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Luttes de classe au Canada

21 mai 2017, 13:20

Le premier ministre libéral du Québec, Philippe Couillard, a signifié clairement que son gouvernement agira rapidement pour mettre un terme à une possible grève dans l’industrie de la construction, qui compte 175.000 travailleurs.

Évoquant de manière à peine voilée le recours à une loi spéciale, Couillard a déclaré : « Les activités de construction sont un aspect vital de notre économie au Québec. Comme premier ministre, je ne resterai pas les bras croisés devant un ralentissement des activités avec des conséquences économiques importantes sans agir. »

Inquiète qu’une grève parmi les travailleurs de la construction, une section historiquement combative des travailleurs, puisse rapidement devenir le fer de lance d’un mouvement plus large de l’ensemble des travailleurs contre l’austérité capitaliste, la classe dirigeante québécoise est déterminée à tuer dans l’œuf toute rébellion de ces travailleurs. L’industrie de la construction représente 12 pour cent de l’économie québécoise.

Les déclarations de Couillard sont survenues moins de 24 heures après que tous les secteurs de l’industrie (la construction résidentielle, le génie civil et la voirie, l’industriel ainsi que l’institutionnel et le commercial) ont voté à plus de 93% en faveur d’une grève, qui pourraient survenir dès le 22 ou le 24 mai. Tous les travailleurs de la construction sont affiliés à l’Alliance syndicale, un regroupement de plusieurs syndicats en construction.

Les travailleurs de la construction, qui ont déjà fait d’importantes concessions au niveau des salaires et des conditions de travail en 2013-2014, s’opposent aux exigences du patronat, qui réclame « des gains de flexibilité et de productivité ». Parmi les demandes patronales, on trouve le paiement des cinq premières heures supplémentaires à temps et demi plutôt qu’à temps double et la possibilité de faire travailler les ouvriers à temps simple le samedi en cas de journée perdue par le mauvais temps au cours de la semaine.

Malgré leurs critiques verbales, les chefs syndicaux n’ont aucune intention de défendre les acquis de leurs membres ni de faire d’une grève le catalyseur d’un plus vaste mouvement de la classe ouvrière en défense des salaires et des emplois.

La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), qui regroupe plus de 600.000 membres et à laquelle une importante partie des travailleurs en construction est affiliée, ne donne aucun détail des demandes syndicales. Mais plus significativement encore, l’Alliance syndicale n’a pas réagi aux propos de Couillard pour une loi spéciale.

Ce silence indique que, comme lors des dernières négociations collectives, les syndicats de la construction s’apprêtent à utiliser la menace d’un décret pour justifier leur capitulation et imposer les demandes du patronat.

C’est précisément ce que la bureaucratie syndicale a fait en 2015-2016 avec plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public qui luttaient contre l’austérité imposée dans les dernières décennies et les conséquences désastreuses sur la qualité des services publics et les conditions de travail. Après avoir maintenu un silence radio pendant des mois sur la possibilité d’une loi spéciale, les syndicats l’ont utilisée à la dernière minute pour forcer leurs membres à accepter les ententes au rabais.

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