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Quelques thèses sur la question syndicale en vue d’un large débat

10 avril 2010, 15:43, par marek

LA CLASSE OUVRIERE PEUT-ELLE FAIRE LA GREVE GENERALE ?
Par barta mars 1947
La nécessité d’une grève générale est une question qui préoccupe tous les travailleurs. Mais pourrons-nous tenir le coup ? se demandent-ils. Tout le monde est contre nous, le Gouvernement, le patronat et même la C.G.T., qui nous tire dans le dos.

Mais si les travailleurs se trouvent devant la nécessité de lutter, c’est justement parce que tous les privilégiés de ce monde sont contre eux, et que seule leur propre action peut les défendre. D’autre part, pour que la direction des Syndicats marche droit, ce sont aussi les ouvriers du rang qui ont toujours dû intervenir, à chaque occasion importante. En 1934, il y avait même la scission syndicale, et c’est justement grâce au magnifique mouvement ouvrier, à partir de février 34, que l’unification a été réalisée et la victoire de 36 préparée ; pour la grève générale de juin 36, ce ne sont pas non plus les dirigeants syndicaux qui en ont donné l’ordre. En réalité donc, quand les ouvriers veulent lutter, ils peuvent passer et passent outre les dirigeants pourris, parce qu’ils savent bien qu’en dehors de leur propre action, personne n’a jamais fait quoi que ce soit pour eux.

La véritable raison des hésitations actuelles des travailleurs est ailleurs. C’est que, alors qu’avant guerre ils étaient relativement forts au point de vue économique, maintenant ils sont beaucoup plus faibles ; c’est pourquoi se pose la question : comment ferons-nous, comment nourrirons-nous nos femmes et nos enfants ?

Les dirigeants pourris, qui s’opposent à l’action ouvrière, insistent justement beaucoup en ce moment sur ce point. Ils oublient d’abord de nous dire à quoi sert alors la caisse de secours des Syndicats ; ils oublient aussi que tout mouvement a parmi ses revendications le paiement des journées de grève, et, chose plus importante encore, ils oublient de nous dire que ce sont les travailleurs qui font marcher tous les rouages de la société, que ceux-ci pourraient fort bien se passer des parasites capitalistes, et que la lutte contre le patronat n’est pas forcément la grève des bras croisés. La classe ouvrière organisée ne peut-elle pas, mille fois mieux que l’anarchie capitaliste, nourrir et faire vivre toute la société ?

Mais quelles que soient les souffrances et les privations que peut nous imposer momentanément la lutte pour des objectifs ouvriers, elles ne pourront jamais atteindre le niveau de celles que nous impose, et que tend à nous imposer de plus en plus, la bourgeoisie.

Sous la férule de celle-ci, nous avons, pendant la guerre, souffert les bombardements et les privations ; des familles entières ont été dispersées ; nous avons vu les nôtres continuellement exposés à la mort ; la maladie s’est installée dans tous les foyers ; tout cela en échange de promesses (démocratie, bien-être, une vie plus digne, la fin des privations), qui ne se sont jamais réalisées.

Aujourd’hui, après deux ans de désillusion et de misère accrue, le Gouvernement nous dit, par la bouche de Ramadier, qu’il faut continuer à souffrir et à peiner comme sous l’occupation. Ainsi, plus on peine pour les capitalistes, plus ceux-ci nous demandent de peiner.

Quels que soient les souffrances et les sacrifices que nous impose une lutte pour notre vie, ils ne sauraient jamais être aussi grands et aussi longs que ceux que la bourgeoisie nous impose pour son bénéfice exclusif.

La grève générale n’est donc pas une solution de désespoir. Les travailleurs qui se sentent faibles individuellement devant toutes les forces liguées contre eux doivent se persuader que cette faiblesse n’est pas celle de leur classe ; c’est dans la force de la classe ouvrière unie dans l’action et dans la compréhension des buts à atteindre qu’ils puiseront le pouvoir de vaincre les obstacles.

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