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1936-1938 : Documents et images de la révolution espagnole / Archivas y fotos de la revolucion en España

20 octobre 2009, 20:22, par MOSHE

1936-1938 : Documents et images de la révolution espagnole / Archivas y fotos de la revolucion en España
19 octobre 21:17, par Robert Paris
George Orwell, qui combattait dans la colonne Lénine du POUM, note lors de son retour dans la ville le 26 avril un « brusque et saisissant changement d’atmosphère » :

« L’uniforme des milices et des salopettes bleues avaient presque disparu [...] Deux faits donnaient le ton à tout le reste. D’une part, les gens - la population civile - ne s’intéressaient plus beaucoup à la guerre ; d’autre part, l’habituelle division de la société en riches et en pauvres, en classe supérieure et classe inférieure, s’affirmait de nouveau. [...] Le 1° mai approchait et il était question d’une manifestation monstre à laquelle prendraient part à la fois la CNT et l’UGT. [...] Mais au dernier moment la manifestation fut décommandée. [...] Quel drôle d’état de choses ! Barcelone, la ville soi-disant révolutionnaire par excellence, fut probablement la seule ville de l’Europe non-fasciste où il n’y eut pas de commémorations ce jour-là. [...] Vers midi, le 3 mai, un ami qui traversait le hall de l’hôtel me dit en passant : « Il y a eu une espèce d’émeute au bureau central des téléphones, à ce que j’ai entendu dire. » [...] Tout ce que je pus apprendre, c’est que les gardes civils avaient attaqué le Central téléphonique et s’étaient emparés de plusieurs points stratégiques d’où ils dominaient d’autres locaux appartenant aux ouvriers. [...] Avec cette espèce d’énergie passionnée que les Espagnols déploient lorsqu’ils sont tout à fait décidés à se mettre à exécuter n’importe quel travail, des hommes, des femmes, de tout petits enfants, en longues rangées, arrachaient les pavés ; certains les charriaient dans une voiture à bras que l’on avait dénichée quelque part, tandis que d’autres faisaient la navette en chancelant sous le poids de lourds sacs de cailloux. [...] Au coin de la rue où, la veille, j’avais vu des anarchistes commencer à tirer, s’élevait maintenant une barricade. [...] Et il courait de vilains bruits. On disait que le gouvernement de Valence envoyait six mille hommes occuper Barcelone, et que cinq mille miliciens des troupes du POUM et des anarchistes avaient quitté le front d’Aragon pour s’opposer à eux. Seul le premier de ces bruits était vrai. [...] Confusément je prévis qu’une fois la lutte terminée on ferait retomber toute la responsabilité sur le POUM, qui était le parti le plus faible et, partant, le plus indiqué à prendre comme bouc émissaire. [...] Au-dessus du Central téléphonique le drapeau anarchiste avait été amené et seul le drapeau catalan flottait maintenant. Cela signifiait que décidément les ouvriers étaient battus. [...] Ce dut être assez tard dans la soirée que les troupes de Valence firent leur entrée dans la ville. C’étaient les gardes d’assaut, formation analogue à celle des gardes civils et des carabiniers (autrement dit, essentiellement destinée aux opérations de police) et troupe d’élite de la République. [...] C’étaient des troupes splendides, de beaucoup les meilleures qu’il m’eût été donné de voir jusque-là en Espagne [...] J’étais habitué aux milices en loques et à peine armées du front d’Aragon, et j’avais jusqu’alors ignoré que la République possédât de telles troupes. C’était, physiquement, des hommes triés sur le volet, mais ce n’était pas tant cela, que leur armement, qui m’étonnait. Ils avaient tous des fusils tout neufs du type connu sous le nom de « fusil russe » [...] Il était loin d’être parfait, mais combien meilleur que les affreux vieux tromblons que nous avions au front ! En outre, les gardes d’assaut avaient chacun un pistolet automatique, et un fusil mitrailleur pour dix hommes. [...] On procéda à de grandes saisies d’armes dans les locaux fortifiés de la CNT [...] Le POUM était dénoncé comme une organisation fasciste déguisée et des agents du PSUC répandaient partout dans la ville un dessin caricatural qui représentait le POUM sous les traits de quelqu’un qui, en ôtant un masque décoré du marteau et de la faucille, découvrait un visage hideux de fou furieux marqué de la croix gammée. Il était évident que le choix de la version officielle des troubles de Barcelone était déjà arrêté : ils devaient être présentés comme un soulèvement de la « cinquième colonne » fasciste fomenté uniquement par le POUM ... »

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