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Marx et Engels disaient-il que le capitalisme ne pouvait pas se détruire lui-même ?

25 septembre 2014, 17:01, par Robert Paris

Se détruire soi-même, le capitalisme le peut-il ? Et comment !

Une surprenante découverte vient d’être effectuée au Japon : « il n’y a pas de plancher au rendement de la dette ! », se sont effarés les analystes, après avoir enregistré que la Banque du Japon venait d’acheter des titres au rendement négatif, acceptant en conséquence de perdre de l’argent... Car c’est à ce prix que la banque centrale poursuit sa politique de création monétaire destinée à sortir vaille que vaille le pays de la déflation.

Les Européens se sont déjà habitués à ce que certains titres de la dette souveraine entrent en territoire négatif (expression soulignant qu’à partir de là, c’est l’inconnu), pas seulement pour l’Allemagne mais aussi dans le cas de la France, dont un éminent membre de la Fed, Richard Fischer, a récemment pourtant déclaré qu’elle est « extrêmement faible ». Il a été abondamment relevé que le paradoxe n’est qu’apparent, la BCE veillant au grain en cas de dérapage, en application d’une politique d’achat de titres de même nature que ses consœurs, à ceci près qu’elle n’a pas eu besoin de mettre sa menace à exécution.

Pourvues de pouvoirs magiques auxquels il est fait appel en dernier ressort, les banques centrales sont appelées à la rescousse.

Non seulement pour acheter à perte la dette publique, comme c’est le cas au Japon, mais aussi pour l’escamoter purement et simplement, à suivre les préconisation d’Adair Turner, installé dans son rôle d’iconoclaste, qui envisage que la banque du Japon en vienne faute de mieux à annuler une partie de la dette en sa possession, c’est à dire à la restructurer à ses dépens. Il est aussi proposé à ces institutions d’en garder indéfiniment les titres dans leurs livres, en s’accommodant de l’accroissement de la taille de leur bilan qui en résulte.

Les péripéties de l’affaire de la dette argentine sont toutes aussi étranges. Les autorités les plus responsables cherchent à écarter par de nouvelles mesures réglementaires les fonds vautours, ces empêcheurs de tourner en rond dont l’action pourrait faire obstacle à des restructurations ordonnées de la dette publique, quand faire la part du feu devient l’expression de la sagesse, et surtout de l’intérêt bien compris des investisseurs. En moins charitable, ces mesures visent aussi à couper court aux velléités d’instauration d’un tribunal international de la dette dont la mission serait de prononcer des remises de peine.

A ce propos, les conseillers d’Aléxis Tsipras, président du parti grec Syriza, ont élaboré une proposition qualifiée d’ingénieuse par le journal. Au lieu de continuer à appeler dans le vide à une conférence européenne sur la dette, leur idée serait de lier l’intérêt de la dette et le taux de croissance de l’économie du pays, partant de la constatation que 80% de la dette grecque est détenue par des institutions publiques, et que son taux est de 175% du PIB, ce qui rend de toute façon inévitable une restructuration.

La dette japonaise, pour y revenir, à atteint le taux de 230% du PIB, si l’on s’en tient à ce critère par ailleurs absurde mais dont l’usage prévaut à tort !

Qui dit mieux ? L’Italie prend le chemin du Japon, son ratio de dette continuant à croître inexorablement et allant atteindre cette année 137,5% (il était de 103,3% en 2007), faute d’une toujours aussi problématique croissance. Mais la BCE ne pratiquant pas la politique de la Banque du Japon, cette tendance va vite devenir insoutenable. Devant cette réalité, il ne sert à rien de se voiler la face.

Le capitalisme ne fait que des opérations de Madoff pour tenir un tout petit peu plus longtemps mais ses opérations le mènent à couler toujours plus surement, même si c’est quelques années plus tard. En attendant, il ne se contente pas de faire de l’économie, il fait de la politique... guerrière et prépare les peuples à la boucherie internationale....

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