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Planète des sans papiers

28 novembre 2013, 08:26

Dans une tribune publiée hier dans le « Financial Times », le Premier ministre britannique David Cameron se dit favorable à la limitation du nombre de migrants en provenance de l’Union européenne et s’attaque au principe de libre circulation des Européens. Jamais jusqu’ici un dirigeant européen n’avait tenu de tels propos. La Commission européenne a aussitôt rappelé que la possibilité de vivre, travailler et étudier n’importe où dans l’Union est le droit que les Européens chérissent le plus.

Mais David Cameron, qui doit faire face aux surenchères du parti populiste anti-européen UKIP, qui mène une campagne féroce contre l’ouverture du marché du travail britannique aux Roumains et aux Bulgares le 1er janvier prochain, propose, lui, de durcir la politique migratoire intra-européenne. D’un côté, il annonce que la Grande-Bretagne fera tout pour ne pas donner envie de venir chez elle : limitation des prestations chômage et des allocations logement, renvoi avec interdiction de revenir pendant un an de tous ceux qui « ne sont pas là pour travailler - s’ils mendient ou dorment dans la rue » et pénalisation lourde des employeurs qui ne versent pas le salaire minimum.

A cet égard, la Commission ne peut rien dire : la libre circulation n’impose pas aux Etats membres de distribuer des « bénéfices sociaux » aux immigrés d’autres pays européens. Tout juste impose-t-elle de les traiter comme les citoyens nationaux s’ils sont légalement installés pour travailler ou pour des raisons familiales. En revanche, Bruxelles a toutes les raisons de s’inquiéter des propos de David Cameron sur la nécessité de contrôler les « vastes mouvements de population ». En Europe, la mobilité annuelle transfrontière reste faible : 0,29 % contre 2,40 % aux Etats-Unis. Et surtout quand il propose de ralentir l’accès au marché du travail des pays « riches » tant que les pays de départ n’ont pas atteint un certain niveau de richesse (PIB/tête). Pauvres ou riches, le droit de circulation est a priori le même pour tous.

A Bruxelles, on constate que la peur de l’immigration devient un ferment de division entre les Etats. En France, Michel Sapin a présenté hier un « plan de lutte » contre les abus liés au détachement de travailleurs en Europe. Faute d’espérer pouvoir obtenir gain de cause à Bruxelles, en raison de l’opposition notamment de la Grande-Bretagne, qui ne veut pas entendre parler du projet de durcissement de la directive, au nom cette fois de la défense du libéralisme, Paris a donc choisi de légiférer en interne. Une attitude plus constructive selon Bruxelles que celle, jugée contradictoire, du Royaume-Uni qui avait toujours plaidé jusque-là pour l’élargissement de l’Union européenne.

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