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Bouteflika, réélu pour la quatrième fois président bien que grabataire, se propose de développer l’amnistie générale des crimes des classes dirigeantes

19 avril 2014, 18:56

Sitôt installé, il s’attelle à vendre « sa » (?!) Concorde civile par voie plébiscitaire, le 16 septembre 1999. Un projet de loi de « grâce aministiante » dont les principes émanent de l’ordonnance du 25 février 1995 initiée par l’ancien président Liamine Zeroual. Sans débat préalable, le 29 septembre 2005, la « Concorde civile » se mue en « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » par un autre référendum. Un mois auparavant, le 22 août, Amnesty International dénonçait « un référendum organisé pour effacer les crimes du passé ». Avec du recul, même s’il y a eu un relatif retour à la « paix civile » (car le terrorisme frappe toujours en Algérie), il n’en demeure pas moins que la « vente » a été concomitante. Il y a eu troc contre troc, « paix » contre « oubli ». Paix des cimetières contre impunité. Un marché de dupes. Or, on ne peut pas faire abstraction de la douleur des familles des 200 000 morts, des dizaines de milliers de disparus. Depuis 1998, les familles de ces derniers se rassemblent chaque mercredi devant la Commission nationale pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, à Alger. Ils clament le droit à la vérité, la justice et la mémoire. On ne bâtit pas l’avenir d’une nation sur du sable mouvant. Pas plus qu’on ne peut crier victoire tant les plaies sont toujours béantes. Oui pour la réconciliation, mais aussi pour la justice. Sans justice, aussi humaine soit-elle, le spectre des victimes nous hantera jusque dans nos rêves les plus fous pour ce pays, aussi longtemps que durera notre lâcheté d’imbéciles heureux. Sans mémoire apaisée il n’y a point de salut. Des voix de conscience nous interpelleront pour nous rappeler, à chaque instant, que nous les aurions sciemment oubliées. Peut-être même qu’elles nous harcèleront jusqu’à ce que perte de raison s’ensuive. Cessons donc d’ânonner à longueur de journée, ou de colonnes, les "faits d’armes" de Bouteflika. Nous avons lâché la proie pour l’ombre.

Cela étant dit, on ne peut pas endosser tout notre malheur national à l’actuel Président "désigné". Mais on ne peut pas non plus l’en exempter. Car il a toujours fait partie du système. Donc prisonnier de son passé dont il ne peut se soustraire. Nous nous limitons à ces 15 dernières années pour dire que Bouteflika n’a rien d’un homme d’Etat. Non seulement il n’a rien apporté au pays, mais il nous a enfoncés davantage dans le pétrin. Il a toujours été un homme plutôt porté sur le passé, imbu de sa petite personne, qu’il est arrivé au pouvoir en revanchard. C’est un homme tourmenté qui voit partout des spectres le malmener, se croyant en butte à des ennemis invisibles, qu’il se tient sur la défensive. Il se bat contre des moulins à vent. Il fait et défait ses hommes au gré de ses sautes d’humeur machiavéliques. Roublard, il fait sortir certains d’entre eux par la fenêtre pour les faire revenir après par la grande porte. C’est quelqu’un qui ne s’embarrasse pas de ses contradictions flagrantes, qui a toujours cultivé une chose et son contraire à la fois. Pas plus qu’il ne s’embarrasse de son hagiographie de chef révolutionnaire, qui cache mal son passé sous une dorure spécieuse de la légende d’Abdelkader El Mali. Enfants désabusés, nous disions chez nous, en Kabylie : "Tarr tarr", pour déjouer un mensonge patent de nos aînés. Nous avons tous à l’esprit les "aventures prodigieuses" de Tartarin de Tarascon, d’Alphonse Daudet !

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