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Débat avec l’extrême gauche sur la Tunisie

28 janvier 2011, 08:32, par WSWS

La réaction du NPA face à l’agitation politique et sociale en Tunisie était en concordance avec la réaction des principales puissances impérialistes, les Etats-Unis, la France et d’autres pays de l’Union européenne. Ils ont tous encouragé un accord entre les partis officiels d’ « opposition, » la bureaucratie de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et les membres restants du régime de Ben Ali. Leur objectif, présenté comme « démocratie » voire même « révolution démocratique, » est la formation d’un gouvernement d’unité nationale fondé sur l’ancienne dictature de Ben Ali.

Reprenant l’appel du président américain Barack Obama à des « élections libres et justes dans un avenir proche, » le palais présidentiel de l’Elysée en France a appelé à « une solution démocratique et durable à la crise actuelle. »

Ces positions cyniques ont aussi été avancées par la « gauche » bourgeoise. La dirigeante du Parti socialiste (PS) Martine Aubry a cyniquement lancé un appel au ministère français des Affaires étrangères, partisan des plus fidèles du régime de Ben Ali, à « s’engager sans ambiguïté en faveur de la démocratie en Tunisie. »

En droite ligne avec l’élite dirigeante, le NPA a cherché à présenter les développements en Tunisie non pas comme une lutte de classes révolutionnaire contre la dictature et l’impérialisme, mais comme une lutte syndicale « démocratique. »

Sa déclaration du 5 janvier décrivait la lutte tunisienne comme une « Intifada, » évoquant la lutte nationale du peuple palestinien pour les droits démocratiques au sein de l’Etat d’Israël. Mais tel n’est pas le caractère du récent soulèvement en Tunisie. Il s’agit d’un soulèvement de la classe ouvrière contre le chômage et la dictature, et cherchant à renverser le régime de Ben Ali.

Après le déclenchement des manifestations, le NPA a soutenu le syndicat tunisien Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), partisan de longue date du régime Ben Ali, qui avait participé à l’application de sa politique de réforme d’économie libérale. Sa déclaration du 5 janvier dit : « La seule force qui maille le pays, faute d’opposition en capacité de le faire, c’est l’UGTT, la centrale syndique unique. »

Cette déclaration félicite des membres de l’UGTT qui se sont personnellement déclarés en solidarité avec les manifestations. Elle dit : « Nombre d’unions locales et régionales soutiennent la population, mais ne l’organisent pas. »

C’est un mensonge. Non seulement l’UGTT n’a « pas organisé » les manifestations, mais elle n’a appelé à aucune grève de soutien. Ils n’ont pas « soutenu » la population, mais bien plutôt le régime de Ben Ali.

Tandis qu’il ment et sème la confusion quant au rôle des syndicats, le NPA est tout à fait conscient du rôle pro-gouvernemental de l’UGTT. En effet, il reconnaît en passant que le bureau national de l’UGTT a initialement publié une déclaration dénonçant les manifestations : « Reste à déplorer l’attitude de la direction confédérale de l’UGTT qui s’est désolidarisée officiellement de mobilisations organisées par certaines de ses structures et des slogans hostiles au régime qui y étaient scandés. »

En fait, bien que le NPA ne le reconnaisse pas, l’UGTT a été un élément du régime de Ben Ali. Elle a publiquement soutenu Ben Ali lors des deux dernières élections présidentielles et soutenu ses coupes sociales. Dans une interview accordée au journal tunisien Achourouk avant la chute de Ben Ali puis affichée à nouveau sur le site de l’UGTT, le secrétaire de l’UGTT Abdessalem Jerad déclarait : « Le mouvement réformateur conduit par le Président Zine El Abidine Ben Ali constitue une mutation qualitative dans le processus d’édification de la Tunisie moderne. »

En soutenant le programme de réforme de Ben Ali, l’UGTT a soutenu les diktats de l’élite financière et du FMI qui ont institué « des programmes d’ajustement structurels » en privatisant la plus grande part de l’économie et en autorisant un niveau sans précédent de « libre échange. » Ces mesures ont empêché des milliers de jeunes Tunisiens comme Bouazizi de trouver du travail, tandis que les élites haut placées de Tunisie s’enrichissaient.

Jerad s’est félicité des relations du président avec l’UGTT et dit qu’il était impatient de travailler avec le gouvernement et a rampé devant Ben Ali : « Notre fierté était encore plus grande que nos programmes rejoignaient les objectifs définis par le Président Ben Ali. Nous n’avons pas hésité alors à l’appuyer parce qu’à l’UGTT nous ne prêtons pas allégeance aux personnes, ni cherchons à leur plaire. Nous soutenons, plutôt, les programmes et les réformes. »

En promouvant l’UGTT comme une force d’opposition en Tunisie, le NPA démontre son profond désintérêt et son hostilité envers les revendications sociales de la classe ouvrière. De plus ce n’est pas un accident mais cela reflète organiquement les positions du NPA. En France et de par l’Europe, le NPA insiste pour dire que l’opposition de la classe ouvrière à la politique d’austérité sociale devrait être subordonnée aux syndicats droitiers déterminés à négocier les coupes sociales avec les gouvernements bourgeois. Ceci a conduit à la déclaration tristement célèbre de membres du NPA disant qu’il ne devrait y avoir qu’une opposition « symbolique » aux actions policières pour briser la grève dans les raffineries françaises.

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