui sommes rassemblés ici sommes prêts à montrer notre détermination à mourir non seulement en tant que travailleurs mais aussi en tant qu’êtres humains. Nous allons nous battre sans compromis, récupérer nos droits et rentrer chez nous quand nous gagnerons. »

PS. Au moment où je suis allé me coucher, j’ai appris que les policiers avaient lancé une autre attaque brutale contre les travailleurs. Les jours qui suivent seront décisifs.

************

Pour plus de détails sur la classe ouvrière de Corée du Sud on lira avec profit l’article de Loren Goldner paru dans le numéro 23-24 de la revue Ni patrie ni frontières

http://www.mondialisme.org/spip.php ?article1108

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