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Chronologie syndicale de la trahison des luttes ouvrières en France et dans le monde

22 février 2010, 15:14, par salariés Amora-Maille

Un exemple de trahison syndicale :

Vendredi 27 mars 2009 5 27 /03 /2009 10:54
Une sortie de crise plus aigre que douce
Un protocole d’accord a été signé hier après-midi. Le travail devrait donc reprendre dans les usines Amora. Mais sous le papier, les délégués syndicaux dénoncent une véritable trahison... syndicale.
Il paraît que sortir d’un conflit est toujours plus douloureux et difficile que d’y entrer. La signature du protocole d’accord survenue hier entre l’intersyndicale (FO/CFDT/CGT) d’Amora-Maille et la direction illustre parfaitement cette règle non-écrite.
Certes, sortie du conflit il y a bien. Certes, l’accord prévoyant, en plus des mesures du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) déjà acceptées par les représentants du personnel, une indemnité de préjudice de 50 000 € à laquelle s’ajoute une indemnité légale pouvant conduire ce montant à un maximum de 100 000 € va bien entrer en vigueur. Il comprend également le rapatriement d’une ligne de production de vinaigrette de République tchèque à Chevigny et le décalage du 1er juillet au 1er septembre prochain de l’arrêt de l’activité de l’usine d’Appoigny, dans l’Yonne.
Des traces sociales et humaines
Mais l’accord ne rendra jamais compte de l’état d’esprit dans lequel les acteurs de cette crise ont vécu les dernières heures qui ont précédé la signature. Si sortie de crise il y a bien, avec, officiellement, une reprise du travail fixée à ce matin, cette semaine de blocage aura laissé des traces, sur les plans social et humain.
Si la confrontation entre une direction et des représentants du personnel reste une composante inévitable de tout conflit social, il est plus étonnant d’entendre ces mêmes représentants du personnel avoir des mots très durs envers… les centrales syndicales.
Pourtant, le matin, lors de l’assemblée générale des grévistes devant les grilles du site de Chevigny-Saint-Sauveur et l’après-midi, devant l’hôtel Mercure de Dijon où avait eu lieu la signature, le sentiment d’avoir été trahi par des directions syndicales parisiennes coupées du terrain s’exprimait sans ambiguïté.
Le point limite
L’accord de sortie de crise n’a en fait été signé que par le représentant de la CFDT, la CGT et FO estimant pour leur part que le compte n’y était pas. Cet accord, signé par une organisation minoritaire dans l’absolu, pourrait faire l’objet d’une contestation par voie de justice. Mais il n’en sera rien : « J’ai évoqué cette possibilité, soulignait Jean-Pierre Cordier, délégué FO chez Amora, et Hervé Laureau, le P-dg d’Amora-Maille, m’a répondu de manière très claire : si nous faisions cela, Unilever aurait décidé de fermer l’usine de Chevigny. C’est dégueulasse, mais je refuse de prendre la responsabilité de mettre en péril l’emploi de 137 autres personnes. »
Dont acte. Restent les conditions dans lesquelles Bernard Deschamps, délégué syndical central de la CFDT au sein d’Amora-Maille, a été conduit à parapher le document (voir ci-dessous).
Ces dernières scandalisent les autres représentants du personnel ayant participé aux négociations même si, dans le même temps, Bernard Deschamps et les autres représentants de la CFDT présents hier à l’assemblée générale de Chevigny réaffirmaient que, malgré tout, cet accord représentait une avancée réelle et que de leur point de vue, la responsabilité syndicale consistait également à ne pas prendre le risque de tout perdre, à savoir jusqu’où l’on pouvait aller dans le rapport de force.
Pour eux, même si, sur la méthode, il y aurait beaucoup à dire (voir ci-dessous), le conflit chez Amora était parvenu à ce point limite. Un sentiment qui n’était pas partagé par les autres composantes de l’intersyndicale. Néanmoins, jusqu’au bout et malgré des différences de perception, la conduite du conflit se sera voulue disciplinée et opposée aux débordements.
Dans tout conflit - et celui d’Amora ne fait pas exception - il y a les réalités humaines et des contextes globaux qui, pour des raisons parfois obscures, doivent conduire les délégués syndicaux à signer des accords ne faisant pas l’unanimité.
La réalité humaine, c’était, hier, ce gréviste qui expliquait qu’avec une épouse lourdement handicapée et une maison adaptée dont il avait dû faire l’acquisition, s’il perdait son travail, même avec l’indemnité de 50 000 €, il était mort.
Entre l’enclume de ces réalités et le double marteau de la direction du groupe Unilever et des orientations voulues par les centrales syndicales, la vie de délégué chez Amora était un peu plus lourde à porter, hier.

Berty ROBERT

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