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Quelques thèses sur la question syndicale en vue d’un large débat

9 novembre 2009, 22:25, par Yves C - Ni patrie ni frontières

1. Il me semble qu’il n’y a aucun lien mécanique entre les principes très justes annoncés au point 9 et l’analyse catastrophiste de la situation actuelle ( décadence impérialiste ; effondrement social, politique et moral du cadre classique bourgeois, etc). L’auto-organisation des travailleurs est autant valable dans les périodes dites “calmes” que d’autres. Ce sont généralement les “révolutionnaires” brevetés qui n’ont rien compris (voire qui se sont opposés) à l’auto-organisation des travailleurs chaque fois qu’elle s’est manifestée, et ce dès la Commune de Paris....

2. Ce type d’analyse catastrophiste est récurrent dans le mouvement ouvrier et l’extrême gauche depuis au moins les thèses des 4 premiers congrès de l’IC, même si déjà le Manifeste révèle une propension à un optimisme exagéré. Il me semble manipulatoire, et ses prédictions se sont révélées erronées. Les courants libertaires et autonomes actuels se livrent aux mêmes analyses catastrophistes mais en les plaçant sur le terrain de l’accroissement du rôle démoniaque de l’Etat (voir la thèse du totalitarisme soft, de la totalitarisation, du fascisme soft, etc.). Les écologistes aussi avec leur chantage : soit vous adoptez nos solutions immédiatement soit la planète crève dans les 10, 20 ou 50 ans. Je ne vois pas l’intérêt (autre que manipulatoire) d’avoir recours à ces procédés. Mieux vaut faire des analyses plus précises, chiffrées, délimitant des zones différentes dans le développement ou le non développement des luttes de classe, dans le développement des crises (en en précisant à chaque la nature, l’extension, la durée), dans l’intensité et la gravité variables des problèmes écologiques, la mise en place de lois dites sécuritaires (comme si toutes les lois ne l’étaient pas !), dans le démantèlement total ou partiel des amortisseurs sociaux, etc. que de se livrer à des prédictions catastrophistes universelles. Je signale un petit texte qui avance quelques pistes élémentaires, qui n’ont absolument rien d’original, sur la façon de COMMENCER à analyser une situation politique sans partir tout de suite dans des généralités mystificatrices qui mènent à adopter une posture prophétique mais préparent à de terribles déconvenues et démoralisations quand les pronostics catastrophistes ne se vérifient pas dans un délai raisonnable (pour ma part cela fait 44 ans que j’entends et lis des pronostics de ce type, de la part de gens qui n’ont su anticiper aucune des transformations fondamentales du capitalisme depuis un demi-siècle)
http://www.mondialisme.org/spip.php?article1373

3.Se référer à Lénine comme un partisan de l’auto-organisation me semble relever d’une mystification politique et historique colossale. (Il existe de nombreux livres classiques sur la question comme celui d’Anweiler sur les soviets en Russie paru chez Gallimard, ou celui de Maurice Brinton paru dans la revue Autogestion et socialisme et dont j’ignore s’il est disponible, mais pour un texte plus court je renvoie au texte “Les bolcheviks contre la classe ouvrière” http://www.mondialisme.org/spip.php?article968).
En même temps, pour ne pas être trop négatif, dans ces thèses le plus important, pour moi, ce sont les positions affirmées au point 9 et non les références religieuses à Lénine ou à Trotsky. Ce point 9 peut être partagé par de nombreux camarades qui ne se reconnaissent ni dans le “marxisme”, ni dans le léninisme, ni dans le trotskysme.... Comme c’est mon cas.

4. Dire que le rôle des révolutionnaires est de “de démontrer sans cesse aux travailleurs qu’ils représentent un autre avenir, “ et qu’ils constituent une “avant garde” qui fait “progresser toute la masse” comme le dit la citation de Lénine, me semble totalement contradictoire avec le principe de l’auto-organisation des travailleurs, avec une société communiste reposant véritablement sur des soviets, comités d’usine, etc., avec une confiance dans les capacités de la classe ouvrière à jouer un rôle autre que celui de soutien obéissant et discipliné à une avant-garde omnisciente et militairement organisée.

5. Se référer de façon positive à Lénine et à Trotsky en matière de révolution sociale, c’est à la fois croire que la prochaine révolution sera menée à partir d’un petit état-major qui n’a de comptes à rendre à personne (l’appareil militaire du Parti) et qui liquidera physiquement toutes les tendances qui ne pensent pas comme lui, et ne pas tenir compte des conséquences historiques de cette démarche.

6. Je ne suis pas un partisan de la cohérence absolue, et je comprends parfaitement qu’un groupe et des individus soient parcourus par des tendances et des velléités contradictoires mais en même temps il me semble difficile de ne pas souligner que certaines contradictions politiques et théoriques sont mortifères, à la fois pour ces groupes et individus s’ils sont sincères (ils termineront au Goulag) et pour le mouvement social.

Pour terminer sur une note positive, je pense que le point 9 est excellent. Il gagnerait à être développé, illustré de quelques exemples concrets actuels et présenté de façon peut-être moins schématique, moins dans l’opposition Nous (les communistes révolutionnaires)/Eux (les prolétaires).

Amitiés
Yves

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