Accueil > ... > Forum 5571

Quelles perspectives, quels obstacles, quels pièges, quel avenir pour la révolte sociale en Algérie et en Tunisie qui touche au coeur toutes les capitales de Ammam à Rabat et de Beyouth à Damas

14 janvier 2011, 12:56, par MOSHE

Quelles perspectives, quels obstacles, quels pièges, quel avenir pour la révolte sociale en Algérie et en Tunisie qui touche au coeur toutes les capitales de Ammam à Rabat et de Beyouth à Damas ?

Dans les rues de Tunis malgré les forces armées

Le 12 janvier, des sources de l’opposition ont fait état du limogeage du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar. Celui-ci aurait refusé de donner l’ordre aux soldats de réprimer les émeutes et exprimé des réserves sur "un usage excessif de la force". Bien évidemment de telles déclarations sont à prendre avec des pincettes. On voudrait créer artificiellement un homme populaire issu de l’armée, en cas de recrudescence de la révolte, on ne s’y prendrait pas autrement. On sauverait ainsi le pouvoir militaire et la dictature en sacrifiant Ben Ali... si nécessaire.

Dans une troisième intervention à la télévision d’Etat, le président tunisien a ordonné à son armée de cesser d’utiliser les armes à feu contre les manifestants. Il a également annoncé une baisse du prix du pain, du lait et du sucre. Promis la liberté de la presse. Et laissé entendre qu’il passerait la main en 2014...

C’est un retournement historique qui s’est produit ce soir en Tunisie. Zine el Abidine semble avoir enfin pris la mesure du mécontentement qui gronde, en Tunisie. Dans une intervention à la télévision d’Etat - la troisième depuis le début des échauffourées, mais la première prononcée en arabe dialectal, histoire, sans doute, d’être compris du plus grand nombre - le président tunisien a annonce toute une série de mesures, destinées sans aucun coute à calmer les esprits.

Le catalogue de ces mesures est plutôt impressionnant : d’abord, il ordonne aux forces de l’ordre de ne plus faire usage d’armes à feu contre les manifestants. Ensuite, il annonce une baisse des prix du pain, du lait et du sucre - histoire de ne pas oublier que tout est parti de là, de la cherté de la vie. Et ce n’est pas tout : il promet la liberté de la presse et la fin des mesures de blocages des sites internet. Last but not least, il annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat, lors de la prochaine présidentielle prévue en 2014. “Je refuse que la condition délimitant l’âge du candidat à la présidentielle soit touchée”, dit-il. L’âge maximum est de 75 ans, et Ben Ali en a aujourd’hui 74.

Enfin, il y a cet aveu : Ben Ali confesse avoir été “trompé” sur l’analyse de la crise. Comme on ne se refait pas, il a ordonné une enquête, pour établir l“es responsabilités de chacun”...

Dans l’immédiat, cette intervention télévisée a été saluée par des cris de joie en Tunisie. Dans la capitale, Tunis, l’envoyée spéciale de France Info signale que la population est en train de descendre dans la rue en affirmant sa joie.

La question, en Algérie comme en Tunisie, est : est-ce que la population va accepter quelques promesses et est-ce que le pouvoir sera sauvé ?

La deuxième question est donc : est-ce que les dictateurs vont faire le dos rond, laisser passer la colère et se maintenir.

Rien de sérieux ne changera si on ne renverse pas non seulement le dictateur mais le régime des oligarques. Seule la révolution menée par les travailleurs peut y parvenir.

Le troisième risque est que le régime se maintienne sans que le dictateur reste. Il suffirait que Bouteflika ou Ben Ali quittent le pouvoir pour que les oligarques s’en sortent.

Par exemple, en Tunisie, si la révolte continuait, le pouvoir pourrait mettre en avant ce général qui a soi-disant refusé de tirer sur le peuple...

Les pièges à venir ne manquent pas. Comment y faire face ? La première des choses est d’utiliser les soi-disant reculs du pouvoir pour s’organiser.

Le peuple travailleur et le jeunesse doivent construire partout des comités. Le pouvoir accepte la démocratie ? Eh bien qu’il laisse les travailleurs et les jeunes constituer ces comités populaires pour discuter entre eux de leurs revendications.

La révolte a aujourd’hui"hui un écho qui dépasse largement les frontières. Elle touche les pays européens et, plus encore, le monde maghrébine et arabe... Dans des pays comme le Liban la population est aussi révoltée même si on détourne cette révolte par des luttes politiciennes entre clans de la bourgeoisie. Mais la révolte du Maghreb y a un profond écho.

Ce que vont faire les travailleurs algériens et tunisiens a une grande importance. C’est eux qui sont porteurs d’un avenir... Ils ont absolument besoin de s’organiser en comités car ils ne disposent d’aucune forme autonome d’organisation. Il faut que cette forme d’organisation reflète la mobilisation et soit contrôlée par leurs participants. Seuls des comités se fédérant à l’échelle nationale pourraient y répondre.

La révolte est déjà parvenue à faire peser la menace à la fois sur les dictateurs, sur la dictature et sur les classes dirigeantes qui en profitent, y compris sur celles du reste du monde. il suffit de voir les craintes exprimées à paris et Washington.

Mais il ne suffit pas de faire peur. C’est même très dangereux de faire peur quand on s’en tient là. Une révolution qui s’arrête en chemin mène à la catastrophe, rappelait le révolutionnaire Saint Just.

Le peuple algérien, par exemple, a payé cher sa révolte de 1988. Le syndicat UGTA était parvenu à cantonner la grève générale dans les usines avant de les faire arrêter, laissant ainsi les jeunes révoltés seuls face à la répression d’octobre. Le pouvoir a alors fait semblant de reculer octroyant le multipartisme et la démocratie. mais c’était pour mieux faire payer ensuite sa révolte au peuple en aidant le FIS às e développer pour ensuite déclencher la guerre contre les civils.

Aucune classe dirigeante n’a laissé vivre un peuple qui s’était révolté. Quand on commence à menacer le pouvoir, il faut aller jusqu’à le faire tomber et ne pas accepter de compromis.

On ne menace pas un tigre, on le tue !

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.