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Grèce, Espagne, Portugal, Irlande, Angleterre..., la crise rebondit en Europe

23 février 2010, 19:36, par Robert Paris

Vers une crise systémique des finances publiques ? La Grèce n’est qu’un signe avant coureur.

athens-420x0.1266899557.jpgSi la crise des institutions financières semble être en passe de se résoudre, en tous cas pour les grandes institutions, une nouvelle crise financière est en train de prendre de l’ampleur : celle des finances publiques.

La Grèce a trafiqué sciemment et avec l’aide des banques ses chiffres d’endettement. Elle atteint un niveau record d’endettement par rapport à son Produit National Brut, lui-meme grossièrement sous-estimé vu l’importance de son « économie parallèle ».

Le Premier Ministre Papandreou a expliqué qu’il souhaitait simplement « se financer aux mêmes conditions que les autres pays de la zone Euro ». Ce manque de réalisme à la veille d’une opération d’émission d’obligations internationales montre a quel point les autorités grecques vivent en dehors de la réalité. Le rendement des obligations existantes de la Grèce se traitent a un niveau de 6.1% alors que celles de l’Allemagne, le meilleur crédit de l’Europe, se traitent a 3.9%. Or la Grèce doit refinancer € 20 milliards sur les 300 en cours d’ici la fin du mois de mai. La Commerzbank vient de publier un calcul qui établit cette dette à € 400 milliards. Bref, on nage en plein délire.

Sommes nous bien surs que la Grèce est le seul pays concerné ? L’endettement de l’Italie est à peu prés au même niveau. La plupart des pays de la Zone Euro sont au-delà du ratio de 60% prévu dans le cadre du Pacte de Stabilité. On va blâmer la crise : elle a certes aggravé la situation, non pas tant dans le soutien des banques que dans les programmes de relance économique. L’Europe est déjà considérée comme une zone a problèmes par les investisseurs, et la baisse de l’Euro, bienvenue pour des raisons commerciales , reflète un manque de confiance dans la zone Euro et dans la manière dont le problème a été traité au niveau européen.

Mais la tache d’huile s’étend : depuis la fin de 2009, la marge des dérivés sur crédits de l’Allemagne, la Grande Bretagne et les Etats-Unis a double. En clair, pour se protéger du risque de crédit que représentent les Etats-Unis, le marché demande 0,6% contre 0,3% il y a trois mois. Le déficit budgétaire américain a dépassé $ 12 billions. La Grande Bretagne est en pleine débâcle budgétaire. L’Allemagne elle-même voit son CDS augmenter. Si l’on y ajoute la Japon, dont l’endettement public atteint 200% de son Produit National Brut, on mesure l’ampleur d’un risque systémique pour les pays Occidentaux, dont l’endettement a quasiment doublé depuis 2000.

Même si ceci pose des questions inquiétantes sur le marché des Credit Default Swaps (CDS), ils ne sont pas responsables d’un manque généralisé de discipline fiscale qui a rendu certains pays vulnérables avant même la crise financière.

Ce sont les pays émergents qui, de manière paradoxale, font figure de bon élève avec un taux d’endettement par rapport au PIB qui n’a quasiment pas augmente depuis 2000. Mais une crise des finances publiques des pays industrialisés les affecterait immédiatement, que ce soit justifié ou non.

C’est donc dès maintenant un signal d’alarme qui traverse l’ensemble du marché des dettes « souveraines », le plus grand marché du monde. L’Austérité est maintenant a l’ordre du jour, et sans échappatoire. Finies les réductions fiscales ou les dépenses somptuaires. Finie la course a la Lune. Nous devons abandonner nos illusions : il n’y aura aucun moyen de nous protéger de cette déferlante. Nous avons encore la possibilité de diminuer le risque en prenant des décisions difficiles, certes, mais vitales. « Nous vivons une ère de risque systémique sans précédent », déclare Riskmetrics.

La Grèce est le Lehman Brothers des finances publiques : elle ne peut cependant tomber en faillite. Mais sa crise n’est que la première d’une crise systémique. Il faut agir avec détermination et transparence : la dette publique de l’OCDE atteint maintenant 90% du PNB. C’est proprement insoutenable. C’est en coordonnant ces efforts que nous arriverons à éviter la catastrophe. Cette fois, au niveau mondial le Fonds Monétaire International est le forum tout désigné.

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