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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

11 avril 2014, 12:09

Plusieurs éléments attestent de la présence d’instructeurs français pour former les officiers les plus radicaux de l’armée rwandaise, qui constitueront peu après le noyau dur de l’appareil génocidaire. Il y a d’abord le témoignage de Janvier Africa, ancien membre des escadrons de la mort, le « Réseau Janvier » : le 30 juin 1994, il confie au journaliste sud-africain Mark Huband, du Weekly Mail and Guardian de Johannesbourg, avoir été formé par des instructeurs français : « Les militaires français nous ont appris à capturer nos victimes et à les attacher. Cela se passait dans une base au centre de Kigali. C’est là qu’on torturait, et c’est là également que l’autorité militaire française avait ses quartiers. [...] Dans ce camp, j’ai vu les Français apprendre aux Interahamwe à lancer des couteaux et à assembler des fusils. Ce sont les Français qui nous ont formés - un commandant français - pendant plusieurs semaines d’affilée, soit au total quatre mois d’entraînement entre février 1991 et janvier 1992. » [6]. En mars 1993, une enquête internationale est diligentée sur les massacres de Tutsis au Rwanda : l’un des membres de cette commission, Jean Carbonate, affirme avoir vu des instructeurs français dans le camp de Bigogwe, où « l’on amenait des civils par camions entiers. Ils étaient torturés et tués ». Ces informations seront confirmées ultérieurement par la Mission d’information parlementaire.

La coopération entre les deux pays va même plus loin : en février 1992, le Quai d’Orsay envoie une note à l’ambassade de France à Kigali selon laquelle « le lieutenant-colonel Chollet, chef du Dami, exercera simultanément les fonctions de conseiller du Président de la République, chef suprême des Forces armées rwandaises, et les fonctions de conseiller du chef d’état-major de l’armée rwandaise ». Le responsable des forces françaises déployées au Rwanda devient, par là même, le commandant de l’armée rwandaise. Les responsabilités de la France sont donc bien plus importantes que celles officiellement avouées : lors du déclenchement du génocide, à l’occasion de l’attentat contre l’avion présidentiel de Juvénal Habyarimana, la France peut compter, sur place, sur la présence de onze militaires du Département d’assistance militaire à l’instruction (Dami), en civil, pourtant sensés avoir officiellement quitté le Rwanda en décembre 1993. Sur place également, le capitaine Paul Barril, prestataire de services spéciaux.

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