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Lutte des classes en Iran et en Irak

7 janvier 2018, 12:10, par WSWS

Pour comprendre l’importance de la résurgence de la classe ouvrière iranienne pour le Moyen-Orient et la politique mondiale, il est nécessaire de l’examiner dans un contexte historique.

La révolution iranienne de 1979, qui a renversé le régime tyrannique du Shah parrainé par les États-Unis, il y a quarante ans, fut une explosion sociale massive, anti-impérialiste et avec la classe ouvrière à sa tête. Ce fut une vague grandissante de grèves politiques qui ont brisé le dos du régime du Shah, et dans les mois qui ont suivi, les travailleurs se sont emparés des usines, les mettant sous le contrôle des conseils ouvriers.

Mais ce début de révolution sociale expropriant la bourgeoisie iranienne et établissant une république ouvrière en alliance avec les travailleurs ruraux fut bloqué par les organisations prétendument socialistes, surtout par le parti Tudeh stalinien. Le parti Tudeh avait des racines profondes dans la classe ouvrière, qui avait une longue histoire de laïcité et de socialisme révolutionnaire. Mais pendant des décennies, le parti s’est orienté vers l’aile libérale impuissante de la bourgeoisie nationale puis, en 1979, s’est tourné vers l’ayatollah Khomeini pour le soutenir sans réserve, arguant qu’il était le chef politique de l’aile « progressiste » de la bourgeoisie et qu’il dirigeait une révolution « nationale démocratique » (ce qui revient à dire, capitaliste).

Ce vieux dignitaire religieux chiite était depuis longtemps une figure marginale sur le plan politique. Mais il a pu obtenir un soutien de masse chez les pauvres des zones urbaines et rurales en exploitant le vide politique créé par les staliniens et en utilisant des liens de longue date entre le clergé chiite et le Bazar, le bastion de l’aile traditionnelle de la bourgeoisie iranienne.

Dans une situation où la classe ouvrière était politiquement neutralisée par les staliniens, Khomeiny fut capable de réorganiser la machine d’État suite au renversement du Shah, tout en manipulant et en détournant le mouvement de masse, puis en rétablissant le pouvoir bourgeois par une répression sauvage de la gauche politique, y compris du parti Tudeh, et la destruction de toutes les organisations indépendantes de travailleurs.

Ces développements ont alimenté un processus plus large où, en raison des trahisons des staliniens, les forces islamistes ont pu profiter politiquement de la crise croissante des régimes et des mouvements bourgeois-nationalistes post-coloniaux, dont l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et de leur incapacité à réaliser leurs programmes bourgeois-démocratiques.

Avant sa mort en 1989, Khomeiny a supervisé un nouveau virage vers la droite de la République islamique, en se tournant vers le FMI et en faisant des ouvertures au « Grand Satan », l’impérialisme américain. Cela avait été préparé l’année précédente dans une nouvelle attaque féroce contre la gauche, où des milliers de prisonniers politiques ont été tués.

Au cours des trois dernières décennies, le gouvernement iranien a été dirigé par différentes factions de l’élite politique, y compris les soi-disant « réformistes » et les populistes chiites comme Ahmadinejad. Tous ont encore réduit les concessions sociales accordées aux travailleurs après la révolution de 1979 et ont réprimé sauvagement la classe ouvrière.

La presse occidentale depuis longtemps cherche à vilipender la politique et la vie sociale iraniennes. Mais à la base, l’expérience de la classe ouvrière en Iran reflète celle des travailleurs du monde entier, qui depuis des décennies font face à une attaque sans relâche contre leurs droits sociaux et ont été politiquement totalement privés de leurs droits.

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