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Bilan et perspectives du mouvement des personnels hospitaliers en mai-juin 2015 à l’APHP

18 novembre 2015, 07:01, par Robert Paris

Haro sur la CFDT ? Tous derrière l’intersyndicale (sans la CFDT) ?

Tous les syndicats n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer « la trahison » de la CFDT qui a signé la réforme de Hirsch alors qu’eux appelaient à une nouvelle journée d’action (qu’ils ont vite fait d’annuler du fait des attentats) comme s’il suffisait de poursuivre avec les mêmes méthodes une lutte qu’ils ont tous emmenée dans le fossé. Bien sûr, la signature de la CFDT n’est nullement justifiée et il est facile de comprendre qu’elle n’évite aucune attaque supplémentaire puisqu’Hirsch n’y a pas gagné un soutien majoritaire et qu’il affirme qu’il aurait pu l’imposer sans aucune signature syndicale. Elle n’empêchera même pas d’autres reculs dans des plans suivants puisqu’aucune de ces prétendues « réformes », que ce soit sur les retraites, sur les services publics, sur les aides sociales ou sur le code du travail n’ont jamais été que des pas en avant vers la destruction et nullement des moyens de sauvegarder quoique ce soit.

Certes, la CFDT n’a fait que cautionner ainsi la politique du gouvernement. Mais fallait-il attendre que ce syndicat signe pour s’en apercevoir puisque deux de ses dirigeants principaux font partie du gouvernement Hollande-Valls et que la politique de Hirsch n’est nullement une initiative propre à ce dernier mais la déclinaison à l’APHP de la même politique menée de la même manière à Radio France, à l’AFP, à France Télévisions, à Areva, à Total, à la SNCF, pour les retraites, pour l’allocation chômage, pour et on en passe.
Même la fausse unité syndicale lors du mouvement de mai-juin à l’APHP n’est que la répétition d’une vieille manœuvre déjà utilisée dans le mouvement des retraites, à Radio France et dans bien d’autres conflits. C’est usé, archi usé comme ficelle pour recrédibiliser la grosse ficelle des autres syndicats discrédités par leurs propres méthodes et par l’échec de leur stratégie des journées d’action, tactique qui mène à échec sur échec. Ce n’est pas par la signature de la CFDT que le mouvement a été envoyé dans l’impasse mais par la stratégie de l’intersyndicale, exactement comme le mouvement des retraites ou le mouvement de Radio France, ou encore les autres mouvements dans les services publics, de la SNCF aux enseignants.

L’unité des autres syndicats derrière la CFDT, lors du mouvement de mai-juin à l’APHP, ne fait que montrer que l’intersyndicale n’était nullement une direction de la lutte décidée à faire reculer Hirsch mais, au contraire, une manière d’empêcher notre de lutte de se doter d’une telle direction. N’oublions pas que, si la CFDT est carrément au sein du gouvernement Hollande, toutes les autres centrales syndicales ont aussi appelé à le faire élire, nous faisant croire que la seule chose qui faisait échouer les luttes, c’était Sarkozy !

En clamant haut et fort : « CFDT trahison », les autres syndicats essaient de faire face à un courant important parmi les personnels de l’APHP qui affirme : « Intersyndicale trahison », et qui l’ont même clamé haut et fort dans la rue quand toutes les centrales syndicales sont restées négocier durant des heures avec Hirsch quand tous les personnels en lutte leur réclamaient d’arrêter ce cirque ! Toutes ces centrales se sont alors dévoilées en refusant de céder à la demande unanime des personnels, montrant ainsi qu’elles ne sont pas plus les unes que les autres des émanations des personnels en lutte et ne comptent nullement respecter la démocratie de cette lutte. C’est toute l’intersyndicale, et pas seulement la CFDT, qui a alors trahi, c’est toute l’intersyndicale qui a cautionné les négociations secrètes avec Hirsch, qui a imposé ce mode d’action par journées d’action qui ne permet que d’affaiblir progressivement l’expression de la révolte, qui a imposé de poursuivre les négociations malgré le refus des personnels de l’APHP, qui a imposé de diviser la lutte en l’isolant, en la séparant de celle de Radio France, de celle des enseignants, de celle de l’AFP, de France Télévisions, de Total, d’Areva, d’Air France, et on en passe…

En criant haro sur la CFDT, les autres centrales syndicales entendent se blanchir de leur propre responsabilité dans l’échec, elles qui avaient prétendu en juin-juillet que le mouvement avait débouché sur un relatif succès.

