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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

15 avril 2014, 19:51

Ce qui suit est raconté par Jean-Dominique Merchet, considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de la chose militaire dans l’Hexagone. Il écrit :

(…) "La cinquantaine de bérets rouges français n’étaient ainsi qu’à quelques centaines de mètres des « rebelles »" Qu’y faisaient-ils ? L’exemple des artilleurs est assez cocasse. Lors d’une opération connue sous le nom de Chimère (22 février-28 mars 1993), les instructeurs français furent chargés d’une « mission de conseil en vue de l’utilisation des batteries de 122D30 et de 105 mm » qui sont des canons de forte puissance. « Les artilleurs (français, ndlr) n’étaient pas au pied de la pièce en train de tirer », a assuré le colonel Txxxx, mais, « éventuellement, si l’artilleur local était perdu dans ses comptes, ceux-ci l’aidaient, pour se retirer ensuite à l’arrière ». Dans l’artillerie, la principale difficulté n’est pas de glisser un obus dans un canon puis de tirer, mais de connaître la position exacte des cibles et d’orienter précisément le tube de l’obusier. C’est une affaire d’équation" dont se chargeaient les Français, lorsque les Rwandais étaient « perdus dans leurs comptes ». Pas besoin en effet d’être « au pied de la pièce », surtout si elle est à moins d’un kilomètre.

Lors de cette même opération Chimère, des instructeurs du génie furent également engagés « à proximité souvent immédiate des contacts ». En jargon militaire, ils étaient en charge de l’« organisation défensive du terrain ». C’est-à-dire qu’ils enseignaient les « techniques de piégeage et de minage, suggérant pour cela les emplacements les plus appropriés ». Ce qui revient à dire que des mines antipersonnel ont été posées au Rwanda sous la responsabilité de militaires français, alors même que l’armée jurait ses grands dieux qu’elle n’en utilisait plus depuis les opérations au Liban, dix ans plus tôt.

Comme l’écrivent les rapporteurs, peu avares en circonlocutions : « La Mission parlementaire ne peut totalement écarter l’idée qu’un instructeur français aurait pu, pour des raisons diverses, apporter ponctuellement un concours plus effectif lors de l’aide au maniement d’une pièce de mortier ou dans une autre situation. »

Lorsque les militaires français ne faisaient pas la guerre, ils faisaient la police. En procédant notamment à des contrôles d’identité sur les citoyens rwandais. Selon le rapport, "entre février et mars 1993, les forces françaises ont mis en place, sur ordre de l’état-major des armées, un dispositif de surveillance des accès de Kigali très développé". Une "surveillance active, sous forme de patrouilles et de check-points" qui "conduit incontestablement à pratiquer des contrôles sur les personnes".

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