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Qui a assassiné Mathieu Bucholz ?

26 octobre 2014, 20:10

ILS ÉTAIENT des milliers, hier, à franchir les portes du cimetière parisien de Thiais. A pied, avec poussette ou diable débordant de pots de fleurs, en voiture, à bicyclette ou autres deux-roues, chacun venait se recueillir sur la tombe d’une personne aimée ou admirée, marquant leur passage de pots des habituelles « marguerites des morts » aux couleurs vives , comme le chantait Georges Brassens.

A l’entrée, compteur en main, les agents de la réception comptabilisaient les voitures : 3 100 en milieu d’après-midi, en plus des 1 100 piétons qui empruntaient les navettes gratuites circulant parmi les cent trois hectares. Du côté de l’accueil, les employés, patients, distribuaient plans du cimetière, se plongeaient dans les registres d’antan pour retrouver un aïeul presque inconnu ou un peu oublié.

Parmi les visiteurs, il en était deux, sans fleurs, rejoignant une énième fois le carré 2, face à la division militaire des Serbes morts en 14-18. Deux hommes aux vêtements sombres, comptant les allées pour se retrouver devant une tombe de pierre grise, fêlée, mal entretenue dans ce carré laïc et ornée de deux photos noir et blanc montrant un homme jeune. C’est là que repose Mathieu Bucholtz, mort à 22 ans, en novembre 1944 « après avoir été enlevé, torturé et lâchement assassiné par les staliniens », raconte Jean-Pierre Bigaré, l’un des deux hommes présents, professeur de philosophie. « Je mène une sorte d’enquête historique, explique-t-il. Il n’est pas question d’ouvrir une enquête de police, puisqu’un non-lieu a été prononcé en 1950, ou de dénicher des noms, mais de savoir dans quelles conditions Mathieu a été enlevé, par quelle structure et pourquoi... »

Mathieu Bucholtz, alias Pamp, appartenait à l’Union Communiste IVe Internationale, créé par un militant trotskyste surnommé Barta. « Refusant d’entrer dans la résistance nationale, il a résisté à sa manière, en procurant des faux papiers à des réfractaires du STO... Le 11 ou le 12 septembre 1944, il a été enlevé, torturé et jeté à la Seine. On a retrouvé son corps à Colombes, le 20 septembre. Son corps portait des impacts de plusieurs balles dont aucune n’était mortelle... »

Il avait été tué par des staliniens pour cause de "lutte contre le trotskysme"...

Aujourd’hui, Jean-Pierre Bigaré vient montrer à son compagnon la plaque apposée sur le fronton de la tombe dont certains morceaux manquent, rendant l’ensemble illisible. Une étrangeté de plus pour les deux hommes.

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