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Compter sur la conscience de classe, n’est-ce pas contraire au matérialisme ?

23 septembre 2014, 11:50, par Robert Paris

Léon Trotsky écrivait le 31 octobre 1914 :

Nous, marxistes révolutionnaires, n’avons aucune raison de perdre espoir. L’époque dans laquelle nous entrons sera notre époque. Le Marxisme n’est pas vaincu. Au contraire : si le grondement de l’artillerie sur tous les champs de bataille européens signifie la faillite des organisations historiques du prolétariat, il proclame la victoire théorique du Marxisme. Que reste-t-il à présent du développement « pacifique », de l’effondrement des contradictions capitalistes, de l’accroissement mesuré et progressif du Socialisme ? Les réformistes, qui espéraient « arriver » en faisant collaborer la Social-démocratie avec les Partis bourgeois, en sont réduits à souhaiter une victoire des armées nationales. Ils comptent sur les castes dirigeantes pour exaucer les vœux des prolétaires en récompense de leur patriotisme. Cette conception serait complètement « imbécile », si elle ne dissimulait pas un espoir beaucoup moins « idéaliste « : la victoire apporterait à la bourgeoisie de la nation victorieuse une base plus large d’enrichissement au détriment des autres bourgeoisies vaincues et permettrait un partage des « dépouilles » avec le prolétariat de cette nation au détriment des autres prolétaires. Le Réformisme socialiste s’est métamorphosé en Socialisme impérialiste.

Sous nos yeux, se produit la liquidation désastreuse de tout espoir en un meilleur bien-être du prolétariat mondial. Pour sortir de leur impasse, les réformistes cherchent, en contradiction avec leur doctrine, la force, non chez les travailleurs, mais chez les classes dirigeantes.

Après 1848, la bourgeoisie allemande renonça aux méthodes révolutionnaires. Elle confia aux féodaux le soin de régler la question de son développement par la solution guerrière. Le processus général du demi-siècle dernier a placé le prolétariat devant le problème de la Révolution. S’en détournant, les réformistes durent accepter les restes du Libéralisme bourgeois : ils laissent le soin aux féodaux de régler le problème que pose le prolétariat par la solution de la guerre. Mais là se termine l’analogie. La création de gouvernements nationaux a résolu le problème de la bourgeoisie pour toute l’époque passée et les guerres coloniales si nombreuses sont venues en complément pour élargir le champ d’action ouvert au développement capitaliste.

L’ère des guerres coloniales a conduit au conflit actuel. Après le partage du monde entre les puissances capitalistes, il ne restait plus à celles-ci qu’à s’arracher leurs conquêtes l’une à l’autre. Citons à nouveau les paroles de Georges Imer ! « Qu’on cesse de nous dire que le peuple allemand est arrivé trop tard »...

Un nouveau partage des colonies n’élargit pas la base du développement capitaliste ; ce qu’il gagne d’un côté, il le perd de l’autre. Un apaisement momentané de la lutte des classes en Allemagne ne serait atteint que par une recrudescence de ces mêmes conflits en Angleterre et en France et vice versa.

A ceci vient se joindre un facteur décisif : le réveil capitaliste des colonies auquel la guerre donnera une forte impulsion. La désorganisation de l’ordre mondial entraînera celle de l’ordre colonial. Les colonies perdront leur caractère « colonial ». Quoi qu’il en soit de l’issue du conflit, le résultat ne peut en être que l’amoindrissement de la base du Capitalisme européen. La guerre ne résout pas la question du prolétariat ; au contraire, elle la rend plus aiguë. Et voici le monde capitaliste placé devant ces deux possibilités : Guerre permanente ou Révolution du prolétariat. Si la guerre a « passé par-dessus » la tête de la IIe Internationale, ses conséquences immédiates la feront passer par-dessus celle de la bourgeoisie mondiale. Nous ne nous livrons pas au désespoir devant le naufrage de l’Internationale, cette vieille forme idéologique balayée par l’Histoire L’ère révolutionnaire sera créée à partir des sources inépuisables du prolétariat qui s’élèveront à la hauteur des nouveaux problèmes. Nous nous mettons à l’ouvrage sous les aboiements enragés des mercenaires et le glapissement patriotique des chacals capitalistes. Nous gardons la tête froide au milieu de cette musique infernale de mort. Nous gardons la vue claire et nous nous sentons l’unique force créatrice de l’avenir ! Nous sommes plus nombreux qu’il ne le paraît ! Demain, nous serons incomparablement plus nombreux qu’aujourd’hui. Soixante-sept ans après la publication du « Manifeste », se grouperont sous notre drapeau des millions d’hommes qui n’ont rien à perdre, sauf leurs buts !

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