Accueil > ... > Forum 5601

Editorial 15-01-2011 - Tunisie : le dictateur est tombé mais pas (encore) la dictature

16 janvier 2011, 17:54, par saïd

Quatre états arabes présentent certaines similarités avec la Tunisie : la Jordanie, l’Egypte, la Syrie et le Yémen.

En Jordanie en Egypte et au Yémen, de très larges segments de la population souffrent d’une extrême pauvreté, lourde de dangers pour la stabilité de ces pays, tandis que les prix des denrées de première nécessité augmentent régulièrement, créant de nouvelles poches de misère.

Au Royaume hachémite, des manifestations contre la vie chère ont éclaté ces derniers mois. Difficile pourtant d’envisager un scénario à la tunisienne en Jordanie. Pour plusieurs raisons. La première c’est que le pays est l’allié de l’Occident, des Etats-Unis en particulier mais aussi d’Israël – dont il est le glacis de sécurité – et que ces deux puissances ne laisseront jamais tomber le roi Abdallah au profit des islamistes ou des Palestiniens, majoritaires sur la rive orientale du Jourdain. D’autre part, contrairement à la Tunisie, l’armée jordanienne, composée quasi exclusivement de bédouins, est et restera loyale au souverain, et elle n’hésitera pas elle à réprimer dans le sang une révolte populaire. Enfin, les services de renseignements jordaniens ont infiltré depuis longtemps leurs « ennemis » intérieurs et savent donc assez bien ce qui se trame chez les islamistes ou parmi les réfugiés palestiniens des camps.

En Egypte également, l’armée est politisée et veille au grain pour protéger Hosni Moubarak, qui devra tout de même – sous la pression américaine – accroître le champ des libertés pour ses concitoyens.

C’est en Egypte que l’épouvantail islamiste agité par le régime pour survivre peut encore le mieux fonctionner auprès des pays Occidentaux. Les Frères musulmans représentent en effet une alternative au pouvoir du vieux raïs âgé de plus de 80 ans et qui pourrait briguer un nouveau mandat en septembre prochain.

La Syrie est sans doute le pays où la contestation d’un pouvoir accaparé par un clan ressemble le plus à la Tunisie. La famille Assad au sens large est critiquée pour son appétit des affaires. Comme en Tunisie sous Ben Ali, les sociétés françaises qui se sont implantées en Syrie savent auprès de quels intermédiaires il faut s’adresser pour décrocher des contrats. Mais la Syrie de Bashar al-Assad a été plus clairvoyante que la Tunisie de Ben Ali : elle a su associer au partage de la manne de très nombreuses familles issues de la majorité sunnite, qui n’ont pas intérêt à voir le régime tomber, quelque soit le degré d’hostilité qu’il leur inspire. La Syrie a su s’ouvrir économiquement, sans s’ouvrir politiquement. C’est sans doute dans cette voie minimale que les pays arabes vont être contraints de s’engager aujourd’hui.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.