D’ailleurs, où serait le poids de la CFDT dans cette lutte puisque ce syndicat n’a que très peu de militants dans les hôpitaux et qu’on ne les y voit jamais, que le poids de cette centrale sur les personnels de l’AP est quasi nul, où serait sa responsabilité unique dans cet échec du mouvement ? C’est juste un tout petit appareil bureaucratique lié aux gouvernants et à la direction de l’AP qui aurait suffi à bloquer les grandes centrales syndicales influentes et militantes, quel aveu !

Si Hirsch peut se permettre d’imposer son programme de contre-réformes, c’est parce que tous les syndicats ne voulaient pas d’une lutte explosive, ne voulaient pas d’une grève reconductible, ne voulaient pas jeter le projet de Hirsch à la poubelle mais le négocier, ne voulaient pas unir les personnels de l’hôpital public aux autres personnels du service public attaqués de la même manière et encore moins aux autres travailleurs !

Dans la plupart des derniers mouvements de lutte des salariés qui ont été battus, la direction de la lutte s’est appelée l’intersyndicale et c’est elle qui a mené dans le mur la lutte des retraites, celle des raffineries, celle des enseignants, celle des Radio France, celles de l’AFP, de France Télévisions et autres Areva. Il est temps que nous cessions de considérer l’intersyndicale comme un dirigeant naturel de nos luttes et que nous prenions nous-mêmes celles-ci en mains.

Le principal succès des intersyndicales, c’est d’avoir empêché les salariés de s’organiser en comités de lutte, en comités de grève, en coordinations, en interprofessionnelles, en toutes les formes réellement démocratiques de la lutte car contrôlée et dirigée par les travailleurs eux-mêmes.

Bien sûr, on ne peut que constater que la mobilisation derrière les syndicats ne fait que décliner et estimer que l’affaire est pliée. Mais cela est faux : même maintenant nous voyons que la direction de l’APHP s’affole dès qu’un petit groupe de personnels s’assemble de manière autonome, se réunit sans consigne syndicale, et prétend se diriger elle-même comme cela s’est produit récemment à l’hôpital Saint Louis et à la Pitié Salpétrière. Alors qu’il s’agissait juste de quelques personnes, cela a été le branle-bas de combat à la direction de l’APHP qui a donné partout des consignes pour ne pas participer à ces rassemblements, à ces réunions, qui a imposé de modifier les heures de repos pour empêcher des personnels d’y participer. Il y aurait même eu un huissier mandaté par la direction pour affoler les participants avec l’aide d’un bureaucrate syndical ! La direction avait elle-même même fait la tournée des couloirs pour arracher les affiches appelant au rassemblement ! Quelle mobilisation contre toute tentative d’organisation autonome des personnels ! Comme cela démontre ce que nos adversaires craignent : notre capacité de nous organiser nous-mêmes dans les luttes à venir au lieu de suivre les bureaucraties comme des moutons ! La direction en a autant peur que les centrales syndicales et leur faire peur, c’est bel et bien le moyen de nous faire entendre.

Il n’y aura pas de syndicat qui s’organisera à notre place, qui pourra décider à notre place, qui pourra lutter à notre place ni gagner à notre place. Les directions et les patrons n’ont nullement peur des syndicats mais ils craignent les travailleurs qui s’organisent par eux-mêmes ! A nous d’en tirer les leçons ! Il n’y a plus de place aujourd’hui aux petites tractions réformistes des appareils syndicaux, il n’y a plus de grignotage possible : les classes dirigeantes veulent nous écorcher et ce n’est pas les négociateurs syndicaux qui pourront l’empêcher. Les militants syndicalistes honnêtes n’ont aucune raison de s’opposer à l’auto-organisation des travailleurs et à la démocratie à la base car ils ne craignent pas de soumettre leurs propositions aux travailleurs eux-mêmes, aux grévistes eux-mêmes. Ils ne doivent pas rester attachés aux appareils bureaucratiques car ces derniers restent attachés aux classes dirigeantes et aux équipes gouvernementales, c’est-à-dire à nos ennemis !

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