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Edito - Islam = terrorisme, une équation trompeuse et un piège mortel

7 avril 2015, 07:06

Selon le vice-président du Front national, 100% des jihadistes ont été endoctrinés dans une mosquée. Mais selon les spécialistes, 100% de l’analyse de Florian Philippot est fausse...

En décembre 2014, Pierre Conesa, maître de conférences à Sciences-Po et ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, esquissait les grands axes d’une « politique de contre-radicalisation » dans un rapport commandé par la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme. Il y cite des sources des services judiciaires antiterroristes assurant que « 80% des retours de Syrie n’ont fréquenté ni la mosquée ni la prison ». Dans la même étude, il note que les « mosquées sont de moins en moins un lieu de radicalisation », et que celles « connues pour leur encadrement salafiste veillent à la parole publique. » Il constate par ailleurs que les mosquées régies par les structures officielles, à l’instar du CFCM, sont justement des cibles pour les salafistes, qui les considèrent comme des « collaborateurs de police » et « traîtres à l’Islam » de par leur rôle de « réseau d’alerte avancée ».

Comme l’a relevé le Huffington Post, d’autres spécialistes ont souligné le rôle décroissant des mosquées dans l’embrigadement jihadiste. Dans une interview au Monde en 2013, Mohamed-Ali Adraoui, chercheur à l’Institut d’études politiques de Paris, estimait que « grâce au système de surveillance mis en place dans les lieux de culte, il est aujourd’hui devenu quasiment impossible de se radicaliser dans une mosquée. […] Aujourd’hui, ceux qui ont l’intention de passer à l’acte se coupent des mosquées. »

Un constat partagé par le sociologue Farhad Khosrokhavar, directeur d’études à l’EHESS et auteur en 2013 d’un rapport sur la radicalisation en prison. Interrogé par Le Point sur le parcours des frères Kouachi et Amedy Koulibaly, il estimait que les mosquées ne sont « plus le lieu de socialisation islamiste radicale, d’autant qu’elles sont désormais plus ou moins sous surveillance », la radicalisation passant plutôt par « la prison, mais aussi à l’extérieur, comme sur Internet, ou par le biais d’amis. »

Enfin, un exemple très médiatique contredit les propos de Philippot. En novembre 2014, le parcours de Maxime Hauchard, un jeune normand de 22 ans identifié dans une vidéo de décapitations collectives de l’Etat islamique avait été retracé en détail, notamment dans Libération. Habitant dans une commune rurale de 3 000 habitants sans mosquée, le jihadiste expliquait s’être lui-même radicalisé avec des vidéos sur Internet. Selon Le Monde, si Hauchard allait « de temps en temps à la mosquée d’Elbeuf », un lieu de culte qui n’est pas réputé radical, il avait organisé seul son voyage pour la Syrie.

Par contre, fascisme et terrorisme sont des frères juneaux...

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