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Où en est la crise du capitalisme ?

8 mai 2016, 12:49

Salut Robert,

Je suis content d’avoir de tes nouvelles et de lire tes réflexions qui me paraissent intéressantes et me permettent en même temps de prolonger et de clarifier ma pensée..

1/ Sur la crise économique.

Il y a une différence entre la plus grave, la plus grande et la plus profonde en étendue même du fait de la mondialisation, des crises du capitalisme et sa "mort clinique" comme tu l’écris.
En effet :

a/ Ce sont les hommes qui font l’histoire et la bourgeoisie n’est pas la classe de la conscience universelle et marxiste. Elle ne peut pas comprendre qu’elle a fait son temps et qu’une autre société doit la remplacer. Si elle sait qu’elle est en difficulté, elle ne croit pas sa disparition possible. De toute façon, elle ne se fera pas hara-kiri toute seule. Déjà, "Il faut qu’elle ne puisse plus" comme le dit Lénine pour qu’un changement social soit possible mais nous devrons la renverser. Elle est seulement capable de faire la guerre pour se sauver une fois le dos au mur. (j’y reviendrai)

b/ Marx nous a appris que c’est la lutte de classe qui accouche de l’histoire. Seul le prolétariat peut renverser le capitalisme. Un système social ne disparaît pas de mort clinique. Nous n’avons vu cela ni des sociétés de chasseurs cueilleur, ni du despotisme asiatique, ni de l’esclavage, ni du servage. Il a fallu d’abord que les conditions sociales soient possibles et ensuite c’est la violence qui est accoucheuse de l’histoire et d’un monde nouveau.

c/ La crise économique se manifeste en dernier ressort du fait du faible taux des profits des entreprises. (de ce fait les capitalistes se détournent de la sphère de la production industrielle pour la spéculation financière). Pourquoi ce phénomène ? C’est la fameuse loi de la baisse tendancielle du taux de profit qui rentre en jeu.

La loi de la valeur nous enseigne que le taux de profit a tendance à diminuer du fait de l’accroissement du capital constant. A la fin d’un cycle de production qui se termine par une crise économique, pour se régénérer le capital doit donc détruire du capital constant dans une guerre, par exemple, voir du capital variable (des ouvriers sur le front). Et un nouveau cycle de production peut repartir à nouveau quand le capital a « assaini » les moyens de production. (voilà pourquoi je disais plus haut que j’y reviendrai : sur la guerre ou sur le fait que beaucoup d’entreprises ferment avec des licenciements massifs dans tous les pays pour ne laisser en place que les secteurs qui sont les plus rentables pour repartir dans un nouveau cycle de production)

Voilà pourquoi, je crois que ton raisonnement reste un peu « idéaliste ». Tu dois réintroduire dans la pensée les contradictions du capitalisme. Le monde est plus contradictoire et complexe même que de la façon dont je le décris là dessus. Mon raisonnement est volontairement réducteur afin de faire comprendre plus aisément et simplement les choses. Donc nous sommes d’accord que la crise est très grave mais il faut faire attention avant d’asséner un diagnostic aussi définitif que tu ne le fais.

Bien souvent, par le passé alors membre du CCI, j’ai eu ta vision au cours des dernières crises économiques et j’ai dû réfléchir plus avant depuis lors pour être moins péremptoire. En effet, quand je parlais de « décadence » du capitalisme j’omettais de dire que ce n’était qu’une tendance. Ceci dit sur ce point notre réflexion va dans la même direction : la gravité. Mais cela ne signifie pas « mort ». Attention, « il bouge encore » et il n’est que plus dangereux, comme un bête à terre !

2/ Tu dis : « tu interprètes les attaques anti-sociales par la nécessité de réduire les dettes dues à la spéculation financière. Au contraire, la politique de tous les états et banques centrales ne fait que rajouter des dettes publiques aux dettes privées. » (souligné par moi)
Je ne sais pas où tu as lu cela dans la phrase suivante : « À travers le monde, les gouvernements ne cessent d’attaquer nos conditions de vie et de travail, avec en supplément la tentative largement infructueuse de réduire les dettes causées en grande partie par la spéculation financière qui permet, par ce moyen, à nos maîtres de continuer à s’enrichir. »

Je ne parle que d’une tentative car c’est effectivement l’argument (réduire la dette) utilisé par les gouvernants pour attaquer encore plus la classe ouvrière. Et cela comme je le dis plus haut pour que la loi de la valeur permette de réduire la part du capital constant et variable.
L’essentiel est de serrer la vis aux ouvriers et de retrouver un bon taux de profit pour les capitalistes (c’est l’essentiel pour eux, mêmes s’ils n’en ont pas conscience. Pour nous, c’est Marx qui nous l’a enseigné.).

Mais en attendant, il faut continuer à s’empiffrer pour les capitalistes. Comment faire ? Seule solution momentanée pour ces derniers : s’enrichir par la spéculation et la dette puisqu’ils ne peuvent plus le faire par la production classique et l’exploitation de la classe ouvrière dans les usines moins rentables (sauf en Chine, Inde, Arabie Saoudite, etc... et encore... là aussi l’on touche les limites).

Du coup, l’on comprend les raisons de cette spéculation effrénée. Spéculation monstrueuse qui ne peut durer !

Et en effet, les 28 plus grandes banques dominent l’économie mondiale, elles tiennent les États nationaux comme otages. François Morin, auteur de "L’hydre mondiale, l’oligopole bancaire" écrit : “Les États sont à la fois otages de l’hydre bancaire et disciplinés par elle”.

Les 28 banques contrôlent des ressources supérieures à la dette publique des 200 États de la planète. Tandis que ces derniers détiennent pour actifs : 50 341 milliards de dollars, la dette publique mondiale est de 48 957 milliards de $. Il y a des centaines de milliers de banques dans le monde, mais 28 entités concentrent 90% des actifs financiers .

Aujourd’hui, 90% de l’argent est créé par ces 28 banques ; seulement 10% est de la responsabilité des banques centrales. La moitié des 28 banques produisent des produits « dérivés » (les fameux junks-bonds ou obligations pourries) à hauteur de 710 000 000 000$, soit l’équivalent de dix fois le PIB mondial.

Oui le monde vit sur une bulle spéculative qui peut à tout moment éclater et s’effondrer, c’est très grave pour le capital. Si cela arrive il ne faudra pas perdre la tête car c’est alors que notre rôle d’accoucheur de l’histoire interviendra ! Si nous ne faisons rien, le capital repartira pour un nouveau cycle productif en laissant beaucoup de cadavres sur le terrain.
Donc, si ma phrase laissait prise à ton interprétation et à un quelconque réformisme, c’est peut être sa rédaction qui manque de développement mais comment dire tout cela dans un manifeste que je juge, au demeurant, trop long.

Mais ne soyons pas populistes ! Ni ne soyons pas comme LO qui pense qu’il faut distribuer cet argent des « riches » ou des banques. Notre seule réflexion possible aujourd’hui ne va que dans la destruction du capital pour résoudre les horreurs que le capitalisme nous prépare toujours un peu plus. A l’ordre du jour c’est encore et toujours : « socialisme ou barbarie » depuis 1914. Dès lors, il n’y a plus de réformes possibles. L’heure n’est plus aux demi-mesures, ni aux « sparadraps », ni aux « emplâtres » pour sauver la planète.

Olivier

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