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Comment Barcia-Hardy, fondateur de l’organisation française Lutte Ouvrière (ne pas confondre avec David Körner alias Barta, fondateur de l’Union Communiste Internationaliste – parfois appelée Union Communiste) a construit le mythe fondateur de son groupe en présentant à son avantage la grève Renault de 1947

21 octobre 2014, 06:56, par Robert Paris

Hardy, Bois, Barta, trois militants et dirigeants très différents

Robert Barcia dit Hardy a arrêté son activité militante tout jeune, à peine deux ans après l’avoir commencée et juste au moment où la vague de révolte ouvrière commençait en France et il ne l’a reprise que quand elle était bien finie. Il a ensuite nagé comme un poisson dans l’eau dans les situations de calme social où son drapeau rouge lui permettait de tenir un discours radical à une classe ouvrière dominée et battue. Il a été très capable dès qu’il s’agissait de développer des talents pour organiser des gens en période calme en leur faisant pratiquer une activité très peu révolutionnaire (élections, syndicalisme, édition de journaux et fêtes). Il a formé des militants qui se sont adaptés à ce type d’activité et de situation.

A l’opposé, David Körner dit Barta a dédié sa vie à la préparation de la révolution, que ce soit en Roumanie avant 1936 ou en France à partir de 1936, pendant et après la guerre. C’est pour y devenir un leader révolutionnaire que Trotsky lui a demandé de quitter la Roumanie. Il n’a pas pu avoir une action déterminante en France en 1936 car il y débarquait. Il n’est parvenu à former un noyau militant révolutionnaire que pendant la guerre. Lors de la montée insurrectionnelle des grèves de l’après-guerre, il a joué le rôle crucial car il s’y était préparé toute sa vie. Le retournement de la politique de l’impérialisme et de la bureaucratie du Kremlin a empêché que la vague gréviste explosive entraînée par la grève Renault de 1947 soit le début d’un soulèvement ouvrier. La CGT-PCF, n’étant plus liée au gouvernement, a pu diriger, canaliser, diviser, sans crainte de jouer au radicalisme et même en dépassant par son radicalisme l’état de combativité des travailleurs, contribuant à les démoraliser. Du coup, la position prise au sein de l’usine Renault de Billancourt, la formation d’un syndicat indépendant de la bureaucratie, qui avait été imposée au petit groupe révolutionnaire par la pression des travailleurs eux-mêmes, un syndicat massivement soutenu dans l’usine, s’est transformée en pression d’une activité par nature réformiste et, par contre, les idées communistes révolutionnaires sont restées isolées dans le cadre d’un stalinisme à son apogée et au sommet de son hystérie anti-trotskyte et en réalité anti-ouvrière, tout caché derrière les « victoires du socialisme réel ». La tentative de Barta de proposer au groupe de renoncer au syndicat indépendant de Renault afin de rester un groupe véritablement révolutionnaire a échoué, ne menant qu’à faire scissionner Pierre Bois avec une partie des camarades de Renault, puis à dissoudre le groupe. Ce qui a démoralisé momentanément mais fortement Barta, c’est la perte à la fois de nombreux militants mais aussi de la perspective révolutionnaire qu’il envisageait à l’après-guerre. La possibilité dans les usines de combattre directement la bureaucratie stalinienne et syndicale devenait pour un temps nulle et l’activité révolutionnaire en entreprise changeait complètement de caractère. La liaison possible avec la révolution coloniale disparaissait en même temps dans l’immédiat.

Pierre Bois a été formé dans cette lutte de la guerre et de l’après-guerre. Il a fait le choix de la classe ouvrière et du socialisme et il n’a jamais cessé d’être directement lié à sa classe. Il ne concevait pas l’activité politique comme celle d’un petit groupe faisant vivre des idées révolutionnaires en dehors de la classe ouvrière mais comme celle d’un militant vivant en socialiste au sein de sa propre classe. Il ne pouvait pas concevoir d’abandonner les travailleurs avec lesquels il avait lancé l’expérience du syndicat libre et démocratique contre les appareils. Les luttes théoriques, les luttes organisationnelles, le travail au sein de l’avant-garde n’ont jamais été sa tasse de thé, ni à l’UCI, ni à Socialisme ou Barbarie, ni à VO-LO. Etre un militant pour la cause du socialisme au milieu des travailleurs, faire du syndicalisme révolutionnaire à l’ancienne mode radicale était bien plus dans son tempérament. Il a cherché au sein des groupes où il militait à faire passer son souci de former des militants visant la construction du socialisme et n’attendant pas le « grand jour » pour s’en préoccuper.

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